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litterature francophone

2013-09-11T08:50:00+02:00

Lady Hunt (Hélène Frappat)

Publié par MyaRosa

Lady Hunt

Hélène Frappat

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Catégorie(s) : Littérature francophone

Edition / Collection : Actes Sud

Date de parution : 21 août 2013

Nombre de pages : 318

Prix : 20€

 

L'histoire :

Laura Kern est hantée par un rêve, le rêve d'une maison qui l'obsède, l'attire autant qu'elle la terrifie. En plus d'envahir ses nuits, de flouter ses jours, le rêve porte une menace : se peut-il qu'il soit le premier symptôme du mal étrange et fatal qui frappa son père, l'héritage d'une malédiction familiale auquel elle n'échappera pas ? D'autres mystères corrompent bientôt le quotidien de la jeune femme, qui travaille pour une agence immobilière à Paris plus un effet secondaire qu'une carrière. Tandis qu'elle fait visiter un appartement de l'avenue des Ternes, Laura est témoin de l'inexplicable disparition d'un enfant. Dans le combat décisif qui l'oppose à l'irrationnel, Laura résiste vaillamment, avec pour armes un poème, une pierre noire, une chanson, des souvenirs... Trouvera-t-elle dans son rêve la clé de l'énigme du réel ? Sur la hantise du passé qui contamine les possibles, sur le charme des amours maudites, la morsure des liens du sang et les embuscades de la folie, Hélène Frappat trace une cartographie intime et (hyper)sensible de l'effroi et des tourments extralucides de l'âme. Des ruines du parc Monceau à la lande galloise, avec liberté et ampleur elle réinvente dans Lady Hunt le grand roman gothique anglais, et toutes les nuances du sortilège.

 

monavis

 

 Laura Kern est une jeune femme comme les autres, du moins en apparence, qui vit et travaille à Paris. Elle travaille dans une agence immobilière et tente de faire au mieux pour trouver les biens d'exceptions recherchés par ses clients. Mais Laura n'est pas une femme comme les autres. Elle fait des rêves étranges et semble hantée par une maison qu'elle n'a jamais vu. D'une mère bretonne et d'un père gallois, elle porte en elle tout le poids des traditions et des légendes transmises au fil des siècles par les peuples celtes. Elle semble étrangement habitée par des visions, des sensations et on ne sait si elles viennent du passé, du futur ou de son imagination... Les visites des maisons et des appartements la laissent souvent dans un état étrange. Elle fait des cauchemars et porte un lourd fardeau qui l'empêche d'aller de l'avant. Elle doit savoir, elle doit comprendre ce qui la ronge. On oscille sans cesse entre réalité et fantasme et entre passé et présent. La vie de Laura est perturbée par un étrange mal, une malédiction qui détruit certains membres de sa famille à petit feu...

 

Etrange roman. C'est ce que je me suis dit après avoir lu quelques pages de ce livre. Déroutant, troublant, brillant, surprenant et envoûtant, sont ceux qui me sont venus à l'esprit, par la suite. Hélène Frappat nous livre un récit très original. Ca ne ressemble à rien de ce que j'aie pu lire jusqu'à présent. Son récit est imprégné de tout ce qui fait la splendeur des plus grands romans gothiques anglais, il est porté par la brume, par les superstitions et légendes ancestrales et porte en lui quelque chose de nouveau et de moderne. J'ai beaucoup aimé ce mélange des genres, les apparitions, la brume et le sang qui surgissent là où on ne les attendait pas, le poème de Tennyson qui revient comme une triste mélopée et qui semble détenir la clé de tout et les explications logiques qui rendent le récit d'autant plus crédible et lui donnent une tout autre dimension. Il y a dans ce roman beaucoup de mystère et de suspense. On ne sait pas vraiment quoi penser de ce que Laura nous raconte. On hésite à lui faire confiance, on se perd... Malédiction ? Souvenirs ? Cauchemar ? Maladie ? Folie ? Elle sème le doute dans notre esprit et nous entraîne dans son ensorcelante danse macabre, teintée de sang et de brume.

 

 Il y a énormément de choses à dire sur ce roman. Tout d'abord, il est incroyablement bien construit. Il y a beaucoup de références, beaucoup de liens qui sont faits entre le surnaturel et la réalité qui collent parfaitement et en font un récit brillant.  C'est très bien écrit. Les mots d'Hélène Frappat se transforment au fil des pages. Parfois, les mots se font poème ou évoquent les contes de fées, et d'autres fois, on a l'impression d'entendre une vieille comptine qui semble venue de l'au-delà. On pourrait analyser des passages entiers ou bien décortiquer en intégralité des scènes de ce livre tant il y aurait de choses à dire au niveau de l'atmosphère troublante et inquiétante et des couleurs qui reviennent sans cesse : le rouge, le noir, le blanc. Le sang, les flammes, les cheveux roux, la nuit et la brume sont des personnages à part entière. Tout est dans l'atmosphère créée aussi bien par les images décrites que par les mots poétiques et oniriques. L'auteur nous fait voyager. Elle nous transporte au coeur des brumes galloises, dans les parcs parisiens désertés par les touristes, dans des appartements chargés de souvenirs, dans les villas normandes abandonnées et dans des petits villages bretons chargés d'Histoire et de traditions. 

 

 En lisant ce livre, j'ai eu l'impression d'être prisonnière du cauchemar de Laura. De vivre avec elle ses peurs, ses angoisses, et de ne pas réussir à déchiffrer le message que semblent lui adresser les esprits d'outre-tombe et les souvenirs enfouis qui ressurgissent. Il y a dans cette histoire mélancolique beaucoup de secrets, de non-dits, et de peur. Les morts, les superstitions et les ombres rongent les personnages de ce livre, les entraînant avec eux dans un tourbillon de folie, cauchemardesque et effroyable. On se met à la place de Laura, on imagine ce qu'elle doit ressentir face à cette terrible malédiction qui plane au dessus de sa tête. Sera-t-elle maudite comme d'autres avant elle, deviendra-t-elle Lady Hunt ou survivra-t-elle a ce mal qui la guette ?

 

"Mon rêve a remplacé tous les autres. Il est devenu le seul dont je me souviens. Je ferme les yeux, et bascule dans le puits noir du sommeil, du souvenir, saisie, juste avant la nuit, par un sidérant vertige. Jadis, je rêvais comme tous les dormeurs ; je dormais comme tous les rêveurs. Mes journées ressemblaient à une salle de cinéma dont le projectionniste a oublié d'éteindre les lumières. Dans cette séance coeurpermanente, les ombres aussi pâles que l'écran, sont invisibles. Le son, dissocié des faibles images, continue de se répandre dans la salle avec la régularité hypnotique d'une fontaine. Quand la nuit tombe, tout s'inverse. Les paroles retentissent en sourdine tandis que les fantômes sur l'écran prennent vie avec une sauvagerie déchirante. Telle est la nuit, ma nuit, la maison où je rêve." (p53)

 

"J'avais peur. Peur de la magie, des sorcières, des fées, des récits que les vieilles femmes, en Bretagne, chuchotent à la nuit tombée. Lorsque l'histoire est finie, il faut s'éloigner du feu et regagner son lit dans le noir. Les ombres dansent à la lueur rouge des braises. La peur est si forte qu'on voudrait mourir pour la tuer. Et puis le lendemain soir, à reculons, on revient près de l'âtre écouter ces chants de magie et d'effroi.

Tout au fond  du long corridor de l'enfance, une petite fille est assise devant une cheminée. Ma mère observe la petite fille qu'elle a été ; elle oublie qu'elle a aujourd'hui l'âge des vieilles dames qui l'effrayaient. C'est un savoir qui ne s'acquiert pas. Les vieilles femmes sont mortes, mais leurs histoires continuent de terrifier les enfants."  (p108-109)

 

"La nuit, la nuit noire, la nuit qui rend aveugle, la nuit qui rend fou, la nuit qui fait perdre les repères, qui égare sur le chemin des objets familiers, de la vie, des souvenirs."(p124)

 

 En quelques mots :

Lady Hunt est un récit surprenant et profondément troublant qui me hantera longtemps. Hélène Frappat a réussi le pari risqué de réinventer le roman gothique en bousculant les codes du genre et en ancrant le sien dans le présent, reliant fantasme et réel, mélangeant événements surnaturels et explications logiques qui sèment le doute dans notre esprit. Je suis totalement bluffée par la virtuosité avec laquelle elle a réussi à assembler tout cela pour en faire un grand roman à l'atmosphère aussi effrayante qu'envoûtante. C'est une lecture qui ne plaira pas à tout le monde, c'est certain, mais qui a su me charmer par sa force et son originalité. Une petite merveille comme on en croise rarement ! A découvrir d'urgence !


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2013-08-20T22:00:00+02:00

La Servante du Seigneur (Jean-Louis Fournier)

Publié par MyaRosa

La Servante du Seigneur

Jean-Louis Fournier

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Catégorie(s) : Littérature francophone - Roman autobiographique

Edition / Collection : Stock

Date de parution : 21 août 2013

Nombre de pages : 149

Prix : 14€

 

L'histoire :

Ma fille était belle, ma fille était intelligente, ma fille était drôle… Mais elle a rencontré Monseigneur. Il a des bottines qui brillent et des oreilles pointues comme Belzébuth. Il lui a fait rencontrer Jésus. Depuis, ma fille n’est plus la même. Elle veut être sainte. Rose comme un bonbon, bleue comme le ciel.


monavis

 

 J'ai découvert Jean-Louis Fournier il y a quelques années, et j'ai été séduite par son humour et son cynisme qui cachent en fait une grande tendresse et beaucoup d'amour. Ses écrits sont presque toujours inspirés de sa vie réelle voire entièrement autobiographiques. Dans "Où on va, Papa ?", il nous parle de ses deux fils, Mathieu et Thomas, lourdement handicapés. Il emploie des mots très durs qui ont beaucoup choqué, mais qui masquent finalement une profonde douleur et beaucoup d'amour, en dépit de tout. Dans "Veuf", son précédent roman, il aborde avec beaucoup de délicatesse la mort de Sylvie, la femme de sa vie. Dans "Il a jamais tué personne, mon papa", il nous parle de son père, médecin et alcoolique et évoque ses souvenirs d'enfance, tout comme dans "J'irai pas en enfer" qui raconte son éducation catholique. Dans ce nouveau cru, il est également question de sa vie et de la religion puisque Jean-Louis Fournier nous parle de Marie, sa fille, qu'il a eu l'impression de perdre lorsqu'elle s'est mise en couple avec un théologien qui l'a, semble-t-il éloignée de toutes les valeurs et de tout ce qu'elle aimait avant de le connaître.

 

  Plus qu'un roman, c'est en fait une lettre qu'il lui adresse. Il commence par des reproches, des mots durs et finit par nous dévoiler une profonde détresse et le vide laissé par sa fille qu'il aime profondément et dont il est tellement fier. J'ai été émue par ce témoignage et par la carapace de l'auteur que l'on voit se fissurer au fil des pages. La fin est bouleversante et je n'ai pu m'empêcher de verser quelques larmes. C'est un livre, une lettre ouverte qui aborde la complexité des relations père-fille, la douleur de la séparation, la nostalgie et le manque. 

 

En quelques mots :

Jean-Louis Fournier nous livre, une nouvelle fois, un récit autobiographique sincère et émouvant. Sous le voile du cynisme et de l'humour noir, se cachent en réalité une grande douleur et beaucoup d'amour. J'ai été touchée par ce livre et très émue par la fin de l'ouvrage.

 



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2013-07-29T04:00:00+02:00

Autobiographie d'une courgette (Gilles Paris)

Publié par MyaRosa

Autobiographie d'une courgette

Gilles Paris

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Catégorie(s) : Littérature francophone / Jeunesse

Edition / Collection : Flammarion / Etonnantiss!mes

Date de parution : avril 2013

Nombre de pages : 285

Prix : 4,90€

 

L'histoire :

Un nom de cucurbitacée en guise de sobriquet, ça n'est pas banal ! La vie même d'Icare - alias Courgette-, neuf ans, n'a rien d'ordinaire : son père est parti faire le tour du monde "avec une poule"; sa mère n'a d'yeux que pour la télévision, d'intérêt que pour les canettes de bière et d'énergie que pour les raclées qu'elle inflige à son fils. Mais Courgette surmonte ces malheurs sans se plaindre... Jusqu'au jour où, découvrant un revolver, il tue accidentellement sa mère. Le voici placé en foyer. Une tragédie ? Et si, au contraire, ce drame était la condition de rencontres et d'initiations à l'amitié, à l'amour et au bonheur tout simplement ?

 

monavis

Voici le livre que j'ai choisi pour le challenge "Livra'deux pour PAL'addict" auquel je participe avec Liyah.

 

couv47586454.jpg Initialement paru en 2002 aux éditions Plon, "Autobiographie d'une courgette" est aujourd'hui réédité dans une nouvelle version illustrée par Charles Berberian et complétée par une présentation et un dossier signés Marie-Luce Raillard dans lequel on retrouve des explication sur le roman, une interview de l'auteur et quelques petits jeux en rapport avec le texte. Onze ans après sa première parution, le roman de Gilles Paris n'a pas pris une ride ! Nous découvrons avec beaucoup d'émotions, la vie pas toujours facile d'Icare, petit garçon de neuf ans surnommé Courgette, qui vit seul avec une mère alcoolique et démissionnaire, son père étant parti avec une autre femme. Après un tragique accident, le petit garçon se retrouve placé dans un foyer d'accueil avec d'autres enfants, ce qui pourrait sembler dramatique, mais va finalement être pour Courgette une chance, l'occasion de prendre un nouveau départ dans la vie et de découvrir l'amour, l'amitié, le bonheur et la générosité.

 

"Quand j'habitais encore avec maman, j'attendais le Père Noël toute l'année. Je me disais "au cas où ça lui dirait de revenir rapport à ma liste qui s'allonge" et je posais mes chaussons près de la cheminée le matin ils étaient toujours vides et mon coeur aussi."(p81)

 

"Les gens très âgés c'est pareil que les enfants à part l'âge et les dents qu'ils retirent le soir dans un verre à eau. Ils font autant de bêtises que nous et ils mangent aussi mal. Simon dit aussi que l'âge est comme un élastique et que les enfants et les gens très âgés tirent dessus, chacun à un bout, et il finit par craquer et c'est toujours les gens âgés qui se prennent l'élastique dans la figure et après ils meurent." (p200-201)

 

"[...] Et les grandes personnes c'est pareil. C'est plein de points d'interrogation sans réponses parce que tout ça reste enfermé dans la tête sans jamais sortir par la bouche. Après, ça se lit sur les visages toutes ces questions jamais posées et c'est que du malheur ou de la tristesse. Les rides, c'est rien qu'une boîte à questions pas posées qui s'est remplie avec le temps qui s'en va."(p232)

 

 Comme toujours dans ses romans, Gilles Paris se glisse dans la peau d'un enfant avec beaucoup d'habileté. couv56986007.jpgOn a l'impression de lire les mots du petit Icare et de voir la vie à travers son regard. Ce récit commence mal et aborde des sujets délicats - la maltraitance, la mort - la violence - le mal-être -, sans pour autant tomber dans le pathos. Bien au contraire, Gilles Paris nous livre une histoire pleine d'humour, de générosité et d'espoir. J'ai adoré les personnages qui sont tous plus attachants les uns que les autres. J'ai adoré "Les Fontaines" et les belles rencontres que Courgette va y faire. Les mots sont tendres et le fait que l'histoire soit racontée par un enfant donne lieu à des quiproquos et des jeux de mots vraiment cocasses. Les enfants relèvent les petites incohérances et les paradoxes du monde et des adultes, pour notre plus grand plaisir. Il y a plein de petites phrases adorables et très justes qui parlent de la vie et de ses bizarreries avec cette insouciance et cette naïveté propres à l'enfance. J'ai pris le soin d'en noter plusieurs dans un petit carnet que j'emporte partout avec moi et je sais que je les relirai, le sourire aux lèvres, encore toute émue de ma rencontre avec Courgette, petit garçon au coeur tendre à qui la vie n'a pas souri au départ mais qui voit du positif dans toute chose. Je referme ce livre avec beaucoup d'émotions et je sais que je garderai en moi un peu de Courgette, de Camille, de Simon, d'Alice, de Béatrice, d'Ahmed, de Jujube, de Rosy, de Victor, de Raymond et de tous les autres...

 

"Les adultes, des fois, ça dit des trucs stupides à cause de la peur qui leur dévore le coeur. Ils feraient mieux d'écouter le silence. On finirait par croire que les enfants sont super débiles et qu'ils n'ont qu'une envie : se percer la gorge avec une sucette, ou se casser le cou à bicyclette, ou les jambes et les bras en descendant les escaliers, ou avaler de l'eau de javel parce que ça change du Coca. Et il faut les regarder, ces adultes, jouer aux grandes personnes et faire plus de bêtises que les enfants. C'est vrai qu'on est pas aussi sages que les images qui bougent jamais, mais bon, c'est pas les enfants qui cambriolent les maisons ou font sauter les gens avec des bombes ou tirent avec des carabines, à part moi, mais c'était juste un revolver et j'ai pas fait exprès. Eux, les méchants, c'est toujours exprès, pour faire du mal aux gens et leur voler leurs économies et c'est pas bien. Après les gens dorment sous les ponts et ils attendent d'être aspirés par le ciel pour plus avoir à se soucier de rien."(p124)

 

"A quoi ça sert d'avoir une famille si elle a pas le temps de s'occuper de vous et de vous aimer ? [...]

Des fois, les grandes personnes faudrait les secouer pour faire tomber l'enfant qui dort à l'intérieur. [...]

A quoi ça sert de raconter des histoires avec des anges qui veillent sur un enfant si on y croit pas ?" (p172)

 

En quelques mots :

Un roman tendre et plein d'humour qui parle de choses graves avec beaucoup d'optimisme et d'espoir et nous invite à voir la vie du bon côté. C'est un livre qui convient aussi bien aux adultes qu'aux enfants. Une jolie histoire sur l'enfance, l'innocence, et sur la découverte du bonheur.


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2013-05-08T09:45:00+02:00

Les Gosses (Valérie Clo)

Publié par MyaRosa

Les Gosses

de Valérie Clo

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Catégorie(s) : Littérature francophone - roman contemporain

Edition / Collection : Buchet Chastel

Date de parution : 5 avril 2013

Nombre de pages : 160

Prix : 14€

 

L'histoire :

« Je fais souvent le même rêve, enfin plutôt le même cauchemar. Mes enfants se transforment, ils ont des bras et des jambes immenses qui traversent l'appartement et sortent par les fenêtres. Ils prennent de plus en plus d'espace. Je suis obligée d'enlever toutes les portes. Je les regarde se développer ainsi, impuissante, et j'ai peur qu'ils m'écrasent. »

La narratrice a la quarantaine, l'âge de certains questionnements. Elle est divorcée. Trois enfants chez elle. Deux ados et une fille plus petite. Tous les trois ne ménagent pas leur mère qu'ils trouvent d'une époque révolue.
Les gosses est un roman drôle. Valérie Clo raconte la vie quotidienne d'une mère dépassée et tourne en dérision des relations qui ne sont pas toujours simples. Avec légèreté, elle égrène situations désopilantes, moments de crise et fous rires. Un « joyeux bordel » dans lequel bon nombre de parents (et d'ados) se reconnaîtront.

 

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"Finalement les enfants ne sont-ils pas toujours de passage ? Ils nous font croire qu'ils occupent notre vie alors qu'ils ne font que la traverser. Gare à ceux qui se sont laissé bercer par l'idée que  leurs enfants leur appartenaient et qu'ils rempliraient pour toujours leur existence. Le réveil risque d'être brutal."

 

 C'est avec son précédent roman "Plein soleil" paru en 2011 chez le même éditeur, que j'ai découvert Valérie Clo. J'ai eu un véritable coup de coeur pour son roman qui m'a bouleversé, autant par le sujet traité que par ses mots plein d'émotions et de douleur. Il m'arrive souvent d'en relire des passages notés soigneusement dans un carnet lors de ma lecture et ça m'émeut toujours autant. C'est donc avec plaisir mais aussi beaucoup d'attentes que je me suis plongée dans son nouveau roman au thème si différent, et je ne suis pas du tout déçue, bien au contraire.

 

coeur.gif Valérie Clo m'a surpris, une fois encore, avec ce roman tendre, drôle et pleinement d'actualité. Je pense que beaucoup de femmes d'aujourd'hui peuvent s'identifier à la narratrice de cette histoire. C'est une femme d'une quarantaine d'années, divorcée et qui vit seule avec ses trois enfants. Après avoir râté son bac, son fils va de petits boulots en petits boulots mais moins il en fait, mieux il se porte. Il se lance à corps perdu dans chaque nouvelle histoire d'amour et n'a pas d'autre ambition que de passer ses journées allongé, à vider le frigo en attendant la prochaine femme de sa vie. Sa fille aînée, belle et cruelle, ne cesse de lui renvoyer son âge à la figure. Elle peut être gentille et serviable - surtout quand elle a besoin de quelque chose - et impitoyable la minute d'après. La plus jeune est plutôt branchée écologie, protection de l'environnement et des animaux, et ne cesse de faire culpabiliser toute la famille. Mais ce n'est pas tout, il y a également la mère de la narratrice qui trouve que c'est du gâchis que sa fille se laisser aller au lieu de courir les hommes. N'a t-elle pas remarqué le nouveau voisin, si charmant ? Sans oublier l'ex-mari qui s'est installé depuis un moment avec une petite jeune mais qui ne cesse de vouloir revenir au sein du cocon familial et n'imagine pas un seul instant que son ex-femme puisse ne pas vouloir de lui.

 

 C'est drôle, rafraîchissant et décapant ! On va de situations cocasses en anecdotes hilarantes, en passant par de véritables crises familiales. Valérie Clo dresse le portrait d'une famille d'aujourd'hui avec ses bons et ses mauvais côtés. La narratrice est une femme moderne qui fait de son mieux. Passée la quarantaine, elle réalise qu'elle a un peu laissé de côté sa vie de femme pour se consacrer à sa famille. Elle n'a pas vu le temps passer et rêve parfois d'une autre vie. Cette famille fictive est plus vraie que nature et on s'amuse beaucoup de ce "joyeux bordel". J'ai ri, j'ai été émue et je ressors de cette lecture avec le sourire aux lèvres, charmée par les mots de Valérie Clo et triste de laisser cette famille tellement attachante. Un très joli roman que je vous conseille fortement.

 

"Ca y est, ma vieille, là t'es cuite, tu te mets à divaguer, à angoisser sur le temps qui passe et que tu ne pourras plus rattraper. Tu commences à voir les choses autrement. Tu ne voulais pas croire que ça arrive si vite. C'est venu doucement, à pas de velours, sans que tu t'en aperçoives. Trop occupée à te consacrer à ton mari, à tes enfants, à ton travail. Mais l'horloge, elle, elle s'en fout, elle tourne, elle n'attend pas. Elle est silencieuse pendant des années, presque invisible et, un jour, tu ne sais pas pourquoi, elle se met à sonner. Fort. T'entends plus qu'elle. Elle devient obsédante. Il est urgent de se réveiller avant que ce soit la fin des haricots. Tu commences alors à voir et à entendre des choses que tu ne voyais pas et n'entendais pas avant. Le tout accompagné d'une baisse d'hormones et d'énergie. Tu commences à vieillir."

 

"Parfois, dans la nuit, je me réveille en sursaut, et je me dis, c'est pas possible, j'ai déjà quarante-deux ans. Non mais qu'est ce que j'ai foutu depuis vingt ans ? C'est passé tellement vite, j'ai l'impression de n'avoir rien fait d'extraordinaire. Il y a urgence à profiter de la vie et à flirter avec l'exceptionnel. Ce n'est pas quand j'aurai l'âge de ma mère que je pourrai le faire. Maintenant quand je passe une soirée à regarder la télé, lovée dans mon canapé, j'ai l'impression d'un énorme gâchis. Chaque minute que je perds à ne rien faire me fout le moral à zéro. J'éprouve le même sentiment dans les soirées où les gens m'ennuient ou pire encore, si je constate qu'eux aussi sont dans le même état que moi, qu'ils essaient d'oublier le temps qui passe, en se saoulant de paroles ou d'alcool. Je préfère encore regarder la télé."

 


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2013-05-03T09:49:00+02:00

La Fille du déménageur (Caroline Vermalle)

Publié par MyaRosa

La Fille du déménageur

de Caroline Vermalle

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Catégorie(s) : Littérature contemporaine francophone - Nouvelles

Edition / Collection : Black Moon / Nouvelle

Date de parution : 2 mai 2013

Nombre de pages : 63

Prix : 5,90€

 

L'histoire :

Est-ce que c'est toujours compliqué, l'adolescence ?

Est-ce que c'est toujours maladroit, un papa ?

 

Vincent, déménageur divorcé, est une montagne de muscles dotée d'un mental de roc. Mais lorsque son ex-femme lui annonce que leur fille unique de seize ans a tenté de se suicider, le colosse s'effondre. Puis se relève, avec une idée fixe : montrer à sa fille que la vie vaut le coup d'être vécue. Mais comment ?

 

monavis


"[...] on ne gagne pas contre le temps. Lui aussi ne fait que passer, mais il ne part jamais sans nous."

 

"- Tu parles qu'ils s'en foutent, les trains, du temps qu'il fait, dit Louis avec amertume. Ils partent, ils s'occupent pas du reste. Que t'aies la nausée, qu'il pleuve, que ta mère chiale sur le quai, ils partent, c'est tout."

 

 Les éditions Hachette Jeunesse / Black Moon proposent désormais de découvrir des nouvelles inédites ou issues de recueils déjà parus dans une nouvelle collection en grand format. Je trouve que c'est une excellente idée, notamment pour les adolescents qui lisent peu. Cela permet de leur faire découvrir d'autres genres et d'autres univers sans qu'ils soient effrayés par le nombre de pages. Les deux nouvelles de ce recueil - "La Fille du déménageur" et "Le Dernier tour" - sont issues du recueil Nouvelles contemporaines paru en 2012.

 

"- Quand tu y arriveras dans ton port à l'autre bout de la traversée. Quand tu la verras, cette ville où tu reconnaîtras ni les rues, ni les arbres, ni le cri des piafs, ni les caresses des dames, ni ce qu'on te dit et ni ce qu'on te dit pas. Quand tu te sentiras tout petit devant des grandes choses qui te remplissent le coeur et quand tu pleureras de ne pas être né poète pour pouvoir trouver les mots qu'elles méritent, alors tu penseras à nous autres ici."

 

 J'ai été touchée par les deux nouvelles de ce recueil qui parlent des relations père-enfant. La première nous fait découvrir un père costaud que rien ne semble jamais dérouter, et pourtant, ce père si fort est confronté à un terrible drame : la tentative de suicide de sa fille de seize ans. Totalement dérouté par cet événement terrible et inattendu, cet homme va se découvrir une sensibilité que lui même ne soupçonnait pas et apprendre en très peu de temps à devenir père. Il va tout faire pour que sa fille retrouve le sourire et reprenne goût à la vie. En ce qui concerne la deuxième nouvelle, je ne préfère pas trop en dire car elle est très courte et ce serait vraiment dommage de vous en dévoiler le contenu. Ce que je peux vous dire, c'est que ces deux nouvelles m'ont émue. J'ai été touchée par ce père un peu maladroit qui ne sait pas comment s'y prendre pour faire plaisir à sa fille et qui se rend compte qu'il ne sait finalement pas grand chose d'elle. C'est une nouvelle pleine d'amour et d'optimisme que l'on termine avec le sourire aux lèvres. La seconde nouvelle bien que très courte m'a serrée le coeur. Les personnages de l'histoire sont touchants, la fin est surprenante et on retrouve dans les mots de l'auteur beaucoup de sensibilité et d'émotions. Caroline Vermalle a une écriture très agréable et fait passer, en très peu de pages et avec beaucoup de pudeur, un tas d'émotions. Je lirai volontiers ses autres écrits.

 

"Il s'allongea sur son canapé. Il regarda le ciel tout noir qui s'invitait chez lui. Aucune étoile. Ca tombait bien, il ne voulait pas les voir. Il avait raconté à Cindy, alors enfant, que c'est là qu'étaient partis son cochon d'Inde et papy Roger et Mamie Micheline. C'était de sa faute si les étoiles avaient appelé sa fille. Le ciel a l'air simple et si beau, on ne devrait pas tenter les enfants. Vincent sentit à nouveau la chaleur des larmes brûler ses yeux. Saloperies d'étoiles."

 

"[...] une maison heureuse c'était une équation magique, une combinaison subtile et pourtant ordinaire qui composait avec la beauté des choses, l'humour, l'amour, la nostalgie des choses, un trait de désordre, la patine du temps qu'on ne voit pas passer. Comme chez les gens, dans un groupe un peu triste il suffit d'ajouter une personne et tout d'un coup il y a de l'énergie partout. Peut-être bien que chez les objets c'était pareil. Qui sait."


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2013-04-18T02:52:00+02:00

Tout passe (Bernard Comment)

Publié par MyaRosa

Tout passe

de Bernard Comment

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Catégorie(s) : Littérature contemporaine francophone / recueil de nouvelles

Edition / Collection : Points

Date de parution : octobre 2012

Nombre de pages : 114

Prix : 5,70€

 

Présentation de l'éditeur :

Une vieille dame qui s'apprête à partir avec ses secrets, dans le calme d'une piscine. Un fils qui s'interroge sur un père qu'il n'a pas connu ou presque. Un veuf qui enterre méthodiquement sa richesse. Les conséquences d'une fausse annonce. Un lecteur dans une bibliothèque numérique, par temps de panne électrique. Dans chacun des neuf récits qui composent ce livre, des bribes de passé se dévoilent, et une interrogation se pose, sur le futur et ce qu'il convient de lui transmettre ou non.

Que retient-on d'une vie ? De sa propre vie ? Qu'en restera-t-il ? Quelles traces laisser ? Comment infléchir le destin ? Dans un monde qui change, où la continuité est peut-être une illusion qui fait naufrage, les personnages inventés par l'auteur essaient de faire le point (comme on dit aussi d'une caméra). Pas forcément pour y voir clair. Mais pour garder les yeux ouverts, avant la nuit, et dans la nuit.

monavis

 

 La nouvelle est un genre particulier et assez complexe qui, je le sais, ne fait pas l'unanimité, mais personnellement, j'adore ! J'aime les nouvelles à chutes, les petites tranches de vie, les mots qui vous bousculent, les histoires qui vous marquent alors qu'elles ne font que quelques pages voire parfois juste un ou deux paragraphes. J'aime découvrir l'écriture d'un auteur par le biais de cette manière si particulière d'écrire et de raconter des histoires. C'est donc avec grand plaisir que je me suis inscrite pour ce partenariat proposé par Livraddict et les éditions Points (merci à eux), et c'est avec impatience que je me suis plongée dans ce recueil. Malheureusement, je ressors de cette lecture plutôt déçue. L'écriture de l'auteur bien qu'un peu répétitive et souvent trop descriptive m'a plu. Je n'ai rien contre les longues phrases et c'est tant mieux car il y en a beaucoup dans ce recueil. Ce qui m'a moins charmé, en revanche, ce sont les nouvelles en elles-mêmes. Même s'il s'agit de petites tranches de vie, je suis toujours restée sur ma faim. Il m'a manqué quelque chose. Je n'ai pas réussi à ressentir beaucoup d'empathie pour les personnages et leurs histoires ne m'ont pas vraiment touchées. Je suis restée en retrait tout au long de ma lecture et je n'ai pas été émue alors que pourtant les personnages de ce recueil sont tous torturés et hantés par leur passé, sujet qui en général me touche beaucoup.

 

 Ce recueil parle de la vie, du temps qui passe, des souvenirs, des regrets. Tout est assez mélancolique, méditatif et froid. Ce n'est pas du tout ce qui m'a dérangé car c'est souvent ce que j'apprécie le plus dans les nouvelles, mais j'ai été totalement insensible à tout cela. Je ne sais pas si c'est parce que je l'ai lu au mauvais moment ou si vraiment ce livre n'était pas pour moi, mais je sais déjà que je garderai de ce livre très peu de souvenirs. Je n'ai pas détesté mais je n'ai rien ressenti. J'ai lu chaque nouvelle sans être vraiment dedans, sans me sentir concernée, sans être surprise ou étonnée de toutes ces histoires et de la façon dont elles se terminent. Il m'a vraiment manqué beaucoup de choses pour que je puisse apprécier cette lecture. J'aurais aimé ressentir plus d'émotions, plus d'empathie et être un tant soit peu surprise, que ce soit en bien ou en mal d'ailleurs... C'est une lecture qui m'a laissé totalement indifférente et qui ne me marquera pas. D'ailleurs tout s'en va déjà...


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2013-03-21T13:44:00+01:00

Méfiez-vous des enfants sages (Cécile Coulon)

Publié par MyaRosa

Méfiez-vous des enfants sages

de Cécile Coulon

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Catégorie(s) : Littérature contemporaine francophone

Edition / Collection : Points

Date de parution : 7 février 2013

Nombre de pages : 120

Prix : 5,20€

 

L'histoire :

Elle s'appelle Lua et elle déteste le chocolat noir. Enfant, elle passait tout son temps avec Eddy, le vieux rocker marginal d'en face. Dans cette petite ville tranquille du Sud des Etats-Unis, il était son seul soutien. Et puis la vie a tout gâché. Lua a grandi, elle ne croit plus en Dieu. Ses parents n'ont rien compris, rien vu. Mais cela les intéresse-t-il vraiment ? Lua ne sera plus une enfant sage.

 

monavis

 

 Les éditions Points ont eu la merveilleuse idée de mettre les jeunes à l'honneur en faisant paraître simultanément, le 7 février 2013, sept romans (inédits ou réédités) qui leur donnent la parole. sept romans pour parler du quotidien, de la drogue, de l'alcool, de la sexualité et de l'apprantissage de la vie. Qu'ils soient délurés ou innocents, sages ou révoltés, les personnages de ces romans n'ont pas dit leur dernier mot. Vous pouvez découvrir dès à présent en librairie "Méfiez-vous des enfants sages" de Cécile Coulon, "Pommes" de Richard Milward, "Trainspotting" (nouvelle traduction) de Irvine Welsh, "Les Sopranos" et sa suite "Les Etoiles dans le ciel radieux" de Alan Warner, "Cheese Monkeys" de Chip Kidd et "Précious" de Sapphire. Amitié, révolte, drogue, trash, violence, et art sont au programme !

 

mefiez-vous-des-enfants-sages.png Pour ma part, cette thématique m'intéresse grandement et j'ai décidé de commencer ma découverte par le roman de Cécile Coulon, une jeune auteure que je ne connaissais pas. Ce qui m'a interpellé, c'est d'abord ce titre "Méfiez vous des enfants sages" ainsi que ce synopsis pour le moins intrigant. L'écriture de Cécile Coulon m'a agréablement surprise. Je ne pensais pas qu'on pouvait écrire si bien et avec autant de maturité, en étant si jeune. Elle a un style bien à elle et porte un regard détaché et en même temps très juste sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Le début du roman est assez déstabilisant car l'auteure nous raconte des bribes du quotidien de plusieurs personnages et on ne voit pas trop où elle veut nous emmener. Néanmoins, son écriture est tellement poignante qu'on reste scotché devant ses descriptions et les petites tranches de vie qu'elle nous raconte et qui vont prendre tout leur sens dans la suite du roman. Si Lua est au coeur de l'histoire, elle n'est pas le seul personnage mis en avant. D'autres passent, comme elle, de l'innocence de l'enfance à l'âge ingrat pour finir par devenir des êtres désabusés. Lua, petite fille sage et intelligente apprend un peu trop tôt ce qu'est vraiment la vie et perd de façon brutale ses rêves et ses espoirs. Elle n'a de cesse ensuite que de se raccrocher à des héros marginaux, des êtres qui ne croient plus en rien et qui n'attendent plus rien de la vie. Elle perd en même temps, sa foi et son innocence.

 

  D'abord extérieur à l'histoire, le lecteur se rapproche de Lua et découvre la vie avec ses yeux. Autour d'elle, les personnages sont comme absents : son père est obsédé par son travail et ses recherches que Lua a en horreur et sa mère semble vivre dans le passé et dans ses songes. Aucun d'eux ne constate les changements qui s'opère en Lua, son araignée au plafond qui tisse sa toile petit à petit et lui fait perdre son innocence et sa joie de vivre. Ce n'est pas l'intrigue qui est mise en avant, mais plutôt l'état d'esprit de Lua, ses émotions, son ressenti, sa façon de voir le monde qui l'entoure. C'est un roman très fort sur la perte de l'innocence et le passage à l'âge adulte, porté par une écriture plaisante et poignante, troublante de maturité et de justesse. J'ai beaucoup aimé et je compte bien lire les autres romans de Cécile Coulon, car oui, malgré ses 22 ans, elle a déjà plusieurs ouvrages à son actif !  Comment peut-on écrire si bien en étant si jeune ? Je suis jalouse ! :D

 


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2013-01-31T09:49:00+01:00

J'attends (Capucine Ruat)

Publié par MyaRosa

J'attends

de Capucine Ruat

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Catégorie(s) : Littérature contemporaine francophone

Edition / Collection : Le Livre de Poche

Date de parution : 14 novembre 2012

Nombre de pages : 121

Prix : 5,10€

 

L'histoire :

"Il y a beaucoup d'enfants qui ne naissent jamais, et des adultes qu'on n'a pas mis au monde. La mort a fermé les yeux des disparus et ouvert ceux des survivants, tous deux sont à présent parfaitement lucides. J'aimerais l'être moins. J'aimerais te consoler de naître dans cette famille-là. J'aimerais t'inventer un monde qui n'existe pas. J'aimerais être moins seule avec mes questions. De mon histoire j'ignore parfois ce qu'il y a à comprendre, mais je sais qu'il faut m'en débarrasser avant même de connaître ton visage, ton odeur et ta peau, ton premier cri. Pour ne pas te déranger trop tôt, pour conjurer les absences, les silences et la déraison qui rongent nos vies. Ce sont des histoires anciennes qui nous engloutissent pourtant et qui t'engloutiront sinon. Je préfère que tu naisses sans mensonge. La seule vérité c'est que j'attends. "

C. R.

 

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 J'attends, c'est d'abord l'histoire d'Angèle, 35 ans, qui se croyait incapable de devenir mère et qui regarde pourtant son ventre s'arrondir. On la rencontre dans la salle d'attente d'un cabinet médical, elle regarde les autres femmes enceintes, plus à l'aise, plus maternelles et raconte à son futur enfant, le prince Eric, l'histoire de leur famille. Une histoire qui est loin d'être rose puisqu'elle est marquée par le désamour et le manque qui hantent comme une malédiction plusieurs générations de femmes et d'hommes de la famille. C'est un roman qui pose de multiples questions. L'amour d'une mère est-il inconditionnel et obligatoire ? Aime t-on forcément l'enfant que l'on porte en soi ? Peut-on aimer ses enfants quand on n'a pas été aimé par ses parents ?

 

 Les hommes sont quasiment absents de ce roman. On sent leurs ombres planer au fil des pages, mais "J'attends" c'est surtout une histoire de femmes sur trois générations. Trois générations d'attentes, d'espoirs et de déceptions. Des relations mère-fille compliquées, des enfances perdues, gâchées par le manque d'amour et des femmes qui peinent à se construire. Angèle évoque, pour son fils, ses rêves, ses espoirs et ses souvenirs afin qu'il comprenne d'où il vient. Peu à peu, les pièces du puzzle s'emboîtent et l'on comprend mieux l'histoire de chacun. La maternité, la féminité, les liens du sang, les secrets de famille et la mort sont abordés avec une grande finesse et beaucoup de sensibilité. J'ai été touchée par ce livre, par tous ces enfants qui ont manqué d'amour, qui n'ont pas eu ce dont ils avaient besoin pour grandir et se construire et qui se sont rendu compte en grandissant, parfois même en devenant parents à leur tour, de ce qui leur a manqué : un peu de tendresse, des mots gentils, une main sur le front pour atténuer la fièvre ou juste un peu d'attention. Merci à Stéphanie pour cette jolie découverte.


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2012-12-13T09:15:00+01:00

Se retenir aux brindilles (Sébastien Fritsch)

Publié par MyaRosa

Se retenir aux brindilles

de Sébastien Fritsch

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Catégorie(s) : Littérature francophone

Edition / Collection : Fin mars début avril

Date de parution : 6 novembre 2012

Nombre de pages : 327

Prix : 18€

 

L'histoire : Inséparables, Ariane, Tristan et Matthias ont passé leur enfance à jouer avec leurs peurs. Au milieu des étangs de la Dombes ou dans les pièces vides d’un château oublié, ils cherchaient l’émotion, l’interdit, le danger.

Trente ans plus tard, les frayeurs d’Ariane n’ont plus cette saveur plaisante de l’imaginaire : c’est un homme bien réel – un homme qu’elle a aimé – qu’elle fuit maintenant.

Car si les enfants font de la peur un jeu, les adultes, eux, savent en faire une arme.

 

monavis

 

 J'ai découvert Sébastien Fritsch avec son précédent roman que j'avais adoré et que je vous conseille fortement : "Invitation pour la petite fille qui parle au vent". Quand l'auteur m'a proposé de découvrir son nouveau roman, j'étais vraiment impatiente de retrouver son écriture et de découvrir cette histoire à la présentation si mystérieuse... Et je peux vous dire que je ne suis pas déçue, loin de là. J'ai passé un merveilleux moment de lecture et je vous recommande chaudement ce très beau roman.

 

 C'est Ariane que nous suivons durant toute cette histoire. Une femme de trente-six ans, mariée, deux enfants, en fuite dans le village de son enfance. Les chapitres alternent le présent et le passé. Nous plongeons avec elle dans ses souvenirs d'enfance, nous découvrons les histoires et les jeux qui les amusaient, elle, Tristan et Matthias mais aussi les peurs qui sont restées ancrées en elle si longtemps après... Je me suis attachée à elle, j'ai frémi avec elle, j'ai adoré suivre les traces de son passé, j'ai souri et j'ai tremblé à l'évocation de ces jeux d'enfants si innocents et si terribles à la fois. J'ai été émue par les personnages qu'elle retrouve, notamment Marthe, et révoltée de découvrir peu à peu des vérités que je n'avais même pas soupçonné. On comprend vite que ce retour aux racines est nécessaire à Ariane pour pouvoir enfin aller de l'avant, exorciser ses peurs et ses regrets et avancer dans la vie.

 

 Quelle lecture ! Sébastien Fritsch nous entraîne dans un road trip en plein coeur du passé de son héroïne et c'est un voyage dont on ne sort pas indemne. On veut à tout prix savoir, comprendre tous les secrets de cette histoire et aider Ariane à s'en sortir. J'ai été bouleversée par ce récit et bluffée par le talent de l'auteur, aussi bien par son écriture soignée et toujours agréable que par sa façon d'aborder l'innocence et les peurs enfantines mais aussi la psychologie féminine. Il a un talent indéniable qui se confirme avec ce nouveau roman qui m'a passionné d'un bout à l'autre. Je ressors un peu sonnée mais avec le sourire de ce tourbillon d'émotions qui ne m'a pas quitté. Il n'y a rien à changer dans ce roman, c'est une perle rare. Je pense que les souvenirs d'Ariane vont me hanter encore longtemps... Merci Monsieur Fritsch pour cette belle lecture.

 

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"[...] on est tous comme ça, nous les humains : à dix ans, on vit dans le rêve, à vingt, dans l'illusion, à trente, dans les projets et à quarante, dans les regrets. Et à chaque fois, on oublie simplement de vivre la réalité."

 

"[...] on se laisse impressionner par les montagnes que la vie nous oblige à gravir, mais si l'on se contentait de s'intéresser uniquement à la petite pierre posée au sol devant nous, on se rendrait compte, en posant le pied dessus, qu'on est déjà lancé dans l'ascension."

 

D'autres avis chez C'era una volta, Stéphanie-plaisir de lire et sur le blog de l'auteur . Plus d'infos sur la page facebook du roman.



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2012-12-03T11:05:00+01:00

Six Feet Under, Nos vies sans destin

Publié par MyaRosa

Six Feet Under : Nos vies sans destin

de Tristan Garcia

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Catégorie(s) : Essai - Analyse

Edition / Collection : Presses universitaires de France

Date de parution : 5 septembre 2012

Nombre de pages : 168

Prix : 12€

 

Présentation de l'éditeur : Six Feet Under est l’équivalent des grands romans français, russes ou allemands de la fin du XIXe siècle. Elle nous dévoile des vies sans destin, qui sont aussi les nôtres. Autour de la famille Fisher, gérante d’une entreprise de pompes funèbres, cette série suit le parcours d’une poignée de personnages dont la mort est le métier. Une dizaine d’individus de la classe moyenne américaine s’aiment, travaillent, et tous cherchent à tâtons un sens dans un monde qui les laisse libres de croire, ou non, à un Salut.
Mêlant des réflexions toujours nuancées sur la sexualité, les genres, la famille, la religion, la politique ou la psychologie, la série d’Alan Ball laisse se refléter nos incertitudes actuelles dans le miroir de la mort afin de dresser le portrait de notre humanité. Œuvre discrète, mais qui a bénéficié d’un succès critique considérable, elle est devenue la matrice d’un nouveau réalisme empathique.

 

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 Je suis peu habituée aux essais et aux analyses, j'ai plutôt l'habitude de lire des romans, pourtant, quand j'ai découvert celui-ci, il a attisé ma curiosité. J'aime beaucoup la série Six Feet Under et il y a tellement de choses à en dire que ça me semblait être un sujet passionnant. J'ai bien fait de tenter l'expérience car j'ai lu cet ouvrage d'une traite et j'ai beaucoup aimé. Il m'a donné envie de regarder, une nouvelle fois, toutes les saisons de la série en étant plus attentive à tous les petits détails que je n'avais pas remarqué. L'analyse est complète, bien construite et très intéressante. J'avais peur que ce ne soit trop pointilleux et un peu barbant, un ouvrage réservé aux érudits avec des termes compliqués et un style inutilement pompeux mais j'ai très vite été rassurée. Ce livre se lit tout seul, il est accessible, clair et concis ce qui ne veut pas dire pour autant que l'analyse n'est pas fine et juste. L'auteur a choisi de nous parler des thèmes importants liés à la série : la famille, l'amour, le sexe, l'art, la mort, le sens de la vie. Pour se faire, il analyse quelques épisodes importants, décrypte le générique et nous parle de l'évolution des personnages dans l'ensemble des saisons.

 

 Six Feet Under est une série fascinante qui, à travers le quotidien d'une famille, aborde des thèmes universels qui nous parlent à tous. Les personnages se cherchent, se construisent, se font du mal, font des erreurs et rebondissent. Six Feet Under n'est une série ni joyeuse ni larmoyante, c'est une série réaliste qui s'inspire de nos vies. L'analyse sociologique de cette oeuvre est pertinente et passionnante. Que vous soyez déjà adeptes de la série ou juste curieux, je vous conseille fortement cet ouvrage très intéressant qui complète à merveille la découverte des cinq saisons de Six Feet Under et notre ressenti personnel. Une réussite ! Je remercie Babelio et les éditions Presses Universitaires de France pour cette belle découverte.

 

 


 

 

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2012-10-20T12:08:00+02:00

Le Premier oublié (Cyril Massarotto)

Publié par MyaRosa

Le Premier oublié

de Cyril Massarotto

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Catégorie(s) : Littérature contemporaine francophone

Edition / Collection : XO éditions

Date de parution : 13 septembre 2012

Nombre de pages : 235

Prix : 17,90€

 

Présentation de l'éditeur : Le cinquième roman de Cyril Massarotto, tout en pudeur, nous emporte avec humour et délicatesse aux frontières de la mémoire, des souvenirs et de l'amour filial.

Depuis quelques mois déjà, Madeleine oublie. Oh, des petites choses, rien de bien inquiétant. Jusqu'au jour où elle s' aperçoit qu'elle a oublié le nom de son mari. C'est Thomas, son fils, qui lui apprend que son époux est mort, il y a près d' un an.
Le diagnostic tombe : sa mère est atteinte d'Alzheimer.

Entre tendresse et amertume, Le Premier Oublié est un roman à deux voix, celles d une mère et de son fils, confrontés à l'implacable avancée de la terrible maladie.

 

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 Depuis quelques années, j'entends beaucoup parler de Cyril Massarotto, et j'avais bien envie de découvrir l'un de ses romans. Je n'avais jamais entendu parler de celui-ci, alors je me suis dit que ce serait bien de partir vers l'inconnu, sans a priori et puis le sujet me touche particulièrement : la famille, la maladie. Je ne connais personne atteint de la maladie d'Alzheimer, mais j'ai lu beaucoup de choses dessus, vu quelques films, et c'est une maladie qui me fait horriblement peur. Cyril Massarotto m'a transporté au coeur de cette famille et a su, avec talent et pudeur, me faire passer du rire aux larmes en une fraction de seconde. Je n'oublierai pas cette lecture, c'est certain.

 

 Tout commence lorsque Madeleine, la soixantaine, sort d'un centre commercial et ne se souvient plus où elle a garé sa voiture. Ca nous est déjà tous arrivé au moins une fois. Je me trompe ? Sauf que là, Madeleine se rend vite compte qu'elle ne sait pas du tout quel genre de voiture elle doit chercher : une petite voiture rouge ou une grosse bleue ? Très rapidement, le verdict tombe, Madeleine est atteinte de la maladie d'Alzheimer et on assiste, impuissant, à l'avancée de la maladie mois après mois, année après année.

 

 La construction du roman est intéressante et bien choisie. On alterne le point de vue de Madeleine et celui de Thomas, son fils, le "premier oublié", à des périodes différentes. On comprend ainsi mieux le ressenti de chacun et ce qui se passe vraiment dans la tête de Madeleine. C'est effrayant et en même temps criant de vérité. Les personnages m'ont vraiment brisé le coeur. On ressent la douleur de chacun avec beaucoup d'intensité. J'ai beaucoup pleuré durant la lecture de ce roman écrit comme un témoignage, et en même temps, l'auteur arrive à nous faire rire très souvent. Ce n'est pas un récit larmoyant conçu pour faire pleurer dans les chaumières, mais un livre sincère et authentique qui vous prend aux tripes, vous bouleverse et vous fait vivre un tourbillon d'émotions. On ne peut pas y être insensible et on ressort de cette lecture le coeur serré. Madeleine et Thomas m'ont beaucoup ému, chacun à leur manière. C'est une histoire terrible, dramatique et en même temps pleine d'amour et de tendresse. J'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture de Cyril Massarotto et je lirai, à coup sûr, ses autres romans.

 

Merci à Livraddict et aux éditions XO pour ce partenariat.

 

D'autres avis chez : Cajou, Julianany,...


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2012-09-04T08:50:00+02:00

L'école 100% humour (Christophe Besse)

Publié par MyaRosa

L'école 100% humour

de Christophe Besse

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Catégorie(s) : Livre de dessins - Humour

Edition / Collection : Le Cherche midi éditeur

Date de parution : 30 août 2012

Nombre de pages : 143

Prix : 14,90€

 

Présentation de l'éditeur : Enfin un livre de dessins d'humour uniquement inspiré par l'école, une irrésistible galerie de portraits de profs et d'instits aux prises avec l'administration, les gamins rebelles et les parents déboussolés ! Fort d'une trentaine d'années d'expérience en littérature jeunesse, Christophe Besse est un observateur privilégié de l'univers enseignant et des cours de récré. La cantine, la visite au musée, le spectacle de fin d'année, le café dans la salle des maîtres, la chorale, la piscine, la classe transplantée... c'est comme si vous y étiez ! Si vous êtes prof, vous rirez de ce qui se passe dans les classes de vos collègues. Si vous êtes élève, vous pourrez faire partager à votre famille vos journées palpitantes passées à l'école. Enfin, si vous êtes parent, vous tenez en main le guide pratique universel pour apprendre à communiquer avec l'instit de votre enfant.

 

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 En ce jour de rentrée des classes, j'avais envie de vous parler de ce livre que j'ai découvert il y a quelques jours. Il s'agit d'un livre illustré mettant en scène de nombreuses situations propres à l'école et toute une galerie de portraits crédibles et amusants dans lesquels profs, instits, élèves et parents d'élèves sont à l'honneur. Bienvenue à l'école ! Christophe Besse vous propose un petit tour dans la salle des profs, une visite dans les coulisses du spectacle de fin d'année ou encore une sortie organisée avec ses bons et surtout ses mauvais côtés.

 

 J'ai trouvé les illustrations de Christophe Besse très réussies et les situations sont drôles et tellement crédibles ! Pour avoir travaillé dans plusieurs écoles, je trouve que c'est souvent proche de la réalité même si c'est quand même parfois tiré à l'extrême. Comme vous pouvez le constater sur la couverture, il est aussi question des nouvelles technologies et des répercussions qu'elles peuvent avoir sur la classe. On parle aussi des dernières réformes, des lubies écolos, des classes surchargées et du stress de la rentrée. C'est un livre très actuel qui fera rire aussi bien les instits que les parents d'élèves. Une excellente idée !

 

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2012-08-21T22:00:00+02:00

[Rentrée littéraire 2012] La vie (Régis de Sa Moreira)

Publié par MyaRosa

La Vie

de Régis de Sá Moreira

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Catégorie(s) : Littérature francophone

Edition / Collection : Au Diable Vauvert

Date de parution : 22 août 2012

Nombre de pages : 120

Prix : 15€

 

L'histoire : Des personnages se succèdent et se croisent, auxquels on s’attache le temps de quelques lignes, d’une pensée, d’un fragment d’histoire, par une fenêtre ou un rideau, un souvenir, un quai de métro, un souffle, tout ce qui tisse le fil du hasard. L’étudiante, le jardinier, la star, l’astronaute, l’enfant, le boulanger, le prof d’histoire, et même des morts ou le Pape… ont pourtant un point commun : cette vie continue, qui coule, circule d’âme en âme, et nous relie. Pris de vivacité et de fraîcheur, on entre surpris, promené comme à la marelle par un texte profond et tendrement drôle. Vite on en savoure chaque paragraphe, on le relit, on reconnaît les personnages, on se demande où cela va nous mener. Peu à peu, on devient l’autre, tous les autres, le texte déborde nos vies. On se surprend à regarder autour de soi, à observer son voisin. La vie est un miraculeux hommage à la communion muette des âmes, à notre humanité.

 

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 Régis de Sa Moreira est un auteur que j'apprécie beaucoup. J'ai lu quasiment tous ses romans : Le Librairie, Zéros tués, Mari et femme et à chaque fois je suis charmée par sa façon d'écrire et de parler de la vie. Avec ce nouveau roman, il fait encore plus fort ! Il nous raconte la vie, le quotidien, les autres en faisant parler une multitude de personnages. La construction du roman est originale et étonnante. L'histoire commence par un personnage que l'on suit durant seulement quelques lignes, il croise quelqu'un ou pense à une personne (un passant, son boucher, un collègue de travail, sa femme,... etc) et lui cède la parole. C'est l'autre personnage qui devient narrateur à son tour durant quelques lignes avant de passer le relai à un autre. On accède aux pensées de chacun qui se succèdent paragraphe après paragraphe. C'est un exercice étonnant dans lequel on rentre facilement. On entend les voix de tout le monde, on se reconnait un peu en eux, on y croise un voisin, un ami, leurs pensées se font écho. Quel bel hommage à la vie ! C'est un récit tendre et drôle dont on savoure la moindre phrase. On est ému, on rit, on sourit et on s'amuse du hasard et de la vie. Pour vous donner un exemple concret, un personnage regarde un film qu'il trouve vraiment lamentable et dans le paragraphe suivant c'est le scénariste qui défend son travail et explique comment il en est arrivé à écrire cette histoire. Ces échanges donnent lieu à des situations vraiment très amusantes. Les personnages se répondent et c'est amusant de voir comme ils se trompent parfois sur les intentions et les pensées de leur voisin. Il n'y a pas que les vivants qui ont la parole ! Les morts et les ancêtres ont la part belle aussi dans cette drôle d'histoire qui résonne dans nos têtes à la manière d'un éclat de rire.

 

 Tantôt drôles, tantôt dramatiques, parfois crues et cyniques, les paroles et pensées de chacun nous offrent un concentré de vie et de bonne humeur. C'est un récit vraiment  intéressant et passionnant, aussi bien pour son fond que pour sa forme. J'ai passé un merveilleux moment. Je me suis demandée comment tout cela allait pouvoir se terminer et la fin ne m'a pas déçue. Elle est parfaite, tout simplement... Encore une fois, Régis de Sa Moreira ne m'a pas déçue. Il a su m'émouvoir et me surprendre. C'est un récit décalé et plein de vie qu'il ne faut surtout pas manquer.

 

"Maudit soit internet. Avant il y avait la télé, c'est vrai, mais la télé on pouvait l'ignorer, faire l'amour devant même. La télé c'était personne, Internet c'est tout le monde. On n'est jamais entre nous, jamais tranquilles, jamais seuls. Je ne dis pas que c'était mieux avant, je dis que c'est pire maintenant."

 

"Je l'aime. Il fallait bien que quelqu'un l'aime et c'est tombé sur moi. Je n'ai pas choisi, c'est la vie qui me l'a mis dans les bras, je n'ai pas choisi mais disons que j'ai accepté. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il vaut mieux aimer un gros con que ne pas aimer un type génial. C'est l'amour qui compte, pas les petites personnalités, sinon il y a longtemps que tout le monde se détesterait. On resterait tout le temps seul comme notre voisine d'en face..."

 

"Ce que je préfère dans la solitude c'est que personne ne sait ni même ne s'intéresse à ce que je fais. Là par exemple, il est presque 2 heures du matin, je peux me lever, faire semblant que c'est le matin, m'habiller comme un sac, prendre un taxi pour aller à la gare boire un café et revenir me coucher, personne ne le saura jamais ! Même sur mon lit de mort, je serai la seule à savoir que j'aurai fait ça une nuit..."

 

"Une fois qu'on est en paix complète avec soi-même, on s'emmerde assez vite."

 

"Mes frères et soeurs me manquent tout le temps, c'est idiot la famille. On passe des années à se chamailler pour apprendre à vivre ensemble et quand on y arrive enfin, quand on a enfin l'âge de s'aimer comme des grands, chacun part de son côté pour créer une nouvelle famille..."

 

 Merci à la librairie Dialogues et aux éditions Au Diable Vauvert pour cette découverte en avant-première.


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2012-07-29T22:16:00+02:00

Tout le cimetière en parle (Marie-Ange Guillaume)

Publié par MyaRosa

Tout le cimetière en parle

de Marie-Ange Guillaume

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Catégorie(s) : Littérature francophone

Edition / Collection : Points

Date de parution : 24 mai 2012

Nombre de pages : 107

Prix : 5,20€

 

L'histoire : Allô ! Ici L'opérateur funéraire. Achetez un cercueil en chêne massif avec finitions chromées à 2 767 euros, afin d'abriter éternellement votre dépouille, maquillée et habillée pour l'occasion. Ou celle de grand-père, échappé en douce de sa maison de retraite pour aller savourer un éclair au chocolat. La mort est partout... autant gagner de l'argent sur son dos ou se faire plaisir tant qu'on peut !

 

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 Il y a quelques années, je lisais beaucoup de recueils de nouvelles et puis ça m'est passé et je me tourne désormais plutôt vers les romans. Néanmoins, quand j'ai vu celui-ci, j'ai tout de suite été intriguée. J'ai toujours aimé l'humour noir, le cynisme et les textes un peu dérangeants. La mort est un sujet qui me fascine autant qu'il m'effraie alors je me suis dit que ça ne pouvait que me plaire et c'était l'occasion de renouer avec la nouvelle. Le début du recueil m'a laissé plutôt insensible. Je passais un bon moment, je souriais, mais je ne peux pas dire que je riais aux éclats comme je l'avais espéré ou que je ressentais une multitude d'émotions alors j'étais un peu déçue... Je ne sais pas si c'est une question de bon ou de mauvais moment, mais quand j'ai repris le livre un peu plus tard, j'ai tout de suite été emballée par les nouvelles suivantes et certaines m'ont vraiment beaucoup touché, notamment "Fait divers" que j'ai relu plusieurs fois et qui m'a beaucoup émue. A partir de là, je n'ai plus perçu le recueil de la même manière. J'ai ri, j'ai eu les larmes aux yeux et je me suis extasiée devant le génie de l'auteur qui arrive à exprimer des sentiments si justes. Les nouvelles se font écho et nous renvoient beaucoup d'émotions : des appels aux secours, des messages rassurants, une rage profonde, un sentiment d'injustice devant l'anéantissement de tout ce que l'on est, de tous nos rêves et de tout ce qu'on ne fera jamais mais aussi de l'humour et une bonne dose d'optimisme. 

 

 C'est un livre qui parle de la mort sous toutes ses formes et du temps qui passe. La perte d'un proche,  le corps qui vieillit, la mort d'un animal de compagnie, les maladies dégénératives,  l'impuissance de celui qui voit mourir un être cher, la souffrance de celui qui reste, la solitude de l'enfant qui ne sera jamais aussi parfait que son frère disparu, la mort comme nouveau départ,... La vision de la mort change d'une nouvelle à l'autre. On passe de la mélancolie au cynisme, de l'humour à la souffrance, du rire aux larmes. J'ai noté de nombreux passages que je trouve absolument magnifiques et d'une incroyable justesse. Ce recueil qui m'emballait moyennement au départ est finalement une très belle surprise, un récit tendre, drôle et émouvant qui permet de voir les choses autrement. C'est une lecture que je n'oublierai pas. Je me souviendrai encore longtemps du Vieil homme, de la Fable exotique et du Jeudi d'avril. Je m'attendais à un livre drôle - et c'est en partie le cas - mais ce que je retiendrai de ce recueil, ce sont surtout beaucoup d'émotions et une plume belle et mélancolique.

 

"Chaque mort embarque un morceau de moi plus ou moins conséquent. Certains emmènent quelques pique-niques, des vacances au soleil, des nuits éparpillées, un travail passionnément tricoté à deux, des rires (toujours) et des parties de cartes, quelques semaines, quelques heures. D'autres me volent des années entières - et un peu de mon âme. Et ça va continuer, jusqu'au moment où il ne me restera plus de ma si longue vie que quelques semaines - les disparus m'auront volé tout le reste, je n'aurais plus de passé et encore moins d'avenir, je ne serai plus qu'une solitude."

 

"Non, je ne veux pas. Non, je n'irai pas me décomposer toute seule dans une boîte, la tête sur un oreiller de satin blanc. Non, je ne partirai pas en vous laissant vivants, vous tous, avec votre tristesse trop passagère [...] Je ne vous laisserai pas avec vos apéros des soirs d'été et vos souffrances relatives. S'il le faut, je veux souffrir comme un chien, je veux me tordre de douleur - et vivre."

 

"Par prudence, de nobles âmes préconisent de savourer chaque jour comme si c'était le dernier. Chouette idée, j'ai essayé. Se lever à l'aube et contempler le dernier soleil de juin sur la dernière fleur en mâchant intensément la dernière tartine plongée dans le dernier café, c'est carrément crispant. On ne tient même pas jusqu'à la sieste (la dernière) et, vers 13h30, on décide de vivre dorénavant dans la futilité la plus venteuse. Comme on se gave de camembert au chocolat après une semaine de soupe au chou."

 

"Elle ne voulait pas aller regarder la mer. Elle s'en foutait de la mer. Elle voulait juste finir son livre pour savoir comment ça finissait, son histoire de bébé tigre sauvé par des braves gens qui tenaient un orphelinat en pleine brousse. Elle avait neuf ans et vivait déjà dans les livres, là où c'est beau. Ou moche, mais beaucoup moins chiant que la vraie vie."


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2012-05-23T18:26:00+02:00

Serment d'automne

Publié par MyaRosa

Serment d'automne

de Françoise Bourdin

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Catégorie(s) : Littérature francophone

Edition / Collection : Belfond

Date de parution : 8 mars 2012

Nombre de pages : 300

Prix : 21€

 

L'histoire : Guillaume, brillant architecte à Versailles, se rend en catastrophe en Bourgogne : son frère jumeau se bat contre la maladie et ne peut plus assurer la gestion du vignoble familial. Guillaume choisit de rester et de prendre tout en main. Un roman sensible et touchant, un regard juste sur la gémellité au sein d'une fratrie.

 

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 Je croise souvent les romans de Françoise Bourdin en librairie mais je n'avais jamais eu l'occasion de découvrir l'un de ses romans avant que l'on me propose de découvrir Le Testament d'Ariane, l'an dernier. J'avais été agréablement surprise par ce roman qui m'avait fait passer un très bon moment et c'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans celui-ci. Françoise Bourdin a une écriture très agréable. Elle arrive à aborder des sujets difficiles sans que ce soit trop pesant pour le lecteur. Il y a dans ses mots une légèreté et un optimisme que j'aime beaucoup. Encore une fois, les thèmes abordés ici sont difficiles : la maladie et ses répercutions sur toute une famille, l'adolescence difficile, le divorce, la complexité de la relation entre des jumeaux,...Il y a des thèmes qui sont récurrents dans les romans de Mme Bourdin, mais elle arrive sans peine à se renouveler car toutes ses histoires sont proches mais ne se ressemblent pas.

 

 J'ai beaucoup aimé ce roman plein d'humanité et d'émotions. On découvre une famille qui va mal mais qui se reconstruit peu à peu. Il y a énormément d'amour dans ce roman. J'ai également beaucoup apprécié la cadre de l'histoire : la Bourgogne, les vignes et le quotidien des vignerons, que je connais très peu. Je le conseille à tous ceux qui apprécient les histoires de famille, les romans plein d'émotions et de réalisme dans lesquels on peut se retrouver un peu et qui mettent à l'honneur nos belles régions de France. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j'aime beaucoup la couverture ainsi que le titre de ce livre. C'est toujours un plaisir de lire un roman de Françoise Bourdin et j'attends le prochain avec impatience.

 

 

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