Love Letters to the Dead
Ava Dellaira
Catégorie(s) : Young adult - Drame - Littérature américaine
Edition / Collection : Michel Lafon
Date de parution : 15 mai 2014
Nombre de pages : 319
Prix : 16,95€
L'histoire :
Au commencement, c'était un simple devoir. Ecrire une lettre à un mort. Laurel a choisi Kurt Cobain, parce que sa grande soeur May l'adorait. Et qu'il est mort jeune, comme May. Très vite, le carnet de Laurel se remplit de lettres où elle dresse son propre portrait de lycéenne, celui de ses nouveaux amis, de son premier amour... Mais pour faire son deuil, Laurel devra se confronter au secret qui la tourmente, et faire face à ce qui s'est réellement passé, la nuit où May est décédée. Love letters to the dead est une lettre d'amour à la vie.
Ca y est, les vacances sont terminées. Me voilà de retour avec une nouvelle chronique. J'avais emportée une grande pile de livres pour ma semaine de vacances en Ardèche, mais je n'ai finalement lu que celui-ci. Je ne m'attendais pas à un texte aussi poignant, aussi fort et aussi poétique, et j'ai ressenti le besoin de le lire tranquillement. De bien prendre le temps de saisir le sens des mots et des pensées de Laurel qui m'évoquent tant de choses...
Tout commence par un simple devoir : écrire une lettre à une personne disparue. Laurel se lance dans l'écriture de cette lettre sans grande conviction et ce qui n'était qu'un devoir se transforme rapidement en tout autre chose... Ce n'est pas une mais des dizaines et des dizaines de lettres que Laurel va écrire à plusieurs personnalités célèbres parties trop tôt comme sa soeur, May, (Amy Winehouse, Kurt Cobain, Janis Joplin, Judy Garland, River Phoenix, Jim Morrison, Amelia Earhart, Heath Ledger, ...). Des lettres qui vont l'aider à avancer, à accepter la mort de sa soeur et la culpabilité qu'elle ressent pour tant de choses. Elles vont faire ressortir toute la colère et la rage qui bouillonnent en elle. Tous les secrets et les regrets qu'elle cache au fond de son coeur et qui l'empêchent de vivre pleinement sa vie et d'avancer malgré tout.
J'ai été profondément émue par ce roman. Laurel est un personnage complexe que l'on découvre au fil des lettres et que l'on apprend à apprécier. Elle peut paraître antipathique au premier abord, mais elle porte tellement de choses en elle. C'est trop pour une seule personne ! J'ai trouvé ce premier roman poétique et très juste. L'écriture est très agréable et j'aime la façon dont on découvre le quotidien de Laurel. Au fil des pages, on voit Laurel changer, évoluer, passer d'un état à un autre. On la sent tantôt soucieuse, tantôt gaie, tantôt en colère, tantôt coupable... C'est ce qui rend ce roman crédible et si touchant.
C'est un roman qui parle de l'amour, de la mort et de l'adolescence avec beaucoup de justesse. Il y a beaucoup de noirceur dans cette histoire, et pourtant, c'est bel et bien un message d'espoir, plein d'optimisme, que nous livre Ava Dellaira. Elle nous montre que même lorsqu'on pense avoir touché le fond, on peut se reconstruire et réapprendre à aimer la vie. Laurel est comme un phénix qui renaît de ses cendres, une petite fille fragile et blessée par la vie qui devient une jeune femme forte et déterminée qui a la vie devant elle et de merveilleuses choses à vivre et à réaliser. Une belle leçon de vie et d'optimisme !
En quelques mots :
Un premier roman bien écrit et très touchant qui aborde des sujets graves et difficiles avec beaucoup de justesse. Une belle leçon de vie, un roman optimiste et bouleversant que je n'oublierai pas et que je vous recommande chaleureusement.
"Ce matin, quand je me suis réveillée avec le souvenir du corps de Sky, la faim teintait encore les idées sombres tapies en moi. Et elle dévorait tout : les lambeaux de pluie dans le ciel, la tache de lumière sur la table, les fines gouttes d'eau accrochées à une aiguille de pin devant ma fenêtre. C'est peut-être ça, être amoureuse... Se remplir en se sentant non pas repue, mais radieuse... En faisant une recherche sur toi, j'ai trouvé d'où venait le nom de ton groupe, les Doors - d'une citation du poète William Blake : "Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l'homme telle qu'elle est, infinie." Elle m'a fait réfléchir. A l'importance de saisir l'immensité de chaque instant, de tout ce qui le compose. Je veux être nettoyée - je veux brûler tous les mauvais souvenirs et tout ce qui est mauvais en moi. Et c'est peut-être ce qui se produit quand on est amoureuse. Pour qu'une vie, un être, un moment auquel on tient demeure en nous pour l'éternité. May qui me renvoie mon sourire. Nous deux, petites filles, au festival d'automne, avec nos parents qui dansent. Tes chansons qui défilent jusqu'à la fin des temps. Les feuilles nocturnes des peupliers happant les lumières blanches. Et ces toutes petites étoiles, l'inimaginable ardeur de leurs rayons." (Pages 128-129)
"Parfois, on demande à notre corps de parler à notre place de nos douleurs, des histoires qu'on cache en soi." (Page 207)
"Aujourd'hui, après avoir lu ton poème, j'ai songé à devenir écrivain à mon tour. Même si je ne pense pas pouvoir en écrire d'aussi beaux que les tiens, je me suis dit que je pourrais peut-être faire quelque chose de tous les sentiments qui sont en moi, même de ceux qui touchent à la tristesse, à la peur et à la colère. Il suffit peut-être de raconter les histoires, même dramatiques, pour ne plus leur appartenir. Pour se les approprier. Et peut-être que grandir, c'est comprendre qu'on peut être autre chose qu'un personnage qui va là où l'histoire le pousse. C'est comprendre que cette histoire, on peut aussi en être l'auteur." (Page 295)