Armel Job
297 pages, éditions Pocket, février 2018

Quatrième de couverture :
Jeudi 17 mars 2005 à 6 h 45 à Montange, au cœur des Ardennes belges. Bénédicte ouvre la porte de la maison et se met en route pour le lycée. Mais trouve dehors une douceur à laquelle elle ne s’attendait pas. Surprise, elle hésite, fait demi-tour, troque la parka trop chaude contre un blouson plus léger. Celui que l’on verra bientôt sur les avis de recherche. Car Bénédicte n’arrivera jamais jusqu’à l’arrêt de bus. Ses parents et les habitants du paisible village vivent alors des jours d’angoisse qui vont dévorer l’équilibre de ce monde où, jusqu’ici, il ne se passait rien. Entre inquiétudes, soupçons, rumeurs, reproches, mensonges et dissimulation, la disparition de Bénédicte pulvérise les apparences.
Mon avis :
En son absence nous raconte la disparition soudaine et brutale d'une adolescente et surtout les répercussions que cela va avoir sur toute une communauté. Parce qu'à Montange, il ne se passe pas grand chose. Chacun a ses petites habitudes. Les jours se suivent et se ressemblent. Les faits marquants se comptent sur les doigts de la main. Les gens se connaissent tous ou du moins pensent se connaître. Alors, lorsque Bénédicte, la fille de Marie-Louise et Mehdi, ne rentre pas, c'est tout ce petite monde bien ordonné qui se retrouve sens dessus dessous.
Très vite, les voisins se mettent à se soupçonner les uns les autres et à s'épier. De vieilles rancoeurs refont surface et la disparition de l'adolescente n'est parfois plus qu'un prétexte pour s'envoyer à la figure ce que l'on tait habituellement. Les langues se délient, de vieux secrets refont surface et la tension monte peu à peu. Le moindre comportement ou trait de caractère devient suspect. L'amour le plus pur et le plus sincère est montré du doigt. Les commères s'en donnent à coeur joie pour répandre des rumeurs et il n'en faut pas beaucoup pour que ce petite village, habituellement calme et paisible, s'enflamme et devienne un lieu de haine, de jalousie et d'amertume.
Alors que certains sont au plus bas et font tout pour découvrir la vérité sur la disparition de Bénédicte, d'autres s'émoustillent de cette agitation inattendue. Le bien et le mal se côtoient et nous laissent pantois. Les gens qui se voyaient tous les jours et se disaient bonjour se mettent à se soupçonner et à dire du mal les uns des autres. Il n'est plus possible pour eux de masquer ce qu'ils pensent vraiment. Tout saute au yeux : le racisme, la haine et les préjugés. Et puis, chacun pense détenir la vérité et y va de ses jugements à l'emporte-pièce. Cet homme, si gentil avec les enfants, n'est-il pas en fait un horrible pervers ? Cette femme terrorisée et meurtrie n'a-t-elle pas juste reçu ce qu'elle mérite
L'écriture est un peu déroutante, au début. L'auteur nous immerge complètement dans ce milieu rural et cela passe aussi par le vocabulaire utilisé et les dialogues. Une fois la surprise passée, j'ai trouvé cela logique et plaisant à lire. Ce roman est assez fascinant parce qu'il nous montre les faiblesses de l'être humain et la manière dont il réagit lorsqu'il est confronté à une situation d'urgence et de drame. Il nous montre aussi la mentalité des gens dans les milieux restreints. La manière dont chaque geste, chaque décision, chaque fait sera enregistré et décrypté et pourra nous être reproché des années plus tard et servira peut être même à nous accuser des pires horreurs. On y voit aussi la façon dont les faits divers influencent notre jugement et nous empêchent parfois de déceler le vrai du faux et le bien du mal. Glaçant !

"Les parents sont destinés à avoir du chagrin parce que les enfants doivent s'arracher à leur amour." (Page 295)
"Sa question sans doute était tombée au fond d'un gouffre [...] Son silence, peut-être, était sa réponse. Les morts n'ont pas d'autre consolation à offrir. Tout ce qui vous arrive, à vous les vivants, ce n'est que péripétie, semblent-ils dire, eux qui appartiennent au monde de l'immuable. Leur lointaine bienveillance ressemble à celle de gens qui lisent des livres, qui regardent des personnages s'agiter au fil des pages. La vie n'est qu'une fiction, c'est l'ultime vérité." (Page 249)
"