litterature francophone

Serena Giuliano

194 pages, éditions Robert Laffont, mars 2025

L'histoire :

 Bienvenue dans les Pouilles, à Villa Gloria.
Une maison d'hôtes pas comme les autres.

À Villa Gloria, Iris et sa mère, qui a donné son nom à sa maison, veillent à ce que chaque client se sente comme chez lui. En cette semaine d'avril, les nouveaux venus promettent un cru d'exception.
Gregorio est le roi des râleurs. Rien ne trouve grâce à ses yeux. Valentina et sa filleule, Bianca, ont l'air un peu cabossées – surtout la petite, légèrement obsessionnelle. Doria et Edoardo forment un couple très discret. À se demander ce qu'ils ont à cacher... Quant à Carla, allez savoir pourquoi, elle a fait vœu de silence. Mais Gloria, qui aime gentiment se mêler des affaires de ses hôtes, saura percer les mystères de chacun.
Ils sont de passage, ne se connaissent pas, mais ont décidé par hasard de poser leurs valises une semaine dans le même lieu. Ce qu'ils ignorent, c'est qu'en plus du gîte et du couvert, Villa Gloria offre une bonne dose de magie – c'est compris dans le forfait !

Mon avis :

 Lire un roman de Serena est toujours un cadeau que l'on s'offre. Ce n'est pas juste se plonger dans une histoire, c'est en découvrir des tas. Des tranches de vie qui nous font rire, sourire et nous serrent le cœur aussi parfois. C'est une invitation à s'ouvrir au monde, à s'intéresser aux autres et à ne pas se fier aux apparences. C'est rencontrer des personnages très différents qui ont tous leur lot d'épreuves, de joies et de peines et qui nous montrent que ça en vaut la peine et que la vie est belle, malgré tout. On reçoit une belle dose d'amour et d'humanité ! Lire un roman de Serena c'est s'offrir un voyage en Italie, une parenthèse dans notre routine et notre quotidien qui file trop vite. C'est s'arrêter pour admirer la beauté des paysages, déguster des plats gourmands aux noms mélodieux, rire aux éclats, souffler et prendre le temps de respirer. On aurait vraiment tort de s'en priver !

 C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai séjourné à Villa Gloria aux côtés des hôtes d'Iris et de Gloria. Qu'est-ce qu'on se sent bien là-bas ! Ce n'est pas juste un endroit où se reposer, c'est un lieu de partage et de découvertes. Au fil des jours, les hôtes s'ouvrent les uns aux autres, se livrent, se dévoilent à leur rythme. J'ai adoré la spontanéité de Gloria et cette liberté à laquelle elle s'accroche éperdument mais j'ai aussi été séduite et touchée par le sérieux d'Iris et son sens des responsabilités. Ces deux-là sont tellement différentes et pourtant aussi attachantes l'une de l'autre ! J'ai adoré cette lecture rafraîchissante, pétillante et lumineuse ! Les personnages sont hauts en couleur sans que ce soit too much pour autant et le ton est toujours léger, jamais lourd ou moralisateur. C'est très bien écrit et on ne voit pas le temps passer. On est ailleurs. On se laisse porter. L'ambiance est douce et reposante.

 J'ai savouré cette lecture comme on savoure un gelato en regardant la mer que l'on n'a pas vu depuis des mois ou des années. Je n'avais pas envie de m'arrêter de lire et pourtant je voulais faire durer le plaisir car je n'avais aucune envie de quitter cet endroit et ces gens. Ils m'ont tous charmé à leur manière et j'ai aimé la manière dont Serena nous livre leurs histoires. J'ai ri, j'ai été émue, j'ai passé un merveilleux moment et j'aurais aimé qu'il dure toujours. Lisez ce livre et tous les autres romans de l'auteure qui sont d'excellents remèdes contre la morosité. Je vous assure que vous en sortirez plus léger, le sourire aux lèvres. Pourtant, il n'y a pas que des choses légères, dans ce livre. On parle aussi d'épreuves difficiles mais il y a toujours quelque chose de lumineux et d'optimiste qui en ressort. Je sens encore la chaleur du soleil sur ma peau, l'odeur des fleurs fraîches et des bons petits plats sur la table. JE VEUX Y RETOURNER !

"Il paraît que les épreuves rendent plus fort. Que des conneries ! Souffrir fragilise, le manque abîme. Et on aura beau se persuader du contraire, on passe notre vie à combler ce trou béant pour éviter d'être englouti." (page 29)

"Une folie n'a pas de raison d'être si elle n'est pas vécue à fond. La folie, c'est comme une cape dotée d'un superpouvoir : si tu choisis de t'en draper, alors il faut l'assumer, lui faire confiance, et sauter pour voir si tu peux réellement voler." (page 100)

"Les femmes, on aime porter la culpabilité dans un sac à main. On la charge plus ou moins; on l'emmène toujours partout, en paniquant à l'idée de l'égarer. Pourtant, on risque quoi, au pire ? A part se sentir plus légère, je veux dire." (page 165)

"Puis je m'assieds face à la mer, comme je prendrai place au théâtre, en espérant assister à une pièce de qualité. La mer ne déçoit jamais. Elle ne propose pas deux fois le même spectacle, ni ne reste sur ses acquis. Au contraire, elle danse différemment chaque jour et insuffle l'apaisement ou la colère, selon son humeur. Surtout, elle ne fait jamais faux bond : on sait toujours où la trouver." (page 175-176)

D'autres romans de Serena Giuliano à découvrir :

Marie Joudinaud

312 pages, Archipoche (Instants Suspendus), novembre 2024

Présentation de l'éditeur :

Paris, 2006. Sophie, amoureuse des plantes et des jardins, doit faire face au décès de son père, qui l'a élevée seul. En disparaissant, ce célèbre musicien lui lègue un secret caché au cœur d'une étrange villa azuréenne... La jeune femme osera-t-elle lever le voile sur le mystère ?
Nice, 1973. Émile, dix-huit ans, fuit le foyer familial et les coups d'un père violent, afin d'exaucer la promesse faite à sa mère, celle de s'accomplir et d'être heureux. Ses pas le mèneront auprès d'Héléna, talentueuse violoniste au caractère fantasque. Alors qu'il en tombe éperdument amoureux, Émile prend bientôt conscience que leur histoire ne sera pas le conte de fées dont il rêvait...
Sophie et Émile sont liés par une énigme, celle d'un passé qu'on a préféré oublier. En faisant la lumière sur les ténèbres, parviendront-ils à se jouer du destin ?

Mon avis :

 De Marie Joudinaud, j'ai lu et adoré "La Vie ne se danse jamais seul" paru en 2023. J'avais été séduite par l'écriture de l'auteure, par sa sensibilité et par son audace aussi. Je garde un souvenir ému de cette lecture, de ce mélange d'ombre et de lumière qui m'avait tant plu et que j'ai retrouvé avec joie dans ce nouveau roman. Car, ne vous y trompez pas, si "La ritournelle de nos jours" est disponible en format poche c'est tout de même une nouveauté, un roman qui n'avait encore jamais été publié. Je m'y suis plongée sans attendre et, cette fois encore, j'ai adoré ! 

 J'ai été assez vite captivée et intriguée par la situation de Sophie. Par ce mystère qu'elle découvre après la mort de son père qui va la pousser à s'interroger sur son passé et sur leur histoire familiale. Je l'ai été plus encore de la jeunesse d'Emile dans le sud de la France. Je n'ai pas vu le temps passer et j'ai tourné les pages de ce livre sans pouvoir m'arrêter mais en ayant tout de même envie de le faire durer car je n'avais pas envie de quitter les personnages... On s'attache énormément à eux. On tremble pour eux et on se sent tellement impuissant face à ce qui leur arrive. On voudrait tellement les voir heureux, que tout soit simple, mais cela ne reflèterait pas vraiment la vraie vie, n'est-ce pas ? C'est ce que j'avais aimé dans le précédent roman de Marie Joudinaud et c'est aussi ce que j'ai aimé ici. C'est réaliste. Les personnages sont confrontés à des situations contre lesquelles ils ne peuvent pas lutter. Ils sont obligés de faire avec les cartes qu'on leur donne et font leur possible pour affronter toutes les tempêtes. Certains parleraient de courage mais je dirai plutôt qu'il s'agit de résilience. Parce que parfois on n'a pas d'autre choix.

 S'il y a beaucoup de noirceur et de tristesse, ce qui ressort le plus c'est l'amour et la lumière. L'amour inconditionnel, l'amour passionné, l'amour maternel, l'amour fou. J'ai adoré tous les thèmes abordés, les principaux comme les secondaires. J'ai aimé me balader dans Nice et ses alentours, visiter des endroits incroyables et avoir l'impression de sentir la chaleur du soleil sur ma peau. J'ai adoré que la musique soit au coeur du roman et qu'elle soit ici bien plus qu'une passion : une raison de vivre, un exutoire. Je regrette un peu que la petite note présente au début du livre n'ait pas été placée à la fin car j'aurais aimé que le mystère autour d'Hélèna reste entier le plus longtemps possible et qu'on le découvre pendant la lecture et pas avant. C'est vraiment le seul petit bémol car tout le reste était absolument parfait. J'ai aimé l'intrigue, l'écriture, le rythme, les personnages, la construction du roman, les rebondissements, la fin... C'est une histoire marquante et bouleversante pour laquelle j'ai eu un coup de coeur. Je ne l'oublierai jamais et j'ai vraiment envie de la faire découvrir autour de moi. Bravo et merci à Marie Joudinaud pour ce très beau roman. Il va vite falloir que je me procure "Comme des éclats de toi". Vous l'avez-lu ? Il vous tente ?

A lire aussi :

Amélie Antoine

297 pages, éditions Syros, avril 2023

Présentation de l'éditeur :

Avant, Gaspard était heureux à Paris avec ses parents. Depuis qu'ils se sont séparés, il vit seul à Brest avec sa mère qui croule sous le travail, tandis que son père refait sa vie dans leur ancien appartement. Un jour, pour impressionner une fille, Gaspard désobéit au vieil homme qui balaie la cour de son nouveau collège. Ce balayeur se met alors à hanter toutes ses nuits, qui se transforment en cauchemars. Gaspard est-il victime d'une malédiction ?

Mon avis :

 Lorsque je croise un roman d'Amélie Antoine, je fonce les yeux fermés. Peu importe le thème abordé ou si ce livre s'adresse aux adultes ou à un lectorat plus jeune, je sais que je ne serai pas déçue. L'histoire de Gaspard m'a fait frissonner, a su me surprendre et me secouer bien plus que je ne l'imaginais.

 Tout démarre pourtant assez tranquillement et le roman aborde un sujet que l'on retrouve souvent dans les romans jeunesse : la séparation des parents. Mais Amélie Antoine est Amélie Antoine. Si vous connaissez un peu son univers, vous savez qu'elle ne va pas se contenter de nous narrer une histoire dans laquelle le personnage principal, secoué par cet évènement inattendu, va se faire à l'idée et accepter peu à peu la situation. Non, loin de là, bien au contraire. Elle va nous montrer à quel point ce changement, souvent minimisé en littérature et dans la vie réelle, va bouleverser notre héros.

 En plus de voir son univers voler en éclats Gaspard déménage et quitte ses amis et tout ce qui faisait son quotidien. Sa mère est accaparée par son nouveau travail et n'a pas beaucoup de temps à lui consacrer. Son père se trouve rapidement une nouvelle famille qu'il installe sans tarder dans leur ancien appartement et semble accepter l'idée de voir son fils uniquement pour les vacances. Même son meilleur ami semble s'être rapidement fait à l'idée de son départ. Tout le monde attend de lui qu'il fasse l'effort d'accepter les choses et reprenne une vie normale. Gaspard est en colère. Il se sent seul, perdu, abandonné. Il n'a plus de repères. Cela en fait la proie idéal pour quelqu'un de mal intentionné, avide de vengeance...

 Suite à un malencontreux incident avec le balayeur de son collège, Gaspard ne dort plus. A ses journées déjà moroses s'ajoutent des nuits angoissantes qu'il redoute. On assiste à la descente aux enfers de ce jeune garçon, dans l'indifférence générale ou presque, puisque ses parents, trop pris par leur quotidien, ne voient même pas que leur fils est en train de sombrer.

On est totalement immergé dans une atmosphère angoissante et terrifiante. Dépression, cauchemars, troubles du sommeil, anxiété. Que c'est sombre ! Il y a du Stephen King là-dedans, assurément, mais aussi du Maupassant. Il y a les nuits épouvantables et cauchemardesques de Gaspard mais il y a aussi ses journées qui ne sont pas non plus des plus réjouissantes. Le jeune garçon se sent de plus en plus insignifiant et a de moins en moins envie de lutter pour sauver sa peau. On voudrait tellement pouvoir lui venir en aide mais on est impuissant. Cela m'a bouleversé de ne pouvoir rien faire et de voir l'entourage ne se douter de rien. J'ai ressenti la même chose qu'à la lecture de "Raisons obscures" qui m'avait tant remué.

 Ce n'est pas un livre comme les autres. Il y a du fantastique, de l'épouvante mais aussi et surtout un contexte particulier, un mal-être et un malaise qui ne font que croître et qui nous laissent penser que tout cela finira mal. Il y a plusieurs lectures, plusieurs interprétations possibles et si j'ai aimé et été profondément touchée par ce livre je dois avouer que je ne suis pas sûre de le recommander à mes enfants. Je pense qu'il n'est pas à mettre entre toutes les mains. Je me suis sentie tellement triste et déprimée en tournant la dernière page. Ce n'est pas un livre qui laisse indifférent ou que l'on oublie, ou peut être que ça dépend juste de la sensibilité et de l'empathie de chacun, mais moi il m'a vraiment perturbé et je le déconseille à ceux qui n'ont pas le moral. Je suis, comme toujours, bluffée par la force et le pouvoir des mots d'Amélie Antoine. J'ai lu très peu de livres aussi noirs, effrayants et perturbants.

A lire aussi :

Malika Ferdjoukh

192 pages, L'Ecole des loisirs, juin 2017

L'histoire :

Hortense, sur SA falaise, tient SON journal intime. Elle y raconte combien c'est dur d'être 1 sur 5, une parmi la multitude, surtout quand cette multitude est composée de : - Charlie qui veut tout réparer à la Vill'Hervé et regarder à la dépense au lieu d'épouser Basile le docteur, de vivre à ses crochets et de fêter Noël au foie gras. - Geneviève qui ment alors qu'elle ne ment jamais. - Bettina qui est odieuse avec les êtres les plus sensibles de l'univers, à savoir : elle, Hortense, et Merlin Gillespie, le livreur magicien de Nanouk Surgelés, très, très laid à l'extérieur, mais si, si beau à l'intérieur. - Et Enid qui a des conversations à bâtons rompus avec son ami Gnome de la Chasse d'eau. Hortense se demande ce qu'elle va devenir. Architecte de monuments éternels ? Zuleika Lester, du feuilleton Cooper Lane ? Chirurgienne de maladies incurables ? Et si c'était comédienne ? Une idée folle, complètement Saint-Pierre-et-Miquelon, comme dirait Muguette, la locataire malade de la maison voisine. Hortense sait que, pour devenir comédienne, il faut une présence, une voix, de la mémoire, mais surtout de l'entraînement. Alors elle referme SON journal, elle quitte SA falaise, et elle fonce.

Mon avis :

 Je vous en ai parlé récemment, j'ai totalement craqué pour Enid, le premier tome de cette série dans laquelle on suit cinq soeurs (oui, oui !) au fil des saisons. Je savais que j'allais passer un très bon moment en lisant la suite mais pour être honnête, j'ai tellement aimé le premier tome que je m'étais dit que le second me plairait forcément moins. Finalement, je me suis trompée ! J'ai été touchée par la discrète Hortense et totalement surprise de découvrir Bettina sous un autre jour. J'ai adoré Merlin, Muguette, Valériana, la neige, les péripéties avec Mycroft et la tante Lucrèce. Quel régal !

 J'aime tellement l'écriture de Malika Ferdjoukh ! C'est drôle, original, intelligent. Elle manie l'humour et la langue française avec dextérité. Elle a un talent indéniable et inimitable. Je suis bluffée ! Cette série, c'est une vraie friandise à savourer, un bonbon dont on se délecte ! Quand je me plonge dedans, j'ai l'impression de redevenir une petite fille. Je ne pense plus à rien d'autre qu'à la Vill'Hervé battue par les vents. Je m'immerge complètement dedans et ça fait un bien fou !

 Je suis impressionnée par la manière dont Malika Ferdjoukh donne vie à ses personnages. On a vraiment l'impression qu'ils existent et qu'on les côtoie vraiment. On s'y attache facilement et sincèrement. On est content de les retrouver et on n'a aucune envie de les quitter. J'aime tellement l'univers qu'elle a créé. Tout n'est pas rose chez les Verdelaine et pourtant on s"y sent tellement bien ! C'est une lecture cosy réconfortante, parfaite pour la saison. Je sais déjà qu'elle fera partie de mes lectures-doudous, celles que je ressors dès que j'ai le moral à plat ou que ça ne va vraiment pas. Je suis déjà convaincue que les soeurs Verdelaine sauront m'apaiser et me faire retrouver le sourire. Avant, j'avais les Gilmore et Georgia Nicolson, maintenant j'ai aussi les Verdelaine ! Chouette, alors ! J'espère vous avoir donné envie de découvrir les soeurs Verdelaine car il serait vraiment dommage de s'en passer !

J'avais prévu d'attendre le printemps pour lire le troisième tome, mais j'ai craqué ! Tant pis !

Marie Vareille

322 pages, éditions Charleston, mars 2024

L'histoire :

Depuis plus de vingt ans, Abigaëlle vit recluse dans un couvent en Bourgogne. Sa vie d’avant ? Elle l’a en grande partie oubliée. Elle est même incapable de se rappeler l’événement qui a fait basculer sa destinée et l’a poussée à se retirer du monde.

De loin, elle observe la vie parisienne de Gabriel, son grand frère, dont la brillante carrière d’artiste et l’imaginaire rempli de poésie sont encensés par la critique. Mais le jour où il rencontre la lumineuse Zoé et tombe sous son charme, Abigaëlle ne peut s’empêcher de trembler, car elle seule connaît vraiment son frère…

Mon avis :

 Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais en choisissant ce livre, mais certainement pas à ça ! Quelle claque !

 Je vous présente mes excuses car ce billet sera excessivement vague. Je pourrais dire énormément de choses sur le sujet principal de ce livre, mais je n'ai pas envie de le faire car je pense que moins on en sait avant de le lire et plus le choc est important. Et il faut qu'il le soit si on veut que le monde ouvre les yeux et que tout le monde réagisse. C'est le genre de livres dans lequel on doit plonger à l'aveugle. Il serait vraiment dommage et égoïste de ma part de le décortiquer et de vous priver de l'effet de surprise.

 Ce que je peux vous dire, en revanche, c'est que c'est un livre impossible à lâcher. Il est très dur et pourtant on ne peut pas s'en détacher. Le reposer, c'est comme abandonner les personnages à leur sort et on a envie, plus que tout, de les comprendre au mieux et de leur venir en aide. J'ai adoré la construction de ce roman et l'écriture, toujours agréable, émouvante et juste.

 Marie Vareille fait partie de mes auteurs français préférés. Je n'hésite même pas avant de me procurer ses romans. Dès qu'un nouveau sort, il rejoint aussitôt ma PAL. Je l'ai découverte avec "Je peux très bien me passer de toi" et "Ma vie, mon ex et autres calamités" et c'est incroyable comme ses derniers romans sont éloignés des premiers. Attention, je ne veux pas dire par là que les premiers sont moins bons car je les ai adoré et je vous les recommande aussi, mais ils étaient légers et drôles alors que celui-ci aurait tout à fait sa place dans les thrillers. Il se rapproche plus des romans d'Amélie Antoine, de Linda Green ou de Sarah Pinborough que des aventures de Bridget Jones ! Je suis franchement bluffée par la capacité de l'auteure à se renouveler. Dans un genre comme dans l'autre, c'est toujours excellent ! Ce roman est - pour l'instant - mon préféré de l'auteure et vous auriez vraiment tort de passer à côté ! C'est un livre à lire absolument et à offrir autour de soi. Si vous l'avez lu, je serais ravie d'en parler plus en détails en privé. Maintenant, je me retrouve bien embêtée pour choisir un livre car celui-ci m'a tellement ému et chamboulé que ça va être difficile de passer juste après.

A lire aussi :

Amélie Antoine

378 pages, éditions XO, mars 2019

L'histoire :

Deux familles ordinaires à l'heure de la rentrée scolaire.
Deux familles où chacun masque et tait les problèmes pour ne pas inquiéter les autres.
Chez les Kessler, la mère a retrouvé son premier amour.
Chez les Mariani, le père est mis à l'écart dans son entreprise.

Deux familles où règnent les secrets.
Où, sans que personne ne s'en aperçoive, un enfant est
progressivement démoli par un autre. Harcelé, rabaissé, moqué au quotidien.
Détruit dans le silence et l'aveuglement le plus complet.

Deux familles où, en apparence, tout va bien.
Jusqu'à ce que tout déraille...
Pour des raisons obscures.

Mon avis :

 Les romans d'Amélie Antoine me foudroient à chaque fois. J'ai beau savoir maintenant que j'en ai lu quelques uns que ça va me secouer, je suis à chaque fois estomaquée par tout ce que cela remue. Que les sujets me touchent de près ou non, j'ai souvent l'impression d'avoir un avis sur la question avant et d'en ressortir chamboulée parce que j'ai l'impression de m'être trompée sur toute la ligne. Elle me pousse toujours à m'interroger et à remettre en question tout ce que je crois savoir. C'est le point commun que je trouve à ses romans. Je n'ai jamais été sensible aux livres de développement personnel et là, alors qu'on est dans un autre registre, j'ai l'impression que cela m'apporte quelque chose, que cela me fait avancer. On se prend tout de plein fouet et ça fait mal, mais on en sort grandi.

 Impossible de rester de marbre face à cette histoire ou plutôt à ses histoires qui s'entremêlent. On entre dans la tête et dans le quotidien de chacun. On comprend ce qu'il ressent, ce qu'il vit et aussi ce qu'il ne voit pas. On est totalement impuissant et on voit les choses empirer et se dégrader sous nos yeux. Cette fois encore, je vais rester vague, car ce roman - comme les autres de l'auteure - ne se lit pas, il se vit. Je pense que moins on en sait, plus on est touché en plein coeur. C'est un peu frustrant pour moi car il y a énormément de choses que je voudrais dire, mais je ne veux rien gâcher. C'est noir, intensément noir, et pourtant - et c'est certainement ce qui nous touche autant - je trouve que c'est malheureusement très réaliste. Rien n'est gratuit ou surenchéri. C'est un roman qui frappe fort et éveille les consciences. Cette lecture m'a mise dans un état pas possible. On ressent la douleur et l'impuissance tellement fort que s'en est douloureux physiquement. C'est le genre de livres qui nous hantent. Impossible de ne pas y penser la nuit, entre deux chapitres, ou même une fois terminé. C'est un livre que je n'oublierai jamais et que l'on devrait faire lire à tout le monde, même si c'est une épreuve de se mettre dans la peau des personnages et d'assister à des scènes si dures.

 A lire impérativement mais attention, ça remue beaucoup !

 Amélie Antoine a sorti récemment un autre roman - Ne vois-tu rien venir ? - avec les même personnages. Je ne sais pas si ce livre est une version de la même histoire destinée aux adolescents ou si elle apporte quelque chose en plus aussi aux lecteurs de "Raisons obscures" mais je compte bien sûr le lire et je vous en dirai un peu plus à ce moment là. N'hésitez-pas à me dire si vous l'avez lu.

Delphine Bertholon

240 pages, éditions Flammarion, mars 2021

Présentation de l'éditeur :

Début des années 1990, dans le sud de la France. Lettie, quatorze ans, vit avec sa mère dans un mobile home et brûle secrètement d'être quelqu'un d'autre. Quand survient Dahlia, une fille un peu étrange, une ardente amitié se noue entre ces adolescentes que tout semble opposer. Dahlia a deux jeunes frères, des parents généreux, et Lettie voit dans le père de son amie l'homme idéal, celui qui lui a toujours manqué. Chacune envie l'autre ; qui sa tranquillité, qui sa famille joyeuse. Mais le jour où Dahlia lui confie un secret inavouable, Lettie ne parvient pas à le garder. La famille de son amie vole en éclats. Au milieu du chaos, le doute : et si Dahlia avait menti ? Delphine Bertholon explore le lien ambigu entre adolescence et vérité, et les frontières floues qui nous séparent du passé.

Mon avis :

 Difficile de parler de ce roman sans trop en dire alors je vais être brève. J'ai adoré ! On suit Lettie et Dahlia, deux adolescentes très différentes, qui se rapprochent jusqu'à ce qu'un drame vienne tout bouleverser. C'est l'une des deux qui nous raconte cette histoire bien des années plus tard. L'écriture de Delphine Bertholon est captivante. On a vraiment du mal à s'arrêter de lire. J'ai aimé la manière dont elle décrit les personnages. Il y a quelque chose d'intime et de mystérieux à la fois. On aimerait savoir ce que ces filles pensent, ce qu'elles ressentent, ce qu'elles cachent...

 L'adolescence, les rêves, les rivalités, la jalousie, l'envie d'être vu sont abordés avec beaucoup de justesse. C'est un roman qui questionne sur les secrets, les mensonges, la famille, l'absence et le poids de tout cela. J'ai été fascinée par ces deux filles et par leurs familles si différentes. Il y a des histoires que l'on n'oublie pas et celle-ci en fait partie. C'est un roman court mais intense à découvrir absolument.

A lire aussi :

Laure de Rivières

448 pages, éditions J'ai Lu, juin 2023

L'histoire :

Manon a 20 ans quand elle rencontre l'homme qui va changer le cours de sa vie. Charmeur et sûr de lui, ce catholique intégriste et père de cinq enfants révèle peu à peu son caractère trouble et dangereux. En fonçant tête baissée dans l'obscurité d'une famille et d'un monde qui lui sont étrangers, Manon s'engage sur un chemin chaotique dont personne ne sortira indemne. Inspiré d'une histoire vraie, ce roman nous est raconté à la fois par Manon, jeune étudiante indépendante et affranchie, ainsi que par tous les protagonistes, chacun ayant un regard et un jugement différents. Qui est cette femme capable d'abnégation, de bonté, mais aussi de vraie liberté ?

Mon avis :

 Intriguée par ce roman, je m'y suis plongée sans avoir lu d'avis avant et sans savoir à quoi m'attendre. J'ai tout de suite apprécié l'écriture de Laure de Rivières et me suis laissée porter par cette histoire aussi effrayante que captivante. Thriller domestique ou roman noir, difficile de classer cette lecture, mais ce qui la rend si déroutante c'est sa crédibilité. C'est un roman qui parle d'emprise et on voit tout le mécanisme se mettre en place lentement mais sûrement. On assiste en témoin impuissant à la descente aux enfers et à la déconstruction d'une personne. J'ai beaucoup aimé la manière dont le sujet est traité. C'est un roman choral dans lequel on se met à la place de tous les personnages. On essaie de comprendre leur fonctionnement, leur façon de voir les choses, leur avis sur le déroulement des évènements... Glaçant et fascinant !

 J'ai été touchée par Manon, jeune fille bien dans ses baskets et avec les pieds sur terre, qui se retrouve bien malgré elle emprisonnée dans une vie qu'elle n'aurait jamais pu imaginer. On la voit changer, perdre sa joie de vivre et son insouciance. C'est comme si elle était devenue une marionnette dont on tire les ficelles. Ses proches assistent à sa transformation sans pouvoir l'arrêter. Et pourtant, malgré tout ce qu'elle endure, c'est une jeune femme lumineuse et forte, elle est comme ensorcelée par un instinct maternel qui prend le dessus sur tout le reste. Ce roman aborde beaucoup de choses : les différences raciales et sociales, le poids de la religion, l'éducation,  la rigidité, l'influence familiale, la culpabilité, l'amour, la perversité, les apparences, la construction au sein d'une famille dysfonctionnelle, l'affirmation de soi, l'indépendance, la cruauté... C'est un roman marquant et difficile à lâcher. J'ai quand même été plus captivée par la première moitié que par la seconde que j'ai trouvé un peu longue et sans grande surprise, mais dans l'ensemble j'ai beaucoup aimé. C'est un livre dont je me souviendrai pour ses personnages (certains remplis d'humanité et d'autres complètement tordus) et sa noirceur.

Carine Pitocchi

250 pages, éditions Charleston, avril 2020

L'histoire :

1912. Lady Julia Ashford, dont le mari vient de mourir en la laissant enceinte, se retrouve seule dans l'immense domaine qui est désormais le sien, et se prépare à une vie placée sous le signe du deuil et des devoirs qui incombent à son titre. Mais voilà que son passé revient la hanter sous la forme de Will Murphy, son amour d'enfance, gangster irlandais régnant aujourd'hui en maître sur l'East End de Londres.

La maîtresse de Longfield Park peut-elle lier son destin à cette figure de la pègre ? Sans doute pas. Tout comme elle ne devrait pas se préoccuper du quotidien de son ancienne domestique, Edna, mariée à un homme violent. Ni encourager sa cousine dans ses engagements suffragistes

Mais la vie change en Angleterre. Autour d'elle souffle le vent des temps nouveaux, celui des révolutions et du changement social sans compter cette guerre qui déjà se profile, imminente et terrible...

Mon avis :

 Cela faisait un bout de temps que je voulais découvrir cette saga. J'étais déjà en train de lire deux romans, mais j'ai pris celui-ci en me disant que j'allais en lire quelques pages, juste par curiosité. Résultat, je me suis retrouvée à lire au beau milieu de la nuit au lieu de dormir car j'avais vraiment envie de savoir ce qui allait se passer. C'est bon signe, non ? Cela faisait longtemps que je n'avais pas dévoré un roman aussi rapidement !

 Carine Pitocchi nous entraîne dans un roman historique envoûtant et rythmé qui n'est pas sans rappeler l'univers de Downton Abbey avec un soupçon de Peaky Blinders. J'ai lu quelques avis qui trouvaient que le sujet était un peu survolé. C'est vrai que l'on ne s'attarde pas, mais personnellement cela ne m'a pas gêné. Cela pose le cadre sans que l'on se perde en longueurs et j'imagine que la suite sera plus étoffée. Cela fonctionne très bien et on se laisse embarquer dans cette histoire sans voir le temps passer. L'écriture est fluide et agréable. Les chapitres sont courts et nous permettent de suivre différents personnages. Ils m'ont tous beaucoup plu. La douce et courageuse Julia, l'indomptable Emily... Bon, sauf Catherine mais justement j'ai adoré la détester et j'ai hâte aussi de savoir ce qui l'attend.

 Ce contexte d'avant-guerre où tout est en train de changer est vraiment intéressant et on se doute que par la suite tout ce qui semblait acquis va être bouleversé. Je ne sais pas quelles tournures vont prendre les évènements mais je crois que je ne vais pas réussir à attendre longtemps avant de me plonger dans "Les Cendres sous les coquelicots". Impossible d'en rester là après une telle fin !

 Et vous, vous l'avez-lu ? Vous aimez ce genre d'histoires ?

True Story, l'histoire vraie dont vous êtes le héros

Valérie Cluzel & Jason Colle

272 pages, 365 éditions, juin 2023

Présentation de l'éditeur :

Revisitez l'affaire qui a inspiré Esther.
Après la mort de votre mère et votre départ pour la fac, votre père se décide à adopter un nouvel enfant. D’abord intrigué.e, vous vous dites que ça fera un camarade de jeu pour Arthur, votre petit frère. Mais en rencontrant Anna, sans que vous sachiez pourquoi, il y a chez elle quelque chose d’inquiétant...
Est-elle vraiment qui elle prétend être ?
Faites les bons choix et tentez de percer le secret de cette nouvelle petite sœur...
Devenez le héros de l'histoire dans cette aventure frissonnante inspirée de faits réels :
- Créez votre personnage, choisissez ses traits de caractère et définissez son passe-temps... autant d'éléments qui influenceront votre aventure.
- Prenez le contrôle de l’histoire en faisant vos propres choix et découvrez de multiples péripéties et diverses fins possibles
- A la fin du livre, découvrez un dossier documenté complet sur l'histoire vraie qui a inspiré cette fiction

Mon avis :

 Quand j'étais petite, j'adorais ces livres qui proposaient au lecteur d'être le héros. Vous savez, ces histoires dans lesquelles on vous demandait de faire des choix qui vous menaient à de nouveaux rebondissements et déterminaient la suite de l'histoire. Alors, lorsque j'ai croisé ces livres des éditions 365, j'étais vraiment curieuse de retrouver ce concept adapté aux adultes et encore plus avec cette histoire que je connaissais et que j'ai toujours trouvé terrifiante. J'ai bien fait de me laisser tenter car j'ai beaucoup aimé l'expérience !

 On rentre tout de suite dans le vif du sujet. Tout est clair et bien présenté : le contexte, les personnages. Il y a une petite présentation du personnage que l'on va incarner ainsi que de la place pour ajouter des informations nous-mêmes au fur et à mesure. Il y a des objets à cocher et on nous donne des points de sympathie. A nous de faire les bons choix et de voir si l'on prend des risques ou pas. On peut perdre et devoir tout recommencer...

 J'ai aimé me prendre au jeu et j'ai été surprise par la rapidité avec laquelle on avance dans l'histoire. C'est presque un peu trop rapide mais on n'a pas le temps de s'ennuyer. C'est clair et bien rythmé et j'ai aimé retenter l'aventure en faisant d'autres choix pour voir où cela me mènerait. C'est bien fait et pas du tout lassant. On ne s'y perd pas. Il y a des pages pour prendre des notes à la fin du livre ainsi qu'un dossier très complet. Je regrette qu'il n'y ait pas eu un peu plus de frissons au rendez-vous, mais j'ai tout de même beaucoup aimé l'ambiance. La présentation du livre est très sympa et ludique : les parties à remplir, le dossier, les fiches personnages et les illustrations. Le concept me plaît bien et je pense renouveler l'expérience. Peut être avec "Les Gardiens disparus" qui me tente aussi beaucoup, mais si vous avez un autre titre à me conseiller, je prends volontiers. C'est une bonne idée cadeau si vous voulez faire découvrir une autre forme de jeu et de lecture.

Merci à Babelio et aux éditions 365 pour cette expérience de lecture originale !

Valentine Stergann

352 pages, éditions Charleston, juin 2023

L'histoire :

Bien plus que de bons rapports de voisinage, ce qui lie Faustine à Georges, son voisin retraité, est une amitié fusionnelle et unique. C’est Georges qui lui a porté secours lorsqu’elle a débarqué seule, enceinte de huit mois, dans cette petite ville normande. Depuis, il est devenu comme un père pour elle et un grand-père pour son fils Tristan. Aussi, lorsque le vieil homme décède sans héritier direct, mère et fils décident de fouiller dans le passé de ce voisin mystérieux.

Que la maison de Georges soit léguée à de lointains cousins qu’il ne connaissait pas est une fin inconcevable.

À la faveur d’une photo retrouvée et d’une lettre énigmatique, les voilà tous les deux prêts pour une enquête qui les mènera jusqu’en Angleterre. Ce voyage pourrait bien bouleverser leur vie, car les eaux dormantes ne sont pas toujours aussi calmes qu’il n’y paraît…

Mon avis :

 Ce roman m'a accompagné durant ces dernières semaines et j'ai beaucoup aimé me laisser porter par cette histoire et suivre Faustine et Tristan dans leur belle aventure. L'histoire est aussi originale qu'émouvante. Le sujet est sérieux ainsi que les différents thèmes abordés et pourtant il y a une certaine légèreté tout le long ainsi qu'une bonne dose d'humour et j'ai adoré ça ! C'est un roman frais et très agréable à lire qui parle des liens qui se tissent parfois entre des personnes qui n'ont, à première vue,  rien en commun. C'est un roman qui parle aussi du poids que peut représenter la famille, cette famille que l'on ne choisit pas et qui parfois nous empêche d'aller de l'avant et de nous sentir libres de vivre notre vie pleinement. C'est un livre qui parle d'amour aussi, bien sûr. D'amour pas comme les autres, d'amour pur et sincère, d'amour incompris.

 J'ai aimé découvrir les personnages au fur et à mesure. Le titre du roman est vraiment bien choisi car il y a quelque chose de doux et de tranquille et en même temps de la passion, de la force et du courage. Il ne faut pas se fier aux apparences ! J'ai aimé les questionnements que ce livre apporte au lecteur sur la famille et l'amour. Doit-on tout accepter et tout pardonner ? Est-ce que les liens du sang sont plus forts que tout ou peut-on choisir sa famille ? J'ai beaucoup aimé la relation entre Faustine et Tristan qui m'a semblé authentique. Je ne peux que vous recommander cette lecture touchante et rafraîchissante avec laquelle j'ai passé un très bon moment entre la Normandie et l'Angleterre !

Marie Vareille

359 pages, éditions Charleston, mai 2021

L'histoire :

« Certains choix nous définissent à tout jamais, celui-ci en fait partie. À partir d’aujourd’hui, je peux bien écrire la neuvième symphonie, sauver le monde d’une troisième guerre mondiale ou inventer le vaccin contre le sida, on ne retiendra de moi que cet acte innommable : j’ai abandonné mon bébé, toi, mon minuscule amour aux joues si douces.

Puisses-tu un jour me pardonner. »

Trois pays, de vibrants portraits de femmes aux destins entrecroisés. Quel est le lien qui les unit ? Quelle est leur véritable histoire ?

Mon avis :

 Difficile de parler de ce roman sans trop en dire, mais j'ai aimé découvrir et suivre toutes ces histoires qui s'entrecroisent. Marie Vareille dresse le portrait de femmes qui pourraient être vous, qui pourraient être moi. Des femmes qui souffrent, qui portent une lourde culpabilité qui les empêche d'avancer. Des femmes qui sont extrêmement fortes mais n'en ont pas conscience et se sentent au contraire trop fragiles pour affronter la vie. Hypersensibles, à fleur de peau, perdues, désespérées. J'ai été touchée par chacune d'elles et elles m'ont semblé vraies.

 J'ai aimé la manière dont l'auteure aborde la maternité. Rien ne nous prépare à ce tsunami émotionnel que provoque l'arrivée d'un enfant et certainement pas les médias et l'entourage qui présentent toujours cela comme quelque chose de naturel, de merveilleux et d'épanouissant alors que c'est sans aucun doute l'une des épreuves les plus compliquées de notre vie. Dans ce roman pas de tabou et des situations criantes de vérité qui m'ont émue aux larmes.

 Et puis il y a ces femmes qui se découvrent, se cherchent, se tourmentent, se détachent, s'accusent, s'acceptent, se pardonnent, se reconstruisent... Et ces hommes qui, parfois, ne sont pas à la hauteur ou rabaissent la personne qu'ils devraient le plus soutenir. Il y a aussi l'entourage qui ne voit pas ou fait de son mieux sans que cela suffise. Beaucoup d'émotions dans un seul et même roman et une histoire que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. Un livre salvateur et plein d'espoir à lire et à offrir autour de soi !

Marion Brunet

272 pages, Albin Michel, janvier 2018

L'histoire :

Fuir leur petite ville du Midi, ses lotissements, son quotidien morne : Jo et Céline, deux sœurs de quinze et seize ans, errent entre fêtes foraines, centres commerciaux et descentes nocturnes dans les piscines des villas cossues de la région. Trop jeunes pour renoncer à leurs rêves et suivre le chemin des parents qui triment pour payer les traites de leur pavillon.

Mais, le temps d’un été, Céline se retrouve au cœur d’un drame qui fait voler en éclats la famille et libère la rage sourde d’un père impatient d’en découdre avec le premier venu, surtout s’il n’est pas « comme eux ».

Mon avis :

 J'ai beaucoup entendu parler et vu passer sur les blogs les romans de Marion Brunet. J'étais curieuse et impatiente de découvrir sa plume et le moins que l'on puisse dire est que je ne suis pas du tout déçue... Il y a des auteurs qui vous happent dès les premières lignes, vous malmènent et vous bousculent en vous laissant totalement impuissants, meurtris et fascinés en même temps. Marion Brunet est incontestablement de ceux-là.

 L'été circulaire est un roman noir qui ne se lit pas mais se dévore. Une fois commencé, il est impossible de le reposer. Et pourtant, qu'est-ce que c'est sombre ! L'atmosphère est lourde et pesante du début à la fin et on sait qu'on n'en sortira pas indemne. Pas de happy end ici. C'est cru, glauque, déprimant et en même temps tellement juste... Ces gens qui se débattent pour se sortir de leur condition modeste, entrevoient la lumière, et finalement retombent au plus bas et semblent condamnés à suivre le même schéma que leurs parents alors qu'ils pensaient faire tout le contraire. C'est comme s'il y avait une sorte de malédiction, une voie sans issue, un cercle infernal, quelque chose qui les empêchait quoi qu'ils fassent d'avoir une vie meilleure et d'être heureux. La manière dont l'auteure décrit cette fatalité inexorable m'a coupé le souffle.

 Les vies ratées, le désenchantement, la honte, la rage, la perte d'espoir, les études bâclées, la sexualité précoce, les coups qui pleuvent, la rudesse des mots, le manque de tendresse, la colère, le sentiment d'injustice, la dureté du travail, la brutalité et l'argent qui manque cruellement.c'est tout cela que l'on retrouve dans ce roman. Il y a aussi cette haine de l'autre : de celui qui est différent, de celui qui a plus, de celui qui n'a pas su nous tirer de là ou nous protéger... L'auteure aborde également avec beaucoup de justesse et sans fausse pudeur la sexualité chez les adolescents et le passage à l'âge adulte ainsi que le temps qui passe, les désillusions des adultes qui voient leurs rêves s'envoler, leurs regrets les ronger peu à peu et leurs corps se faner sans pouvoir revenir en arrière. A aucun moment je n'ai senti de jugement. C'est plus un constat implacable, une fenêtre ouverte sur cette réalité là, qui rend le sujet encore bien plus ardent.

 J'ai ressenti énormément d'émotions en lisant ce livre et c'est assurément une lecture que je n'oublierai jamais. Ce serait mentir que de vous dire que ce livre m'a fait du bien ou m'a donné le sourire. Il est évident qu'il ne plaira pas à tout le monde tant il est dur et dérangeant, mais j'aime aussi quand un livre me secoue, me révolte, me pousse là où je n'ai pas envie d'aller quand c'est bien fait et pour une cause juste et c'est évidemment le cas ici. Cette jeunesse qui semble perdue dès le début, qui s'accroche désespérément à ce qu'elle pense être la lumière et des petits bouts de bonheur sans en comprendre les conséquences m'a fendu le cœur. C'est un roman qui remue. Une vraie claque !

 J'ai hâte de lire d'autres romans de Marion Brunet. Avez-vous lu celui-ci ? M'en conseillez-vous d'autres ?

Serena Giuliano

230 pages, éditions Robert Laffont, mars 2023

L'histoire :

Lundi, dottore Di Martino. Veuf au cœur brisé.
Mardi, signora Rizzo. La doyenne à l'esprit mal tourné.
Mercredi, les Ferrara. Culs-bénits, autoritaires.
Jeudi, signora Marino. Voyante : lit dans les cartes et les pensées.
Vendredi matin, signor et signora Landi. Aisés, bronzés, désespérés...
Vendredi après-midi, signor D'Amato. L'homme invisible !

À Salerno, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas pour Éléonore. Entre ses ménages et ses jumeaux ados, elle n'a pas le temps de goûter à la dolce vita.
Surtout, Éléonore ne parvient pas à oublier Marco, dont elle vient de se séparer.
Pendant qu'elle récure chez les autres, au moins, son esprit est occupé.
Mais en pénétrant dans l'intimité de ses clients, elle va s'apercevoir que les apparences sont trompeuses, et sa routine bien huilée pourrait se trouver chamboulée...
Son rêve de toujours deviendra-t-il réalité ?
Et si un hasard s'apprêtait à rebattre toutes les cartes ?

Mon avis :

 Pour être honnête, je n'avais pas du tout prévu de lire ce livre maintenant. Je le gardais plutôt pour les vacances. J'en avais déjà deux en cours de lecture mais je me suis retrouvée sans livre sous la main mais avec ma liseuse. J'ai eu envie de lire quelques pages par curiosité et finalement je n'ai plus réussi à m'arrêter. C'est bon signe, non ?

 J'ai beaucoup aimé suivre le quotidien de l'héroïne qui en est une à sa manière sans même s'en rendre compte. Éléonore est femme de ménage. Elle est en plein chagrin d'amour et élève de son mieux ses deux adolescents, Elise et Andrea, avec leur papa qui ne vit plus avec eux mais qui a toujours une grande place dans leur vie et avec qui elle est restée en très bons termes. On suit les journées de travail d'Eleonore et sa vie en dehors ce qui nous permet de croiser une multitude de personnages mais aussi de mieux la cerner. C'est une  personne profondément gentille, bienveillante et attachante. Partout où elle passe, elle rend les gens plus heureux mais on dirait qu'elle n'en a même pas conscience. Elle sait écouter, dire les choses quand il le faut et bousculer un peu ses clients qui passent parfois à côté de l'essentiel. Comme ses amis et ses clients, on la voit se rendre malheureuse pour un homme qui ne la mérite pas et on aimerait l'aider à avancer et à réaliser ses rêves car elle le mérite vraiment.

 Je me suis vraiment laissée porter par cette histoire douce et agréable à lire et j'ai passé un très bon moment. Certains sujets abordés sont sérieux et graves mais j'ai aimé qu'ils soient traités de manière douce sans être minimisés ou dramatisés. Rien n'est exagéré. C'est la vie, avec ses hauts et ses bas, ses peines et ses joies ! L'écriture est très agréable. C'est souvent drôle et on s'attache aux personnages. On a envie de les suivre un peu plus longtemps, de les connaître mieux, de savoir ce qu'ils vont devenir. Ça peut paraître bizarre de dire ça comme ça, mais en lisant ce livre je me suis sentie bien. Vraiment bien. Il y a beaucoup de fraîcheur, de soleil et de simplicité et ce cocktail m'a requinqué ! Je serais bien restée avec les personnages encore un peu. C'est une lecture estivale idéale qui m'a vraiment beaucoup plu et que je ne peux que vous recommander vivement. Sourires garantis !

Marie Joudinaud

330 pages, éditions L'Archipel, avril 2023

L'histoire :

Se dressant sur une île bretonne, la Kea est une maison qui a abrité les jours heureux d'une famille unie. Au fil des années, ses pierres se sont érodées, et le foyer s'est disloqué.
Il ne reste entre ses murs que la fille cadette, Susanne, et son enfant, Clara. L'autre sœur, Thaïs, est partie depuis longtemps vivre ses rêves de danseuse étoile à Paris.
Le jour où l'Opéra contraint Thaïs à quitter la scène en prenant des vacances forcées, elle décide de revenir dans la demeure de son enfance. Mais vingt ans de rancœurs devront être dénoués, et la passion de sa nièce pour la danse, tempérée.
Les deux sœurs se retrouvent face à face jusqu'à ce que les fatalités de la vie les rattrapent...

Mon avis :

 J'aime beaucoup la collection Instants Suspendus des éditions L'Archipel. On y trouve des romans feel good plein d'humour avec de belles leçons de vie mais aussi des romans chargés d'émotions et d'espoir, comme celui-ci.

 Je me suis tout de suite prise d'affection pour la Kea. Cette vieille maison avec son toit qui fuit, son plancher qui grince et son jardin en friche... Malgré ses défauts, cette maison a un charme fou. On sent tout de suite qu'elle a été témoin de tant de jours heureux et qu'elle a aussi abrité et protégé les secrets, les regrets et la tristesse de ses habitants. J'ai aimé que la maison se livre aussi et devienne parfois la narratrice de l'histoire. On a l'impression d'entendre résonner entre ses murs vides les rires d'enfants devenus grands depuis longtemps. Passé, présent et futur se mêlent et nous entraînent dans une danse envoûtante.

 J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteure et je me suis laissée emporter par ce récit. Comme Susanne, on a d'abord un avis très tranché sur la situation mais on se rend vite compte que la vérité est peut être un peu différente... Tout le monde s'arrange avec ses souvenirs, réécrit un peu l'histoire ou bien la garde telle qu'il l'a perçu à un certain âge sans prendre le temps de regarder les choses autrement et avec des yeux d'adulte.

 J'ai beaucoup aimé suivre les personnages et je ne m'attendais pas à être aussi bouleversée par ce roman. Je ne voudrais pas trop en dire alors je vais m'arrêter là, mais c'est un roman plein d'émotions qui m'a émue et m'a fait passer du rire aux larmes. Je l'ai refermé avec le sourire et je pense que j'en garderai un joli souvenir tant pour les personnages et leur histoire que pour ce décor de bord de mer, captivant. Je pense notamment à la salle de classe de Susanne que j'ai eu l'impression de voir de mes propres yeux et qui me revient souvent en tête.