
Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari, qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire et citadine, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance, rempli de livres. Au cimetière, elle croise souvent le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que le tape-à-l'œil de la stèle qu'il fleurit assidûment. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, avec son bon sens paysan et une sacrée dose d'autodérision. Chaque fois qu'il la rencontre, il est exaspéré par sa voisine de cimetière, son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Un jour pourtant, un sourire éclate simultanément sur leurs lèvres et ils en restent tous deux éblouis... C'est le début d'une passion dévorante. C'est avec un romantisme ébouriffant et un humour décapant que ce roman d'amour tendre et débridé pose la très sérieuse question du choc des cultures.
Désirée et Benny n'ont rien en commun. Elle aime la ville, les livres, l'art et la sobriété. Il s'occupe de la ferme familiale et passe ses journées à s'occuper de ses vaches. Elle est tout ce qu'il déteste et il est tout ce qui la rebute. Ils se rencontrent au cimetière où Désirée vient se recueillir devant la tombe de son défunt mari pendant que lui, entretient la tombe de ses parents. Dès le premier coup d'oeil, ils se détestent, et pourtant, après des heures passées à se moquer de l'autre intérieurement, ils vont tomber amoureux sans comprendre ce qui leur arrive et se retrouver confrontés au "choc des cultures" puisque tout les opposent.
Les chapitres sont courts, ce qui déjà est un très bon point car je n'aime pas les chapitres à rallonge, ou pire, l'absence de chapitre qui ne me permet pas de faire une pause dans ma lecture quand j'en ai envie.La structure est simple et répétitive, on change de narrateur à chaque chapitre, on partage ainsi le point de vue de Désirée et de Benny à tour de rôle sur leur histoire, et on a parfois leurs impressions sur deux événements identiques. C'est simple, mais efficace. On a vraiment l'impression de partager leur histoire. J'aime les histoires d'amour impossible, et j'ai été servie. Ici pas de Roméo et Juliette, pas de belle lycéenne amoureuse d'un vampire ou autre créature démoniaque, pas de Belle et la Bête, mais la citadine érudite et le "bouseux", sorte de conte réaliste du XXIème siècle. Est-il possible de s'aimer quand on vit dans des milieux totalement différents et qu'on n'a pas du tout les mêmes centres d'intérêts?
J'ai trouvé ce roman très frais, drôle et original. J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur (bravo pour la traduction), à tel point que j'ai noté beaucoup de petits passages que j'aimerais vous faire découvrir, en espérant que ça incitera les plus réticents à découvrir ce petit livre vraiment sympa.
" Bien sûr que c'est possible de vivre comme ça, être les meilleurs amis du monde, chacun sur son étoile, puis s'amuser ensemble lorsqu'on sent le souffle de la solitude sur la nuque? Bien sûr que c'est possible? " (page 173)
" Toutes les catastrophes que tu m'as évitées
Tous les rires mobilisés pour me réchauffer
Tu ne me laisses pas te rendre tout ça
Tes fenêtres sont noires et la clé n'est plus là "
(page 188)
" Mieux vaut franchir les minutes
une à une
les avaler comme des pilules amères
essayer de ne pas penser
à toutes celles qui restent "
(page 234)
(253 pages - Actes Sud/Babel - 30 mars 2009 - 7,50€)