J'attends
de Capucine Ruat
Catégorie(s) : Littérature contemporaine francophone
Edition / Collection : Le Livre de Poche
Date de parution : 14 novembre 2012
Nombre de pages : 121
Prix : 5,10€
L'histoire :
"Il y a beaucoup d'enfants qui ne naissent jamais, et des adultes qu'on n'a pas mis au monde. La mort a fermé les yeux des disparus et ouvert ceux des survivants, tous deux sont à présent parfaitement lucides. J'aimerais l'être moins. J'aimerais te consoler de naître dans cette famille-là. J'aimerais t'inventer un monde qui n'existe pas. J'aimerais être moins seule avec mes questions. De mon histoire j'ignore parfois ce qu'il y a à comprendre, mais je sais qu'il faut m'en débarrasser avant même de connaître ton visage, ton odeur et ta peau, ton premier cri. Pour ne pas te déranger trop tôt, pour conjurer les absences, les silences et la déraison qui rongent nos vies. Ce sont des histoires anciennes qui nous engloutissent pourtant et qui t'engloutiront sinon. Je préfère que tu naisses sans mensonge. La seule vérité c'est que j'attends. "
C. R.
J'attends, c'est d'abord l'histoire d'Angèle, 35 ans, qui se croyait incapable de devenir mère et qui regarde pourtant son ventre s'arrondir. On la rencontre dans la salle d'attente d'un cabinet médical, elle regarde les autres femmes enceintes, plus à l'aise, plus maternelles et raconte à son futur enfant, le prince Eric, l'histoire de leur famille. Une histoire qui est loin d'être rose puisqu'elle est marquée par le désamour et le manque qui hantent comme une malédiction plusieurs générations de femmes et d'hommes de la famille. C'est un roman qui pose de multiples questions. L'amour d'une mère est-il inconditionnel et obligatoire ? Aime t-on forcément l'enfant que l'on porte en soi ? Peut-on aimer ses enfants quand on n'a pas été aimé par ses parents ?
Les hommes sont quasiment absents de ce roman. On sent leurs ombres planer au fil des pages, mais "J'attends" c'est surtout une histoire de femmes sur trois générations. Trois générations d'attentes, d'espoirs et de déceptions. Des relations mère-fille compliquées, des enfances perdues, gâchées par le manque d'amour et des femmes qui peinent à se construire. Angèle évoque, pour son fils, ses rêves, ses espoirs et ses souvenirs afin qu'il comprenne d'où il vient. Peu à peu, les pièces du puzzle s'emboîtent et l'on comprend mieux l'histoire de chacun. La maternité, la féminité, les liens du sang, les secrets de famille et la mort sont abordés avec une grande finesse et beaucoup de sensibilité. J'ai été touchée par ce livre, par tous ces enfants qui ont manqué d'amour, qui n'ont pas eu ce dont ils avaient besoin pour grandir et se construire et qui se sont rendu compte en grandissant, parfois même en devenant parents à leur tour, de ce qui leur a manqué : un peu de tendresse, des mots gentils, une main sur le front pour atténuer la fièvre ou juste un peu d'attention. Merci à Stéphanie pour cette jolie découverte.