Serena Giuliano
217 pages, éditions Robert Laffont, mars 2021
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L'histoire :
Parfois, on pense trouver le soleil en août, mais c'est la lune qu'on trouve en mars.
Luna arrive à Naples contre son gré : son père est gravement malade. Rien, ici, ne lui a manqué. Ses repères, ses amies, son amour sont désormais à Milan. Alors pourquoi revenir ? Pourquoi être au chevet de son papà, au passé trouble, et avec lequel elle a coupé les ponts ?
Mais Napoli est là, sous ses yeux : ses ruelles animées et sales, ses habitants souriants et intrusifs, sa pizza fritta, délicieuse et tellement grasse, son Vésuve, beau et menaçant...
Est-il seulement possible de trouver la paix dans une ville si contrastée ? Mais si ce retour aux sources sonnait finalement l'heure de l'apaisement ?
Mon avis :
Par où commencer pour vous parler de Luna ? Luna vit à Milan et a une vie bien remplie. Elle a tiré un trait sur son passé, s'est éloignée de Naples - la ville où elle a grandi - sans se retourner, et n'a plus de contact avec son père. Pourtant, lorsque ce dernier se retrouve à l'hôpital dans un état grave, elle sait qu'elle ne peut pas le laisser seul et décide de le rejoindre malgré tout. Tout en elle semble redouter ces retrouvailles et ce retour aux sources. Elle n'a plus rien en commun avec sa famille et les napolitains en général, du moins c'est ce qu'elle pense...
Ce qui m'a plu, tout de suite, c'est l'écriture de Serena Giuliano et cet humour qui n'appartient qu'à elle que l'on retrouve avec plaisir ici. C'est drôle, vraiment drôle, rafraîchissant aussi et tellement agréable à lire ! On dévore les pages sans s'en rendre compte et on a toujours envie d'y retourner ! Je me suis laissée entraîner dans cette visite de Naples pas comme les autres et j'ai beaucoup aimé suivre Luna. On la voit débarquer la boule au ventre, impatiente de quitter cette ville de malheur, et pourtant les choses ne vont pas du tout se passer comme elle l'avait imaginé... Il y a un lien très fort entre elle et cette ville qui l'a vu naître, tout comme elle est très attachée à sa famille même si elle a passé des années à se persuader du contraire. On voit vraiment son regard changer au fil des pages. Comme si, en arrivant, tout était noir et que les couleurs revenaient peu à peu... Mêmes ses souvenirs s'éclaircissent au fur et à mesure de ces moments passés avec les siens. Et si ce retour aux sources était finalement salvateur ?
J'ai adoré les personnages secondaires : les deux Filomena, Gina, le couple de l'hôpital et les amies de Luna, toujours présentes et prêtes à lui redonner le sourire. J'ai aimé leur naturel, leur bienveillance et leur singularité. Ce sont des personnages difficiles à oublier ! J'ai adoré les proverbes napolitains et les mots en italien qui ponctuent le texte. J'ai aimé toutes les descriptions des paysages et de l'atmosphère si particulière de cette ville pleine de contrastes et de contradictions. Naples et Luna ont décidément beaucoup de choses en commun. Il y a tant de sentiments différents qui bouillonnent en elle(s) ! J'ai eu l'impression de sentir et de goûter tous les bons petits plats rencontrés au fil des pages : frittata di spaghetti, gnocchi alla sorrentina, parmigiana di melanzane, scialatielli, sfogliatella... On est vraiment transporté là-bas ! *
J'ai beaucoup aimé ce mélange d'humour et d'émotions ainsi que les sujets abordés et je n'ai pas vu le temps passer. Seul petit bémol, je trouve que l'on voit les révélations venir à des kilomètres. Je n'ai donc pas été surprise, mais cela n'a gâché en rien mon plaisir tant j'ai aimé suivre ce petit groupe et voir Luna rayonner de plus en plus. Ce séjour lui aura apporté beaucoup plus que ce qu'elle attendait et c'est une femme bien différente que l'on quitte - à regret - à la fin du livre. Une femme plus libre, plus épanouie et surtout en paix avec son passé. J'ai beaucoup aimé cette lecture lumineuse et touchante.
"Revenir ici remet tout en question. C'est plus facile d'être loin, plus simple de haïr à distance. Sur place, mes racines me rattrapent, me clouent au sol et m'obligent à regarder ce que je ne voulais plus voir. Et tout n'est pas si laid. Tout n'est pas si noir."
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Et cette merveilleuse couverture, on en parle ?
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* J'en profite pour participer au joli challenge de Bidib et Fondant et je vais me replonger dans le livre pour vous trouver un petit extrait gourmand.
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