Min mormor hälsar och säger förl, Fredrik Backman
428 pages, éditions Presses de la cité, avril 2015
L'histoire :
Elsa est une enfant solitaire. Sa seule amie est sa grand-mère, une femme fantasque, prête à tout pour faire rire sa petite-fille, même aux pires bêtises (entrer dans un zoo par effraction ; dire des insanités ; flirter avec des policiers) ! Moquée et persécutée à l'école, Elsa sait qu'elle trouvera toujours du réconfort auprès de Mamie, qui lui change les idées en lui racontant aussi de merveilleuses histoires. Puis, un jour, les contes s'arrêtent brutalement lorsque la vieille dame meurt. Elsa va alors faire son deuil en allant transmettre des lettres que sa grand-mère avait écrites pour de nombreux destinataires : lettres d'excuse, de regret et d'amour. Petit à petit, elle comprend que les contes de son aïeule s'inspiraient de personnages bien réels...
Mon avis :
L'an dernier, j'ai lu et adoré le premier roman de Fredrik Backman : Vieux, râleur et suicidaire ; La vie selon Ove. J'en garde un très bon souvenir et j'étais vraiment impatiente de découvrir le nouveau roman de l'auteur, et quelle bonne surprise ! Durant plusieurs jours, j'ai voyagé aux côtés d'Elsa. Elle m'a fait découvrir son univers, j'ai ri, j'ai souri, j'ai pleuré aussi... Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais certainement pas à cela. Je me sens tellement triste de quitter tous les personnages de ce roman, et en même temps, je suis si contente de les connaître !
Elsa est une petite fille de presque huit ans curieuse et très intelligente. Elle adore Harry Potter et les histoires de super-héros et de mutants. Ses parents sont séparés et elle vit avec sa maman et le nouveau compagnon de celle-ci. Ils attendent d'ailleurs un enfant mais Elsa n'est pas si impatiente que cela de voir débarquer "la moitié". Les choses ne se passent pas bien pour elle à l'école, c'est le moins que l'on puisse dire... Elle est le souffre-douleur de ses camarades et se prend des coups juste parce qu'elle n'est pas comme les autres. C'est auprès de sa mamie qu'Elsa se réfugie. Celle-ci lui raconte depuis son plus jeune âge des histoires fabuleuses et, chaque nuit, elles voyagent ensemble jusqu'au pays presqu'éveillé, un endroit incroyable dans lequel contes et légendes se mélangent. On y croise des princesses, des sorcières, des guerriers, des dragons, des ombres, des monstres, des worses et d'autres créatures fantastiques.
La grand-mère d'Elsa est complètement déjantée. Elle en fait voir de toutes les couleurs à ses voisins et aux gens qui ont la (mal)chance de croiser son chemin. Mais elle ne fait pas toutes ces choses sans raison... Quel personnage incroyable et inoubliable ! Avant de mourir, elle prépare quelque chose pour Elsa. Elle lui confie une grande mission. Remettre à des personnes qui ont marqué sa vie des lettres contenant les mots d'excuses qu'elle n'a pas su dire. C'est pour Elsa, le début d'une véritable chasse au trésor mystérieuse, dangereuse et fascinante qui va l'aider à grandir, à découvrir les personnes qui l'entourent, à faire son deuil, et qui va aussi lui permettre d'en savoir plus sur sa grand-mère car elle ignore tout de son passé.
Presque tout le roman se déroule dans l'immeuble où vit Elsa qui est aussi l'endroit où vivait sa mamie. Là-bas, les voisins se connaissent depuis longtemps, les portes sont souvent ouvertes et tout le monde se mêle un peu de la vie de tout le monde, surtout Elsa qui aime bien espionner. Il y a Britt-Marie qui est la râleuse de service. Elle est toujours irréprochable et inspecte le moindre recoin de l'immeuble car elle est très stricte et tient à ce que tout le monde respecte les règles qu'elle a elle-même imposées. Il y a Alf, un chauffeur de taxi qui jure tout le temps. Il y a Maud et Lennart, les personnes les plus gentilles du monde, toujours prêtes à faire du café et à servir des petits gâteaux maison à la personne qui viendrait frapper à leur porte. Il y a George, le compagnon de la maman d'Elsa, qui ne va nulle part sans ses barres protéinées. Il y a aussi la femme a la jupe noire qui est toujours au téléphone, il y a l'enfant au syndrome et sa maman, il y a l'alcoolique, le monstre et puis un habitant qu'on ne voit jamais. Au fil des pages, on s'amuse de leurs petites querelles, on les découvre, on apprend à les connaître et à les apprécier. Franchement, je n'avais pas du tout, mais alors pas du tout, envie de les quitter. Il y a des petites scènes toutes simples, mais tellement chaleureuses... On a l'impression d'y être, on s'y sent bien. Pourtant, au début, je les trouvais plutôt antipathiques, ces voisins, et je me disais que ça devait être pesant de vivre dans un tel endroit. Et finalement...
On se balade entre la réalité et les histoires du monde merveilleux d'Elsa et de sa mamie. Elles avaient un langage particulier, un monde bien à elle avec ses codes, ses traditions, ses légendes et ses leçons à retenir. Ces deux univers semblent totalement opposés et pourtant... Elsa va apprendre à lire entre les lignes, à découvrir les messages cachés et les secrets enfouis au fond des histoires qui la bercent depuis son plus jeune âge.
Difficile d'en dire plus, il faut lire ce livre plein de poésie et de délicatesse pour comprendre, le découvrir, le savourer. Je l'ai lu en étant dans une bulle. Ces derniers jours, je n'étais pas vraiment là, j'étais avec Elsa, avec Coeur-de-Loup, avec la worse, avec Alf et les autres, j'étais au Pays Presqu'Eveillé et j'ai déjà envie d'y retourner. Que d'émotions, de fous rires et de larmes, avec cette lecture ! Beaucoup de sujets sont abordés et Elsa est tellement attachante. Elle m'a fait rire et m'a touché et j'ai adoré toutes les fois où elle fait référence à Harry Potter, aux statuts facebook, à wikipédia et à ses lectures. Je pense que Fredrik Backman n'a pas fini de nous surprendre et de nous émouvoir. Encore une fois, c'est une vraie claque, dans le bon sens... un roman qui ne peut laisser indifférent et pour lequel j'ai un coup de coeur.
En quelques mots :
Coup de coeur pour ce roman original et plein d'émotions.
A découvrir absolument !
Quelques extraits et citations :
"Avoir une grand-mère signifie avoir une armée.
C'est le plus grand des privilèges des petits-enfants : savoir qu'ils auront quelqu'un de leur côté, toujours, quoi qu'il arrive. Même quand ils ont tort. Surtout quand ils ont tort. Une grand-mère est une épée et un bouclier. [...] Mamie sait. Mamie comprend. Mamie est le genre de personne que l'on emmène avec soi sur le champ de bataille."
"[...] les gens de cet immeuble croient que les alcooliques sont comme les monstres, qu'ils disparaissent si on prétend qu'ils n'existent pas."
"N'emmerde jamais quelqu'un qui a plus de temps libre que toi."
"Quand un horrible drame se produit dans le monde réel, les gens disent que le chagrin, l'absence et la douleur dans le coeur "diminuent avec le temps", mais c'est faux. Le chagrin et le regret sont constants, mais s'il fallait les porter le restant de nos jours, personne ne tiendrait jamais le coup. Le tristesse nous paralyserait. Alors, après quelque temps, nous l'entassons dans des sacs et cherchons un endroit où la déposer.
Voilà ce qu'est Miploris. Un royaume où les voyageurs des histoires se rendent lentement depuis les quatre points cardinaux en traînant des valises déformées par le chagrin qu'elles renferment. Un endroit où l'on peut s'en décharger et reprendre le cours de sa vie. Et quand les voyageurs se détournent, ils repartent d'un pas plus léger, car Miploris est construit de telle façon qu'on a toujours le soleil sur le visage et le vent dans le dos, peu importe la direction que l'on prend."