La malediccio dels Palmisano - Rafel Nadal
331 pages, éditions Terra Nova, mai 2016
L'histoire :
1918. Dans un petit village du sud de l’Italie, un bébé pousse son premier cri tandis que l’Europe sort tout juste de la guerre. Ce nouveau-né ne connaîtra jamais son père, mort au combat, tout comme vingt autres hommes de la famille. Vitantonio est donc le dernier fils d’une lignée dont les hommes semblent frappés de malédiction. Pour qu’il ne connaisse pas le même sort, le jour de sa naissance, Vitantonio est adopté par une autre famille, très aisée. Il est élevé comme le jumeau de Giovanna, née le même jour. Les deux enfants grandissent, vivent dans l’insouciance… et se rapprochent. Mais la seconde guerre mondiale éclate. La tragédie va déchirer le voile du secret des origines de Vitantonio. Le dernier fils pourra-t-il à échapper à son destin et à la malédiction des siens ?
Mon avis :
Le début de ce roman m'a totalement envoûtée. La mort tragique de toute une famille, un secret et un sacrifice destinés à sauver un enfant sur lequel plane une menace terrible ont de quoi intriguer le lecteur, mais il y a, en plus de cela, des descriptions de l'Italie à couper le souffle... tellement réalistes et bien écrites qu'on s'y croirait ! La chaleur suffocante, le parfum et la saveur des olives et des fruits et légumes gorgés de soleil, les jeux d'enfants et les récits des vieux sur la place du village, les grands repas de famille après la messe, les fêtes et le passage de la Befana, les fleurs dans le jardin de la nonna, l'insouciance et l'innocence des enfants que la guerre va venir balayer sans crier gare...
Si le récit commence tragiquement durant la première guerre mondiale, on oublie presque tout cela lorsque viennent les moments plus calmes de l'entre-deux-guerres. On ne s'attend tellement pas à ce que l'ambiance change que l'on reste sans voix lorsque l'auteur nous propulse d'une période à l'autre. C'est tellement différent qu'on a l'impression de lire un autre roman. On oublie un peu Giovanna et Vitantonio pour s'intéresser à un pays, à un peuple confronté à l'horreur de la guerre. Je dois reconnaître que j'ai eu un peu de mal à m'y faire. La première partie était tellement passionnée et passionnante, tellement ennivrante et pleine d'émotions que j'ai trouvé la seconde partie plus fade. J'avais l'impression de lire une succession de faits, un constat tragique comme un documentaire historique qui me touchait, bien sûr, mais pas autant que le début du livre. Et puis, je crois que j'attendais un peu plus de rebondissements par rapport au fameux secret.
Pourtant, j'ai fini par m'y habituer et j'ai compris pourquoi l'auteur avait fait ce choix. Avec cette construction singulière, il nous montre à quel point la guerre change les choses et les gens. Tout ce qui avait de l'importance avant n'en a plus en temps de guerre. Chacun doit faire des choix, choisir son camp, se sacrifier et accepter de perdre des proches sans avoir le temps de les pleurer car il faut se relever tout de suite et réagir au risque de subir le même sort. Tant d'injustice, tant de vies brisées, tant de destins gâchés, de passé enterré. Pourquoi ? Pour qui ?
J'ai vraiment aimé suivre cette famille, connaître ses secrets, ses conflits, ses désaccords. Je me suis attachée à Giovanna et Vitantonio ainsi qu'à leur pays, leur petit coin de paradis qu'ils chérissent tant. Je garderai en tête les désastres de la guerre, mais aussi et surtout la dolce vita italienne, cette enfance inoubliable et insouciante, cet amour infini et passionné pour la terre et la famille.
En quelques mots :
Des passages un peu longs, mais une jolie lecture très contrastée qui nous montre les désastres et les injustices provoquées par la guerre et l'insouciance perdue de la jeunesse.