Trois filles et leurs mères
Duras, Beauvoir, Colette
Sophie Carquain
Catégorie(s) : Biographies romancées
Edition / Collection : Charleston
Date de parution : 12 avril 2014
Nombre de pages : 294
Prix : 18,50€
Présentation de l'éditeur :
Trois femmes. Nées au tournant du siècle, entre 1873 et 1914, Colette, Simone de Beauvoir, et Marguerite Duras ont un point commun : celui d’avoir une hyper-mère, qu’elle soit fusionnelle (comme Sido), autoritaire (comme Françoise de Beauvoir) ou ambivalente (chez Duras). Trois destins. Sophie Carquain fait revivre les trois monstres sacrés dans leurs décors : l’exotisme de l’Indochine des années 20 chez Duras, la bourgeoisie du début de siècle chez Beauvoir, la Bourgogne pour Colette. Et raconte comment elles ont construit leur univers et pris la plume pour se distancer de « Big Mother ». Pour exister. Trois romans. Dans ce superbe triptyque, Sophie Carquain écrit le roman de ces trois femmes. - trois romans reliés par un subtil jeu de correspondances - et explore la complexité de la plus belle relation qui soit : celle qui unit une fille et sa mère.
Merci à Babelio et aux éditions Charleston.
Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre en ouvrant ce livre car même si je connais ces grandes femmes de lettres françaises pour avoir lu quelques uns de leurs romans, je ne savais pas grand chose de leurs vies respectives. C'est surtout le titre de ce livre qui a attisé ma curiosité. J'ai toujours aimé les romans qui parlent des relations mère-fillle et le livre autobiogaphique dans lequel Justine Lévy parle de sa relation compliquée avec sa mère - Mauvaise fille - est l'un de mes préférés, alors pourquoi pas ?
J'ai eu bien raison de me laisser tenter car j'ai dévoré et adoré ce triptyque ! J'ai été captivée par ces histoires d'enfance, toutes les petites anecdotes qu'elles soient vraies ou imaginées par l'auteur, et j'ai été fascinée par ces relations mères-filles. L'auteur dresse d'abord le portrait de Marguerite Duras. Elle nous parle de son enfance en Indochine, de sa mère qui n'avait d'yeux que pour son fils aîné et de leur vie de famille si compliquée. La petite Marguerite grandit auprès d'une mère sévère, autoritaire et d'un frère aîné tyrannique et détestable qui la bat sous les yeux de sa propre mère. Vient ensuite le tour de Simone de Beauvoir qui grandit et évolue dans le milieu de la bourgeoisie, au début du XXième siècle. Dès le plus jeune âge, elle fait des colères épouvantables que personne ne parvient à comprendre ni à calmer. C'est une petite fille précoce qui apprend à lire toute seule et qui a soif de connaissances. Elle aspire à plus de libertés et c'est en vacances à la campagne, chez ses grands-parents qu'elle acquiert ce petit bout de liberté qui lui manque tant au quotidien. Son père lui fait découvrir en cachette des romans d'aventures tandis que sa mère s'acharne à masquer toute trace de féminité chez elle... Et puis, nous découvrons aussi l'enfance provinciale de Colette auprès d'une mère aimante et attentionnée. Tellement aimante qu'elle en devient étouffante. Elle cherche toujours à savoir ce que sa fille fait et à quoi elle pense et passe son temps à la stimuler, à la pousser à se dépasser, à observer telle ou telle chose, si bien que Colette, très vite, rêve de silence et d'ennui. Elle rêve de pouvoir flâner tranquillement, ne penser à rien, ne pas avoir de compte à rendre à qui que ce soit... Cette mère qu'elle admirait tant devient à ses yeux une sorte de sorcière qui voit tout, entend tout, comprend tout et lit dans ses pensées. Elle en fait même des cauchemars terrifiants !
L'auteur nous décrit l'enfance de ces trois femmes en y ajoutant des scènes fictives qui pourraient être vraies. Elle les compare, les analyse. Elle nous parle de ce qui a manqué à ses grandes femmes de lettres et nous explique que c'est pour s'affranchir de leurs mères qu'elles se sont mises à écrire. Elle nous parle aussi des changements survenus durant leur vie et de la manière dont elles les ont vécu : perte des parents, pauvreté, déchéance, déménagement, etc... J'ai trouvé ces trois portraits de femmes vraiment captivants ! Ces portraits sont aussi intéressants qu'émouvants. Bien que très différentes, elles ont toutes souffert de leur relation avec leur mère, que celle-ci soit étouffante, peu aimante ou trop autoritaire. J'ai adoré découvrir l'Indochine à travers le regard de la petite Marguerite, flâner aux jardin du Luxembourg en compagnie de la petite Simone, adorable petite fille aux anglaises brunes, et j'ai aimé les descriptions de la maison de Colette qui sent bon la cuisine,les tartines et l'essence de violette. Même s'il est ponctuée d'analyse et de références, ce texte se lit tout seul, comme un roman, avec beaucoup de fluidité. L'auteur, tout en allant à l'essentiel, prend le temps de s'attarder sur des petits détails qui nous transportent ailleurs et plantent le décor : les odeurs, les saveurs, les couleurs, etc... et elle fait la part belle aux mots et à la lecture, passion commune qui nous relie aussi aux femmes de ce roman et à l'auteur. On découvre des femmes, des histoires, des secrets, des portraits uniques et fascinants. Un livre passionnant !
En quelques mots :
Je suis vraiment ravie de cette découverte. Je ne pensais pas que ce livre me plairait autant, et pourtant, j'ai été captivée par le portrait de ces femmes et de leurs mères, aussi fascinant qu'émouvant. J'ai adoré découvrir l'enfance de ces femmes de lettres, en apprendre plus sur elles, sur leurs époques respectives. C'est une très belle lecture !