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litterature etrangere

2017-09-24T20:33:57+02:00

Un été près du lac

Publié par MyaRosa

The Lost Girls - Heather Young

377 pages, éditions Belfond, septembre 2017

L'histoire :

1935. Comme tous les ans, Lucy, Lilith et leur petite sœur Emily viennent passer l'été en famille dans leur chalet, sur les bords d'un lac du Minnesota. Mais un matin, Emily est introuvable. Qu'est-il arrivé à l'enfant de six ans ? Nul ne semble le savoir. Et alors que, fou de douleur, leur père se suicidera, Lucy, Lilith et leur mère resteront toute leur vie dans ce chalet, à attendre l'improbable retour de la petite préférée.


1999. Lucy vient de mourir, léguant le chalet et tous ses biens à sa petite nièce Justine. Un héritage qui arrive juste à temps pour la jeune femme qui doit fuir San Diego et une histoire d'amour abusive, pour mettre à l'abri ses deux filles. Mais le vieux chalet n'a rien d'une chaleureuse villégiature. La maison est isolée et son seul voisin est un vieil homme bourru, probablement fou. Alors que la jeune femme tente de transformer la lugubre bâtisse en foyer pour elle et ses filles, son aînée développe soudain une étrange obsession pour Emily, leur aïeule disparue. Car la maison n'a pas dévoilé tous ses secrets. Là, dans les affaires laissées par Lucy, se cache un journal. Les Mémoires d'une petite fille naïve qui a laissé se dérouler un drame si terrible que, soixante ans plus tard, sa famille en porte encore la trace...

 

Mon avis :

 

 Ce roman avait vraiment tout pour me plaire : une vieille maison et ses mystères, un drame, des secrets de famille, une histoire entre passé et présent et plusieurs générations de femmes d'une même famille que l'on découvre au fil des pages. J'étais vraiment impatiente de le commencer mais j'étais loin de me douter qu'il me remuerait à ce point ! Quelle claque !

 

 J'ai adoré écouter Lucy raconter ses souvenirs d'enfance dans les années 1930. C'était comme si la vieille femme redevenait à la petite fille innocente et insouciante qu'elle était à l'époque. Elle écrit pour Justine, sa petite-nièce, mais comme les deux femmes ne se connaissaient pratiquement pas, on a l'impression que Lucy se confie à nous. On ne sait pas encore où tout cela va nous mener, mais on sait que l'on partage quelque chose d'intime et de précieux. On imagine sans peine Lilith et Lucy heureuses à l'idée de retrouver leur résidence d'été et de pouvoir passer leur temps à inventer toutes sortes d'histoires et de jeux, à nager, à se balader au bord du lac et à rêver d'un avenir radieux. J'ai aimé leur complicité, leur imagination débordante et leur joie de vivre, tout simplement. C'est d'autant plus touchant que l'on sent dès le début que cela ne durera pas. Que quelque chose est en train de se briser et que tout cela va voler en éclat.

 

 Car cet été-là n'est pas vraiment comme les précédents... Lilith est plus distante. Elle se met à passer du temps avec d'autres filles de son âge plutôt qu'avec sa soeur, elle commence à regarder les garçons, à vouloir raccourcir un peu ses robes. Lucy ne comprend pas ce qui arrive à sa soeur et voudrait juste que tout soit comme avant... Et puis, il y a Emily. La préférée. Celle qui dort avec leur mère. Celle qui est gardée jalousement, surprotégée, cajolée, chouchoutée. Celle que les deux grandes n'incluent jamais dans leurs jeux. Celle qui va disparaître en bouleversant leurs vies à jamais. La petite fille disparue que tout le monde attend encore des décennies après et dont l'absence se fait cruellement ressentir jusque dans les murs de la maison. Que lui est-il arrivé cet été-là ?

 

 Et puis bien sûr, il y a Justine et ses filles. Les dernières femmes de la famille Evans qui reviennent sur les lieux du drame sans rien connaître de leurs ancêtres. Elles aussi ont des secrets... Jour après jour, elles vont tenter de s'approprier les lieux et d'en savoir plus sur Lucy, Lilith, Emily et tous les autres. Que s'est-il passé dans cette maison ? Pourquoi les femmes de la famille - à part la mère de Justine - n'ont-elles jamais réussi à quitter ces lieux maudits ? Cette maison est d'ailleurs un personnage à part entière. Elle est glaciale, pleine de courants d'air et d'humidité, lourde de mystères, d'absence, de fantômes et de secrets restés trop longtemps enfouis, pourrissants les murs année après année. Et pourtant, il y a quelque chose dans ce lieu qui fait que même si on voudrait fuir le plus loin possible, on y reste... On s'y sent à la fois bloqué et en sécurité.

 

 J'ai vraiment adoré l'atmosphère de ce roman et cette histoire mystérieuse et dramatique. Je ne m'attendais pas à tout ça et j'ai été surprise et bouleversée. Je me suis profondément attachée aux personnages de ce roman et à ce lieu hypnotique que je n'oublierai pas. Heather Young nous transporte à une autre époque. Elle la fait revivre comme si nous y étions. On a l'impression d'assister à tout. Il y a des scènes dramatiques, d'autres qui prennent sens à la fin mais aussi des passages d'une grande beauté. Il y a toujours quelque chose de touchant lorsque l'on aborde la fin de l'enfance et de l'innocence, tout comme la fin de l'été et je trouve qu'Heather Young l'a fait avec beaucoup de sensibilité et de justesse. Elle nous offre un roman tragique et magnifique.

 

En quelques mots :

"Un été près du lac" est un roman profondément émouvant que vous ne pourrez ni lâcher ni oublier !

 

 

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2017-08-28T09:06:35+02:00

Les Lumières de Cape Cod

Publié par MyaRosa

Tiny Little Things - Beatriz Williams

397 pages, éditions Belfond (Le Cercle), juin 2017

L'histoire :

1966, Cape Cod. Christina, la troisième sœur de la famille Schuyler, la plus élégante, la plus douce, la plus parfaite. Mariée à Frank Hardcastle, homme politique très influent, Tiny mène une vie de gala et de cocktails dans les jardins cossus de Cape Cod, où les Hardcastle ont établi leur bastion. Mais alors que Frank est donné favori pour les élections présidentielles, deux événements viennent troubler la vie a priori idyllique de sa belle épouse : c'est d'abord les courriers menaçants d'un maître chanteur ; puis, les retrouvailles inattendues et déstabilisantes avec le vétéran Caspian Harrison, de retour de la guerre du Vietnam. Avec ce premier amour qui réapparaît, c'est tout le passé de Tiny qui ressurgit. Un passé bien moins lisse qu'il n'y paraît, fait de passion, de mensonges, de drames. Et dont l'écho, s'il venait à gronder, pourrait nuire à la réputation irréprochable de toute la famille Hardcastle...
Les sentiments ont-ils une place dans la course au pouvoir suprême ?

 

Mon avis :

 

 Il y a un peu plus d'une semaine, je vous ai parlé d'un roman qui m'a beaucoup plu : La Vie secrète de Violet Grant. Je n'ai pas pu attendre plus longtemps avant de me plonger dans la suite de la saga pour découvrir l'histoire d'une autre soeur Schuyler. Si les livres peuvent se lire dans le désordre, j'ai préféré respecter l'ordre de publication et j'ai bien fait car j'ai ainsi pu avoir des nouvelles de quelques personnages croisés dans le roman précédent.

 

 J'avais adoré suivre Vivian et Violet mais je crois que j'ai encore plus aimé l'histoire de Tiny ! J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture délicieuse, parfois piquante et souvent pleine d'humour, de Beatriz Williams. Les romans de cet auteur sont comme des petits bonbons que l'on savoure et que l'on aimerait faire durer le plus longtemps possible...

 

 

 Tiny est la plus sage des soeurs Schuyler. Elle a une vie de rêve. La vie qu'elle espérait. Celle qu'on lui promet depuis son plus jeune âge. Elle a épousé son amour de jeunesse, un homme beau, bienveillant, attentionné, intelligent et fortuné qui est promis à un brillant avenir en politique. Tout semble lui réussir. Ils forment la famille idéale. Du moins, en apparence. Car si on creuse un peu, on se rend compte que Tiny est loin d'être une femme épanouie... Après plusieurs fausses couches et deux années passées à sourire aux photographes et à faire ce que l'on attendait d'elle, elle en a assez de cette vie qui sonne faux. Elle commence à se sentir prisonnière et ne supporte plus sa belle-famille qui veut tout contrôler. Ce n'est pas un homme qu'elle a épousé, c'est toute une famille, un style de vie et des engagements sur toute une vie. C'est comme si elle avait renoncé à sa liberté et à ce qu'elle est au fond d'elle-même. Et puis, Tiny a un secret...

 

 Dans ce roman, les chapitres sont alternés. Nous suivons Tiny juste avant son mariage et deux ans après. J'ai vraiment adoré Tiny. Elle est touchante. On sent tout de suite qu'elle est moins lisse et moins parfaite qu'elle ne le montre. On sent qu'elle a des failles et des secrets que l'on a envie de découvrir. Je ne m'attendais pas à tant de rebondissements. On ne s'ennuie pas une seconde ! J'ai beaucoup aimé découvrir les zones d'ombre de la famille Hardcastle et retrouver quelques membres de la famille Schuyler. Il y a des personnages qui sont vraiment détestables et d'autres totalement irrésistibles. Certains sont prêts à tout pour arriver à leurs fins.

 

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Le décor, le contexte et les thèmes abordés m'ont beaucoup plu. Cape Cod, les années 1960, le luxe, le monde politique et ses secrets, l'upper class et ses mystères, la place de la femme à cette époque, l'amour, les scandales... Beatriz Williams nous montre, avec beaucoup d'aisance et d'habileté, la face cachée d'une famille dorée comme celles qui sont enviées par le monde entier et les dessous du monde politique et du mariage dans un contexte bien particulier. C'est à la fois délicieux, noir et glaçant ! J'ai adoré !

 

En quelques mots :

Coup de coeur pour ce roman totalement addictif et éblouissant qui est aussi sombre que délicieux. Je suis totalement conquise par les romans de Beatriz Williams et déjà impatiente d'en découvrir d'autres.

 

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2017-08-24T09:29:53+02:00

La Fièvre de l'aube

Publié par MyaRosa

Hajnali lázPéter Gárdos

238 pages, éditions 10/18, avril 2017

L'histoire :

1945, Suède. Jeune Hongrois rescapé des camps, tuberculeux, Miklos a six mois à vivre, et prend une folle décision : se marier et guérir. Parmi les cent dix-sept réfugiées à qui il écrit : Lili Reich, survivante elle aussi. Bravant un monde où le bonheur semble impossible, ils soulèveront des montagnes pour se retrouver... A leur fils, Péter Gardos, de conter le roman vrai de cet amour fou. Un roman incroyable et incroyablement beau, où vibrent l'Histoire, terrible, et l'Amour, lumineux.

 

Mon avis :

 

 "La Fièvre de l'aube" est un récit lumineux, poétique et profondément émouvant. Il est d'autant plus touchant qu'il raconte l'histoire des parents de l'auteur, deux jeunes gens rescapés des camps de concentration qui ne vont écouter que leur coeur pour aller de l'avant et être heureux après les horreurs qu'ils ont vécu.

 

 Leur rencontre n'est pas banale. Miklos est condamné. Il n'a plus que quelques mois à vivre, mais il refuse de l'entendre et de s'avouer vaincu. Ce jeune hongrois qui souffre de tuberculose et se retrouve loin de son pays natal va écrire à des jeunes filles qui sont dans la même situation que lui. Ces filles, il ne les connaît pas, mais il va leur écrire une lettre. La même. C'est ainsi qu'il fait la connaissance de Lili Reich. Elle va être sa lumière, son amour, son espoir, celle qui le poussera à croire en l'impossible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 J'ai été touchée par ces personnages. Miklos est plein de détermination. On sent en lui l'urgence et la rage de vivre. Il a traversé tant d'horreurs qu'il ne peut pas accepter que sa vie s'arrête comme ça, une fois la guerre terminée et le calme revenu. Il ne peut pas mourir. Il ne veut pas mourir. Il n'est pas là pour rien. Il a tant de choses à vivre et à construire. Il se lance dans un projet fou et n'hésite pas à envoyer balader ceux qui se mettent en travers de son chemin. Et puis, il y a Lili. La douce et gentille Lili qui m'a émue parce qu'elle est à la fois forte et fragile. J'ai compris son besoin de changer, son rejet de la religion, ses craintes. Mon passage préféré reste leur rencontre en chair et en os que j'ai trouvé particulièrement belle et émouvante.

 

 Ils ont tous les deux vécu des choses terribles mais ils n'en parlent pas. Leurs lettres n'évoquent pas les camps et les images qui les hantent, elles parlent d'espoir, d'avenir, de bonheur et du quotidien. Après ce qu'ils ont traversé, ils ont besoin de normalité. Ce livre est assez unique en son genre. Ce n'est pas un roman épistolaire comme on pourrait le penser. L'auteur nous raconte l'histoire de ses parents et ce qu'ils ne se disent pas et il nous livre aussi des extraits de leurs lettres. Le sujet est terrible mais le livre est plein d'optimisme, de douceur, de légèreté et de lumière. Une très belle lecture.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En quelques mots :

Un livre étonnant, lumineux et plein d'espoir.

 

< Ce livre a fait l'objet d'une adaptation que j'aimerais beaucoup visionner. >

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2017-08-19T12:47:56+02:00

La Vie secrète de Violet Grant

Publié par MyaRosa

The Secret Life of Violet Grant - Beatriz Williams

537 pages, éditions Belfond, juin 2016

L'histoire :

Du New York des sixties au Tout-Berlin d'avant guerre, en passant par Londres et Paris, une saga trépidante, le portrait de deux femmes indomptables, au destin bousculé par la passion, la soif d'indépendance et le goût du scandale.


Manhattan 1964. Alors qu'elle végète à un poste de pigiste, Vivian reçoit un colis qui va radicalement changer sa vie : une valise, égarée depuis cinquante ans, qui aurait appartenu à sa grand-tante Violet. Qu'est devenue cette brillante scientifique, qui rêvait de devenir la première physicienne américaine ?
À en croire la légende familiale, elle aurait fui l'Europe en 1914 au bras de son amant, après avoir assassiné son époux. Personne ne l'a revue depuis.

Piquée par la curiosité, l'apprentie journaliste se lance dans une enquête sur sa sulfureuse aïeule, avec qui elle ne tarde pas à se découvrir de nombreux points communs : le rêve d'un avenir hors des sentiers battus, des amours compliquées... et toutes deux prêtes à tout pour l'homme de leur vie. Au fur et à mesure que se révèle la vie secrète de Violet Grant, Vivian n'aura bientôt plus qu'une idée en tête : la rencontrer...

 

Mon avis :

 

 Cela faisait un bout de temps que j'avais envie de découvrir les romans de Beatriz Williams et en particulier la saga des soeurs Schuyler qui débute avec ce roman. Dès les premières lignes, j'ai été surprise. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi... drôle ! Le début est un mélange savoureux de chick lit et de vintage et c'est un régal ! Vivian est irrésistible, très attachante et elle m'a fait beaucoup rire. Même si cette partie du roman se déroule dans les années 1960, Vivian semble tout droit sortie des années folles. C'est une femme vive, moderne et enjouée à la répartie mordante et qui ne se laisse jamais marcher sur les pieds. Elle sait ce qu'elle veut et n'a aucune envie de se contenter d'une vie sans relief. Elle veut vibrer ! Malgré tout et même si elle ne veut pas se l'avouer, elle est aussi fragile. C'est une femme généreuse et loyale qui ne pourrait pas écraser les autres pour réaliser ses rêves et qui serait prête à faire beaucoup de sacrifices pour ceux qu'elle aime. Je l'ai trouvé vraiment géniale !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Et puis, bien sûr, il y a Violet qui n'est pas moins fascinante et attachante. Elle aussi est à la fois forte et fragile et en avance sur son temps. Ces deux femmes dont nous suivons les histoires en parallèle ont beaucoup de choses en commun... J'ai beaucoup aimé les suivre et découvrir leurs secrets. La partie consacrée à Violet est plus grave et sérieuse et donne une autre dimension au roman. On parle de recherches et de guerre, de trahison, d'amour et de haine. Le mélange des deux genres est surprenant mais surtout très réussi. Il y a beaucoup de mystère et de rebondissements, dans ce roman. On ne s'ennuie pas une seconde ! On rit, on frémit, on tremble, on doute, on imagine, on redoute... Les personnages m'ont plu, ils ont tous des choses à cacher et on s'amuse à essayer de les cerner. J'ai passé un très bon moment et j'ai déjà hâte de continuer la saga ! L'aventure se poursuit avec "Les Lumières de Cape Cod" et c'est Tiny, une autre soeur Schuyler que l'on va découvrir. Je vous en parlerai très bientôt.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En quelques mots :

Un livre passionnant rempli de mystères, de secrets et de rebondissements. Souvent drôle, parfois triste, toujours mouvementé ; avec ce roman on ne voit pas le temps passer !

 

 

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2017-07-23T16:59:09+02:00

Si j'avais su que tu deviendrais si belle, je ne t'aurais jamais laissée partir

Publié par MyaRosa

If I Knew You Were Going To Be This Beautiful,

I Never Would Have Let You Go - Judy Chicurel

398 pages, éditions Nil, mars 2017

 

L'histoire :

Depuis sa rue de Comanche Street, à Long Island, Katie Hanson fait partie de cette jeunesse qui regarde de loin le rêve américain. Alors qu’en 1972 commence son dix-huitième été, que les soirées rallongent, que les rues et la plage s’animent, elle a le sentiment que sa vie reste en suspens. Ses pensées sont ailleurs, tournées vers sa mère qui l’a abandonnée, et vers Luke qu’elle aime secrètement et qui revient, transformé, de deux ans au Vietnam. Entre les confidences de ses meilleures amies et les soirées au bar de l’hôtel Starlight ou le jukebox entonne les classiques de l’époque, il y a pourtant de quoi la divertir. Mitch, vétéran à la jambe de bois qui noie son traumatisme dans l’alcool, y a élu domicile. Tous deux se lient d’amitié. Sous la chaleur écrasante et moite, le temps semble suspendu et propice à la réflexion sur la route à prendre, sur ceux qui nous entourent et que l’on va quitter.

 

Mon avis :

 

 Il y a des romans qu'on n'oublie pas. Des livres qui remuent quelque chose en nous et qui laissent une empreinte indélébile dans notre coeur. Le roman de Judy Chicurel est de ceux-là. Pourtant, je n'ai pas connu l'enfance de Katie. Je n'ai pas grandi aux Etats-Unis dans les années 70, je n'ai jamais visité Long Island, je n'ai pas grandi dans un milieu où l'alcool, le tabac et la drogue étaient banalisés et pourtant... je me suis retrouvée dans tout cela. Petite madeleine de Proust, ce roman a fait ressurgir des odeurs, des sensations, des sentiments enfouis et des instants de mon enfance que je croyais oubliés.

 

 J'en avais parlé dans mon billet sur "La Ferme des Miller", mais les histoires dans lesquels un personnage s'accroche désespérément à son passé et à son enfance et tente d'arrêter le temps me touchent profondément et Katie m'a vraiment émue. Autour d'elle, les choses sont en train de changer. Les gens grandissent, s'en vont, rêvent d'ailleurs alors que Katie, elle, semble pleinement épanouie dans cette vie-là. Même si elle dit parfois le contraire, je ne pense pas qu'elle attende quelque chose d'autre. Je pense qu'elle voudrait au contraire que rien ne change, que cette vie-là dure toujours. Elle est un peu en retrait, c'est vrai, mais je ne pense pas qu'elle espère un grand bouleversement tant elle aime ce qu'elle a. Elle a peur du changement. Peur qu'en changeant un petit quelque chose, tout change.

 

 

 Je sais que le titre de ce roman fait beaucoup parler sur la toile, pourtant il est vraiment anecdotique. On imagine une histoire d'amour et la beauté comme seul argument de regret pour un amour perdu, mais ça n'a franchement rien à voir. Pour moi, ce livre, c'est le portrait de toute une communauté à une époque précise. On suit les gens de tout un quartier, on partage leur quotidien et leurs histoires. On les découvre à travers le regard de Katie qui ne porte aucun jugement, bien au contraire, elle voit au-delà des apparences et la bonté parfois bien caché au fond des gens. Il y a des jeunes rongés par la drogue qui reproduisent le même schéma que leurs parents ou qui, au contraire, veulent à tout prix s'en sortir. Il y a ces parents qui noient leurs regrets dans l'alcool ou qui décident qu'il n'est pas trop tard pour prendre un nouveau départ. Il y a ces filles qui se laissent ensorceler par un garçon et regrettent toute leur vie de ne pas avoir résisté. Il y a ces êtres un peu perdus parce qu'excentriques, parce qu'homosexuels, parce que différents du voisin, parce que trop ou pas assez comme ceci ou comme cela. Il y a des hommes vieux avant l'âge car ruinés par la guerre et les horreurs qu'ils ont vécu. Et il y a Katie, une jeune fille bien dans ses baskets - même si elle a toujours peur de décevoir son entourage - qui est un peu bloquée entre l'enfance et l'âge adulte et ne sait pas vraiment de quoi demain sera fait. Une jeune fille pas encore femme qui attend autant qu'elle redoute que quelque chose lui arrive.

 

 J'ai aimé ces gens, je me suis attachée à eux malgré leurs défauts ou leurs différences et j'ai aimé la manière dont Katie et Judy Chicurel nous les décrivent.  Il y a beaucoup de fragilité, de tendresse, de sensibilité et d'humanité dans ce roman et on a beaucoup de mal à tourner la dernière page. Je suis tout à fait d'accord avec ce qui est écrit sur la quatrième de couverture. C'est comme une vieille photo "aux couleurs défraîchies que l'on regarde avec nostalgie et tendresse". Je me sens à la fois triste et heureuse après cette lecture. Heureuse d'avoir rencontré ces gens et d'avoir partagé ces instants, heureuse d'avoir vu ressurgir quelques parties de mon enfance et triste de laisser tout cela derrière moi et de les regarder s'envoler à jamais. C'est un roman d'atmosphère vraiment envoûtant. Il y a même une playlist pour nous mettre dans l'ambiance et nous transporter encore un peu plus dans les seventies ! Quoi de mieux qu'un été qui se termine dans une petite ville qui a connu son heure de gloire mais n'est plus ce qu'elle était pour parler de nostalgie ? Si vous cherchez une histoire pleine de rebondissements, passez votre chemin, mais si vous êtes sensibles et un peu nostalgiques, vous succomberez à coup sûr au charme de ce très beau roman. Moi, j'ai adoré et j'en ai le coeur tout retourné ! C'est le genre d'écriture et d'histoire qui me bouleversent. Le genre de romans que j'aime.

 

En quelques mots :

Un roman d'atmosphère poétique et émouvant qui touchera à coup sûr les sensibles et les nostalgiques. J'ai adoré !

 

 

Quelques extraits :

 

"[...] j'avais parfois encore l'impression de voir défiler ma vie comme dans un film dans lequel jouaient toutes les personnes que je connaissais au monde, sauf moi." (Page 11)

 

"On est tous des enfants perdus à un moment de notre vie." (Page 160)

 

"La vie est un banquet, et toi, tu voudrais bouffer des miettes jusqu'à la fin de ta vie ?" (Page 276)

 

"Nous fîmes quatre essais avant d'obtenir la photo que nous voulions et après laquelle rien ne serait jamais plus pareil. [...] C'est une super photo qui, lorsqu'on la regarde longtemps, sous un certain angle, pourrait presque donner à entendre nos rires, nos rires de plus en plus lointains, nos rires s'effaçant petit à petit, comme le souvenir d'une cicatrice ou d'un autre temps." (Page 295)

 

"[...] l'été était fini, et tout le monde se mit à parler de partir, de s'en aller vivre dans les communautés de Californie ou du Nouveau-Mexique, de déménager à Manhattan pour décrocher un boulot mieux payé, ou bien au Canada pour échapper à l'armée. "Il est temps de vivre, les mecs", disaient-ils tous, ce qui me faisait peur et me rendait triste, car j'avais depuis tout ce temps l'impression de vivre, l'impression d'être différente des autres, nous croyant tous unis et heureux de savoir que nous nous retrouverions pour d'autres étés à Comanche Beach, assis serrés les uns contre les autres comme les maillons d'une chaîne baignée de soleil que l'on ne pourrait jamais briser. Des années plus tard, Liz, [...] d'un ton moitié méprisant, moitié dépité, me dit : "On aurait dit que tout le monde savait que c'était une illusion, mais que tu étais la seule à y croire vraiment."

 Et j'y croyais, oui, je croyais à cette illusion et continuerai d'y croire [...] persuadée que je reviendrai un jour et retrouverai ce que j'avais laissé derrière moi." (Pages 396-397)

 

 

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2017-07-17T16:00:44+02:00

A nos vies (presque) parfaites !

Publié par MyaRosa

Your perfect life - Liz Fenton & Lisa Steinke

375 pages, éditions Pocket, juin 2017

L'histoire :

Casey et Rachel sont inséparables depuis leurs années de lycée. Pourtant leurs vies sont diamétralement opposées ! Tandis que Casey, jolie célibataire sans enfant, ne vit que pour sa brillante carrière d’animatrice télé, Rachel a épousé son premier amour et jongle entre les couches de la petite dernière et deux adolescentes rebelles.
Lors d’une soirée d’anciens élèves, une dispute éclate entre les deux amies qui se jalousent mutuellement. Et c’est là qu’un barman étrange leur offre un drôle de cocktail. Le lendemain, chacune se réveille dans le corps de l’autre. L’expérience est amusante, jusqu’à ce que l’une des deux ne veuille plus revenir en arrière…

 

Mon avis :

 

 Si vous cherchez une lecture d'été légère, drôle et pétillante, j'ai ce qu'il vous faut : "A nos vies (presque) parfaites !" Ce roman, je l'ai choisi parce que le résumé me faisait beaucoup penser au film Freaky Friday que j'ai regardé des dizaines et des dizaines de fois et aussi parce que cette couverture poche me plaît beaucoup (oui, c'est futile mais ça compte, non ?!). Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de chick lit et j'ai passé un très bon moment.

 

 Casey et Rachel avaient des vies et des envies similaires lorsqu'elles étaient jeunes. Elles pensaient que rien ne pourrait jamais les séparer. Pourtant, presque vingt ans plus tard, si elles sont toujours amies, leurs vies sont diamétralement opposées. L'une est mère au foyer tandis que l'autre est célèbre et célibataire. Secrètement, elles se jalousent, se moquent l'une de l'autre et ne se comprennent plus vraiment. Lors d'une soirée bien arrosée, elles vont se retrouver dans la peau l'une de l'autre. D'abord surprises et affolées, elles vont se prendre au jeu et tenter de rentrer au mieux dans leur personnage attendant de trouver une solution pour que tout rentre dans l'ordre.

 

 Elles vont vite se rendre compte que les apparences sont trompeuses... Si Casey semble avoir une vie de rêve, la célébrité a un prix. Tout le monde n'attend qu'une chose : qu'elle fasse une erreur, un faux pas. Elle est observée et sous pression en permanence et aussi désespérément seule... Et si Rachel ne s'en est jamais plainte, sa vie n'a finalement rien d'un conte de fées... Son mari ne la regarde plus, ses filles lui parlent mal et elle n'a pas une minute à elle. Elle s'occupe de tout le monde sauf d'elle-même, s'effaçant peu à peu. Finalement, aucune des deux n'est vraiment heureuse mais il ne faudrait peut-être pas grand chose pour que les choses changent. Pourquoi pas le coup de pouce d'une amie ?

 

 Alors oui, c'est vrai, il y a des clichés et on devine comment les choses vont tourner, mais on s'en fiche car on ne s'ennuie pas une seconde ! Et puis, il y a des choses qui m'ont touchée et cette histoire est beaucoup moins superficielle que les commentaires écrits à son sujet ne le laissent penser. J'ai passé un très bon moment avec ces deux femmes et j'ai beaucoup aimé cette histoire qui est drôle et agréable à lire mais un peu moins légère qu'elle n'y paraît. J'aimerais beaucoup voir ce livre adapté pour la télévision ou le cinéma. C'est une belle histoire d'amitié qui parlera à toutes les femmes, je pense car elle aborde les choix et les problèmes auxquels nous sommes toutes confrontées : la carrière, la famille, la maternité, l'amour, l'amitié, etc... C'est un livre qui nous montre que rien n'est irrévocable et que l'on peut décider d'être heureux/se !

 

En quelques mots :

Une comédie drôle et pimentée, parfaite pour l'été !

 

 

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2017-07-01T20:55:34+02:00

Umami

Publié par MyaRosa

Laïa Jufresa

307 pages, éditions Folio, avril 2017

Quatrième de couverture :

« Tenter de dire qui était ma femme est aussi indispensable qu’impossible à expliquer, comme l’umami, ce goût imprégnant les papilles sans pour autant se laisser saisir, naviguant tranquille entre salé et sucré. Un titre parfait parce qu’incompréhensible ; d’ailleurs, je n’ai jamais totalement compris Noelia Vargas Vargas. Voilà peut-être pourquoi je ne me suis jamais lassé d’elle. Peut-être que c’est uniquement ça l’amour. »

 

Merci à Livraddict et aux éditions Folio pour cette lecture.

 

Mon avis :

 

 Umami est un roman unique en son genre qui porte très bien son nom puisqu'il nous délivre toute une palette de saveurs, de couleurs et d'émotions. C'est un roman choral qui donne la parole aux habitants d'un petit quartier mexicain. On suit leur quotidien, on les découvre page après page, on apprend à les connaître. Tous ont eu de grandes épreuves à surmonter et se sentent seuls. Ils trouvent du réconfort comme ils le peuvent, parfois en faisant des choses totalement étranges mais qui ne font de mal à personne. Inventer des noms pour décrire des couleurs, promener des bébés qui n'en sont pas, créer une milpa, etc...

 

 Le roman de Laïa Jufresa est un peu comme ses personnages, en fait. Déconcertant et étrange au début, il se révèle finalement très émouvant. C'est un livre particulier qui ne plaira pas à tout le monde. Il y a quelque chose d'assez déconcertant dans l'intention et dans la construction. On se sent parfois loin de tout ce que ressentent les personnages alors qu'à d'autres moment ce qu'ils partagent est presque trop intime. Il m'a fallu un peu de temps et de recul pour pouvoir l'apprécier pleinement. Je me suis d'abord sentie très différente des personnages et puis au fil des pages quelque chose s'est passé. La magie a opéré et je me suis retrouvée dans leur solitude, dans leurs deuils, dans leurs regrets et dans leurs espérance. Il y a quelque chose d'universel qui ne peut pas laisser indifférent. Laïa Jufresa décrit avec beaucoup de justesse et d'empathie la vie avec tout ce qu'elle a de positif et de négatif. Elle décrit les joies, les peines, la vie de famille, les petits bonheurs et les grands malheurs. Elle nous offre un roman qui est à la fois triste et beau.

 

En quelques mots :

Un roman déconcertant qui demande un peu de patience. Il faut prendre du recul et se laisser porter pour pouvoir l'apprécier et cela en vaut la peine car on y trouve beaucoup de justesse, d'humanité, d'empathie et de tendresse.

 

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2017-06-26T15:28:53+02:00

Agatha Raisin enquête #04 : Randonnée mortelle

Publié par MyaRosa

The Walkers of Dembley - M.C. Beaton

243 pages, éditions Albin Michel, novembre 2016

L'histoire :

Après un séjour de six mois à Londres, Agatha retrouve enfin ses chères Cotswolds - et le non moins cher James Lacey. Même si le retour au bercail de son entreprenante voisine ne donne pas l'impression d'enthousiasmer particulièrement le célibataire le plus convoité de Carsely.
Heureusement, Agatha est très vite happée par son sport favori : la résolution d'affaires criminelles. Comme le meurtre d'une certaine Jessica, qui militait pour le droit de passage de son club de randonneurs dans les propriétés privées des environs.
Les pistes ne manquent pas : plusieurs membres du club et quelques propriétaires terriens avaient peut-être de bonnes raisons de souhaiter sa disparition. Mais la piste d'un tueur se perd aussi facilement que la tête ou... la vie !

 

Mon avis :

 

 Si ce tome a une construction un peu différente par rapport aux précédents, c'est toujours un régal ! Quel plaisir de retrouver Agatha et James dans une nouvelle enquête ! Les voilà infiltrés dans un groupe de randonneurs, se faisant passer pour mari et femme, afin d'enquêter sur le meurtre d'une jeune femme. En essayant de réunir des indices, ils se rendent vite compte que les suspects sont nombreux. Cette femme s'était mise beaucoup de monde à dos et de nombreuses personnes avaient tout intérêt à ce qu'elle disparaisse...

 

 

 Je dois avouer que le village de Carsely m'a un peu manqué. J'adore me balader dans les rues et les différentes maisons, écouter les ragots et croiser les habitants qui nous sont maintenant familiers. Néanmoins, j'ai beaucoup aimé ce tome car les pistes sont nombreuses. Les personnages sont tous plus louches les uns que les autres alors on envisage tout et son contraire. On sent que le meurtrier est tout près et que le risque est grand et c'est aussi angoissant qu'excitant. Cette fois encore, je n'ai pas vu le temps passer et j'ai été très surprise par les dernières pages. Tellement surprise que j'ai immédiatement commandé la suite. J'ai vraiment hâte de m'y plonger. Cette série est tout simplement géniale ! C'est drôle, ça détend et je suis sûre de passer un bon moment à chaque fois.

 

 

En quelques mots :

Un tome un peu différent des autres mais qui se révèle plein de surprises !

 

A lire aussi :

Agatha Raisin enquête #01 : La Quiche fatale

Agatha Raisin enquête #02 : Remède de cheval

Agatha Raisin enquête #03 : Pas de pot pour la jardinière

 

***

 

 

 Hier soir, France 3 a diffusé les 3 premiers épisodes de la série TV. Avez-vous regardé ? Qu'en avez-vous pensé ? Attention, comme souvent, l'adaptation est assez libre et tout est dans le désordre. Certains épisodes sont adaptés de tomes qui ne sont pas encore sortis en France... Le premier tome est sorti (en VO) en 1992 alors forcément... On a un peu de retard !

 

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2017-06-14T19:40:59+02:00

A l'ombre des cerisiers

Publié par MyaRosa

Altes Land - Dörte Hansen

280 pages, éditions Pocket, mai 2017

L'histoire :

Printemps 1945. Vera a 5 ans lorsqu’elle arrive au bras de sa mère dans cette vieille ferme perdue au milieu d’un immense verger. Elles ont quitté la Prusse orientale et traversé à pied une Allemagne ruinée par la guerre. Cette terre isolée sera leur halte, cette maison qui n’est pas la leur, leur refuge. Un lieu dont Vera ne repartira jamais. Soixante-dix ans plus tard, Vera voit arriver sa nièce Anne, son fils Leon sous le bras. Les deux femmes, que tout semble opposer, vont devoir apprendre à se connaître et cohabiter. Comme d’autres avant elles, entre ces murs ayant abrité des générations de femmes fortes et solitaires. Au contact l’une de l’autre et unies par la même détermination, Vera et Anne trouveront le chemin de la reconstruction.

 

Mon avis :

 

 "A l'ombre des cerisiers" est un roman un peu singulier qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais qui se révèle terriblement beau et émouvant si on se montre patient et si on lui laisse sa chance. Je pense aussi qu'il faut trouver le bon moment pour le lire. Accepter de sacrifier un peu de son temps, de faire une pause dans son quotidien pour l'apprécier comme il se doit et se laisser bercer par sa mélodie. Il  faut un peu de temps avant qu'il accepte de nous ouvrir ses portes et de nous livrer son histoire - Et quelle histoire ! - et comme l'ont fait Vera et les siens, je crois qu'il faut aussi s'imposer un peu pour y trouver sa place.

 

 C'est l'histoire d'une maison. Une maison qui renferme les secrets et les fantômes des gens qui y ont vécu. Une maison dans laquelle on ne peut pas se sentir à l'aise si on n'y est pas né. Une maison qui craque, une maison qui n'en fait qu'à sa tête. Une maison qui semble avoir une vie propre et qui est un personnage à part entière. Une maison en apparence froide mais qui résiste à tout et ne vous lâche pas. Une maison qui est à l'image des personnages de ce livre. Elle subit les assauts, traverse les tempêtes, se fissure mais ne s'écroule pas. C'est une maison qui protège et dans laquelle on peut trouver refuge.

 

 C'est aussi l'histoire de femmes d'une même famille qui ont traversé des épreuves terribles qui les ont changé à jamais. Des événements qui ont fait qu'elles se sont renfermées sur elles-mêmes et ont caché leurs sentiments et leurs émotions sous une bonne couche de glace. On dit que ça protège les fleurs alors pourquoi pas le coeur ?

 

 C'est aussi un roman qui décrit la campagne, la vraie. Un livre qui nous parle des bons et des mauvais côtés de la vie là-bas et qui se moque des citadins et des bobos qui ont une image complètement biaisée et idyllique du monde rural. C'est un livre qui rend vraiment hommage aux gens de la campagne et qui nous invite à aller au-delà des apparences. C'est vraiment touchant la manière dont les personnages qui nous paraissent d'abord durs et même rustres sont finalement remplis d'amour, de douceur et de bienveillance.

 

 C'est aussi un livre qui parle de musique, de solitude, de vieillesse, de refuge, de batailles, des horreurs de la guerre et de l'amour sous toutes ses formes qui est presque toujours là où on ne l'attend pas. On parle de courage et de reconstruction et bien sûr de la beauté de la nature. J'ai trouvé qu'il y avait aussi beaucoup d'humour et de dérision. On nous montre aussi qu'il n'est jamais trop tard pour changer, s'imposer, s'écouter, accepter l'autre et se relever. Une belle leçon de vie et d'humanité !

 

 

 Ce qui est assez particulier, c'est qu'il n'y a presque pas d'action dans ce livre. Les personnages et les époques se mélangent un peu. L'écriture est assez contemplative. On observe le monde, on se laisse bercer. Et pourtant, paradoxalement, je trouve qu'il se passe beaucoup. Tout est dans les non-dits, les petits riens. Les personnages s'entraident, avancent à petit pas, se reconstruisent. Il y a quelque chose de profondément émouvant. L'humanité, la simplicité du quotidien, l'amour que l'on retrouve dans de petites attentions... Tout cela m'a touchée en plein coeur. Et ce rythme lent est finalement un cadeau. C'est comme une petite pause, une parenthèse bienvenue dans notre vie mouvementée. On s'arrête de courir un instant, on regarde, on écoute, on apprend.

 

 Et puis, il y a cette nature qui est sans cesse en mouvement et que l'on suit au fil des saisons. On la voit changer, on observe les gens qui vivent à son rythme et savent s'adapter à elle. On a l'impression qu'ils changent leurs habitudes, mais ils vivent au rythme des saisons et refont les mêmes gestes chaque année. Cette ronde des saisons a quelque chose de salvateur et de rassurant parce qu'il y a des choses qui ne changent pas et ne changeront jamais malgré les années qui passent, malgré l'avancée de la technologie, malgré les décès et les séparations, malgré la tristesse et la douleur... J'ai trouvé ce roman reposant, poétique, plein de sensibilité, un brin mélancolique mais surtout terriblement beau et émouvant. Je conseille ce livre à ceux qui aiment la campagne et les vieilles pierres qui ont tant d'histoires à raconter.

 

En quelques mots :

Un roman plein de sensibilité et d'émotions qui m'a charmée et que je recommande aux amoureux de la nature et à ceux qui aiment la simplicité et ces petits riens qui font tout.

 

***

Un petit extrait (les premières phrases du roman) :

 

"Certaines nuits, quand la tempête venait de l'ouest, la maison gémissait tel un navire ballotté sur une mer houleuse. Les rafales de vent s'acharnaient en hurlant sur les vieux murs.

Ca craque et ça crie comme une sorcière qui crame, se disait Vera, ou un enfant qui s'est coincé les doigts.

La maison gémissait, elle ne sombrerait pas."

 

***

 

A lire aussi :

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2017-05-30T15:45:05+02:00

Le Souffle des feuilles et des promesses

Publié par MyaRosa

Proof of Providence - Sarah McCoy

330 pages, éditions Michel Lafon, juin 2017

L'histoire :

Hallie Erminie, issue d'une famille de planteurs du Kentucky, est une jeune femme de caractère qui adore écrire. À New York, où elle s'est mis en tête de trouver un éditeur qui publierait son premier roman, elle fait la connaissance de Post Wheeler, un journaliste célibataire et fier de l'être. Tous deux discutent à bâtons rompus de la vie culturelle new-yorkaise, bouillonnante en cette fin de XIXe siècle, et s'attachent l'un à l'autre sans oser se l'avouer. Malheureusement, quand Post part pour l'Alaska du jour au lendemain, la possibilité d'une histoire d'amour s'évanouit.
Commence alors un chassé-croisé qui durera une dizaine d'années, des États-Unis à l'Italie en passant par l'Angleterre ou la France. Tandis que Hallie Erminie rencontre le succès grâce à ses livres, Post Wheeler se destine finalement à une carrière politique. À chacune de leurs rencontres, les sentiments des deux jeunes gens grandissent mais le destin semble peu enclin à les réunir. Oseront-ils s'avouer leur amour ?

 

Mon avis :

 

 Quelle aventure ! Ce roman nous embarque aux quatre coins du monde et on en redemande ! Cette histoire est celle d'un homme et d'une femme qui sont faits l'un pour l'autre mais ne veulent pas se l'avouer parce qu'ils ont tous les deux beaucoup d'ambition ainsi que des rêves et des projets à réaliser dans lesquels l'amour n'a pas sa place.

 

 Lorsqu'ils se rencontrent pour la première fois en 1896 à New York, Hallie Erminie Rives vient de quitter son Kentucky natal dans l'espoir de faire publier son premier roman. George Post Wheeler est un journaliste montant aussi arrogant que fascinant. Leur rencontre est explosive. Tout semble les opposer et pourtant... Le temps passe, la vie les entraîne ailleurs, mais ils finissent toujours par être réunis.

 

 J'ai vraiment aimé ce roman. J'ai adoré Hallie Erminie, sa chevelure flamboyante, sa détermination, son cran et sa passion de toujours pour les lettres. Post m'a charmée par son courage et la manière dont il se donne à fond tout le temps. Il change de vie, de rêve et se donne toujours les moyens de les concrétiser. Chacun suit l'autre de près ou de loin. Leur petit jeu du chat et de la souris est aussi amusant que frustrant. On rêve de les pousser l'un vers l'autre tant il semble évident qu'ils s'aiment et sont faits pour être ensemble. Même leurs familles veulent les voir réunis ! J'ai d'ailleurs beaucoup aimé les passages dans lesquels ils retournent chez eux et la façon dont ils sont soutenus par les leurs.

 

 J'ai aimé suivre cette passion secrète qui ne l'est pas vraiment. J'ai aimé voyager aux côtés des personnages et en apprendre plus sur ce contexte passionnant. De nombreux sujets sont abordés, on parle de la vie dans le Sud des Etats-Unis, mais aussi de politique, de la façon dont fonctionnent les maisons d'édition et du lancement des livres, des journalistes et de la manière dont ils déforment les propos mais sont aussi manipulés à leur tour de temps en temps, du quotidien des célébrités de l'époque, des chercheurs d'or et de la destinée...

 

 J'ai passé un très bon moment. Et quel plaisir d'apprendre que, même s'il s'agit d'une fiction, les personnages de ce livre ont vraiment existé ! Hallie Erminie Rives a vraiment écrit le roman "Coeur Vaillant" et c'est la découverte de ce livre chez un antiquaire qui a poussé Sarah McCoy à se pencher sur son histoire. Et quelle histoire ! J'ai même fait quelques recherches suite à ma lecture car j'avais vraiment envie d'en savoir plus sur Hallie Erminie et Post.

 

En quelques mots :

Ambition, passion, amour et détermination : voilà les mots clés de ce roman inspirant qui donne des ailes et nous montre que tout est possible quand on le veut vraiment. Une belle lecture.

 

 

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2017-05-23T19:02:43+02:00

Agatha Raisin enquête #03 : Pas de pot pour la jardinière

Publié par MyaRosa

The Potted Gardener - M. C. Beaton

246 pages, éditions Albin Michel, novembre 2017

L'histoire :

De retour dans les Cotswolds après de longues vacances, Agatha Raisin découvre que son voisin James Lacey, objet de tous ses fantasmes, est tombé sous le charme d'une nouvelle venue au village. Aussi élégante qu'amusante, Mary Fortune est une jardinière hors pair, et la journée portes ouvertes des jardins de Carsely s'annonce déjà comme son triomphe. Mais une Agatha Raisin ne s'incline pas avant d'avoir combattu (quitte à se livrer à l'une de ces petites supercheries peu reluisantes dont elle a le secret) ! C'est alors que la belle Mary est retrouvée morte, enfoncée tête la première dans un de ses grands pots de fleurs. De toute évidence, Agatha n'était pas la seule à souhaiter la disparition de sa rivale…

 

Mon avis :

 

 Je vais sûrement me répéter par rapport à mes billets sur les tomes précédents, mais quel plaisir de retrouver cette chère Agatha ! Ce personnage haut en couleur apporte une vague de fraîcheur dans le monde du polar et qu'est-ce que ça fait du bien !

 

 C'est dans un petit village typiquement anglais que cette citadine a décidé de prendre sa retraite. Un petit village où tout le monde connaît tout le monde, où vous ne pouvez pas faire un pas sans croiser quelqu'un qui vous invite à venir prendre le thé ou à aller boire un coup au pub pour discuter des derniers potins et des petites querelles de voisinage. Dans ce décor délicieusement désuet qui semble sorti d'un roman d'une autre époque, la pétillante Agatha qui ne mâche pas ses mots et multiplie les gaffes dénote complètement et c'est ce qui rend la série si drôle et ce personnage si attachant.

 

 Même s'il y a des meurtres et une enquête, il n'y a pas de scènes violentes ou de noirceur, c'est au contraire très drôle et rempli de scènes cocasses. On passe autant de temps à parcourir le village et à suivre les petites histoires de ses habitants qu'à suivre l'enquête qui est d'ailleurs menée, non pas par la police, mais par un personnage qui pourrait être vous et moi. C'est le genre de romans qui peut plaire à tous les lecteurs, même à ceux qui ne sont pas attirés par les romans policiers. C'est ce que les anglo-saxons appellent le cozy mystery, un genre très à la mode là-bas et qui arrive peu à peu chez nous.

 

 Cette nouvelle intrigue m'a beaucoup plu. J'ai vraiment aimé toute cette histoire autour de cette nouvelle venue au village et de ce concours de jardinage. Une fois encore, je me suis régalée ! Je n'ai pas vu le temps passer et j'ai beaucoup ri. Cette série fait un bien fou. On suit avec plaisir Agatha et James mener l'enquête, se rapprocher, s'envoyer balader... Je suis vraiment fan de cette série. Pour le moment, aucun tome ne m'a déçue et je sais avec certitude qu' en commençant un roman de M.C. Beaton je vais passer un bon moment. On se sent tellement bien dans ce petit village qu'on a l'impression de retourner dans un lieu où on est déjà allé. En vrai !

 

En quelques mots :

Un troisième tome tout aussi réussi que les précédents. Une vraie bouffée d'air frais. J'adore !

 

***

Vous avez sans doute déjà vu circuler l'information, mais la série TV adaptée des romans de M.C. Beaton va arriver chez nous prochainement sur France 3. Je vous en reparlerai dès que j'aurais plus d'infos. Vous pensez regarder ? J'ai vraiment hâte !

 

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2017-05-19T09:28:44+02:00

La Ferme des Miller

Publié par MyaRosa

Miller's Valley - Anna Quindlen

318 pages, éditions Belfond (Le Cercle), mai 2017

L'histoire :

  Petite fille précoce et curieuse, Mimi mène une enfance protégée dans la ferme familiale. Il y a là Bud, son père cultivateur et répare-tout ; Miriam, sa mère infirmière ; ses deux frères, le taiseux Eddie et le caïd séducteur Tommy ; ainsi que Ruth, sa tante, qui, pour une raison étrange, ne s'éloigne jamais de la maison. Un monde rassurant, fait d'éclats de rire et de joie, que Mimi pense immuable. Mais nous sommes en 1966 et ces jours heureux sont comptés...

 

Mon avis :

 

 Les Miller de Miller's Valley en Pennsylvanie sont très attachés à leur petit bout de terre. Un projet gouvernemental menace d'engloutir leur ferme sous les eaux mais Bud, le père, refuse toutes les propositions qui lui sont faites. Sa maison, c'est toute sa vie. Mary Margaret, surnommée Mimi, est la petite dernière de la famille et c'est elle qui nous raconte cette histoire. Elle nous parle de ses frères, Eddie et Tommy, qui sont totalement opposés, de ses parents, de leur tante qui vit dans la maison d'à côté mais aussi des autres familles de cette ville où tout le monde se connaît.

 

 Le récit se déroule sur de nombreuses années et nous voyons les choses changer à Miller's Valley. Les gens s'en vont, s'installent ailleurs. Les amis de Mimi partent faire leurs études à l'autre bout du pays ou se marient. Ses frères continuent à prendre des chemins totalement différents. Des gens meurent ou tombent malades pendant que d'autres naissent. De vieilles rancoeurs et des secrets refont surface. Mary Margaret grandit, perd son innocence et sa naïveté. Et pourtant, elle est toujours là, au même endroit, tout comme sa tante Ruth qui refuse obstinément de sortir de sa maison. Mimi est très proche de son père et elle est très attachée à sa maison. Elle commence à avoir d'autres envies et d'autres rêves mais elle culpabilise et s'y refuse, trop respectueuse de sa famille et des valeurs qu'on lui a transmises. Mais peu à peu, le refuge devient prison et Mimi comprend qu'on est parfois obligé de quitter l'environnement qui nous est familier pour avancer, même si c'est difficile. Elle comprend aussi que, si on ne peut pas remonter le temps pour revenir aux jours heureux, l'endroit où nous sommes nés ne nous quitte jamais vraiment. On le porte en nous, à chaque instant de notre vie. On peut le fuir ou bien y revenir, mais il est là, quelque part.

 

 

 J'ai vraiment aimé suivre cette famille sur une aussi longue période. On s'attache tout de suite à Mimi et je suis contente que l'auteur l'ait choisi pour narratrice car j'ai beaucoup apprécié sa façon de raconter et de voir les choses ainsi que ses souvenirs d'enfance. J'ai aimé découvrir le quotidien d'une famille "normale" dans l'Amérique rurale des années 1960. Mais j'ai eu le coeur serré de voir les choses changer à ce point. Cette vie qui semblait s'écouler paisiblement se met à changer du tout au tout et cette famille qui semblait si heureuse et si unie n'est plus que l'ombre d'elle-même après l'épreuve du temps. Mimi grandit et c'est toute son enfance et même tout son monde qui se noie. Pour aller vers autre chose, certes, mais quand même...

 

 Il y a beaucoup de nostalgie et de mélancolie dans ce roman et un petit quelque chose qui nous souffle "C'est ainsi que va la vie" qui nous brise le coeur parce que l'on sait au fond de nous que c'est réaliste et qu'il en sera de même pour nous. Le temps passe et vient balayer notre petit monde d'innocence et de joie. Les gens autour de nous disparaissent, les épreuves se succèdent et les choses ne se passent pas toujours comme on l'imaginait. On navigue parfois en eaux troubles avant de réussir à se sortir de là et à construire son propre foyer. Je dois avouer que c'est un sujet qui me touche particulièrement, surtout lorsqu'il est aussi bien abordé qu'ici et porté par une famille authentique et attachante. Et puis, j'ai toujours eu un faible pour les personnages qui s'accrochent au passé et à leurs souvenirs et tentent désespérément d'arrêter le temps.

 

 S'il y a quelque chose de triste et de fataliste dans ce roman, ce n'est pas le message que l'auteur et la narratrice veulent nous faire passer, au contraire. En dépit du temps qui passe, des épreuves de la vie, des désillusions et des drames, de belles choses nous attendent. Peut-être ailleurs, peut-être ici, mais elles sont là. Son enfance, sa famille, ses racines, on les emporte avec soi. Les choses changent quand on grandit et ce serait peine perdue que d'essayer de les retenir. On peut avancer sans oublier. On peut choisir une autre voie. On peut être heureux ailleurs et s'y sentir chez soi. Voilà, ce que je retiendrai de ce roman que j'ai trouvé à la fois sombre et lumineux. Il m'a fait penser à "Quand nous étions heureux" de Rebecca Coleman, un roman qui m'a profondément marquée et chamboulée mais aussi à deux autres romans dans lesquels on ressent aussi cette nostalgie d'une époque heureuse qui est révolue "Le Temps n'efface rien" de Stephen Orr et "Cet été-là" de Lee Martin. Le roman d'Anna Quindlen, en plus d'être remarquablement bien écrit et très agréable à lire, est plein de sensibilité, d'émotions, de justesse et d'humanité. Il nous laisse avec un sentiment doux-amer tant il fait écho à nos propres vies et à notre enfance envolée.

 

En quelques mots :

Un roman bouleversant - écrit avec beaucoup de justesse et de sensibilité - qui m'a touchée en plein coeur. Une lecture que je ne peux que vous recommander.

 

Quelques extraits :

"Dans mon esprit, l'enfance consistait en majeure partie à essayer de comprendre les adultes et de prévoir ce qu'ils allaient faire, puisque toutes leurs actions avaient des répercussions sur moi d'une façon ou d'une autre." (Page 76)

 

"Lorsqu'on possède une ferme, on a le sens du temps, de la valeur d'un jour ou d'une année. Dans une ferme, un calme bien particulier règne au petit matin et en fait un moment de la journée différent des autres, tandis qu'un soupçon de ciel noir pâlissant sur les bords indique la fin de la nuit. Excepté la lueur d'une éventuelle lune, la seule lumière provient alors de l'ampoule nue suspendue au centre du plafond de la grange, telle une petite lune personnelle. On peut facilement s'y sentir satisfait de la vie - ou perdu. Je me sentais souvent perdue ces jours-ci, sans jamais l'avouer à quelqu'un d'autre ni à moi-même. [...] Je savais qu'il était singulier pour une adolescente d'avoir cet espace vibrant entre l'estomac et le coeur. Je m'interrogeais : d'autres personnes se sentaient-elles comme moi, sans le montrer ? [...] Les vaches ne se comportent pas de la même façon le matin et le soir, et une ferme en hiver n'est pas la même qu'en été. Ici, l'année entière passait devant mes yeux : les bords jaunis des feuilles de maïs annonçaient la fin de l'été et la réouverture des salles de classe étriquées ; les citrouilles se tapissaient en octobre à la place des fleurs jaunes du mois d'août... Certains matins, quand le bétail se plaignait avec des bruits de vieux fumeur, vous saviez qu'on était en février, que l'eau était gelée dans les abreuvoirs, et qu'il fallait y aller avec une pelle et cogner sur la glace jusqu'à la briser.

L'unique constante sur toute l'année était le bruit que faisait mon père dans la grange, dans le brouillard de l'été comme dans les brumes glacées de l'hiver. [...] Mon père sifflait en général du moment où il ouvrait la porte glissante de la grange au moment où il la refermait." (Pages 119,120,121).

 

"En fait, ce que l'on se rappelle, ce sont les petits moments étranges qui vivent en nous et qui passent de temps en temps la tête lorsque des fenêtres s'ouvrent dans notre esprit." (Page 210).

 

***

N'hésitez-pas à nous rejoindre (ici) pour parler de ce roman.

 

 

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2017-05-13T08:47:20+02:00

Une mer si froide

Publié par MyaRosa

The Cold Cold Sea - Linda Huber

362 pages, éditions Presses de la Cité, mai 2017

L'histoire :

Un jour de fin d'été, sur une plage des Cornouailles, Olivia, trois ans, disparaît. Effondrés, ses parents Maggie et Colin attendent en vain que l'Océan leur restitue le corps de l'enfant.
Quelques semaines plus tard, non loin de là, c'est la rentrée des classes pour Hailey, cinq ans. Jennifer s'en fait une fierté mais depuis quelque temps, sa petite fille est distante et craintive, si bien que Jennifer se laisse parfois déborder par la nervosité. D'autant que son mari est absent, qu'elle affronte seule une nouvelle grossesse, et que certaines bribes de son passé lui reviennent comme enveloppées de brouillard. Alors que Maggie traverse la pire épreuve de sa vie, Jennifer veut redonner l'apparence du bonheur à sa famille fracassée. Intriguée par la fillette mutique, Katie, une jeune institutrice passionnée par son métier, pousse Hailey à mettre des mots sur les démons qui l'étouffent...
Construite comme un thriller, rythmée par l'implacable mécanique du suspense, une poignante histoire de deuil, de maternité, et de résilience.

 

Mon avis :

 

 Avec beaucoup d'aisance, Linda Huber nous plonge dans le cauchemar de tout parent. Comment continuer à vivre après la disparition de son enfant ? Comment accepter le pire ? Comment vivre lorsqu'on est rongé par la culpabilité ou lorsqu'on en veut à ceux qui nous sont proches ? A quel moment cesse-t-on d'espérer ? Jusqu'où peut-on aller pour se raccrocher à la vie ?

 

 

 J'ai lu des avis plutôt négatifs sur ce roman alors j'avais quelques appréhensions mais elles ont vite été balayées tant il m'a captivée dès le début. L'auteur nous donne beaucoup de clés, c'est vrai, mais je trouve que l'intérêt de ce roman est ailleurs. La psychologie des personnages est vraiment intéressante. J'ai aimé suivre ces deux histoires en parallèle qui posent des questions pertinentes sur la maternité et le deuil. J'ai beaucoup aimé le personnage de Katie, jeune institutrice un peu stressée qui s'implique beaucoup dans son travail. On suit son quotidien et ses journées avec ses élèves et ça apporte un peu de normalité à ce roman, ce qui, par contraste, rend les choses encore plus glaçantes. Par certains côtés, cela m'a fait penser à "Petits secrets, grands mensonges" (Big Little Lies) de Liane Moriarty, roman que j'avais beaucoup aimé et qui a fait l'objet d'une adaptation en série TV.

 

 C'est vraiment difficile de parler de ce livre sans trop en dire. J'aurais des tas de points à soulever, mais je ne veux rien dévoiler. Il y a quelque chose de monstrueux dans ce roman et c'est aussi ce qui nous empêche de le reposer. On a envie de savoir comment tout cela va tourner et jusqu'où les choses vont aller et on culpabilise un peu d'être témoin de tout cela sans pouvoir intervenir. Mon petit coeur de maman a été malmené et cette lecture m'a vraiment chamboulée, mais j'ai adoré ça ! Je ne pouvais plus lâcher ce livre et je l'ai dévoré en un rien de temps. Alors oui, c'est un peu gros, il y a quelques maladresses et des rebondissements un peu trop rapides à la fin du livre, mais en dehors de ça, c'est très réussi. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi addictif. Il y a des passages durs et éprouvants alors il faut avoir le coeur bien accroché. Quelle lecture glaçante ! J'espère que les autres romans de Linda Huber seront bientôt traduits en français.

 

 

En quelques mots :

Un thriller psychologique glaçant et éprouvant qui nous tient en haleine du début à la fin.

J'ai adoré !

 

A lire aussi :

Petits secrets, grands mensonges (Liane Moriarty)

Le Couple d'à côté (Shari Lapena)

L'épouse modèle (Emma Chapman)

L'Enfant aux cailloux (Sophie Loubière)

 

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2017-05-10T16:57:02+02:00

Les Fleurs du repentir

Publié par MyaRosa

Windflowers - Tamara McKinley

404 pages, éditions L'Archipel, mai 2017

L'histoire :

Cela fait longtemps que Claire a quitté les terres hostiles et désolées du domaine où elle a grandi pour poursuivre ses études et sa carrière de vétérinaire à Sydney.
Mais quand elle reçoit l’invitation de sa grand-tante Aurelia à une réunion de famille, Claire est ramenée à son passé. Elle qui était partie après une violente dispute avec les siens…
Bien qu’à contrecœur, Claire rejoint l’arrière-pays australien. Mais comment va réagir sa mère, Ellie, qu’elle n’a pas revue depuis cinq ans ? Et Leanne, sa sœur, lui battra-t-elle toujours froid ?
En renouant avec ce passé, ce sont autant de rancœurs qui remontent à la surface, mais aussi des secrets qui surgissent. Et expliquent beaucoup de choses…
Comme à son habitude, Tamara McKinley brosse le portrait de femmes courageuses. Trois générations de battantes, qui chacune à leur manière ont dû lutter contre l’adversité pour gagner leur indépendance.

 

Mon avis :

 

 Quel bonheur de retrouver l'Australie de Tamara McKinley ! Depuis des années, elle nous fait rêver en nous transportant à l'autre bout du monde et même si elle utilise souvent les mêmes ingrédients pour ses histoires, en ce qui me concerne, la magie opère à chaque fois. Elle arrive, comme personne, à décrire l'immensité et la beauté de l'Outback australien, ses odeurs, ses couleurs que l'on ne retrouve nulle part ailleurs, le courage et la force des hommes et des femmes qui vivent dans des conditions difficiles et se démènent sur ces terres sèches qu'ils aiment profondément et ne quitteraient pour rien au monde. Elle réussit à nous captiver en nous décrivant un mode de vie à l'opposé du nôtre : entretien d'un ranch et gestion d'un domaine, déplacement du bétail, balades à cheval dans les grands espaces, animaux sauvages et dangers, sécheresse ou pluies torrentielles et difficultés qui en découlent, vie en communauté et en même temps isolement, sorties qui sont là-bas de véritables expéditions... Quel dépaysement ! On s'y croirait et on en demande encore !

 

 Comme dans tous les romans de Tamara McKinley, on ressent l'amour et l'admiration de l'auteur pour ce pays et le profond respect qu'elle a pour ses habitants et leur mode de vie. Elle arrive même à nous le transmettre. J'ai été émue par tous ces personnages très différents qui ont en commun une profonde adoration pour leur pays de naissance ou d'adoption. Dans cette histoire, il est question d'amour, de loyauté, de courage, d'attachement, de rivalités fraternelles, de fantômes du passé, de secrets de famille, d'entraide et de détermination ; le tout dans un décor grandiose incroyablement bien décrit. Elle dresse le portrait de plusieurs générations de femmes indépendantes, fortes et courageuses qui n'ont rien à envier aux hommes, savent ce qu'elles veulent, sont capables de gérer des hommes et des terres et de travailler sans répit sans jamais se plaindre. Des femmes qui ont eu leur lot de souffrances et d'épreuves à surmonter et qui, pour certaines, ont même dû en faire encore plus lorsque les hommes étaient partis à la guerre. J'ai adoré partager le quotidien d'Ellie et d'Aurélia. Je me suis attachée à elles dès le début de ma lecture et la suite du roman n'a fait que renforcer mon admiration pour elles.

 

 J'ai également été passionnée par l'histoire de Charlie et Joe et par l'ambivalence de leur relation. J'ai adoré tous les passages qui se déroulent durant la guerre et m'ont tenu en haleine jusqu'à la fin du livre. Bien sûr, il y a quelques petits bémols : il y a des éléments trop prévisibles, c'est un peu gros pour être crédible et j'ai noté de nombreuses coquilles et tournures de phrases assez bizarres ou qui reviennent trop souvent, mais il en faudrait bien plus pour gâcher une si belle lecture. C'est un roman que l'on prend plaisir à lire, qui nous fait voyager et oublier tout le reste. Je n'ai pas vu le temps passer. J'ai adoré ! J'ai été touchée par tous ces destins entremêlés, par ces ombres du passé qui ne veulent plus être repoussées. Les romans de Tamara McKinley nous offrent de l'évasion, du romantisme, des rebondissements, du mystère, du suspense, beaucoup d'émotions et la sensation de revenir d'un long voyage. Que demander de plus ? C'est un régal à chaque fois ! Vivement le prochain !

 

En quelques mots :

Un roman passionnant et plein de rebondissements qui nous emmène à l'autre bout du monde pour un voyage inoubliable sur les terres belles et sauvages de l'outback australien mais aussi au coeur des secrets du passé qui hantent ses habitants. Une lecture pleine de saveurs, de couleurs et d'émotions. J'ai adoré !

 

Quelques extraits :

 

"Il en allait hélas ainsi avec le passé : à peine s'avisait-on de l'invoquer qu'il refusait ensuite de se retrancher à nouveau dans l'ombre."

 

"La liberté. Voilà de quoi il s'agissait. L'existence dans toute sa plénitude... Claire avait oublié à quel point les villes engendraient la claustrophobie. Oublié combien elle avait chéri naguère la magie exhalée par ce tout petit coin de terre..."

 

"Quels étranges bibelots que les souvenirs qui, en l'espace d'un instant, se présentaient à vous avec une précision étonnante, comme si les aiguilles de la pendule s'étaient mises à tourner à l'envers ; comme si, bientôt, les années écoulées allaient se dévider à nouveau."

 

 

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2017-05-02T04:30:00+02:00

Leopard Hall

Publié par MyaRosa

Congo Dawn - Katherine Scholes

631 pages, éditions Belfond, avril 2017

L'histoire :

Congo, 1964.
Australienne de vingt-cinq ans, Anna Emerson retourne sur sa terre natale du Congo, pour se rendre au chevet de son père mourant, Karl, qu'elle n'a pas vu depuis dix-huit ans. Les retrouvailles sont brèves et un nouveau choc attend la jeune femme : Karl n'est pas son père biologique.
Qui est son véritable père ? Pourquoi sa mère n'a-t-elle jamais rien dit ?
Anna n'a bientôt plus qu'une idée en tête : découvrir la vérité. Avec Eliza, séduisante photographe américaine et grande entremetteuse politique, la jeune australienne tente de rejoindre le village où elle est née pour en savoir plus sur ses racines. Mais autour d'elles, les tensions sont vives, parfois sanglantes...

 

Petite parenthèse :

 

 Je n'ai pas encore eu l'occasion d'en parler ici, mais j'ai l'honneur de participer à une belle aventure avec d'autres lectrices et les éditions Belfond pour mettre à l'honneur leur nouvelle collection "Le Cercle Belfond" qui propose des romans féminins forts, dépaysants et riches en émotions. Un groupe a été créé sur Facebook et chaque livre paru dans cette belle collection donnera lieu à une discussion commune ouverte à tous. Nous parlerons de Leopard Hall le 21 mai. N'hésitez-pas à nous rejoindre ! (ici)

 

 

 Comme souvent, j'ai volontairement raccourci la présentation du livre. En ce qui me concerne, je m'y suis plongée sans savoir de quoi ça parlait et ça m'a bien réussi. Je n'aime pas qu'on me dévoile trop de choses avant ma lecture et je trouve que le résumé en dit beaucoup.

 

Mon avis :

 

 Leopard Hall, c'est d'abord l'histoire d'Anna, une jeune femme qui a besoin de connaître ses racines pour avancer. Sans trop savoir où cela va la mener, elle quitte l'Australie et sa vie citadine pour s'envoler au Congo, sur les traces de son père. Ce long périple ne va pas seulement l'aider à comprendre son passé, il va lui faire vivre une expérience qui va la changer à jamais.

 

 Mais ce roman n'est pas seulement celui d'une quête identitaire, c'est bien plus que cela. En s'inspirant de faits réels pour écrire cette fiction, Katherine Scholes nous raconte aussi et surtout une partie dramatique de l'Histoire du Congo. Ce pays a subi beaucoup de chamboulements dans les années 1960 et son indépendance n'a pas résolu les problèmes du jour au lendemain. Il y a eu des violences terribles, énormément de morts du côté des soldats mais aussi des massacres d'innocents et des villes entières dévastées. Des hommes se sont battus pour leurs idéaux sans mesurer tout ce que cela impliquait, se trompant parfois d'ennemi et de bataille. Katherine Scholes peint le portrait bouleversant d'un pays déchiré qui saigne encore aujourd'hui de toutes ces blessures infligées.

 

 Et pourtant, dans toute cette noirceur et cette violence, malgré l'horreur de la guerre et les atrocités subies, malgré la pauvreté et la maladie, quelque chose de plus fort se dégage et nous reste en tête : l'amour et la générosité. Parce qu'il y a aussi des gens bons qui sont prêts à risquer leur vie pour venir en aide aux autres, parce qu'il y aura toujours des personnes prêtes à offrir le peu qu'elles possèdent, parce que l'amour est partout même dans les endroits les plus effrayants aux heures les plus sombres, parce que tout n'est jamais ou tout blanc ou tout noir, parce qu'il faut toujours aller au-delà des apparences. On est loin du safari paisible et de l'escapade paradisiaque que l'on imagine en voyant la couverture du livre malgré la beauté des paysages. Ce roman est loin d'être à l'eau de rose et se révèle beaucoup plus noir que ce que j'imaginais, mais il est porteur de lumière et d'espoir malgré tout.

 

 

 Pour comprendre ce contexte, nous suivons en parallèle Anna qui est comme nous et ne connaît absolument rien des bouleversements subis par le Congo et un groupe de mercenaires qui, forcément, vit le conflit de l'intérieur. Je dois avouer qu'au début, j'ai trouvé certaines parties un peu longues. On nous raconte vraiment ce qui se passe au Congo et le quotidien des mercenaires qui se préparent à intervenir, et j'ai mis un moment avant de me sentir vraiment concernée. Par contre, une fois bien rentrée dans l'histoire, ce roman m'a totalement captivée et je me suis intéressée à des sujets dont j'ignorais tout. C'est un livre extrêmement documenté et le sujet est passionnant. J'ai particulièrement aimé en apprendre plus sur la lèpre et les soins apportés aux lépreux ainsi que sur le rôle des missionnaires. J'ai aussi beaucoup aimé suivre la quête d'Anna même si j'aurais aimé un peu plus de suspense de ce côté là... J'ai aimé la voir grandir et s'adapter à une vie qui n'est pas du tout la sienne. L'écriture de Katherine Scholes m'a beaucoup plu. Les lieux sont tellement bien décrits qu'on croirait être sur place.

 

 Au final, ce roman me laissera un souvenir fort. Il m'a accompagné pendant un bout de temps et j'ai eu l'impression de voyager aux côtés d'Anna. Je me suis vraiment intéressée à cette période de l'Histoire dont j'ignorais tout et ce livre m'a même donné envie d'aller plus loin et de poursuivre mes recherches et lectures sur le sujet. Je me suis vraiment attachée à certains personnages, j'ai eu peur pour Anna, j'ai été secouée et horrifiée par certaines scènes, j'ai admiré le courage et la force de certains personnages et j'ai été émue très souvent. Je m'attendais à une lecture dépaysante et assez légère, pas à être remuée ainsi, et tant mieux ! Certains faits ne doivent pas être oubliés. Les gens qui ont souffert, les innocents, les courageux méritent que l'on parle d'eux et de leur histoire.

 

En quelques mots :

Un récit fort et marquant qui, même s'il est fictif, remue le passé et fait remonter des faits que l'on ne doit pas oublier. Une quête identitaire émouvante dans un pays déchiré. Comment y être insensible ? J'ai beaucoup aimé.


***

Avez-vous déjà lu un roman de Katherine Scholes ? Pour moi, c'était une première mais je pense que je vais craquer prochainement pour "Les Fleurs sauvages des bougainvilliers". Il vient de sortir en poche avec une couverture sublime et le résumé me tente beaucoup.

 

Leopard Hall est le premier roman de Katherine Scholes à ne pas se passer en Tanzanie.

Le saviez-vous ?

 

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