Jo Hoestlandt (texte) & Gwen Keraval (illustrations)
103 pages, éditions Nathan, avril 2007
L'histoire :
Tous les étés, Lydia passe ses vacances en Bretagne chez son grand-père qui tient un bar face à la mer. Elle est impatiente d'y retrouver les personnes qui rendent ses vacances inoubliables. Cette année, un nouveau venu bouscule ses habitudes : un aquarelliste. Après des débuts houleux, le plaisir de peindre va rapprocher le vieil homme et la petite fille...
Mon avis :
Après mes vacances en Bretagne, j'ai essayé de me concocter une petite pile de lecture thématique sur la mer et sur cette magnifique région (d'ailleurs si vous avez des suggestions, je prends volontiers !). Après avoir pioché dans mes étagères, je suis passée à la bibliothèque, j'ai farfouillé dans les rayons et je suis tombée sur ce court roman de Jo Hoestlandt donc je n'avais jamais entendu parler. J'ai partagé cette lecture avec ma fille et nous avons toutes les deux adoré ! Ce roman semble épuisé depuis plusieurs années et n'a malheureusement pas été réédité mais je me demande bien pourquoi et j'espère de tout coeur qu'il le sera prochainement car il mériterait d'être plus connu et j'adorerais l'avoir dans ma bibliothèque car je sais déjà que nous aurons envie de le relire. Quelle belle découverte !
L'ambiance est un peu tendue chez Lydia et sa famille. La petite fille grandit et sa maman voudrait qu'elle fasse du tri dans ses affaires pour faire de la place. Dans quelques jours, elle sera chez son grand-père en Bretagne. On lui dit que ça lui fera du bien de prendre l'air mais Lydia le sait, sa mère et son beau-père veulent juste se débarrasser d'elle... Tant pis pour eux ! Lydia adore passer du temps avec son grand-père qui tient un bar au bord de la mer. Là-bas, elle peut s'amuser, regarder les bateaux et puis elle retrouve les habitués et notamment Julien qu'elle aime vraiment beaucoup. Cette année, il y a un aquarelliste qui s'installe chaque jour au bord de l'eau. Lydia l'observe et ne peut s'empêcher d'aller lui parler et de lui poser des questions. L'homme, solitaire et bourru, l'envoie d'abord promener mais se fait peu à peu à cette présence qui vient bousculer son quotidien...
J'ai tout aimé dans cette lecture ! Le cadre, les personnages, l'histoire et la manière dont elle est écrite... Lydia est un tourbillon de vie et de fraîcheur. Elle dit tout ce qu'elle a sur le coeur et donné malgré elle de belles leçons de vie aux adultes qui l'entourent. Les gens que l'on croise dans ce récit sont simples et authentiques. Ils ont des fêlures, ne sont pas parfaits mais ne cherchent pas à l'être. Ils sont vrais, tout simplement. C'est un récit poétique et tendre qui est aussi plein d'humanité et aborde des tas de sujets : l'amour, l'amitié intergénérationnelle , la maladie, la mort, l'absence, la solitude, les familles recomposées, l'art, le partage, le sens de la vie... J'ai adoré suivre cette rencontre improbable entre deux êtres que tout semble opposer mais qui vont finalement s'apporter beaucoup l'un à l'autre. Il y a tant de justesse, de fraîcheur et de poésie dans ces pages ! On a l'impression d'être, nous aussi, au bord de l'eau à admirer les bateaux et les vagues et on aimerait pouvoir immortaliser tout cela avec des pinceaux. C'est beau et touchant. J'ai eu en même temps le coeur serré et le sourire durant toute ma lecture et je sais que je garderai un souvenir ému de cette histoire si belle, si pure. Quelle jolie découverte !
"Lydia regarde par la porte grande ouverte, et elle voit les bateaux d'aujourd'hui là où se tenaient les bateaux d'autrefois, et elle pense à toutes les petites filles, au cours des siècles, qui se sont promenées là où elle est aujourd'hui, qui ont joué à la marelle et à courir sur ces mêmes quais, entre les marchandises qu'on déballait... Et elle voit le vieux peintre de tout à l'heure qui ramasse tout son matériel et qui s'en va, chargé comme un mulet.
Tandis que les vagues toujours et pour toujours s'entassent le long du quai..." (page 42)
***
" - A quoi ça sert de peindre ?
Il ne s'est jamais posé la question. Il peint parce qu'il aime peindre, voilà.
Il dit ça :
- Moi, ça me rend heureux, c'est tout...
-J'vois pas pourquoi... murmure-t-elle.
- Moi non plus je ne vois pas pourquoi. Mais c'est comme ça...
[...]
Puisque je suis là, puisque tu es là... autant que tu apprennes, dit Tony. Je ne sais pas à quoi ça sert, de peindre... Mais c'est pas grave, parce que cette question, ça ne m'intéresse pas. Mais si toi ça t'intéresse, eh bien, peins... et tu verras bien..." (page 67-68)