In i labyrinten - Sigge Eklund
320 pages, éditions Piranha, février 2017
L'histoire :
Un soir de mai, dans une banlieue cossue de Stockholm, une petite fille disparaît mystérieusement de sa chambre. Après plusieurs jours d’investigations, la police en vient à soupçonner le père, Martin. L’intrigue de ce drame psychologique, tout entière tournée vers la reconstitution de l’instant précis de cette disparition, s’appuie sur une habile succession de flashbacks mettant en scène quatre personnages : Martin, l’éditeur talentueux accusé d’avoir violenté sa fille ; Tom, son mystérieux collaborateur à la personnalité inquiétante ; Asa, la mère, psychologue autrefois brillante qui s’enfonce dans une profonde dépression ; et Katja, l’infirmière étudiante qui semble cacher un sombre secret. Un roman noir d’atmosphère, dense et redoutablement efficace.
Mon avis :
L'histoire se déroule en Suède, en 2010. Martin est éditeur et sa femme psychologue. Ils mènent une vie tranquille et ont, en apparence, tout pour être heureux. Un soir, pourtant, Madga, leur fille de onze ans disparaît sans laisser de trace. Personne ne sait rien. C'est comme si elle s'était littéralement envolée. A moins que quelqu'un ne cache quelque chose...
Quatre personnages nous sont présentés et ils sont tous aussi étranges les uns que les autres. Ils semblent avoir des secrets et une part d'ombre qui ne se révèle que lorsqu'ils se livrent à nous sans aucune retenue, nous confessant des choses que leurs proches ignorent. En tant que lecteur on est comme prisonnier, obligé de recevoir les terribles confessions que nous font les protagonistes pour pouvoir rassembler les pièces du puzzle. On a peur de ce que l'on va découvrir et en même temps il nous est impossible de fermer le livre. C'est noir, très noir et l'intimité que l'on partage avec les personnages est presque étouffante. Il ne faut pas être claustrophobe car on est enfermé avec eux dans le terrifiant labyrinthe imaginé par l'auteur.
J'ai vraiment aimé la construction de ce roman, le fait que l'on navigue entre les quatre narrateurs et que tout tourne autour du moment précis de la disparition de Madga. Les thèmes abordés m'ont également beaucoup plu : l'écriture, le deuil, la thérapie, l'enfance, les difficultés de la parentalité et les relations parents-enfants, l'ambition, la mémoire sélective, les troubles psychologiques, le fait de remuer le passé, les blessures qui ne guérissent jamais, le mal que l'on peut faire parfois malgré soi, le fossé qui nous sépare parfois de notre famille et la façon dont on peut se perdre soi-même. Les zones d'ombres et les fantômes du passé des uns et des autres s'entremêlent et nous entraînent dans un ballet diabolique et étourdissant brillamment orchestré et aussi logique qu'implacable.
L'ambiance de ce roman est vraiment noire et pesante. Ce n'est vraiment pas un livre à lire quand on se sent déprimé. En revanche, sa construction est remarquable. Rien n'est laissé au hasard et le moindre petit détail joue un rôle dans l'histoire. C'est bien pensé et il y a beaucoup de justesse dans les propos tenus notamment sur l'enfance et le poids du passé ou sur les responsabilités familiales qui peuvent être lourdes à porter. L'écriture et la psychologie tiennent une place importantes dans le récit et ce pour tous les personnages. Certains travaillent dans ces domaines, d'autres écrivent pour soigner des blessures datant de l'enfance... J'ai trouvé ce roman glaçant, oppressant et en même temps hypnotique et fascinant. Il nous pousse à nous interroger sur beaucoup de choses et nous hante encore longtemps après. Si vous aimez les thrillers psychologiques, vous ne serez pas déçus !
En quelques mots :
Un thriller sombre, efficace et troublant. Une lecture qui fait froid dans le dos et laisse des traces.
Quelques extraits :
"Se souvenir, c'est considérer le monde à travers des jumelles prises à l'envers, elle doit faire de gros efforts pour voir ce qu'elles lui montrent." (Pages 42-43)
"[...] nous croyons avoir déjoué la pénombre avec nos villes, nos lanternes et nos églises. Mais lorsque la nuit tombe, nous sommes petits, si petits, écrasés par son poids." (Page 236)