Quatrième de couverture :
Linnea a quinze ans, plein de complexes et pas mal de questions qui lui trottent dans la tête. La seule qui la comprenait, c’était Pia, sa meilleure amie, son amie pour la vie… enfin, pour cent vingt jours, “sans compter les week-ends”, Linnea a fait le calcul une fois. Depuis que Pia est morte.
Avec Pia, elle pouvait parler de tout : de l’amour, de la mode, de Markus, le beau gosse dont toutes les filles rêvent, de son père qu’elle voit deux fois par an, de sa mère qui vit avec son nouveau conjoint une relation tumultueuse. Et de Dieu. Qu’est-ce que ça signifie “croire en Dieu” ? Car ce n’est pas exactement la même chose que le père Noël. Une chose est sûre, ce n’est pas la peine de compter sur Dieu pour résoudre les équations du second degré. Seulement voilà, Pia n’est plus là. Alors Linnea se souvient, puisque, comme dit son excentrique grand-mère, “pour pouvoir oublier quelque chose, il faut d’abord bien s’en souvenir”.
La verve comique et tendre de Katarina Mazetti est ici au service d’une adolescente bravache, complexée, drôle, curieuse et paumée, qui parle aux murs pour surtout ne se confier à personne. Ce formidable roman sur l’amitié et les tourments adolescents, qui permettra aux jeunes de se sentir moins seuls et aux moins jeunes de comprendre leurs ados préférés, est le premier volume d’une trilogie publiée aux éditions Gaïa, à paraître au fil de l’année 2011 dans la collection Babel.
Mon avis :
C'est par hasard que je suis tombée sur ce livre dont j'ignorais totalement la sortie en poche. J'ai d'abord été attirée par la couverture que je trouve superbe, (Pour voir d'autres illustrations de l'artiste, n'hésitez pas à aller jeter un oeil sur son blog : http://bobibook.blogspot.com/ ) et quand j'ai vu le nom de l'auteur, je n'ai pas résisté plus longtemps car j'avais beaucoup aimé Le Mec de la tombe d'à côté. - J'essaie d'ailleurs d'être raisonnable et de ne pas écouter la petite voix qui essaie de me pousser à acheter la suite qui vient de sortir en broché : Le Caveau de famille. Je résiste. Je résiste.
Ce livre est très différent, même si on y retrouve le style si agréable et sympathique de Katarina Mazetti.Ouf !
Les chapitres sont courts et comportent tous des titres intriguants : "Une béquille de vélo aux yeux de mon chéri", "Viens peupler une toundra avec moi", "Qui a envie d'avoir une vieille âme d'occasion ?", "Electrochocs et mouches à vinaigre", etc... J'aime beaucoup ce procédé, ça donne envie de continuer à lire un peu plus pour savoir de quoi il est question. Ce livre est vraiment très court (137 pages) et peut se lire d'une traite. La lecture est aisée et agréable, jamais ennuyante, on ne voit pas le temps passer.
Linnea est une adolescente attachante à laquelle n'importe qui peut s'identifier. Elle se trouve moche et sans intérêt, se pose des questions sur le sens de la vie, s'interroge sur tout et n'importe quoi. C'est avec son amie Pia qu'elle cherchait des réponses, mais celle-ci est morte et lui manque terriblement. Depuis Linnea parle aux murs et essaie de se remémorer les moments passés avec Pia. Elle nous raconte leur rencontre, leurs disputes, leurs souvenirs, et on assiste souvent à de grands débats sur l'amour, la mort, le sexe, la politique, etc...
C'est un récit souvent drôle que nous livre Katarina Mazetti, mais surtout plein de fraïcheur et d'émotions. Même si le livre est court, on s'attache immédiatement à Linnea. On a l'impression que le livre a été écrit par une adolescente. On partage ses joies et ses peines qu'elle nous livre sans aucune pudeur. Un petit livre qui plaira autant aux adolescents qu'aux adultes, une histoire à mettre entre toutes les mains !
La bonne nouvelle, c'est qu'on retrouvera Linnea dans deux autres romans -déjà publiés chez Gaïa- qui sortiront dans la collection Babel durant l'année 2011. Je serai au rendez-vous !
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Extraits :
"Je crois que personne ne peut se promener seul au bord de la mer sans penser à Dieu. Une fois, je me suis sérieusement demandé si la mer était Dieu, cette mer primitive, source de toute vie... Mais tout ce que je voyais quand j'essayais de me l'imaginer n'était qu'un triste Dieu-Mer avec des algues fanées et des cartons de lait autour de la tête."
"A l'école maternelle, on avait un jeu où on pouvait enfoncer des pièces en bois avec un marteau dans une boîte qui avait plein de trous de différentes tailles et de différentes formes. Il m'arrivait de passer toute une matinée à marteler sur un bout de bois carré qui, malgré tous mes efforts, refusait de se glisser dans l'orifice rond ou triangulaire. Mais quel pied quand je trouvais le bon trou !
J'ai ressenti un peu la même chose quand j'ai commencé à fréquenter Pia. J'avais enfin trouvé mon trou carré."
"Je crois que c'est à peu près comme ça qu'ils se sont séparés, mais je n'y mettrais pas ma main à couper. Les parents ne te racontent jamais tout, même pas les mères. [...] Je ne suis pas dupe. S'il lui avait envoyé un télégramme disant "Noie l'enfant et rejoins-moi" , elle n'en aurait pas fait la moindre allusion devant moi." Elle me protégera toujours."
" - Je n'aime pas l'idée qu'une vieille âme d'occasion se trouve dans mon corps, a dit Pia. C'est comme une pomme que quelqu'un aurait déjà croquée."
"Ce n'est pas moi qui mélange tout ! a hurlé Pia, mais tous ces hommes de pouvoir en jogging qui disent que "nous" devons faire ci et ça et que "nous" n'avons plus les moyens pour ci et ça, comme si on était tous des copains ou des cousins... Je ne les ai pas autorisés à me "nounoyer" !"
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(137 pages - Babel - 2 mars 2011 - 6,50€)