Le village de North Dormer, en Nouvelle Angleterre, abrite une communauté puritaine et étriquée au sein de laquelle la belle Charity vit et, surtout, s’ennuie. Adoptée enfant par le notable du village, le vieux Royall, Charity est née dans la « montagne », un endroit dont on parle tout bas et en se signant, un lieu sauvage qui a dû la marquer de son empreinte. Son insaisissable différence attire immédiatement l’attention de Lucius Harney, jeune architecte de la ville venu se perdre à North Dormer pour croquer des habitats traditionnels. Très vite, Charity s’éprend passionnément de lui…
Mon avis :
Depuis quelque temps, je me suis fixée pour objectif de lire plus de classiques. Les superbes rééditions des éditions 10/18 m'y encouragent et j'ai craqué pour "Été" dont je n'avais jamais entendu parler avant. C'est un roman qui fit scandale à sa sortie en 1917. Cela m'a permis de découvrir la plume d'Edith Wharton et je compte bien poursuivre mon exploration.
Charity est une jeune fille qui m'a tout de suite plu. Elle est vive, pleine d'esprit et en avance sur son temps. Elle est assez réaliste et en même temps elle sait ce qu'elle veut et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle n'a pas peur des hommes et n'hésite pas à les remettre à leur place quand ils dépassent les bornes ou tentent d'abuser de leur autorité. Son passé trouble lui confère une aura mystérieuse qui la rend encore plus fascinante. Sa force de caractère et sa détermination rendent sa chute encore plus violente...
Pour être honnête, je ne m'attendais pas du tout à une histoire aussi triste et cruelle et en même temps c'est ce qui rend ce roman aussi marquant. Quoi que l'on fasse, on n'a pas toujours le choix. Malgré tous ses efforts, Charity ne peut aspirer au bonheur. Elle est comme condamnée à choisir entre la peste et le choléra et devrait en plus de cela s'estimer heureuse de s'en être si bien sortie au vu de ses origines. C'est dur, cruel, fataliste et plein de désillusions. Pauvre Charity... Difficile d'être insensible à son histoire et à son triste sort. C'est un portrait d'autant plus poignant qu'il peut, je pense, se rapprocher de beaucoup d'histoires vécues par des femmes à des époques où elles n'étaient pas libres de choisir leur vie. Voilà un roman que je n'oublierai pas, c'est certain !
1837, île du Prince-Édouard, au large du Canada. Marilla Cuthbert, 13 ans, mène une vie tranquille dans le cadre enchanteur de la campagne, avec ses parents et son frère aîné, Matthew. À la mort brutale de sa mère adorée, Marilla se jure de veiller toujours sur son père et son frère. Cette décision va entraîner sa vie entière. Désormais, elle se consacrera aux autres. Sacrifiant son amour pour John Blythe, elle décide de se battre auprès des plus démunis, les orphelins en particulier. Visionnaire, elle se révolte contre les mœurs de son temps et rejoint les rangs d'anciens esclaves affranchis afin que soit abolie la traite des Noirs. Mais ce combat pour la liberté a un prix : l'hostilité croissante de l'ordre établi. Chaque jour qui passe fait courir à Marilla un danger sans cesse plus grand.
Mon avis :
Depuis une semaine, je passe tout mon temps libre aux Pignons Verts. Je me suis enfin lancée dans la série Netflix "Anne with an E" qui est une pure merveille et nous plonge avec délice dans l'univers chaleureux de Lucy Maud Montgomery, et figurez-vous que le dernier roman de Sarah McCoy - sorti en France il y a quelques jours - nous entraîne également là-bas. Vibrant hommage à cette série de livres qui a ému le monde entier, ce livre a, dans sa version originale, un titre plus évocateur : Marilla of Green Gables. C'est dommage que l'éditeur français ne précise pas clairement que le livre s'inscrit dans cet univers. Certes, on peut le lire et l'apprécier sans connaître les romans de Lucy Maud Montgomery, mais beaucoup de fans passeront certainement à côté de ce livre sans le remarquer.
Dans ce beau roman, Sarah McCoy a imaginé l'enfance de Marilla et nous raconte les épreuves et les choix qui ont fait d'elle la femme qu'elle est devenue et que nous retrouvons dans les aventures d'Anne. C'est une lecture délicieuse ! J'ai apprécié chacune des pages de ce livre, prenant mon temps pour m'immerger complètement dans cet univers. J'ai adoré découvrir la jeune Marilla, la voir rêver, grandir, s'affirmer mais aussi découvrir les descriptions du paysage qui change au fil des saisons et partager le quotidien de la famille Cuthbert et la rudesse des tâches qu'ils accomplissent. On assiste également à la naissance de l'amitié qui lie Rachel et Marilla et aussi à l'arrivée de John dans sa vie. Et puis, il y a bien sûr le contexte qui est absolument passionnant. Les choses sont en train de changer. Certains l'acceptent et voudraient même que les changements s'opèrent plus rapidement tandis que d'autres s'y opposent farouchement.
Et au milieu de tout cela, il y a Marilla. Petite fille devenue femme bien trop tôt, par la force des choses et la réalité de la vie. Marilla et sa fidélité sans faille à sa famille, son dévouement aux siens, ses choix et sa manière bien à elle de revendiquer sa liberté. Elle est à la fois fragile et forte, libre et prisonnière. C'est une femme complexe et fascinante. J'ai aimé la manière dont Sarah McCoy nous éclaire sur ce personnage bien mystérieux et la façon dont elle retranscrit tout l'amour, la pudeur et la bienveillance propres à cette famille ainsi que le côté chaleureux bien que modeste des Pignons Verts.
J'ai vraiment adoré ce livre, les lieux et les personnages qui m'ont accueilli et auxquels je pensais jour et nuit. C'est un livre que j'ai mis du temps à lire mais pas parce qu'il ne me plaisait pas, bien au contraire. Il y a entre ces pages des vies entières, des épreuves, des non-dits, des drames, des regrets et des scènes inoubliables et terriblement émouvantes. Je suis vraiment triste de quitter cet univers mais je ne le quitte pas vraiment puisqu'il me reste encore des tomes de la série de Lucy Maud Montgomery à découvrir. Je m'en réjouis d'avance ! Je sais que je garderai ce livre précieusement et que je le relirai avec plaisir. Je me suis rarement attachée comme cela à un endroit et à des personnages fictifs. C'est comme s'ils existaient vraiment ! Merci à Sarah McCoy de continuer à les faire vivre. Elle rend vraiment un bel hommage à l'oeuvre de Lucy Maud Montgomery. Merci pour ce joli coup de coeur !
"On comprend mal les larmes et le plus souvent on ne les verse pas à bon escient. Elles constituent une réaction personnelle de l'être. Parce que parfois, la vie déborde. Les larmes sont la façon pour le corps de se débarrasser du trop-plein d'émotions, de la tristesse à la joie en passant par un dégradé que les mots ne peuvent même pas décrire." (page 307)
"Tôt le lendemain matin, le ciel s'ouvrit comme un sac de sucre, recouvrant le paysage d'une neige fraîche. Le bois dans la cheminée pétillait d'étincelles vives. [...] Pour la première fois depuis des années, Marilla ne s'imposa aucune corvée. Elle était heureuse d'être, et rien de plus." (page 317)
"Marilla examina les visages autour d'eux dans la maison que son père et sa mère avaient construite. Dans chaque ride et chaque cicatrice, elle lut les décisions qui l'avaient menée où elle était à cet instant. Elle n'aurait pu changer aucune d'elles sans modifier le tout." (page 352)
Si vous voulez en savoir plus sur les romans de Lucy Maud Montgomery, je vous recommande les billets très complets et passionnés de Milly !
Années 50
Amy, une jeune femme désespérée, tente de se noyer suite à la mort de sa mère. Le lendemain, son père n’a pas le choix : il l ’envoie à Ambergate, austère hôpital psychiatrique. Pour Amy, qui est loin d ’être folle, ce sera le théâtre de terribles drames, et d'amours interdites.
50 ans plus tard…
Sarah se met à fouiller les vestiges d’Ambergate
dans le but d’écrire un livre. L’asile abandonné va alors livrer ses plus sombres secrets. Et si tout commençait par une simple clé ?
Mon avis :
J'ai lu tous les romans de Kathryn Hughes traduits en français et c'est à chaque fois un véritable plaisir de retrouver sa plume et ses histoires pleines d'émotions et de secrets bien gardés.
Dans cette histoire, tout tourne autour d'Ambergate, un établissement psychiatrique comme il y en avait tant avant et dans lesquels on enfermait, pour des raisons souvent discutables et la plupart du temps contre leur volonté, des personnes en détresse ou souffrant d'un handicap, des gens un peu différents qu'on ne savait pas où mettre mais qui n'avaient pas leur place dans la société. Ces établissements sont fermés depuis bien longtemps et certains demeurent à l'abandon, leurs murs encore chargés des affaires et des secrets des patients qu'ils ont abrités... Voilà de quoi éveiller la curiosité et l'imagination, n'est-ce pas ? Kathryn Hughes s'est inspirée de faits réels et notamment de la découverte de 400 valises oubliées dans un établissement de ce genre pour débuter son roman.
Amy est toute jeune lorsqu'elle est envoyée à Ambergate pour un cours séjour. Même si elle n'a aucune envie d'y aller, elle ne s'attendait pas à être traitée de la sorte. Là-bas, tout le monde est logé à la même enseigne. Des gens déambulent dans les couloirs en tenant des propos absurdes ou en hurlant tandis que des soeurs et infirmières les punissent ou les bourrent de médicaments pour qu'ils se tiennent tranquilles. Amy ne pensait pas devoir renoncer à sa pudeur, à sa dignité et à sa liberté de penser en mettant les pieds dans cet endroit. Pourtant, elle va devoir jouer le jeu, se tenir tranquille et dire ce que l'on attend d'elle si elle veut sortir de là au plus vite...
Cinquante ans plus tard, Sarah, bibliothécaire qui se passionne pour les vestiges d'Ambergate et le mystère qui entoure cet endroit, décide d'écrire un livre sur le sujet et entreprend pour cela une exploration des lieux. C'est ainsi qu'elle met la main sur des valises et sur un mot qui attire tout de suite son attention. Que s'est-il passé là-bas ? Pourquoi son père, qui a connu cet endroit, refuse-t-il d'en parler ? Que sont devenus les propriétaires de ces valises oubliées ?
J'ai adoré cette histoire ! Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi triste, mais j'ai été captivée du début à la fin. Je n'arrivais plus à me détacher de cette histoire et à ne plus penser aux patients d'Ambergate. Même s'il s'agit d'une fiction, ça fait froid dans le dos et il est terrible de se dire que des milliers de personnes ont subi des choses aussi atroces sans que personne ne s'y oppose. Il semble inimaginable aujourd'hui que l'on puisse priver quelqu'un de sa liberté et même de sa vie. Les maltraitances et les traitements barbares subis par tellement de gens dans les années 1950 et avant sont choquants et révoltants. Il n'est pas étonnant que ces lieux inspirent autant les auteurs et les amateurs d'épouvante. Cette histoire m'a vraiment chamboulée et je sais que je ne l'oublierai pas. Je la recommande à tous les histoires qui aiment les drames, les histoires inspirées de faits réels et celles qui se déroulent à plusieurs époques. C'est captivant et inoubliable ! J'attends déjà avec impatience le prochain roman de Kathryn Hughes et je vous recommande aussi "Il était une lettre" et "Il était un secret" si vous ne les avez pas encore lus.
1965, une vague de chaleur déferle sur le Queens. Un matin, Ruth Malone, mère célibataire aux allures de star hollywoodienne, constate la disparation de ses deux enfants. Rapidement, leurs corps sans vie sont découverts. Des voix accusatrices s’élèvent alors contre la « mère indigne », dont les amants entrent et sortent continuellement et qui affiche un visage beaucoup trop calme face au drame qui la touche. De la voisine qui a toujours eu des doutes aux médias avides de scandale, tout le monde semble avoir quelque chose à lui reprocher. Mais qui est Ruth quand personne ne la regarde ? Alors que presse, opinion publique et tribunaux la condamnent avant l’heure, un seul homme va tenter de découvrir qui elle est vraiment : nouvelle Médée monstrueuse ou victime innocente ?
Mon avis :
Emma Flint s'intéresse depuis longtemps aux affaires de meurtres. Pour son premier roman - La Face cachée de Ruth Malone (Little Deaths) - elle s'est inspirée de l'affaire Alice Crimmins qui demeure, aujourd'hui encore, bien mystérieuse.
Ruth Malone est le genre de femmes qui ne passe pas inaperçue. Son apparence, toujours soignée selon certains et scandaleusement provocante selon d'autres, attire les regards. Les hommes la désirent, les femmes la jalousent ou l'envie, mais tout le monde se retourne sur son passage. Il faut dire qu'au milieu des ménagères de son quartier qui se consacrent entièrement à leurs enfants et à leur mari, Ruth qui travaille dans un bar, élève ses enfants seule et multiplie les aventures fait tâche...
Alors, quand ses enfants disparaissent, les gens du quartier ne se privent pas de dire ce qu'ils ont sur le coeur et n'hésitent pas à la traiter de dépravée irresponsable, incapable de s'occuper d'un foyer et encore moins d'une famille. Les voisines de Ruth crachent leur venin, ses anciens amants se retournent contre elle et le pays entier s'étonne de son attitude et de ses réactions. Ou plutôt de son absence de réaction. Pourquoi est-elle si calme ? Pourquoi n'est-elle pas abattue comme le serait n'importe quelle autre mère ? Plus le temps passe et plus l'attitude de Ruth et les témoignages l'accablent. Mais au milieu de tout cela, Pete, un journaliste se passionne pour l'affaire et surtout pour cette femme à qui il pense jour et nuit. Jour après jour, il va tout mettre en oeuvre pour découvrir la vraie Ruth et comprendre ce qui s'est vraiment passé cette nuit-là.
J'ai beaucoup aimé ce thriller psychologique. Dès les premières pages, la tension est palpable et on est véritablement plongé dans le Queens des années 1965. Ruth est fascinante et vraiment difficile à cerner. Comme Pete, on a envie de la connaître, de savoir ce qu'il y a sous son maquillage et cela devient vraiment obsédant. Est-elle différente de ce qu'elle montre aux autres ? Est-elle forte ou au contraire vulnérable ? Pourquoi ne réagit-elle pas aux accusations et ne pleure-t-elle pas ses enfants ?
Le rythme de ce roman est assez lent. Cela ne m'a pas dérangé au début car la tension est forte et tout est dans l'atmosphère, le ressenti, les sensations et les émotions, mais j'ai tout de même trouvé que ça devenait un peu long au bout d'un moment. Néanmoins, la dernière partie m'a beaucoup plu. Cette histoire et ce portrait de femme sont vraiment marquants. J'y repensais souvent bien après avoir reposé le livre et je sais que c'est une histoire que je n'oublierai pas, d'autant plus qu'elle est inspirée d'un sordide fait réel.
En bref : L'atmosphère de ce roman est hypnotique et nous transporte dans le New York des années 1965. C'est bien écrit et la psychologie des personnages est très intéressante. J'ai trouvé qu'il y a avait quelques longueurs et que le rythme s'essoufflait un peu vers le milieu, mais j'ai tout de même beaucoup aimé ce thriller psychologique glaçant et fascinant. L'histoire, inspirée d'une affaire réelle jamais résolue, est captivante. J'ai suivi avec beaucoup de plaisir le déroulement de l'enquête et le procès. Je vais avoir du mal à penser à autre chose...
C’était en novembre, le neuvième jour du mois. D’emblée, lorsqu’il a rencontré Fallon, Ben a compris ses cicatrices, les a pansées, les a aimées. Alors qu’à 18 ans, à la suite d'un tragique accident, Fallon voyait s’écrouler son rêve d’actrice, Ben – Ben et son charme, Ben et sa drôlerie d’aspirant-écrivain – lui a redonné confiance. Cette journée, ils l’ont passée ensemble, une magie de tous les instants. Le soir venu, ils ont promis : chaque 9 novembre, dans les cinq années à venir, ils se reverront. Une date pour tout revivre. Une date pour tout comprendre. Et braver l’impossible…
Mon avis :
Les romans de Colleen Hoover semblent faire l'unanimité alors j'étais curieuse de découvrir la plume de l'auteure et son univers mais je repoussais toujours le moment jusqu'à ce que November 9 me fasse sauter le pas. Vous savez comment je me suis décidée ? J'ai une habitude de lectrice un peu singulière. Quand j'hésite entre plusieurs romans, en général, je ne relis pas la quatrième de couverture mais je lis plutôt les premières lignes. Comme ça. Pour voir. Et je choisis en fonction de celles qui m'interpellent ou m'intriguent le plus. Et le roman de Colleen Hoover commence comme ça :
" Je me demande ce qu'on entendrait au juste si je lui cassais cette chope sur la tempe.
Il a la tête dure. Avec un verre aussi épais, ça devrait craquer sec."
Plutôt original et intrigant comme incipit, n'est-ce pas ? J'ai tout de suite eu envie d'en savoir plus sur les personnages, leurs liens, leur histoire... L'écriture de Colleen Hoover et sa manière de raconter avec beaucoup d'humour, de pep's et de modernité m'ont vraiment plu et je peux déjà affirmer que je lirai ses autres romans. C'est tellement fluide et agréable à lire que j'avais dévoré la moitié du roman sans m'en rendre compte.
Après une rencontre pour le moins originale Benton et Fallon passent la journée ensemble et il est tellement évident qu'ils sont faits l'un pour l'autre qu'on voudrait ne jamais les voir se quitter. Pourtant, ils ont encore des choses à entreprendre seuls et décident, à la fin de la journée, de conclure un pacte. Ils se retrouveront chaque 9 novembre pendant 5 ans et n'auront aucun contact le reste de l'année.
J'ai trouvé l'intrigue addictive et originale. Je pensais que Colleen Hoover allait "tricher" un peu en nous faisant tout de même suivre les personnages chacun de leur côté, mais non, il y a une vraie coupure d'un an entre les différentes parties du livre et on découvre en même temps que Ben ou Fallon ce que l'autre est devenu. On se focalise juste sur ces rendez-vous du 9 novembre et sur Ben et Fallon. C'est risqué mais judicieux comme choix. Parfait pour entretenir le mystère et le suspense !
S'il y a quand même quelques clichés et rebondissements que l'on voit venir à l'avance, on s'en moque tant on est pris par l'histoire. J'ai aimé les personnages, surtout Benton qui est franchement irrésistible et j'ai adoré les dialogues qui sonnent toujours justes et ne manquent ni d'humour ni de piquant. Je ne m'attendais pas à une histoire aussi triste et lumineuse à la fois. Il y a des scènes vraiment marquantes et des passages qui font passer du rire aux larmes en un instant. C'est une histoire pleine d'émotions qui me restera en mémoire. La fin est parfaite même si on meurt d'envie de savoir ce qui va se passer ensuite. Maintenant, je me demande juste quel roman de Colleen Hoover lire après celui-là. Si vous avez des idées, je prends volontiers !
Quand Ernt rentre du Vietnam, sa famille ne le reconnaît plus. Poursuivi par de terribles cauchemars, il se montre violent envers sa femme Cora. Un jour, il reçoit une lettre du père d’un de ses amis, mort dans ses bras durant cet enfer, qui lui lègue une masure en Alaska. Il se dit qu’il pourra peut-être s’y reconstruire. Avant la guerre, ils étaient si heureux…
Mon avis :
Difficile de trouver les mots justes pour vous parler de ce livre, vous dire à quel point il m'a plu, vous expliquer tout ce qu'il m'a fait ressentir. Quelle aventure ! Quel voyage ! J'ai tremblé, vibré, souri et pleuré tant de fois...
Le Paradis blanc (ou The Great Alone > Le Grand seul, surnom donné à l'Alaska), nous raconte l'histoire d'une famille qui part un peu à la dérive et va tenter de prendre un nouveau départ en Alaska dans les années 1970. Le père a fait la guerre du Vietnam, a été prisonnier de guerre et en est revenu avec beaucoup de cicatrices... Pendant son absence, sa femme et sa fille ont été un peu livrées à elles-mêmes. La mère, trop fière pour demander de l'aide à ses parents qu'elle a quitté à l'âge de dix-huit ans lorsqu'elle était enceinte, a fait de son mieux, emmenant sa petite Lenora - surnommée Leni - d'un endroit à un autre, changeant de lieu et de mode de vie régulièrement. Lorsque le père revient, les choses ne s'améliorent pas. Il est hanté par ce qu'il a vécu, fait de terribles cauchemars, se sent menacé et se montre parfois violent. Lorsqu'il hérite d'une masure en Alaska, il n'hésite pas à s'y installer, espérant trouver là-bas sérénité et tranquillité.
En Alaska, tout est différent. L'espace qui les entoure est immense mais la masure minuscule. Il faut s'habituer à la solitude et à l'isolement et en même temps vivre ensemble dans un tout petit espace. Les conditions de vie sont rudes. Il faut apprendre à se défendre, savoir chasser, être prudent et prévoyant, anticiper l'arrivée de l'hiver, être prêt à prendre des risques et à mourir dans d'atroces souffrances au moindre faux pas. Cette famille, qui n'était pas du tout préparée à cela, va pourtant s'habituer à cette vie-là. Car là-bas, sans argent et sans savoir-faire, on peut tout de même s'en sortir si on s'en donne les moyens et si on le veut vraiment. Leni, quatorze ans, va donc apprendre à tirer, à chasser, à couper du bois, à pêcher et à vider des poissons, à conduire sur la neige et la glace et à se défendre. Mais l'hiver arrive et d'après les habitants, les rares personnes qui s'installent sur ces terres reculées ne sont jamais assez préparées à cela. Les nuits et le froid sont terribles et l'obscurité demeure presque toute la journée. Il faut être incroyablement fort, de corps et d'esprit, pour l'affronter et le surmonter. En Alaska, il n'y a pas de demie-mesure. On est fait pour y vivre... ou pas. On y reste pour toujours ou on s'enfuit à toutes jambes dès le premier hiver. On peut aussi y mourir brutalement.
Quelle aventure palpitante ! J'ai adoré suivre cette famille et découvrir les conditions de vie dans ce lieu reculé à une époque où il n'y avait aucun confort. C'est puissant, sauvage, fascinant et en même temps terriblement effrayant. On a l'impression d'y être. On se sent totalement coupé du monde. L'été, là-bas, est magnifique mais il n'y a pas beaucoup de temps pour se distraire car chaque minute compte pour se préparer à ce qui arrive... L'hiver peut s'installer plus tôt que prévu et lorsque cela arrive, il est trop tard. Les gens s'enferment chez eux, espérant y survivre et voir un nouvel été. C'est dans ces conditions déjà rudes que le malaise s'installe. Car lorsqu'il fait nuit et lorsqu'il n'y à plus rien à faire qu'attendre, Ernt se remet à faire des cauchemars et à avoir des idées noires. Il se met à douter de tout le monde et se sent menacé. Il rumine et tourne en rond comme un lion en cage... Et au milieu de tout cela, Leni grandit, perd peu à peu son insouciance, essaie de trouver sa place et de comprendre le monde et les gens qui l'entourent.
Tellement de souffrances, de douleurs, d'amour et de passion entre ces pages... On ressent vraiment toute la complexité de l'Alaska. Au début, on se dit que les gens qui y vivent sont dingues de s'infliger cela et puis, sans qu'on s'en rende compte, elle arrive à nous ensorceler. Comme Leni, on ne voudrait être nulle part ailleurs. On s'émerveille de tout cet espace et de la beauté de la nature. On comprend cette soif d'aventure et de liberté. On comprend même qu'après avoir vécu là-bas on ne puisse plus vivre ailleurs.
Kristin Hannah qui m'avait bluffée avec son précédent roman "Le Chant du rossignol" m'a carrément époustouflée avec son "Paradis blanc" ! Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi sombre et prenant. Ce livre m'a passionnée et bouleversée comme je l'ai rarement été. Il y a de la force et de la puissance dans tout : les mots, les émotions, le contexte, la psychologie des personnages ainsi que les liens et les sentiments qui les unissent, les rebondissements et le dénouement. Le lecteur ne s'ennuie pas une seconde car même les descriptions des paysages ou des moments du quotidien sont fascinantes car merveilleusement écrites et tellement en décalage avec ce qui nous est familier. On voyage, on s'évade, on tremble et on en ressort de cette lecture estomaqué et à bout de souffle. C'est dur, cruel et beau à la fois à l'image du lieu qui abrite cette histoire. C'est un livre que je relirai et qui fait assurément partie de mes plus belles lectures - toutes années et catégories confondues.
Si je devais vous conseiller un livre à lire absolument cet hiver, un seul, ce serait celui-là. Mais attention, préparez-vous car vous n'en sortirez pas indemnes !
Et si vous n'êtes toujours pas convaincus, allez donc lire les billets de Milly, Lasardine et Ingrid.
"Son père leva les yeux, juste assez pour rencontrer son regard. Il avait l'air dépité, fatigué, mais présent ; dans ses yeux, elle vit plus d'amour et de tristesse qu'un être humain aurait dû pouvoir en éprouver. Quelque chose le déchirait de l'intérieur, même maintenant : l'autre homme, l'homme mauvais qui vivait en lui et essayait de s'échapper dans le noir." (page 141)
"Mais ici, beaucoup de gens avaient été quelqu'un sur le continent et étaient quelqu'un d'autre en Alaska. [...] L'Alaska regorgeait de personnes inattendues, comme la femme qui vivait dans un bus scolaire hors d'usage à Anchor Point et lisait les lignes de la main. On racontait qu'elle avait été flic à New York. A présent, elle se baladait avec un perroquet sur l'épaule. Tout le monde ici avait deux histoires : la vie avant et la vie maintenant. Si vous vouliez prier un dieu bizarre ou vivre dans un bus scolaire ou encore épouser une oie, personne en Alaska n'allait vous dire quoi que ce soit. Tout le monde s'en foutait si vous aviez une vieille voiture dans votre jardin, encore moins un frigo rouillé. On pouvait vivre toutes les vies imaginables ici." (page 172)
"Les adultes se contentaient-ils de voir ce qu'ils avaient envie de voir quand ils regardaient le monde, de penser ce qu'ils avaient envie de penser ? Les faits et le vécu ne signifiaient-ils rien ?" (page 204)
"Cet état, cet endroit, est sans pareil. Il est à la fois beauté et horreur, sauveur et destructeur. Ici, où il faut sans cesse faire des choix pour survivre, dans la région la plus sauvage d'Amérique, aux confins de la civilisation, où l'eau sous toutes ses formes peut vous tuer, on apprend qui l'on est. Pas qui l'on rêve d'être, pas qui l'on imaginait être, pas qui l'on a été élevé pour être. Tout cela sera anéanti au cours des mois d'obscurité glaciale, où le givre sur les vitres vous trouble la vue, où le monde devient tout petit et où l'on découvre la vérité de son existence. [...] soit on devient ce que l'on peut être de mieux et on s'épanouit, soit on s'enfuit en hurlant." (pages 539-540)
The Most Wonderful Time of the Year - Joanna Bolouri
416 pages, éditions Milady, novembre 2018
L'histoire :
À trente-huit ans, Emily a un travail satisfaisant, des amis fabuleux, et surtout, un appart merveilleux, situé à 661 kilomètres de sa famille un peu trop intrusive. Sa seule source de stress est Evan, son jeune voisin, qui a tendance à écouter la musique à fond, et fait encore plus de bruit la nuit... Mais qu’importe ! Heureuse en couple avec Robert, Emily espère bien l’inviter chez elle pour Noël et lui présenter ses parents. Finies les questions indiscrètes ! Mais quand Robert rompt avec elle, Emily en est malade. Comment va-t-elle pouvoir affronter sa famille ? Bien déterminée à reconquérir Robert, Emily fait appel au fêtard d’à côté...
Mon avis :
J'avais envie de terminer l'année avec une lecture légère et amusante et ce roman a été une très bonne pioche ! Qu'est-ce que j'ai ri ! Je ne m'attendais pas à un roman aussi moderne et à un humour aussi décapant ! L'intrigue peut sembler classique, mais ce qui fait toute la différence, c'est l'écriture de Joanna Bolouri. Les dialogues sonnent justes et sont vraiment très drôles. Les personnages sont, quant à eux, assez inoubliables. Il y a les colocataires un peu perchés et relous mais super attachants, la famille complètement délirante, un peu cruelle et envahissante mais en même temps tellement chaleureuse et aimante... Et puis, et c'est assez rare dans ce genre de romans, l'héroïne ne m'a pas agacée. J'ai trouvé Emily vraiment sympathique et crédible. C'est une femme qui approche de la quarantaine et qui se rend compte que ses rêves ne sont plus les mêmes qu'il y a 15 ans et qu'il est peut être temps de changer certaines choses dans sa vie. Elle est toujours partagée entre son envie de bien faire et ses propres désirs. Je l'ai trouvé cohérente dans ses choix et ses réflexions. C'est un personnage qui m'a bien plu.
J'ai adoré passer Noël dans la famille d'Emily qui, ce qui ne gâche rien, habite en Ecosse. Découvrir leurs rituels, les petites tensions et rancoeurs familiales, suivre leurs moments de complicité et les petits malaises qu'engendre la situation. J'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteure parle de la famille sans édulcorer les choses. Si Emily adore les siens, il y a aussi beaucoup de choses dont elle se passerait bien et ces quelques jours en famille sont à chaque fois très éprouvants.
Autre point positif, c'est vraiment un roman de Noël et pas juste un livre dans lequel il y a deux pages sur cette période de l'année. Tout tourne autour de Noël : décorations, souvenirs d'enfance, retrouvailles, traditions, etc... C'est très drôle, il y a des rebondissements, des petites choses qu'on voit venir, mais on s'en fiche. C'est hyper agréable à lire. Je n'avais pas du tout envie que ça s'arrête (d'ailleurs, si Joanna Bolouri pouvait envisager d'écrire une suite, ce serait génial !)
J'imagine parfaitement ce roman adapté sur grand écran. Il ferait une excellente comédie romantique de Noël dans le genre de The Holiday ou Love Actually et m'a fait penser aussi au Journal de Bridget Jones. D'ailleurs, je n'ai pas été étonnée d'apprendre que l'auteure travaille avec des scénaristes et a remporté un concours d'écriture organisé par la BBC. Pour moi, c'est vraiment un sans faute. J'y ai trouvé tout ce que j'espérais et j'ai passé un excellent moment. C'est d'ailleurs un roman que je compte relire et que j'ajoute à la liste de mes livres de Noël favoris.
266 pages, éditions Presses de la Cité, septembre 2018
L'histoire :
Comme chaque week-end, Nora prend le train pour retrouver sa soeur, qui vit seule dans une ancienne ferme près d'une petite ville cossue à une heure de Londres. À son arrivée, elle découvre une scène macabre : Rachel gît dans une mare de sang. Atomisée par la douleur, Nora est incapable de retourner à sa vie d'avant. Elle décide donc de rester pour mener sa propre enquête. Un événement traumatique ayant ébranlé sa confiance dans la police des années plus tôt, elle pense être la seule à pouvoir retrouver l'assassin de Rachel. Mais connaissait-elle vraiment sa soeur ? Rachel n'avait-elle pas décidé elle aussi de s'attaquer aux démons de leur jeunesse sacrifiée ?
Mon avis :
Cette lecture avait vraiment tout pour me plaire, mais j'en ressors déçue et même un peu soulagée de pouvoir enfin passer à autre chose.
Le début était pourtant très prometteur. Nora a l'habitude de quitter Londres le week-end pour retrouver sa soeur qui vit seule, dans un quartier tranquille, à la campagne. Ensemble elles se baladent, discutent et refont le monde autour de bons petits plats. Elles sont très proches l'une de l'autre. Tout bascule le jour où Nora qui s'attendait à trouver sa soeur, comme à son habitude, en train de cuisiner, la trouve étendue, sans vie, dans une mare de sang. Que s'est-il passé ? Rachel avait-t-elle des secrets ? Qui aurait pu lui en vouloir ? Incapable de passer à autre chose, Nora reste sur place et mène l'enquête à sa façon, se replongeant dans ses souvenirs avec sa soeur et interrogeant le voisinage.
J'ai bien aimé le côté introspectif de ce récit et son étrangeté. On ne sait pas vraiment si on doit se fier à Nora. Elle est plutôt difficile à cerner et semble assez instable. Elle n'est pas très attachante et m'a paru étrange. C'est quelque chose qui aurait pu être très dérangeant car c'est tout de même la narratrice, mais j'ai bien aimé cet aspect du livre qui sort de l'ordinaire. En revanche, j'ai trouvé que c'était incroyablement long alors que le roman ne fait même pas 300 pages ! Les errances et réminiscences de Nora que je trouvais mystérieuses et envoûtantes au début ont fini par me lasser. Ca n'avance pas, c'est confus, brouillon. Les tournures de phrases sont parfois bizarres voire maladroites. A la fin, les choses s'accélèrent et les rebondissements s'enchaînent. La fin est plutôt bien trouvée, mais ça arrive comme un cheveu sur la soupe et on a du mal à y croire. On dirait presque que l'auteure avait prévu une fin et qu'elle a changé d'avis au dernier moment en ajoutant d'autres paragraphes. C'est dommage, c'était plutôt prometteur. Ce livre semble avoir beaucoup de succès à l'étranger. Il a été récompensé du prix Edgar du premier roman et une adaptation est envisagée, mais ça n'a pas fonctionné pour moi. Si vous l'avez lu, j'aimerais beaucoup avoir vos impressions.
Après l’immense succès du Train des orphelins, Christina Baker Kline recrée l’histoire de l’une des muses les plus célèbres, et les plus mystérieuses, de la peinture américaine du XXe siècle. Un roman fascinant et plein de tendresse sur l’amitié, le regard de l’autre et la force de l’art.
Du monde, Christina Olson n’a rien vu. Paralysée depuis l’enfance, elle vit recluse dans la ferme familiale, perchée sur une falaise du Maine. Sa seule ouverture sur l’extérieur : une pièce remplie de coquillages et de trésors rapportés des mers du Sud par ses ancêtres, farouches marins épris d’aventures, et dont les histoires nourrissent ses rêves d’ailleurs.
L’arrivée de nouveaux voisins, la pétillante Betsy et son fiancé, le jeune peintre Andrew Wyeth, va bouleverser le quotidien de cette femme solitaire. Alors qu’une amitié naît entre elle et le couple, Christina s’interroge : pourra-t-elle jamais accéder à la demande d’Andrew de devenir son modèle ? Comment accepter de voir son corps brisé devenir l’objet d’étude d’un artiste, d’un homme ?
L’art est le reflet de l’âme. Et sur la toile, Christina redoute de voir apparaître ses failles, et celle qu’elle aurait tant désiré être…
Mon avis :
Connaissez-vous ce tableau d'Andrew Wyeth réalisé en 1948 ?
"Christina's World" est une oeuvre mystérieuse qui a fait couler beaucoup d'encre et qui, aujourd'hui encore, continue d'inspirer et de fasciner le monde entier. L'auteure de ce livre l'a découverte étant enfant et, devenue adulte, s'est donnée pour mission de nous faire découvrir le monde de Christina Olson, la femme du tableau. Qui était-elle ? Quelle est son histoire et celle de ce tableau ? En faisant de longues recherches, l'auteure a appris beaucoup de choses sur Christina et sa famille et s'est servie de tous ces éléments pour créer, avec beaucoup de sensibilité, une oeuvre de fiction bouleversante qui rend un bel hommage à cette femme fascinante.
Christina Olson est née dans le Maine, dans une modeste ferme où elle a grandi auprès de sa famille. Née avec une maladie rare, Christina avait beaucoup de mal à utiliser ses bras et ses jambes et même si les choses n'allaient pas en s'arrangeant au fil des années, elle a toujours refusé qu'on la regarde avec pitié ou qu'on la considère comme une petite chose fragile ou une personne handicapée. Christina préférait se débrouiller seule. Elle se déplaçait en s'accrochant où elle pouvait et lorsque sa paralysie a évolué, elle a préféré se déplacer en rampant plutôt qu'en fauteuil roulant. C'était une femme forte, courageuse et combative dont l'apparence ne correspondait pas du tout à ce qu'elle était vraiment, à l''intérieur. Malgré tout, peu de gens la connaissaient vraiment. Elle était terriblement seule...
Ce roman nous raconte son enfance, son histoire familiale, sa vie à l'âge adulte, ses rêves et ses désillusions. La maison où vit Christina est un personnage à part entière tant elle est chargée d'histoires et de fantômes. Sa grand-mère a passé une partie de sa vie à voyager avec son mari et il y a, dans la maison, une pièce entière remplie de coquillages dénichés aux quatre coins du monde. Dans cette maison, on laisse les portes ouvertes pour que les sorcières puissent circuler. On dit cette famille maudite car l'un de leurs ancêtres a pris part à la chasse aux sorcières de Salem. Le père de Christina, un marin suédois qui ne possédait rien, est arrivé dans cette famille un hiver et n'en est jamais reparti, s'octroyant ainsi la maison des Hathorn et l'héritage familial.
C'est donc dans ce lieu chargé d'ombres et de mystères que Christina passe ses journées et grandit, s'isolant de plus en plus du reste du monde... par choix ou par obligation. Elle se démène pour s'occuper du foyer et de la famille dans des conditions rudes, mais qui se soucie d'elle ? Malgré l'affection sincère de ses frères et de ses quelques amis, Christina est comme prisonnière de ce lieu, de sa vie, de son corps meurtri... Comme si elle évoluait dans une boule à neige. Elle est née ici et ne s'en ira jamais. Condamnée à voir ceux qu'elle aime partir les uns après les autres. L'arrivée inopinée d'Andrew Wyeth va lui apporter une bouffée d'oxygène et une tendre complicité va peu à peu se développer entre ces deux personnages qui ont finalement plus de choses en commun qu'il n'y paraît.
J'ai adoré ce roman plein d'émotions ! L'histoire de Christina est bouleversante et l'écriture de Christina Baker Kline est poétique, pleine de sensibilité et de pudeur. Les passages qui parlent du quotidien à la ferme et de la rudesse de cette vie sans confort sont très bien décrits et l'on croit sans peine Christina Baker Kline lorsqu'elle explique à la fin du livre qu'elle a connu cette vie d'un autre temps lorsqu'elle était jeune. On voudrait tellement que Christina puisse avoir une autre vie. C'est un personnage attachant et émouvant. Elle est forte et courageuse et en même temps fragilisée par ses déceptions et sa solitude. Et pourtant, elle s'accroche et ne s'apitoie jamais sur son sort.
Il y a des personnages secondaires que j'ai adoré (Sadie, Betsy, Alvaro, Mamey, etc...). Certains passages sont d'une beauté à couper le souffle et d'autres nous brisent le coeur. Quel roman fort et émouvant ! Je ne m'attendais pas à l'aimer autant mais cette histoire m'a touchée en plein coeur et je sais que je ne l'oublierai pas. Christina Olson est certainement l'un des personnages les plus marquants que j'ai pu croiser au cours de mes lectures. Que vous soyez passionnés par l'art et la peinture ou non, lisez ce très beau roman. Vous serez forcément touchés par Christina et son histoire et charmés par l'écriture poétique et pleine d'émotions de Christina Baker Kline.
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Quelques passages :
"Vivre dans une ferme, c'est livrer une guerre continuelle aux éléments, dit Mère. On doit refouler la nature indocile pour tenir le chaos à distance. Les fermiers travaillent dans le fumier avec des mules, des vaches et des cochons et la maison doit rester un sanctuaire. Si elle ne l'est pas, nous ne valons pas mieux que les animaux." (Page 43)
"Le jour où on l'enterre est maussade : ciel sans couleur, arbres à l'ossature grise, vieille neige comme couverte de suie. L'hiver, je pense, doit être fatigué de lui-même." (Page 104)
"Les fleurs fanent, se figent sous une gelée précoce, flétrissent sur les plantes grimpantes. Les arbres s'embrasent et se consument. Leurs feuilles s'effritent en cendre. Tout ce qui me satisfaisait autrefois dans la vie à la ferme m'emplit à présent d'impatience. Il m'est devenu plus difficile de supporter les mois qui suivent la fin de l'été, la régularité laborieuse de mes tâches quotidiennes, l'inévitable chute dans l'obscurité et le froid. J'ai l'impression de suivre un sentier étroit à travers des bois familiers, un sentier qui tourne en rond, dont je ne vois pas le bout." (Page 161)
"Et on en est là, tous les deux, pas mari et femme mais frère et soeur, destinés à finir notre existence ensemble dans la maison où l'on a grandi, cernés par les fantômes de nos ancêtres, hantés par les fantômes des vies que l'on aurait pu mener. [...] Personne ne saura jamais, quand on sera retournés à la poussière, la vie qu'on a partagée ici, nos désirs et nos doutes, notre intimité et notre solitude." (Pages 301-302)
Edward Stanton, trente-neuf ans, vit seul dans une petite ville tranquille du Montana. Atteint du syndrome d’Asperger et de trouble obsessionnel compulsif, il suit une routine méticuleusement établie : tous les matins, il note l’heure à laquelle il se réveille (7 h 38), refuse de commencer sa séance de thérapie avant l’heure exacte du rendez-vous (10 heures) et, le soir (à 22 heures), il regarde un épisode de Dragnet, série policière des années soixante. Lorsqu’une mère et son fils de neuf ans emménagent en face de chez lui, le quotidien bien réglé d’Edward est bouleversé. En l’espace de 600 heures, il s’ouvre à ses nouveaux voisins et tente de se réconcilier avec son père. Découvrant les joies et les peines de l’amitié, Edward devra décider : est-il prêt à quitter sa vie solitaire pour embrasser le monde ?
Mon avis :
Il y a dans nos lectures des personnages qui nous touchent par leur singularité. Edward Stanton, 39 ans, est assurément de ceux-là. Dans sa vie, il n'y a pas de place pour l'imprévu ou le hasard. Edward suit la même routine, semaine après semaine. Il achète les mêmes produits, mange les mêmes plats, sait combien de minutes il va passer au magasin et regarde chaque jour un épisode de sa série préférée qu'il connaît par coeur. Il passe un temps fou à archiver des données, notant par exemple l'heure précise de son réveil et la météo du jour. Il peut ainsi comparer toutes ces données à celles des jours ou des années précédentes. Il écrit aussi des lettres de réclamation dès que quelque chose le chagrine. Sur les conseils de sa psy, il ne les envoie jamais, mais il les classe et les conserve minutieusement.
Edward n'aime ni les suppositions ni l'incertitude. Il est toujours honnête et a du mal à comprendre les personnes qui l'entourent même s'il reconnaît bien volontiers que certaines font preuve d'un pragmatisme éclairé. Sa relation avec ses parents est très compliquée. Sa mère est assez effacée et son père lui fait envoyer des lettres de son avocat lorsqu'il a quelque chose à lui dire...
Au cours des 600 heures durant lesquelles nous allant suivre Edward, il va y avoir des bouleversements dans sa vie. Que ce soit de son plein gré ou non, Edward va devoir s'adapter et changer un peu ses habitudes. On suit avec tendresse et émotions ses pensées, ses réflexions et son quotidien millimétré. C'est un peu surprenant au début et ça pourrait sembler répétitif, mais on finit par se mettre à sa place et à comprendre en quoi le moindre changement le bouscule. Edward est vraiment très attachant.
Ce qui m'a plu, dans cette lecture, c'est vraiment l'intimité que l'on partage avec le personnage. On a vraiment l'impression de le connaître. On le voit s'ouvrir un peu au monde et avancer. Ce qui, pour beaucoup, n'aurait rien de significatif comme changement devient incroyable lorsque l'on se glisse dans la peau d'Edward. Sa relation avec son père est particulièrement marquante et ne peut laisser indifférent. J'ai trouvé ce roman bien écrit, souvent drôle et d'une grande sensibilité. On a vraiment envie d'aider Edward à sortir un peu de sa bulle ou du moins à y laisser entrer ceux qui ne lui veulent que du bien. C'est une jolie lecture, pleine d'humanité, de bons sens, d'émotions et d'humour. Il y a des passages tristes mais surtout beaucoup d'optimisme et de bienveillance. Apparemment, Craig Lancaster a écrit d'autres livres mettant en scène le personnage d'Edward Stanton. J'espère de tout coeur qu'ils seront traduits en français car j'aimerais beaucoup avoir des nouvelles des personnages et savoir ce qui leur arrive ensuite.
Merci à Rakuten pour ces matchs de la rentrée littéraire !
Quand son couple et sa petite entreprise font naufrage, Polly quitte Plymouth et trouve refuge dans un petit port tranquille d'une île des Cornouailles. Quoi de mieux qu’un village de quelques âmes battu par les vents pour réfléchir et repartir à zéro ?
Seule dans une boutique laissée à l’abandon, Polly se consacre à son plaisir favori : préparer du pain. Petit à petit, de rencontres farfelues – avec un bébé macareux blessé, un apiculteur dilettante, des marins gourmands – en petits bonheurs partagés, ce qui n’était qu’un break semble annoncer le début d’une nouvelle vie…
Mon avis :
Cela faisait un bout de temps que j'avais envie de découvrir "La Petite Boulangerie du bout du monde". Ce roman semble faire un carton depuis sa sortie. On le voit partout et les lecteurs ne tarissent pas d'éloges sur les aventures de Polly. C'est finalement la lecture de "Rendez-vous au Cupcake Café" - un autre roman de Jenny Colgan dont je vous ai parlé ici - et la proposition d'une lecture commune (coucou Lucile !) qui m'ont fait sauter le pas et je ne regrette pas du tout. Je me suis régalée !
J'étais sûre que le côté gourmand déjà bien présent dans la série du Cupcake Café et l'ambiance feel good (changement de vie, prise de risques, réalisation de rêves) me plairaient, mais ce qui m'a le plus plu, c'est cette proximité avec la mer. Le fait que ce tout petit village compte peu d'habitants, vive au rythme des marées et soit parfois coupé du monde car accessible seulement via une chaussée submersible. C'est vraiment ce côté bout du monde qui m'a charmée avant tout : le quotidien des pêcheurs, la lumière du phare, les rues balayées par le vent, le charmant cottage de Huckle et son joli jardin fleuri, la petite ville qui s'anime grâce aux délicieux pains chauds de Polly, l'adorable Neil... J'avais l'impression d'y être aussi, dans ce petit coin de paradis !
J'ai apprécié les personnages et leurs histoires que l'on découvre peu à peu, même si j'ai souvent eu envie de bousculer Huckle pour qu'il se réveille et d'envoyer l'insupportable Kerenza à l'autre bout du monde. J'ai aimé aussi le fait que tout ne soit pas rose dès le début. Quand Polly arrive au village, les choses ne sont pas simples. Les réactions sont assez hostiles et l'appartement qu'elle loue est loin d'être idéal, mais elle courageuse et a besoin de s'occuper l'esprit. J'ai aimé voir son regard et celui des autres changer. A force de d'obstination et de travail, elle parvient peu à peu à se faire une place là-bas, ce qui était loin d'être gagné d'avance... En plus de tout cela, le roman de Jenny Colgan ne manque pas d'humour et de scènes cocasses.
J'ai passé un très bon moment avec ce roman réconfortant et chaleureux et je me réjouis d'avoir déjà la suite sous la main car je ne vais pas pouvoir attendre bien longtemps avant de retourner à Mount Polbearne. En attendant, j'ai bien envie de tester les recettes de Polly que l'on retrouve à la fin du livre : pain blanc vite fait, allumettes au fromage, beignets au maïs, petits pains à la cannelle, focaccia, bagels, shortbread...
(Les tomes 1 & 2 sont déjà disponibles chez Pocket et le 3ème le sera le 8 novembre prochain)
Lorsque l’agence de publicité de Kit fait faillite, Martha, son épouse, prend une décision radicale : quitter l'Angleterre et démarrer une nouvelle vie à l'autre bout du monde. Pour toute la famille, cet exil en Nouvelle-Zélande sonne comme une seconde chance : Kit accomplit enfin son rêve de devenir artiste ; les jumeaux de 4 ans explorent le plus beau des terrains de jeux ; Martha, elle, découvre, fascinée, cette nature luxuriante, bruissant des vieilles légendes maories. Seule Sacha, 16 ans, que Martha a eue avec un autre homme, vit mal ce déracinement. Loin de ses repères, l'adolescente va s'engager dans une spirale dangereuse, pour elle, mais aussi pour sa famille... Peut-on protéger malgré eux ceux qui nous sont chers ?
Mon avis :
Dans "Secondes chances", nous suivons la famille McNamara qui, depuis quelques mois, ne va pas bien. Le père sombre dans la dépression et tente d'oublier grâce à la boisson que sa société a fait faillite. Il n'arrive pas à retrouver du travail et se dispute de plus en plus avec Martha, son épouse. Alors, sur un coup de tête, cette dernière décide de prendre des risques pour sauver sa famille et d'emmener tout le monde vivre à l'autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, un pays qu'elle ne connaît pas mais dont son mari garde de merveilleux souvenirs. C'est ainsi que sans vraiment avoir réalisé ce qui les attend, les McNamara vendent leur maison et quittent leur famille pour se retrouver là-bas, dans une vie aux antipodes de celle qu'ils avaient en Europe. Fini la ville, le manque d'espace, le bruit et la pollution. Bonjour la terre sauvage, les grands espaces, la liberté...
Les jumeaux de quatre ans, Finn et Charlie, sont ravis d'agrandir leur terrain de jeux et Kit peut enfin réaliser son rêve et se remettre à peindre, mais pour Martha l'adaptation est plus compliquée. Une fois passé l'émerveillement des premiers jours, Martha se demande si elle n'a pas fait une grosse erreur. Sa famille, ses amis et son travail lui manquent. Elle en viendrait même à regretter le bruit tant le silence et l'isolement la mettent mal à l'aise. Et il y a toutes ces légendes que l'on raconte et qui sont aussi fascinantes que terrifiantes. Le dépaysement est total et Martha commence peu à peu à avoir le mal du pays sans oser en parler. Sacha, seize ans, qui n'avait pas envie de quitter l'Angleterre semble finalement s'y faire mais Martha commence rapidement à soupçonner Kit de s'être remis à boire... Et si elle avait fait le mauvais choix ? Et si elle s'était finalement jetée, avec toute sa famille, dans la gueule du loup ? Peut-on vraiment fuir ses problèmes ?
J'ai beaucoup aimé ce roman. Un peu comme dans "Petits secrets, grands mensonges" de Liane Moriarty, on sait dès le début qu'un drame est arrivé. Tout l'intérêt est de revenir en arrière pour comprendre comment et pourquoi les choses ont pu tourner aussi mal. Je ne m'attendais pas du tout à ça ! L'atmosphère de ce roman est aussi troublante que fascinante. J'ai adoré découvrir la Nouvelle-Zélande à travers les yeux d'une européenne. On sent tout de suite le décalage et les différences de modes de vie. On pourrait croire que l'on assiste à la descente aux enfers d'une famille et c'est un peu le cas, mais ce qu'il faut savoir c'est que malgré les apparences cette famille n'allait déjà pas fort avant. Les personnages vivent et avancent avec leurs secrets, leurs mensonges qui peu à peu les rongent et menacent de tout faire voler en éclat. Ils ne sont pas parfaits et c'est ce qui les rend si crédibles. Je pense notamment à Martha qui m'a souvent désarçonnée par ses pensées qu'elle n'oserait jamais avouer à personne et ses exigences concernant ses enfants.
Ces personnages, on les voit avancer, grandir, s'écrouler, se relever à une vitesse impressionnante. C'est assez terrifiant ! J'ai trouvé ce roman très addictif et vraiment passionnant. Il nous pousse à nous interroger sur nos choix, nos responsabilités ainsi que sur les conséquences de nos actes et de nos mensonges. C'est sombre, mais il y a heureusement beaucoup d'amour et de bienveillance. La fin est un brin trop mélodramatique à mon goût, mais c'est une lecture que j'ai apprécié et dont je me souviendrai longtemps.
New York, 1910. Jane Prescott, femme de chambre, jouit d'une réputation exemplaire, et d’un esprit affûté qui lui permet de voir bien au-delà du mode de vie mondain et fastueux des riches parvenus chez qui elle sert. Jane est ainsi la première à comprendre ce que les fiançailles de sa jeune maîtresse avec le très en vue Norrie Newsome, déjà promis à une autre, ont de scandaleux. Et quand ce dernier est retrouvé mort, elle est aussi la mieux placée pour trouver qui avait intérêt à le voir disparaître. Dans un contexte social incandescent, le coupable est à chercher aussi bien dans les milieux anarchistes que les demeures bourgeoises. Car Jane sait que, autant dans la bonne société que dans les entrailles abandonnées de la ville, la haine et la violence couvent sous la surface, et peuvent éclater à tout moment…
Mon avis :
"Des gens d'importance" de Mariah Fredericks est un roman inédit paru récemment aux éditions 10/18 dans la collection Grands détectives que j'affectionne particulièrement. Ce roman avait absolument tout pour me plaire : New York au début du XXème siècle, un résumé qui parle de meurtre et de scandale, une couverture sublime et un bandeau qui décrit ce livre comme une version américaine de Downton Abbey. Franchement, comment résister ?
Jane était toute petite quand elle a quitté l'Ecosse avec sa famille pour s'installer en Amérique. Malheureusement, le voyage s'est mal passé et sa mère n'a pas survécu. Pire encore, au lieu de prendre soin d'elle, son père s'est fait la malle, lui laissant seulement l'adresse d'un oncle qu'elle ne connaissait même pas. Heureusement pour elle, cet oncle l'a élevée comme si elle était sa propre fille. C'est ainsi que Jane a finalement grandi loin du rêve américain de ses parents mais avec un oncle aimant et bienveillant qui tenait un refuge abritant d'anciennes prostituées. Devenue femme de chambre chez une richissime famille, elle n'a rien oublié de ses racines et de ces années passées à côtoyer la misère et les horreurs dont les hommes se rendent coupables. C'est ce qui la rend si perspicace et si attachante. Elle est discrète, observatrice et très intelligente.
Car en cette année 1910, l'heure est aux scandales et même au meurtre... Pleine d'empathie et de courage, Jane se lance sans hésiter dans cette enquête. Alors que les soupçons se portent sur l'une des filles de ses employeurs, Jane explore d'autres pistes qui vont l'amener à aller dans les maisons les plus luxueuses comme dans les quartiers les plus pauvres et à déterrer au passage de sombres secrets.
J'ai adoré cette enquête que j'ai trouvé palpitante. Je n'avais pas du tout envie de m'arrêter de lire et j'ai dévoré les pages de ce livre sans m'en rendre compte. J'ai beaucoup aimé Jane mais aussi la plupart des personnages de ce livre qui rendent compte de la diversité culturelle de New York à cette époque. Chaque piste explorée m'a semblé très intéressante et met en lumière des problématiques et des contradictions liées à cette époque. L'intrigue est beaucoup plus complexe qu'on l'imagine et le suspense est maintenu jusqu'au bout. Les thèmes abordés sont révoltants surtout que l'on imagine sans peine que les choses se passaient vraiment de cette manière à une époque pas si éloignée de la nôtre. Le manque de considération pour les femmes, les enfants ou les gens issus de milieux modestes est ahurissant ! Cette lecture entraîne d'ailleurs beaucoup de questions sur l'égalité, la justice, le pouvoir... Je ne m'attendais pas à une lecture aussi sombre et glaçante. Ca fait froid dans le dos ! J'ai vraiment adoré et je me réjouis déjà de retrouver Jane et les autres personnages dans une nouvelle enquête. (J'ai vérifié, il y en a déjà une autre qui est sortie en VO. J'espère qu'elle sera bientôt traduite en français). Alors, ça vous tente ?
"Les bons domestiques savent quand on les renvoie sans un mot. Il est vulgaire de rester après avoir été congédié. Cela rompt le contrat d'invisibilité. [...] Le meilleur personnel est comme la tuyauterie. On ne peut pas s'en passer, mais on ne veut assurément pas la voir." (page 243)
Addie pensait tout savoir de sa mère, Elizabeth, tout juste disparue. Mais le jour où une jeune femme surgit sur le pas de sa porte, prétendant être sa soeur, Addie vacille. Tout ce qu'elle a toujours cru n'était donc que mensonges ? Et que s'est-il passé, au cours de ce bel été de l'année 1958 qu'Elizabeth a passé avec la richissime famille Shaw dans leur manoir de Hartland, sur la côte sauvage du sud-ouest de l'Angleterre ?
Mon avis :
L'arrivée fracassante d'une femme qui prétend être sa soeur va bouleverser la vie d'Adele et remettre en question son passé et tout ce qu'elle a toujours cru savoir. Addie, qui jusque là a toujours essayé de satisfaire tout le monde, va écouter son coeur et partir sur les traces de celle qui semble lui avoir menti toute sa vie. Cela va faire ressurgir beaucoup de souvenirs et de rancoeur. Addie en a assez de se taire et de faire semblant. Non, sa mère n'était pas - comme tout le monde le prétend depuis son départ - une femme parfaite. Au fond d'elle, Addie en veut énormément à cette mère qui ne la trouvait jamais assez bien, à cette mère distante et froide qu'elle ne comprenait pas et qui n'avait jamais de temps pour elle, à cette mère partie du jour au lendemain et dont le fantôme plane encore dans chaque recoin. Pour avancer et se libérer de ce poids qui pèse sur ses épaules, Addie a besoin de reprendre tout à zéro, de tout savoir, d'essayer de comprendre cette mère qu'elle ne connaissait pas vraiment. Même si ça fait mal. Même si la vérité est plus terrible encore que tout ce qu'elle pourrait imaginer...
Je lis toutes sortes de romans, mais j'ai un faible pour les drames, les secrets de famille, les histoires émouvantes qui vous font passer du rire aux larmes. Avec ce livre, j'ai été servie ! C'est mon coup de coeur de la rentrée ! J'ai adoré la délicatesse de l'écriture de Nikola Scott, sa façon de nous transmettre les émotions et la force de ses mots. J'espère de tout coeur que ses autres romans seront traduits en français.
Je me suis tout de suite attachée à Liz et je me suis rapidement identifiée à elle. J'ai également adoré Addie, si forte et fragile à la fois mais aussi Phoebe, Andrew et bien d'autres encore. J'ai beaucoup aimé tous les passages en rapport avec la cuisine et la sérénité de ces moments. Il y a beaucoup de choses qui m'ont parlée et émue dans la manière dont l'auteure évoque la force et la complexité des relations mère-fille et le vide immense que peut laisser l'absence d'une mère à n'importe quel âge. J'ai trouvé ce roman tellement triste ! Il y a longtemps que je n'avais pas autant pleuré à la lecture d'un livre. C'est une histoire terrible, dramatique et bouleversante qui ne peut pas laisser indifférent.
J'ai été touchée en plein coeur par les personnages de ce roman qui ont perdu leur innocence et leur insouciance bien trop tôt à cause de l'injustice de la vie mais aussi à cause de la bêtise humaine, de la lâcheté de certains ou de la rigidité de leur époque. Par ces filles à qui la présence et l'amour d'une mère ont tant manquées. Ce livre aborde de nombreux sujets difficiles avec beaucoup de justesse et de délicatesse : le deuil, la maladie, l'absence, la solitude, les difficultés que l'on peut avoir à trouver sa place au sein d'une fratrie, la maternité, la manière dont un traumatisme ou un secret peut avoir des conséquences sur plusieurs vies, etc...
Il y a dans "Les Roses de Hartland" une certaine nostalgie qui m'a beaucoup émue. Une envie de retrouver cette insouciance envolée et en même temps une volonté d'aller de l'avant, de se reconstruire, de faire ses propres choix. On parle aussi beaucoup de l'indépendance et de l'émancipation des femmes, du fait de se sentir libre d'être qui on veut sans toujours vouloir plaire ou satisfaire les autres. Il y a, dans ce roman, beaucoup d'ombres mais encore plus de lumière. On en ressort bouleversé mais avec en même temps l'envie ou plutôt le besoin urgent de profiter de chaque instant. Parce que la vie est courte. Parce que tout peut arriver à chaque instant. Parce qu'il y a eu et qu'il y aura certainement encore des heures difficiles. Parce qu'on doit vivre malgré tout et coûte que coûte.
Lorsque Scott, 19 ans, apprend que l’état de son coeur transplanté, s’est détérioré, il se lance le défi de trouver un compagnon pour sa mère Josie, une épaule pour la soutenir après son départ. Aidé de son amie Emily, il poste une vidéo sur les réseaux sociaux en espérant quelques réponses. Ce sont finalement des centaines d’hommes qui postulent !
Josie, qui ignore tout de ce projet, est surprise quand Scott lui propose de se rendre à un dîner avec un inconnu. Incapable de refuser quoi que ce soit à son fils dont la santé décline, elle accepte. Mais y a-t-il de la place pour quelqu’un d’autre dans la vie de Josie ?
Mon avis :
J'ai toujours aimé les histoires tristes. Je crois qu'au fond, c'est surtout parce qu'elles nous font prendre conscience de la chance que nous avons d'être en vie. Elles nous font nous sentir plus vivants et elles nous donnent envie de profiter de chaque instant. Ce roman de Madeleine Reiss n'est pas très joyeux et pourtant, il est lumineux, plein de poésie, d'amour et de chaleur. J'ai pris mon temps pour le lire parce qu'il y avait beaucoup à digérer. Je veux dire par là qu'il était terriblement poignant. On sait dès le début comment les choses vont se terminer, mais on a envie de voir comment les personnages vont réagir, ce qu'ils vont choisir de faire : abandonner, se battre, renoncer, rester dans le déni, profiter, attendre, se laisser porter ? Je crois que comme Josie, j'avais envie de faire durer le temps. Je n'avais pas envie de laisser partir Scott. J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour cette mère qui se sent impuissante et serait prête à tout pour sauver son enfant.
J'ai eu le sentiment que l'auteure elle-même nous incitait à prendre notre temps. L'histoire évolue au rythme des saisons et on prend le temps d'observer les changements qui s'opèrent dans la nature. J'ai beaucoup aimé les passages qui décrivent les paysages ou qui parlent de la mer, des fossiles et des animaux marins. C'est un roman qui rend triste mais qui donne aussi de la force pour affronter les épreuves auxquelles nous sommes confrontés. J'ai adoré Scott et Josie mais aussi la plupart des personnes qui gravitent autour d'eux comme Emily ou Picasso, par exemple. Je les ai trouvé bienveillants et très aimants.
Quelle belle déclaration d'amour d'un fils à sa mère puis d'une mère à son fils ! Le lien qui unit Scott est Josie est crédible et très touchant. J'ai beaucoup aimé suivre les recherches de Scott pour trouver un compagnon à sa mère et j'ai aimé pouvoir lire les réponses qu'il reçoit. J'ai trouvé que l'auteure abordait la maladie, le deuil et la séparation avec beaucoup de tact et de sensibilité. La fin du livre est vraiment belle et m'a beaucoup plu. C'est une lecture qui par certains aspects m'a rappelé "Avant toi" de Jojo Moyes que j'avais beaucoup aimé. Si vous êtes sensible et que vous aimez les histoires belles, tristes et pleines d'émotions, ce roman ne peut que vous plaire ! Si vous souhaitez plus d'informations ou si vous voulez le commander, c'est par ici. Il s'agit d'une exclusivité France Loisirs.