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litterature francophone

2014-11-12T09:15:00+01:00

Le poison d'amour (Eric-Emmanuel Schmitt)

Publié par MyaRosa

Le poison d'amour

Eric-Emmanuel Schmitt

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Catégorie(s) : Littérature francophone - Roman épistolaire

Edition / Collection : Albin Michel

Date de parution : 2 octobre 2014

Nombre de pages : 165

Prix : 15€

 

L'histoire :

Quatre adolescentes veulent découvrir l'amour, autant par goût que par pression sociale... Tous les soirs, malgré la journée passée ensemble au lycée, elles échangent des messages délivrant leurs désirs, leurs intrigues, leurs réussites ou leur impatience. Jusqu'au jour où le drame a lieu...

 

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 Ce livre est le second volet d'un diptyque sur l'amour et la passion. Le premier volet - L'élixir d'amour - est disponible depuis le printemps dernier. Les deux sont indépendants et je n'ai d'ailleurs pas encore lu le premier. "Le poison d'amour" s'adresse à un public assez large et peut, sans problème, être lu par des adolescents.

 

 Eric-Emmanuel Schmitt est un auteur que j'apprécie beaucoup mais cela faisait longtemps que je ne m'étais pas plongée dans l'un de ses romans. C'est toujours aussi plaisant de le lire. Je trouve que c'est très difficile pour un auteur adulte de se glisser dans la peau d'un enfant et plus encore peut être d'un adolescent. Souvent, le langage est trop soutenu pour être crédible et le personnage a trop de recul par rapport à lui-même ce qui le rend peu convaincant. Parfois, l'auteur essaie, au contraire, de paraître détendu et utilise un langage qu'il pense être jeune mais qui au final n'est ni crédible ni agréable à lire. Je vous rassure tout de suite, Eric-Emmanuel Schmitt a réussi à éviter tout cela et se glisse avec beaucoup d'aisance dans la peau de quatre adolescentes bourrées de complexes et d'incertitudes sur la vie et l'amour.

 

 On suit leur quotidien, leurs pensées, leurs espoirs, leurs rêves et leurs doutes au travers des pages de leurs journaux intimes que l'on dévore sans aucun scrupule. On les découvre au fil des pages, beaucoup moins sûres d'elles qu'elles ne le montrent, beaucoup moins fidèles en amitié comme en amour... Peu à peu, le vernis se craquèle au fur et à mesure que l'amour s'insinue dans leur vie et dans leur quatuor. On sent le mal-être de chacune, la jalousie et même le mépris qu'elles ressentent.

 

 Eric-Emmanuel Schmitt nous amène à nous interroger sur l'amour. Qu'est-ce que l'amour ? Est-il aussi pur et aussi vrai que ce qu'on croit ou n'est-il qu'une illusion ? L'amour peut-il durer toute une vie ? La passion est-elle la plus merveilleuse des choses ou le plus mortel des poisons ? Faut-il souffrir pour aimer et vivre vraiment ? Qu'aime-t-on vraiment dans l'amour : la personne aimée ou la sensation d'aimer et d'être aimé (ou justement de ne pas l'être en retour) ?

 

 J'ai vraiment aimé toutes les réflexions que ce texte amène et les réponses suggérées par l'auteur. Je trouve qu'il parle merveilleusement bien de l'adolescence. Tout ce qu'il dit sur ce qu'on ressent à cet âge, sur les sentiments exacerbés et l'extrême sensibilité est vraiment pertinent. Je me demande si j'aurais aimé lire ce livre à l'adolescence, si je me serai sentie comprise ou si c'est justement le recul que j'ai maintenant qui me permet de l'apprécier à sa juste valeur. Toujours est-il que j'ai aimé suivre ses adolescentes, lire leurs journaux intimes, leurs textos, les voir changer grâce ou à cause de l'amour et voir leurs vies basculer. C'est un texte qui bouscule et qui ne peut pas laisser indifférent. On voit ces ados se donner corps et âme, se lancer à corps perdu dans des histoires d'amour qui causeront assurément leur perte. On les voit subir la pression sociale, se jalouser, s'auto-détruire... C'est violent et je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi sombre.

 

 Je ne pensais pas apprécier autant cette lecture et pourtant, je l'ai trouvé agréable, passionnante et très intéressante. C'est, en plus de tout cela, une lecture marquante que je n'oublierai pas de sitôt !

 

En quelques mots :

Une lecture marquante et pertinente qui apporte des questions et des réponses intéressantes sur l'adolescence et l'amour. Un récit bien écrit et marquant.

 

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"Quand j'aime, ça tombe toujours au hasard. Un garçon entre au Balmoral et je reçois une balle dans le coeur. J'ai chaud, je brûle, je m'effondre, victime de l'attentat, la blessée par surprise, le dommage collatéral. Je n'ai rien choisi ! Parfois, le garçon ne me voit même pas, il regarde ailleurs, il se contente d'avancer en se balançant, de se caresser les cheveux, de sourire à une serveuse ou d'interpeller un copain au fond de la salle, et moi je craque, je me fissure, j'avale la mitraille. Je suis le mur des fusillés, une façade de Damas, l'enceinte de Ramallah. Je hais l'amour. Je tiens à me révolter contre lui. Si aimer veut dire subir, ne plus s'appartenir, devenir esclave, je ne veux pas aimer. "

 

"Pourquoi les garçons semblent indifférents jusqu'à l'instant où, à la dérobée, le temps d'un éclair, ils prononcent des mots qui désarçonnent ? On dirait des chasseurs qui cheminent, placides, au milieu des bois puis, en une seconde, bandent leur arc, tirent la flèche et tuent la biche. Je ne me sens pas une vocation de gibier. A quel moment sont-ils sincères, les hommes, lorsqu'ils ont l'air dégagé ou quand ils massacrent ?"

 

"On ne choisit pas en amour, on est choisi par l'amour. La passion fond sur Juliette et Roméo comme un virus contamine une population. Venue de l'extérieur, elle les infiltre, elle creuse son lit, prospère, se développe. Ils la subissent, cette passion, ils se tordent de fièvre, ils délirent, ils laissent toute la place à ce fléau, au point d'en mourir."

 

"Ma Raphaëlle, apprends que des Terence, il y en a des milliers, des millions, puisque c'est nous, les filles, qui les créons en permettant à la bactérie d'un regard d'entrer en nous ; ensuite, la maladie suit son cours en nous rendant démentes, en parant le garçon d'avantages ou de lauriers qu'il n'a pas, en nous persuadant que notre bonheur, notre salut passent par ses bras.

"Roméo, Roméo, pourquoi es-tu Roméo ?"

Parce que les Juliette savent inventer les Roméo."

 

"Dans chaque personne familière se tapit un étranger prêt à bondir. [...] J'appréhende ce qui va un jour sortir de moi. On croit se connaître alors qu'on discerne juste une silhouette au loin. S'approcher s'avère périlleux. Notre apparence et notre histoire antérieure constituent un paravent derrière lequel se cache l'inconnu. J'espérais qu'en mûrissant, je deviendrais moi-même. Mais si je devenais une autre ?"

 

"Naguère, j'étais libre et je m'amusais. Ce soir, je pleure, je peste, je rage. Ce garçon m'a rendue épileptique et fichue en prison."

 

"Dans un rêve d'amour, tout est beau sauf le réveil"

 

"Les larmes sont des messagères subtiles qui distillent mille informations à la fois."


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2014-07-11T08:11:00+02:00

Trois filles et leurs mères : Duras, Beauvoir, Colette

Publié par MyaRosa

Trois filles et leurs mères

Duras, Beauvoir, Colette

Sophie Carquain

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Catégorie(s) : Biographies romancées

Edition / Collection : Charleston

Date de parution : 12 avril 2014

Nombre de pages : 294

Prix : 18,50€

 

Présentation de l'éditeur :

Trois femmes. Nées au tournant du siècle, entre 1873 et 1914, Colette, Simone de Beauvoir, et Marguerite Duras ont un point commun : celui d’avoir une hyper-mère, qu’elle soit fusionnelle (comme Sido), autoritaire (comme Françoise de Beauvoir) ou ambivalente (chez Duras). Trois destins. Sophie Carquain fait revivre les trois monstres sacrés dans leurs décors : l’exotisme de l’Indochine des années 20 chez Duras, la bourgeoisie du début de siècle chez Beauvoir, la Bourgogne pour Colette. Et raconte comment elles ont construit leur univers et pris la plume pour se distancer de « Big Mother ». Pour exister. Trois romans. Dans ce superbe triptyque, Sophie Carquain écrit le roman de ces trois femmes. - trois romans reliés par un subtil jeu de correspondances - et explore la complexité de la plus belle relation qui soit : celle qui unit une fille et sa mère.

 

Merci à Babelio et aux éditions Charleston.

 

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  Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre en ouvrant ce livre car même si je connais ces grandes femmes de lettres françaises pour avoir lu quelques uns de leurs romans, je ne savais pas grand chose de leurs vies respectives. C'est surtout le titre de ce livre qui a attisé ma curiosité. J'ai toujours aimé les romans qui parlent des relations mère-fillle et le livre autobiogaphique dans lequel Justine Lévy parle de sa relation compliquée avec sa mère - Mauvaise fille - est l'un de mes préférés, alors pourquoi pas ?

 

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 J'ai eu bien raison de me laisser tenter car j'ai dévoré et adoré ce triptyque ! J'ai été captivée par ces histoires d'enfance, toutes les petites anecdotes qu'elles soient vraies ou imaginées par l'auteur, et j'ai été fascinée par ces relations mères-filles. L'auteur dresse d'abord le portrait de Marguerite Duras. Elle nous parle de son enfance en Indochine, de sa mère qui n'avait d'yeux que pour son fils aîné et de leur vie de famille si compliquée. La petite Marguerite grandit auprès d'une mère sévère, autoritaire et d'un frère aîné tyrannique et détestable qui la bat sous les yeux de sa propre mère. Vient ensuite le tour de Simone de Beauvoir qui grandit et évolue dans le milieu de la bourgeoisie, au début du XXième siècle. Dès le plus jeune âge, elle fait des colères épouvantables que personne ne parvient à comprendre ni à calmer. C'est une petite fille précoce qui apprend à lire toute seule et qui a soif de connaissances. Elle aspire à plus de libertés et c'est en vacances à la campagne, chez ses grands-parents qu'elle acquiert ce petit bout de liberté qui lui manque tant au quotidien. Son père lui fait découvrir en cachette des romans d'aventures tandis que sa mère s'acharne à masquer toute trace de féminité chez elle... Et puis, nous découvrons aussi l'enfance provinciale de Colette auprès d'une mère aimante et attentionnée. Tellement aimante qu'elle en devient étouffante. Elle cherche toujours à savoir ce que sa fille fait et à quoi elle pense et passe son temps à la stimuler, à la pousser à se dépasser, à observer telle ou telle chose, si bien que Colette, très vite, rêve de silence et d'ennui. Elle rêve de pouvoir flâner tranquillement, ne penser à rien, ne pas avoir de compte à rendre à qui que ce soit... Cette mère qu'elle admirait tant devient à ses yeux une sorte de sorcière qui voit tout, entend tout, comprend tout et lit dans ses pensées. Elle en fait même des cauchemars terrifiants !

 

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 L'auteur nous décrit l'enfance de ces trois femmes en y ajoutant des scènes fictives qui pourraient être vraies. Elle les compare, les analyse. Elle nous parle de ce qui a manqué à ses grandes femmes de lettres et nous explique que c'est pour s'affranchir de leurs mères qu'elles se sont mises à écrire. Elle nous parle aussi des changements survenus durant leur vie et de la manière dont elles les ont vécu : perte des parents, pauvreté, déchéance, déménagement, etc... J'ai trouvé ces trois portraits de femmes vraiment captivants ! Ces portraits sont aussi intéressants qu'émouvants. Bien que très différentes, elles ont toutes souffert de leur relation avec leur mère, que celle-ci soit étouffante, peu aimante ou trop autoritaire. J'ai adoré découvrir l'Indochine à travers le regard de la petite Marguerite, flâner aux jardin du Luxembourg en compagnie de la petite Simone, adorable petite fille aux anglaises brunes, et j'ai aimé les descriptions de la maison de Colette qui sent bon la cuisine,les tartines et l'essence de violette. Même s'il est ponctuée d'analyse et de références, ce texte se lit tout seul, comme un roman, avec beaucoup de fluidité. L'auteur, tout en allant à l'essentiel, prend le temps de s'attarder sur des petits détails qui nous transportent ailleurs et plantent le décor : les odeurs, les saveurs, les couleurs, etc... et elle fait la part belle aux mots et à la lecture, passion commune qui nous relie aussi aux femmes de ce roman et à l'auteur. On découvre des femmes, des histoires, des secrets, des portraits uniques et fascinants. Un livre passionnant !

 

En quelques mots :

Je suis vraiment ravie de cette découverte. Je ne pensais pas que ce livre me plairait autant, et pourtant, j'ai été captivée par le portrait de ces femmes et de leurs mères, aussi fascinant qu'émouvant. J'ai adoré découvrir l'enfance de ces femmes de lettres, en apprendre plus sur elles, sur leurs époques respectives. C'est une très belle lecture !




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2014-06-03T13:30:00+02:00

Les papillons rêvent-ils d'éternité ?

Publié par MyaRosa

Les papillons rêvent-ils d'éternité ?

Sandra Labastie

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Catégorie(s) : Littérature française - Roman contemporain

Edition / Collection : Michel Lafon

Date de parution : 17 avril 2014

Nombre de pages : 172

Prix : 14,95€

 

L'histoire :

« Cette journée du 1er janvier, la première de la dernière année du monde, il s’est passé quelque chose de spécial entre nous, les élus. C’était comme au printemps, quand on devient joyeux sans comprendre pourquoi. C’est la dernière année de souffrance, a dit papa. Bientôt on sera libérés. » Les quatre saisons d’une année, censée être la dernière de l’humanité, défilent à travers le regard d’une fille de 13 ans. Malgré une vie quotidienne régentée par la Bible (entre études de textes, séances de recueillement au temple et prêches dans les rues), l’adolescente, sujette aux railleries du « monde extérieur » autant qu’aux affres de la puberté, va peu à peu se questionner sur sa condition, grâce à l’entrée dans son foyer d’un dictionnaire auquel elle ne cessera plus de se référer secrètement. Le roman ausculte les joies étranges de ceux qui s’estiment élus de Dieu contre le monde entier, à la frontière très fragile où la croyance jouxte la folie. Au fil de cette apocalypse manquée, le roman contemple, avec la justesse et la simplicité de la voix d’une adolescente, la condition humaine dans ses craintes et ses obsessions mais aussi dans son incroyable capacité d’imagination pour survivre à une vie sans espérance.

 

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 La narratrice de cette histoire a une vie un peu particulière puisqu'elle est ce que les siens appellent une élue. Tous ensemble, ils prient Dieu et se préparent à affronter la fin du monde qui est toute proche et qui va leur apporter une vie meilleure, loin des "incroyants" et de ce monde où le mal est partout. Même si elle a été élevée dans cette foi sans limite et a toujours respecté les règles de cette société un peu à part, la jeune fille de douze ans (bientôt treize) qui nous raconte son quotidien et cette attente de l'Apocalypse ne peut s'empêcher d'être un peu sceptique. Plus le temps passe et plus elle doute de ce qu'on lui enseigne depuis son plus jeune âge. Et si tout le monde se trompait ? Et si Dieu n'était pas toujours là à épier nos moindres faits et gestes ? Et si la fin du monde n'était pas sur le point d'arriver ? Et si aucun salut n'attendait les élus ? Et si le sort des élus et des incroyants était le même ? Et si...

 

 J'ai beaucoup aimé ce court roman, en particulier parce nous voyons les choses à travers le regard d'une jeune fille intelligente, curieuse et perspicace. L'écriture de Sandra Labastie m'a emballée dès les premières lignes et je n'ai pas arrêté de mettre des post-it pour revenir lire certains passages que je trouvais pertinents. Elle explore avec finesse la frontière, souvent bien mince, qui sépare la croyance de la folie. Avec elle, on se demande jusqu'où peut aller le fanatisme. La narratrice est un vrai plus dans cette histoire car elle nous amène à nous mettre à la fois dans la peau des croyants et aussi dans celles des incroyants et ce quelles que soient nos convictions religieuses. Avec elle on doute, on envisage toutes les possibilités, on se dit "Et si ?" Elle apporte beaucoup de fraîcheur et de douceur dans cette histoire, cette gamine qui passe des heures à lire le dictionnaire, espérant ainsi mieux comprendre le monde qui l'entoure. Elle enfreint parfois les règles mais se sent aussitôt coupable et tente de se racheter. Elle n'a personne à qui se confier. Qui l'écouterait ? Elle se sent toujours à part, pas complètement croyante et pas complètement incroyante non plus. Elle se confie à nous et on a souvent l'impression de lire un journal intime. Elle se livre à coeur ouvert. 

 

 J'ai trouvé ce récit émouvant parce qu'on voit cette jeune fille grandir, évoluer, douter, s'affirmer et prendre de plus en plus de libertés. Elle souffre du fanatisme qui l'entoure et vit avec un lourd fardeau à porter. L'Apocalypse est comme une épée de Damoclès au dessus de sa tête qui l'empêche de vivre pleinement sa vie. Que voulez-vous envisager pour plus tard si on vous répète sans arrêt qu'il n'y aura pas de plus tard et que c'est la fin du monde. Que vous n'aurez rien de plus à vivre ? Faut-il en profiter pour prendre un peu de libertés et faire l'apprentissage de la vie ou faut-il au contraire se préparer à une ère nouvelle en essayant de faire de son mieux pour qu'IL n'ait rien à nous reprocher ? Alors que ses proches pensent la protéger, c'est justement eux qui la mettent en danger et vont lui faire perdre sa candeur et son innoncence. C'est l'histoire d'une jeune fille qui va grandir plus vite que les autres et devenir une adulte à cause des autres. A trop vouloir la priver de tout et l'empêcher de réfléchir, ils vont au contraire la pousser à s'envoler... C'est un beau roman qui fait beaucoup réfléchir sur notre monde, la religion, la perte de l'innocence et la liberté.

 

En quelques mots :

Une jolie lecture portée par une plume poétique et délicate qui n'en est pas moins tranchante. Malgré sa brièveté, ce roman est marquant, révoltant et touchant. J'ai particulièrement aimé la narratrice que j'ai trouvé attachante et très maligne.

 

 Pour découvrir les premières pages de ce roman, cliquez ici.

98664.jpg"Maman n'aime pas le gras. Elle dégraisse tout. Elle met les plats au frais pour que le gras devienne une croûte blanche et elle les retire avec une cuillère à soupe. Le froid révèle la présence du gras. C'est un peu comme les tribulations de la fin du monde : elles révèlent la foi." (Page 11)

 

"Je ne dois rien retenir de ce qu'on apprend à l'école. A chaque réunion, je me purifie des pensées du monde, comme un ongle qu'on passe au dissolvant. A force, il devient fragile. Je ne sais pas quel genre d'enfant j'aurais été sans ce dissolvant.Je sais que je n'aurais pas le droit d'être une adolescente non plus. Vivement la grande destruction, la destruction de tous nos problèmes." (Pages 76-77)

 

"J'aime beaucoup les mots. Il y en a qui font mal, mais il y en a qui soignent, parfois ce sont les mêmes, ça dépend comment on s'en sert.C'est un peu comme le poison sert à faire des médicaments." (Pages 117-118)

 

"L'horizon est beau et nous sommes condamnés. Je ne vois rien de mieux et je ne vois rien de pire que cet instant. Ca doit être ça la mélancolie." (Page 150)

 

"Personne ne comprendrait le genre de fatigue que je ressens simplement à être vivante avec la responsabilité de la fin du monde." (Page 150)

 

"[...] j'ai remarqué que le temps des adultes n'est pas le même que celui des enfants. C'est une chose mystérieuse que je ne sais pas expliquer. Ils parlent du temps qui passe comme si c'était une catastrophe naturelle, ils se plaignent continuellement de ne pas avoir le temps. [...] Le temps file à toute vitesse. [...] On ne vaut pas mieux que les papillons. Un jour, tu te retournes, tu vois ta vie entière derrière toi et tout est trop tard !" (Page 166)

 

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2014-05-26T04:00:00+02:00

Métronome (Lorànt Deutsch)

Publié par MyaRosa

Métronome : L'Histoire de France au rythme du métro parisien

Lorànt Deutsch

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Catégorie(s) : Essai - Historique - Littérature francophone

Edition / Collection : Pocket

Date de parution : 5 juin 2014

Nombre de pages : 414

Prix : 7,90€

 

Présentation de l'éditeur :

Saviez-vous que la Lutèce des origines ne se situait pas sur l'île de la Cité, mais à Nanterre ? Que les derniers combattants gaulois massacrés par les Romains reposent sous la tour Eiffel ? Que les vestiges de la première cathédrale de Paris se trouvent sous le parking d'un immeuble moderne du Ve arrondissement ? Au fil de ses découvertes, Lorànt Deutsch vous emmènera vers ce qui fut le Pont-au-Change, ancêtre de la Bourse, puis chez ce bistrotier qui entasse ses bouteilles dans une cellule de la Bastille sauvée de la destruction, et tout au long des rues où se cachent des trésors que vous ne soupçonniez pas. Une promenade captivante, où défilent les seigneurs alliés comme les princes rebelles, et tout ce qui a forgé le pays. Vous verrez s'ériger des murailles contre l'envahisseur, s'agiter l'Église, s'imposer les marchands, s'ébrouer les artistes, l'Université s'installer sur des ballots de paille place Maubert, le peuple de Paris se soulever - violent, sanglant, emblématique -, et se construire ainsi toute l'histoire de France.

 

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 C'est avec beaucoup de passion et d'érudition que Lorànt Deutsch nous présente Paris, ville dont il est tombé fou amoureux étant enfant et qui n'a jamais arrêté de le fasciner. Il nous offre une visite guidée de la capitale fort sympathique et ponctuée d'anecdotes croustillantes découvertes au fil de ses recherches. Mais attention, ce n'est pas une simple visite qu'il nous offre, mais un voyage dans le temps ! 21 chapitres pour 21 stations de métro et 21 siècles chargés d'Histoire. Chaque station de métro est l'occasion de revenir sur des événements qui ont marqué l'Histoire de France. Quelle merveilleuse idée ! Et l'avantage, c'est que l'on peut lire ce livre de différentes façons. Soit en le dévorant d'un bout à l'autre (ce que j'ai fait), soit en picorant par-ci par-là quelques informations ou en se baladant d'un siècle à l'autre au fil de nos envies.

 

 Si l'Histoire m'intéresse de plus en plus, je dois reconnaître que j'ai tendance à fuir les gros livres dans lesquels s'accumulent des successions de faits, de dates et de lieux. A chaque fois que j'ai tenté d'en lire un, j'ai décroché au bout de quelques chapitres seulement car je trouvais ça trop barbant et ils ne m'ont, en plus, laissé que très peu de souvenirs. Avec "Métronome", ça n'a pas du tout été le cas. J'ai adoré l'écriture de Lorànt Deutsch. Il va à l'essentiel tout en nous délivrant des anecdotes intéressantes et pertinentes, notamment l'origine du nom de certaines rues parisiennes. J'ai appris beaucoup de choses à la lecture de ce petit livre et j'ai vraiment eu l'impression de me balader dans Paris à d'autres époques.

 

 J'aimais déjà beaucoup Lorànt Deutsch, mais je ne pensais pas qu'il était aussi bon conteur ! Il nous embarque avec lui dès les premières pages. Il nous explique comment est née sa passion, ce qui le fascine tant dans Paris et dans l'Histoire de France et il nous embarque avec lui dans cette histoire qui est finalement la nôtre. C'est un peu "L'Histoire de France pour les nuls" en plus drôle et en plus amusant. J'ai vraiment beaucoup aimé ce joli voyage à travers Paris et à travers les siècles et j'ai maintenant très envie de me plonger dans "Hexagone", l'autre livre de Lorànt Deutsch qui nous fait voyager sur les routes de France.

 

En quelques mots :

Lorànt Deutsch nous offre un concentré de savoir et de passion, une jolie balade parisienne rythmée par les stations de métro. On voyage de siècles en siècles sans voir le temps passer et l'auteur nous transmet tout l'amour et l'admiration qu'il voue à notre belle capitale.  

Un livre à lire, à relire et à offrir !

 

¤¤

 En savoir plus. Lire un extrait. > C'est par ici !  



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2014-05-17T14:32:00+02:00

Maladie d'amour (Nathalie Rheims)

Publié par MyaRosa

Maladie d'amour

Nathalie Rheims

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Catégorie(s) : Littérature francophone

Edition / Collection : Léo Scheer

Date de parution : 8 janvier 2014

Nombre de pages : 304

Prix : 19€

 

L'histoire :

Alice est une jolie jeune femme. Actrice, elle rêve de jouer Claudel, mais on ne lui propose que des rôles de potiche dans des pièces de boulevard. Sa vie amoureuse n'est guère plus brillante, faite d'aventures qui se terminent toujours mal. Elle raconte tout à Camille, sa confidente qui, de son côté, mène la vie calme et rangée d'une mère au foyer. Au moment où Alice décide enfin de renoncer à la passion, elle s'éprend d'un homme marié, le Dr Costes, qui aurait eu un coup de foudre pour elle. Camille suit cette nouvelle histoire d'amour à la manière d'un feuilleton dont elle serait l'unique spectatrice, même si d'étranges contradictions apparaissent dans les confidences de son amie. Pour protéger Alice, Camille tente d'en savoir plus sur cet homme insaisissable. Cette démarche la fait progressivement basculer: elle se met à douter de tout, au risque de se perdre. Dans ce quinzième roman, Nathalie Rheims explore, utilisant l'art du suspens, l'infime frontière qui sépare l'amour fou de la folie

 

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 A la suite d'une énième rupture amoureuse et à l'approche de la trentaine, Alice fait le bilan de sa vie. Elle est lassée qu'on ne lui confie que des rôles sans intérêt, lassée d'attendre désespérément le prince charmant et d'accumuler les échecs. Elle se confie à sa meilleure amie, Camille, qui mène une vie stable et tranquille, à l'opposé de la sienne. Lorsqu'elle se lance à corps perdu dans une nouvelle histoire d'amour, c'est vers elle qu'Alice se tourne, lui racontant les détails de sa liaison sulfureuse et passionnée avec un homme marié. Mais Camille, voulant protéger son ami va s'immiscer un peu trop dans sa vie et découvrir des choses qu'elle était loin d'imaginer...

 

 Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est qu'il commence de manière très classique pour basculer ensuite vers tout autre chose. Après avoir lu les premières pages, je me suis même dit "Encore une énième histoire d'amour contemporaine et prévisible". Et pourtant... Le livre bascule rapidement dans quelque chose de très différent. Le récit devient de plus en plus troublant, jusqu'à devenir sombre et inquiétant. J'avais deviné assez tôt de quoi il était question car en plus des indices, l'histoire m'a fait penser à celle d'un film que j'aime beaucoup dont je préfère taire le titre pour ne pas trop en dire. 

 

 Nathalie Rheims nous livre ici un roman fort et addictif, très rythmé, dans lequel le suspense est à son comble. On dévore les pages de ce roman avec avidité en étant fasciné et horrifié en même temps. Le rythme s'accélère jusqu'au dénouement, très cinématographique. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui était très différent de ce que je m'attendais à lire et qui m'a agréablement surprise. Ce genre d'histoires me fascine et me fait froid dans le dos en même temps. C'est une histoire troublante et déroutante que je vous conseille fortement.

 

En quelques mots :

Troublant et fascinant. Un roman dont on dévore les pages sans voir le temps passer.


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2014-04-26T13:48:00+02:00

La Chambre d'Hannah (Stéphane Bellat)

Publié par MyaRosa

La Chambre d'Hannah

Stéphane Bellat

couv34755553.jpgCatégorie(s) : Littérature française - Roman contemporain

Edition / Collection : MA éditions

Date de parution : 19 mars 2014

Nombre de pages : 256

Prix : 17,90€

 

L'histoire :

Paris, février 1992. Pierre Descarrières, 11 ans, est malheureux coincé entre une vie terne et des parents qui se déchirent quotidiennement. Seul dans sa chambre, il rêve d'un frère ou d'une sœur qui viendrait rompre sa solitude. Paris, février 1942. Hannah Klezmer, 11 ans, étouffe dans l'espace confiné de son appartement, mise à l'écart parce que juive. Leurs routes n'auraient jamais dû se croiser. Et pourtant, c'est arrivé. Car il existe entre eux un lien plus fort que le temps et la folie des hommes. Si La Chambre d'Hannah plonge ses racines dans l'Histoire la plus sombre, c'est aussi le roman sensible et lumineux d'une amitié entre deux enfants qui n'ont, au premier abord, rien en commun : ni leur condition, ni leur époque. Avec, en filigrane, ces deux questions essentielles : jusqu'où aller par amitié ? Sommes-nous prêts à croire l'impossible ?

 

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 Pierre a onze ans à peine, mais il n'a déjà plus envie de vivre. Entre les moqueries qu'il subit au collège à cause de ses cheveux roux et de ses oreilles décollées et les disputes abominables et quotidiennes de ses parents qui s'envoient des mots blessants et des noms d'oiseaux à longueur de journées, la vie lui semble terriblement décevante et injuste. C'est au moment où il est le plus mal, allant même jusqu'à envisager le pire, que va apparaître Hannah, une fillette sortie de nulle part qu'il prend d'abord pour un fantôme, qui va l'aider à reprendre goût à la vie...

 

 Ce roman est vraiment unique en son genre. Il revient sur une période tragique et terrifiante de notre Histoire, la Seconde Guerre Mondiale, sans pour autant nous enfermer dans quelque chose de trop pesant. L'auteur nous offre un récit lumineux, porté par la grâce et l'innocence de deux enfants qui n'auraient jamais dû se rencontrer mais qui, grâce à la magie de l'écriture et des histoires, vont s'aider et même se sauver mutuellement. Sous nos yeux naît une magnifique et merveilleuse histoire d'amitié, touchante et inoubliable. L'auteur aborde avec beaucoup de sensibilité la force de l'amitié et nous invite à croire à l'impossible. Que ferions-nous si nous pouvions changer le passé ?

 

 Pierre et Hannah sont vraiment des personnages très attachants, tout comme Maxime qui joue un rôle important dans toute cette histoire. J'ai aimé les dialogues dans lesquels on retrouve cette naïveté touchante propre à l'enfance. Il y a des passages qui nous serrent vraiment le coeur, mais ce que je garderai en tête, c'est surtout cet espoir et cet optimisme qui ressortent de ce roman lumineux, unique en son genre. C'est une jolie découverte et je pense que c'est un roman qui aurait tout à fait sa place dans les rayons adultes et jeunesse car le texte me semble tout à fait abordable et saura, j'en suis sûre, toucher les plus jeunes tout en leur faisant découvrir une triste partie de l'Histoire qu'on ne doit jamais oublier.

 

En quelques mots :

Un roman émouvant qui aborde une triste période de l'Histoire mais dont on ressort tout de même avec le sourire. Plutôt que de nous enfermer sous une chape de tristesse, l'auteur a choisi de nous offrir un roman plein de grâce, d'innocence et de lumière porté par une histoire d'amitié hors du commun. Une belle réussite !



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2014-04-24T08:56:00+02:00

Une autre idée du bonheur (Marc Lévy)

Publié par MyaRosa

Une autre idée du bonheur

Marc Lévy

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Catégorie(s) : Roman contemporain - Littérature française

Edition / Collection : Robert Laffont / Versilio

Date de parution : 24 avril 2014

Nombre de pages : 418

Prix : 21€

 

L'histoire :

Quand une vie ordinaire devient extraordinaire.

Philadelphie. Au premier jour du printemps 2010, Agatha sort de prison, mais pas par la grande porte. Après trente ans derrière les barreaux, il ne lui restait que quelques années à faire. Alors pourquoi cette évasion ? Dans une station-service proche du campus, elle s'invite à bord de la voiture de Milly et l'entraîne dans sa cavale sans rien lui révéler de sa situation. Dotée d'un irrésistible appétit de vivre, Agatha fait voler en éclats la routine confortable de Milly. Trente ans les séparent, mais au fil du voyage les deux femmes partagent ces rêves qu'il n'est jamais trop tard pour réaliser et évoquent ces amours qui ne s'éteignent pas. Cinq jours en voiture à travers les États-Unis... À chaque étape, une rencontre avec un personnage surgi du passé les rapprochera du secret d'Agatha. Jusqu'où devons-nous aller dans notre quête insatiable du bonheur ? À quoi ne faut-il jamais renoncer ? Dans ce roman, Marc Levy réaffirme notre besoin inconditionnel de liberté et nous fait aussi découvrir un pan méconnu de l'histoire américaine.

 

monavis

 

 C'est aujourd'hui que sort en librairie le nouveau roman de Marc Lévy ! J'ai eu la chance de le découvrir en avant-première et je n'ai qu'un conseil à vous donner : jetez-vous dessus ! Cela faisait des années que je n'avais pas lu de roman de l'auteur et je me demande bien pourquoi parce que j'ai passé un merveilleux moment.

 

 Agatha, la cinquantaine, vient de s'échapper de prison et s'invite à bord de la voiture de Milly, une jeune femme sans histoire à la vie routinière et tranquille. Agatha, son franc parler et son humour mordant, vont bouleverser à jamais la vie de la jeune fille. Ensemble, elles vont vivre une aventure incroyable, traversant les Etats-Unis à bord d'une voiture mythique, se confiant l'une à l'autre, se racontant leurs histoires, leurs secrets et leurs rêves. Marc Lévy nous entraîne avec ses personnages dans un road-trip inoubliable. On s'attache tout de suite aux personnages et on les découvre, avec plaisir et émotion, au fil des pages.

 

 J'ai adoré ce roman ! J'ai toujours aimé les récits de road trip, et je trouve celui-ci particulièrement réussi. J'ai eu l'impression de traverser les Etats-Unis avec Milly et Agatha. J'ai été fascinée par les descriptions des paysages (les villes fantômes, les montagnes rocheuses, le désert, les plaines immenses) et révoltée par les pans de l'Histoire qui nous sont révélés, mais surtout, j'ai été émue et touchée par cette histoire. J'en avais les larmes aux yeux. J'ai ri, j'ai pleuré, j'ai tremblé, j'ai partagé un bout de chemin avec ces deux femmes attachantes et j'ai adoré ça ! C'est une lecture comme je les aime, addictive et émouvante, qui nous offre de l'évasion, de l'espoir et une belle leçon de vie. A lire absolument !

 

En quelques mots :

GENIAL ! Accrochez-vous et montez à bord d'une voiture mythique avec deux femmes attachantes pour un road trip inoubliable et émouvant au travers des Etats-Unis.


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2014-04-14T09:21:00+02:00

L'île des beaux lendemains (Caroline Vermalle)

Publié par MyaRosa

L'île des beaux lendemains

Caroline Vermalle

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Catégorie(s) : Littérature française - Roman contemporain

Edition / Collection : Pocket

Date de parution : 6 mars 2014

Nombre de pages : 255

Prix : 6,20€

 

L'histoire :

Après cinquante ans d'un mariage monotone, Jacqueline sent poindre une immense lassitude : il faut partir, et sans préavis. Deux jours, trois trains et un bateau plus tard, l'alerte septuagénaire débarque sur l'île d'Yeu. Là demeure sa cousine Nane, vue pour la dernière fois il y a fort longtemps, qui recueille les âmes – un peu – perdues... Il n'y a pas d'âge pour suivre un rêve... D'une maison blanche aux volets bleus, la vie s'envole à nouveau, comme un papillon dans le vent.

 

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 J'ai découvert Caroline Vermalle l'an dernier, grâce à un petit recueil de deux nouvelles intitulé "La Fille du déménageur". J'avais été charmée par la plume délicate et sensible de l'auteur et ces deux nouvelles, bien que très courtes, m'ont beaucoup marqué et j'en garde encore aujourd'hui un très beau souvenir. J'attendais donc avec impatience la sortie en poche de ses romans et particulièrement de celui-ci dont le titre poétique me semblait plein de promesses...

 

 Jacqueline, une septuagénaire à la vie bien rangée, prend une décision radicale qui va bouleverser son existence. Elle claque la porte de chez elle et s'en va sur l'île d'Yeu où vit sa cousine Nane qu'elle n'a pas vu couv2952544.jpgdepuis plus de cinquante ans. Sans même en avoir conscience et sans savoir ce qu'elle cherche vraiment et ce qu'elle espère trouver là-bas, Jacqueline s'en va vers ses rêves perdus, vers les espoirs enfouis en elle depuis tant d'années, vers tous ces espoirs qu'elle croyait avoir perdu, toutes ces promesses avortées et tous ces désirs qu'elle n'a pas su écouter.

 

 Tellement de poésie, d'espoir et d'émotions dans ce beau roman ! On y croise des personnages plus attachants les uns que les autres. Tous ont des secrets, des désirs inavoués, des envies qu'ils n'osent pas assumer et des regrets, tellement de regrets... Mais ce roman nous montre qu'il n'est jamais trop tard pour vivre sa vie et aller au bout de ses rêves. Quel superbe message joliment véhiculé ! Loin d'être pesant ou larmoyant, ce roman est d'une incroyable légèreté. J'ai été très émue par cette histoire, par tous les personnages que j'ai eu la chance de croiser durant cette belle aventure, par leurs histoires et leurs rêves. La plume de Caroline Vermalle est, comme dans mon souvenir, belle et poétique. J'ai aimé le franc parler de certains personnages et la façon dont ils font passer des messages. C'est toujours plein de bons sens et souvent très drôle !

 

 La poésie et l'espoir sont partout. Dans les messages plein d'optimisme que nous fait passer l'auteur, mais aussi dans la façon dont elle nous raconte toutes ces tranches de vie. On a l'impression d'être en vacances d'été sur l'île d'Yeu. On est totalement plongé dans l'ambiance. Le parfum des fleurs, l'odeur de la cuisine de Nane et d'Arminda, la mélancolie des airs de fado, le parfum d'un soir d'été dans le jardin, les bruits des touristes sur la plage et la beauté des étoiles qui peuplent le ciel nous envoûtent et nous bouleversent. Les petits bonheurs ont la part belle dans ce roman et nous donnent envie de faire plus attention à toutes ces petites choses qui rendent la vie tellement meilleure et que l'on oublie bien trop souvent de savourer.

 

 J'ai également adoré les petits narrateurs dont je préfère taire l'identité pour vous laisser la surprise. Quelle merveilleuse idée ! Ces petits êtres viennent nous rappeler le côté éphémère de la vie et l'urgence de profiter de chaque instant. Ils apportent à cette histoire pourtant bien ancrée dans le réel, un petit côté magique qui est tout à fait délicieux. Le bonheur est souvent à portée de main. Il suffit d'y croire et de se donner les moyens de le saisir. Il n'est jamais trop tard pour être heureux, soyez-en sûrs...

 

En quelques mots :

Un roman magnifique plein de poésie, d'espoir et d'optimisme, peuplé de personnages attachants et émouvants que l'on n'a pas envie de quitter. Une très belle lecture !


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2014-04-02T04:00:00+02:00

Debout les vieux ! (Ondine Khayat)

Publié par MyaRosa

Debout les vieux !

Ondine Khayat

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Catégorie(s) : Littérature francophone - Roman contemporain

Edition / Collection : Michel Lafon

Date de parution : 6 mars 2014

Nombre de pages : 288

Prix : 16,95€

 

L'histoire :

Léonce a beau avoir 72 ans, être mise à la retraite du jour au lendemain lui reste en travers de la gorge. Et puis que va-t-elle faire de ses journées, de sa solitude, des souvenirs – douloureux – qui remontent à la surface ? Soudain, elle se sent vieille, et inutile… ce qui n’arrange en rien son mauvais caractère. Qu’à cela ne tienne, ses voisins de la Résidence des Mouettes décident de la sortir de ce début de dépression. Régis le concierge qui veut changer le monde, Mimosa la fleuriste généreuse, Mama Rose l’âme du quartier, Arsène le bel architecte, Mireille la sexygénaire, Chicano l’ex-plombier, et enfin Slimane, Valentine et Amidon, tout juste entrés dans l’adolescence… Tous vont s’ingénier à lui réinsuffler le goût de vivre. Et ça marche ! Bienfait des différences, rapprochement des générations, miracles de la solidarité, le tout assaisonné d’un petit grain de fantaisie, rien de tel pour oublier le poids des ans et redécouvrir les joies de l’existence. Au bonheur des vieux est un roman aussi réjouissant que thérapeutique !

 

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 Léonce, soixante-douze ans, est couturière et compte bien le rester encore longtemps car elle n'imagine pas sa vie autrement. C'est sans compter sur son patron qui, après l'avoir remercié de ses bons et loyaux services, la pousse vers la sortie. Léonce se retrouve à la retraite, du jour au lendemain, sans savoir quoi faire de ses journées. Elle se sent vieille, moche et inutile. Elle rumine à longueur de journées, ne sachant comment occuper sa solitude. Malgré ses efforts, elle a l'impression que toutes les portes lui sont fermées, qu'elle n'a plus sa place dans la société. Ses voisins, les habitants de la résidence des Mouettes, tentent en vain de lui faire retrouver le sourire, mais rien ne semble marcher. Plus ils essaient d'être gentils, plus Léonce se ferme. Qu'à cela ne tienne, ils ont beaucoup d'imagination et plus d'un tour dans leur sac pour lui redonner goût à la vie...

 

 Ondine Khayat signe ici un roman original, drôle et décapant ! Je me suis laissée tenter par cette lecture sans trop savoir à quoi m'attendre, et j'ai passé un très bon moment. On sent bien la détresse de Léonce et avec son histoire, on prend conscience de la place des personnes âgées dans notre société. Je me suis vraiment mise dans la peau du personnage et je me suis sentie mal pour elle. Franchement, je n'avais jamais pensé à ce que peuvent ressentir les retraités, à quel point ils peuvent se sentir exclu de tout. Bon, détrompez-vous, ce n'est pas un roman moralisateur et pessimiste, loin de là. L'auteur fait passer son message mais avec beaucoup d'humour et de légèreté et nous montre qu'au contraire, on peut bouger les choses.

 

 Qu'elle est drôle notre Léonce ! Je me suis beaucoup attachée à elle malgré son mauvais caractère. Et puis, j'ai adoré les autres aussi : Mama Rose et ses bons petits plats au goût de Paradis, Mimosa qui fait le bien autour d'elle avec des bouquets de fleurs, la pimpante et extravagante Mireille, le séduisant et gentil Arsène et les enfants qui sont pétillants et généreux. Ensemble, ils forment une joyeuse bande qui met à l'honneur l'amitié, la générosité et la solidarité. C'est un roman plein de bonne humeur qui met du baume au coeur et que l'on referme le coeur léger après avoir bien ri et passé un très bon moment.

 

 Il y a un seul petit point qui m'a gêné durant ma lecture. L'auteur fait souvent allusion à son précédent roman dans lequel on retrouve certains personnages et c'est quelque chose que je n'aime pas ou alors il faut que ce soit vraiment bien fait et imbriqué dans le récit. Bien sûr, c'est un petit clin d'oeil sympa pour ceux qui ont lu cet autre roman et se demandent ce que deviennent les personnages, mais là j'ai trouvé ça lourd et pas très subtil. Ca arrive comme un cheveu sur la soupe à plusieurs reprises. Comme une page de publicité en plein milieu d'un bon film... Dommage !  Néanmoins, ça reste insignifiant par rapport à mon ressenti général sur ce livre car j'ai passé un délicieux moment et je garderai un joli souvenir des habitants de la résidence "Les Mouettes".

 

En quelques mots :

Une jolie lecture, pleine d'humour et de charme, dans laquelle on rencontre des personnages drôles, émouvants et attachants. Une belle histoire de solidarité qui nous montre qu'on peut être heureux, avec un peu d'aide et si on s'en donne les moyens.


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2014-03-19T10:03:00+01:00

Plein hiver (Hélène Gaudy)

Publié par MyaRosa

Plein hiver

Hélène Gaudy

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Catégorie(s) : Littérature francophone - Roman contemporain

Edition / Collection : Actes Sud

Date de parution : 8 janvier 2014

Nombre de pages : 200

Prix : 20€

 

L'histoire :

Par une aube tranquille et glaciale, un jeune homme apparaît, seul, sur la route de Lisbon, dans le Nord des Etats-Unis. Aussitôt naît la rumeur qui bientôt envahit les rues de la ville : David Horn est revenu. Quatre ans plus tôt, le garçon de quatorze ans n'est pas rentré d'une soirée comme les autres au cours de laquelle, en compagnie de sa petite bande, il avait refait, rageur, le tour d'un univers étriqué circonscrit par la montagne, le ciel pâle, une rivière minuscule. Son retour perturbe l'équilibre de la communauté, qui s'était resserrée sur son absence, et suscite plus de méfiance que d'enthousiasme. Celui qui revient peut-il être le même que celui qui est parti ? Plein hiver explore cet espace blanc de l'identité à petites touches précises qui pénètrent peu à peu le mystère des personnages. Sur le temps qui passe et les rêves plus grands que l'Amérique, sur les éloignements nécessaires et la méconnaissance de ceux qu'on aime, Hélène Gaudy compose un roman fiévreux, trouble comme les blessures d'enfance, qui dessine la cartographie d'adolescences en suspens.

 

monavis

 

 Après la lecture de ce roman, je suis très embêtée car j'ai beaucoup de mal à mettre des mots sur mon ressenti. L'histoire se déroule à Lisbon, une petite ville américaine où tout le monde se connaît et dans laquelle on ne fait que passer. Les gens la traversent sans s'y arrêter car il n'y fait pas spécialement bon vivre. Il n'y a rien d'attirant ou de particulier dans cette ville. Ses habitants y sont comme englués et seuls les adolescents espèrent encore pouvoir en sortir. A Lisbon, tout semble terne, le temps semble suspendu. Pourtant, un événement est venu, par deux fois, bousculer les habitants de Lisbon : la mystérieuse disparition d'un adolescent qui s'est fondu dans le décor, comme s'il avait été avalé par la ville, et puis sa réapparition inattendue, quatre ans plus tard.

 

 Ce roman est surprenant par bien des aspects. D'une part parce que son intérêt ne réside pas dans le pouquoi de cette disparition/réapparition. L'auteur préfère avancer des hypothèses, engendrer encore plus de questions, plutôt que de nous livrer un fait établi. Ce roman s'intéresse surtout à ces jeunes qui vivent à Lisbon, qui rêvent de mieux, qui cherchent à retrouver la douceur de l'enfance ou aspirent à devenir adultes, sans pour autant trouver ce qu'ils recherchent. Le point positif de ce roman est sans aucun doute son atmosphère, et pourtant, c'est peut-être justement ce qui m'a dérangée...

 

 Hélène Gaudy a réussi à créer un roman fort, un huis-clos oppressant et froid duquel ressortent la solitude et l'ennui des habitants de la petite ville de Lisbon. Néanmoins, l'atmosphère était tellement forte que je me suis sentie, moi aussi, prisonnière de cette ville, incapable de sortir de cette torpeur dans laquelle j'étais plongée. Je n'arrivais pas à m'attacher aux personnages et je n'avais aucune envie de retourner à Lisbon. Je me suis sentie piégée et mal à l'aise. Pourtant d'habitude, j'adore ressentir cela, mais là je n'y ai pris aucun plaisir. J'avais surtout envie de me sortir de là, de quitter Lisbon pour ne jamais y revenir. L'ennui a pris le dessus et je me sens encore très mal à l'aise après avoir refermé ce roman. Cependant, je trouve ça vraiment fort que l'auteur ait réussi à nous faire ressentir exactement ce que doivent ressentir ses personnages. J'ai apprécié sa plume et cet aspect du roman en y repensant après, mais je quitte Lisbon pour ne plus jamais y revenir, c'est certain ! C'est une lecture vraiment troublante et je me rends finalement compte en écrivant ce billet de toute sa force et de son emprise, chose dont je n'avais absolument pas conscience durant ma lecture. 

 

En quelques mots :

Quelle étrange impression ! Je n'ai pas apprécié ce roman lorsque j'étais plongée dedans, mais c'est après lecture et en essayant de mettre des mots sur mon ressenti que j'y trouve finalement du positif. Je me rends compte de la force de ce livre, de son impact et de l'emprise qu'il a sur le lecteur. Hélène Gaudy a un talent indéniable et cette lecture est vraiment troublante.

 

Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour cette lecture


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2014-02-18T09:15:00+01:00

La Bête (Catherine Hermary Vieille)

Publié par MyaRosa

La Bête

Catherine Hermary Vieille

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Catégorie(s) : Littérature francophone - Roman historique

Edition / Collection : Albin Michel

Date de parution : 29 janvier 2014

Nombre de pages : 160

Prix : 15€

 

L'histoire :

Au XVIIIe siècle, dans le petit village de La Besseyre-Sainte-Marie, en Gévaudan, on a moins peur des loups, que l'on sait traquer depuis longtemps, que du Diable. Seul le père Chastel sait le tenir à distance avec ses potions et ses amulettes. On respecte, on craint cet homme qui détient tant de «secrets». Mais lorsque la région devient la proie d'un animal aussi sanguinaire qu'insaisissable, comme vomi par l'enfer, le sorcier reste impuissant. La perte de ses pouvoirs serait-elle liée au retour de son fils Antoine, cet étrange garçon solitaire et sauvage, échappé des geôles du dey d'Alger ?

 

monavis

 

 L'histoire sombre et inquiétante de la bête du Gévaudan a fait couler beaucoup d'encre et est sujette à de nombreuses interprétations plus ou moins farfelues. Catherine Hermary Vieille nous livre sa version de l'histoire. Elle commence d'abord par planter le décor avec brio. Une terre reculée où les hivers sont rudes et où la vie n'est pas toujours facile. Des petits villages isolés dans lesquels on prie pour maintenir le diable à distance. Un endroit où les contes et les légendes sont omniprésents. On se raconte des histoires terrifiantes, le soir au coin du feu. On se rend chez le guérisseur afin d'obtenir des amulettes pour se protéger des monstres et du malin. On se barricade à la nuit tombée, craignant l'attaque des loups et des créatures terrifiantes qui hantent les bois et les tourbières. C'est dans ce contexte que va sévir la bête. Une bête effroyable dont la fureur et la cruauté vont faire trembler les villageois. Une bête que rien n'arrête et qui sème tant de cadavres sur son passage que ce fait divers va arriver aux oreilles du roi, en personne, qui va faire intervenir ses hommes afin de venir à bout de la bête. Mais aussi terrifiants soient-ils, il y a encore bien pire que les loups et que le diable dans ces terres reculées du Gévaudan...

 

 J'ai adoré la façon dont Catherine Hermary Vieille plante le décor. Toutes ces références aux mythes, aux légendes et aux contes m'ont beaucoup plu. J'aurais bien aimé rester un peu plus longtemps dans cette atmosphère pesante et inquiétante. Un huis clos dans ce petit village de Lozère ne m'aurait vraiment pas déplu, mais ce n'est pas du tout la direction prise par l'auteur. Nous suivons Antoine, le fils du guérisseur du village. C'est un jeune homme étrange et solitaire qui aspire à une vie meilleure et à plus de liberté. C'est ainsi qu'un beau matin, il prend la route pour le sud, se décidant enfin à aller voir la mer dont il rêve depuis si longtemps. Mais les choses ne vont pas du tout se passer comme il l'espérait et Antoine va revenir au village, quelques années plus tard, changé à jamais.

 

 Ne vous y trompez pas, ce n'est pas un roman à suspense. On sait rapidement de quoi il retourne. Catherine Hermary Vieille nous livre un roman très documenté entre l'histoire réelle et le mythe du Gévaudan, même si la barrière entre les deux est toujours obscure à l'heure actuelle. Il y a une part de fiction, bien sûr, mais le récit semble d'autant plus vraisemblant qu'il est ponctué de faits qui ont réellement eu lieu et les personnages portent même les noms des gens impliqués, de près ou de loin, dans cette affaire. Malgré le titre, il y a, dans ce roman, plusieurs bêtes. L'auteur nous montre également jusqu'où peut aller la folie humaine. Nous avons certainement tous en nous une part obscure et des pulsions bestiales et violentes et c'est intéressant de réfléchir à ce qui peut pousser quelqu'un à basculer de l'autre côté, à aller au bout de ces pulsions même si je reste persuadée que le personnage auquel je pense a toujours eu ce côté obscur en lui, qui n'attendait pas grand chose pour sortir. Jusqu'au bout, on espère et on attend une rédemption. Je ne vous dirais pas si elle finit par arriver ou non, mais la fin m'a semblé logique. Il n'aurait pas pu en être autrement.

 

 Malgré des passages vraiment désagréables à lire car trop crus et violents à mon goût, j'ai aimé les réflexions qu'apportent cette histoire et j'ai été séduite par l'écriture de l'auteur. Je regrette, par contre, de ne pas avoir réussi à m'attacher aux personnages principaux et surtout de ne pas avoir ressenti de compassion pour eux. C'est quelque chose qui m'a vraiment manqué et qui aurait rendu cette lecture bien plus forte. En revanche, j'ai vraiment aimé le décor peint par l'auteur ainsi que le fait que ce roman soit richement documenté et très proche de la réalité. Tellement proche qu'on se demande où se situe la frontière entre fiction et réalité et ça, ça fait froid dans le dos ! Un roman très court sur lequel il y a pourtant beaucoup à dire.

 

"Jamais il n'a eu d'amis et il n'aurait pas su quoi en faire. Se retrouver entre garçons du même âge pour rigoler, avaler des gobelets d'eau-de-vie ne procure que l'illusion de la fraternité. Manger, boire ensemble, c'est partager de la solitude. Rien de plus." (Page 48)

 

" En Gévaudan, on ne survit pas seul, on dépend des saisons, du temps, du gibier, du produit des vergers et des potagers. On vénère de vieux arbres, des rocs, on voit dans les ruisseaux de bonnes fées à la chevelure mousseuse que parent les libellules. L'hiver au coin du feu, ce n'est pas de Dieu que l'on parle mais des loups-garous, des âmes des morts qui se manifestent dans les feux follets, des bêtes sans nom qui hurlent à la lune. Les enfants écarquillent les yeux, les vieux sommeillent, le bois pétille dans l'âtre. On entend parfois l'appel lointain d'un loup, le hululement d'un chat-huant, le craquement d'une branche. On se serre épaule contre épaule.

 Jamais les Chastel ne participent aux veillées. Derrière leurs fenêtres, on aperçoit la lueur d'une chandelle qui brûle tard dans la nuit. Si par hasard une chouette se fait entendre près de chez eux, on se signe. Quelqu'un va mourir ou "naître", disent plutôt les vieux : mourir ou naître, n'est-ce pas la même chose ? " (Pages 11 & 12)

 

En quelques mots :

Un roman noir bien écrit, documenté et fort intéressant qui revient sur l'histoire de la bête du Gévaudan.


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2014-02-14T21:28:00+01:00

Belle famille (Arthur Dreyfus)

Publié par MyaRosa

Belle famille

Arthur Dreyfus

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Catégorie(s) : Littérature francophone

Edition / Collection : Folio

Date de parution : 31 octobre 2013

Nombre de pages : 269

Prix : 6,80€

 

Quatrième de couverture :

Madec se dirigea vers la cuisine pour chercher un couteau à pointe fine. Comme s'il était surveillé, il s'interdit la lumière. L'obscurité ne faisait pas disparaître les formes, mais les couleurs. Est-ce ainsi que voyaient les gens dans les vieux films ? L'enfant ouvrit le tiroir à ustensiles. Ensuite, un peu de bruit, et beaucoup de silence.

 

monavis

 

 En ce moment, je cours partout. J'ai des milliers de choses à faire, des enfants malades à soigner et à consoler et du retard à rattraper. Pourtant, après avoir ouvert ce livre, je n'ai plus réussi à le reposer et je l'ai dévoré dans l'après-midi, entre les biberons, les câlins et les médicaments à donner. Cela faisait bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Ce livre m'a totalement happé. Je me suis sentie prisonnière, victime d'une curiosité malsaine qui me poussait à aller plus loin dans ma lecture malgré la monstruosité de l'histoire. Je voulais savoir, je voulais comprendre. Et maintenant, me voilà complètement chamboulée. Bien sûr, on ne peut pas lire ce roman sans penser à une histoire qui a fait le buzz il y a quelques années : la disparition de la petite Maddie alors qu'elle était en vacances en famille au Portugal. Disparition ? Meurtre ? Accident ? Enlèvement ? A ce jour, on ne connaît toujours pas le fin mot de l'histoire. Arthur Dreyfus s'est largement inspiré de cette sombre histoire pour écrire ce roman glaçant et percutant et le moins que l'on puisse dire, c'est que le parti qu'il prend fait froid dans le dos !

 

 Nous faisons la connaissance de la famille Macand qui pourrait ressembler à beaucoup d'autres familles : trois enfants, une mère froide et autoritaire qui porte la culotte, un père un peu effacé qui semble se demander ce qu'il fait là, sans pour autant envisager de changer la moindre chose dans sa vie et des vacances en Italie qui approchent à grand pas. Des vacances qui vont mal se terminer puisque, Madec, l'un des enfants disparaît. L'auteur dresse le portrait psychologique de chaque personnage et alterne les points de vue. Il s'intéresse surtout à l'après, au cirque médiatique qui entoure ce drame, aux mensonges et aux rôles joués par certains et à la part de gloire que tout un chacun essaie d'obtenir même dans les moments les plus sombres. C'est terriblement noir, voire même glauque et en même temps fascinant. Ce qui est effrayant, c'est que le portrait que l'auteur nous fait des personnages semble vrai. C'est crédible et la distance, la froideur qu'il met dans ses mots apporte une crédibilité, une impression d'objectivité qu'on ne peut pas contrer. Il étale les faits sans jamais laisser place au doute. Avec cynisme, l'auteur décortique l'âme et l'esprit humain. Il s'attaque également à notre société à la dérive, et à son absurdité. Personne n'est blanc dans cette histoire. Tout le monde a quelque chose à se reprocher : la famille, la société, les médias, les opportunistes et même le lecteur.

 

 J'ai trouvé ce roman pertinent, brillant et pleinement d'actualité puisqu'il aborde de nombreux sujets souvent tabous (la sexualité, la violence, le manque d'amour, le mensonge, l'acharnement médiatique, le coupable idéal à qui l'on jette trop vite la pierre etc...) et on pourrait rapprocher cette affaire de beaucoup d'autres. On est tenu en haleine du début à la fin, aussi choqué que fasciné. L'écriture d'Arthur Dreyfus est très agréable à lire et très mature malgré le jeune âge de l'auteur. J'ai d'ailleurs noté beaucoup de passages et de citations. C'est un roman qu'on ne peut pas oublier de sitôt. Je comprends que la façon dont l'auteur nous énonce les faits puisse déplaire par son côté froid, distant, qui peut paraître presque insensible, mais j'ai trouvé que c'était d'autant plus percutant et vraisemblant. Les dernières lignes m'ont glacé le sang. Je vais avoir du mal à m'en remettre...

 

En quelques mots :

Un roman qui vous prend aux tripes, vous happe et ne vous lâche pas avant de vous avoir ouvert les yeux. Ce serait mentir que de dire qu'on se sent comme avant en le refermant. C'est un roman qui choque, qui envoie valser nos certitudes, nous fait douter de tout et de tout le monde. On se sent presque coupable après l'avoir lu.

 

¤¤¤¤

 

 "Je ne crois pas en la vérité. Comme l'esprit humain, elle a ses humeurs. Elle a son humour. On pense la tenir par une extrémité. De l'autre elle se dérobe, pour nous contraindre à rêver. L'écrivain ne fait rien d'autre que cela : rêver la vérité. A sa mode il la tourne ; comme le caramel mou confectionné par des tabliers blancs sur les marchés de Bretagne.

 

La matière première du romancier ne colle pas aux molaires. Elle flotte autour de lui. Ce sont des larmes. Ce sont des lignes. [...] L'écrivain n'est jamais fidèle à la vérité. Il lui préfère sa petite soeur, la vraisemblance." (Pages 13 & 14)

 

 

 "Pourquoi regardait-il la vie au lieu de la vivre ? Jamais il ne s'était senti malheureux, seulement il ne comprenait pas la nécessité d'aller à l'école, à l'église, chez le dentiste, de recevoir des cousins à dîner. S'il consentait à jouer le jeu, c'est qu'il guettait la moindre de ces parenthèses - ces instants où, fracassant le réel, l'imprévu pouvait éclore. Une parenthèse, c'était le nuage de craie qui provoque l'éternuement de la maîtresse ; c'était le reflet azur du vitrail coulant sur le nez de Julien Matis ; c'étaient deux grandes personnes qui s'aiment sans se le dire." (Page 64)

 

 "Pourquoi la vie, dans son grand hasard, distribuait-elle du sucre aux uns et du sel aux autres ?" (Page 232)

 

 "L'enfance est un coloriage. [...] Si à la naissance, nous recevons tous le même carnet blanc, les couleurs pour l'illustrer sont inégalement distribuées [...]" (Page 234)

 

 

Merci à Livraddict et aux éditions Folio.


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2014-01-22T23:00:00+01:00

L'été des lucioles (Gilles Paris)

Publié par MyaRosa

L'été des lucioles

Gilles Paris

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Catégorie(s) : Littérature francophone

Edition / Collection : Héloïse d'Ormesson / Un balcon sur la mer

Date de parution : 23 janvier 2013

Nombre de pages : 222

Prix : 17€

 

L'histoire :

Du haut de ses neuf ans, Victor a quelques certitudes : c'est parce que François, son père, n'ouvre pas son courrier qui s'amoncelle dans un placard que ses parents ne vivent plus ensemble ; c'est parce que Claire et Pilar adorent regarder des mélos tout en mangeant du pop-corn qu'elles sont heureuses ensemble. Et c'est parce que les adultes n'aiment pas descendre les poubelles au local peint en vert qu'il a rencontré son meilleur ami Gaspard.

 

Les vacances au Cap-Martin, cet été-là, seront pour Victor et son copain Gaspard l'occasion de partir à l'aventure sur l'étroit chemin des douaniers qui surplombe la côte. En guidant les garçons jusqu'aux passages secrets menant aux somptueuses villas, papillons, baronne et jumeaux feront bien plus que leur ouvrir la porte des jardins enchantés.

 

Un voyage au pays de l'enfance qui déborde d'émotion et de tendresse.

 

monavis

 

 J'ai découvert Gilles Paris avec son précédent roman "Au pays des kangourous" qui m'avait beaucoup plu, et j'ai ensuite dévoré ses autres livres. Ses romans me font le même effet que ceux de Barbara Constantine. Je trouve qu'ils abordent tous deux des sujets graves mais avec beaucoup de finesse et de légèreté. Il y a toujours beaucoup de candeur et une naïveté très touchante dans leurs romans et on en sort à chaque fois, le coeur léger et le sourire aux lèvres, avec de merveilleux souvenirs que l'on conservera longtemps.

 

 Dans ce roman, nous faisons la connaissance de Victor qui est le narrateur. Il a neuf ans, un papa qui refuse de grandir, deux mamans, une soeur adolescente et des questions plein la tête. Victor vit à Bourg-en-Bresse où sa maman tient une librairie, mais il passe ses vacances au Cap-Martin dans une maison de famille héritée d'une tante qu'il n'a pas connu. Un endroit où son père refuse de mettre les pieds sans en expliquer la raison. Dans cet endroit chargé d'Histoire, près de somptueuses villas pleines de secrets, Victor va vivre un été inoubliable...

 

 J'ai souvent du mal avec les auteurs qui tentent de se faire passer pour des enfants car je trouve que ça sonne souvent faux. On n'y retrouve pas cette innocence, cette naïveté propre à l'enfance, et c'est encore pire quand l'auteur s'essaie au langage "djeun's" car là ça devient encore moins crédible. Mais Gilles Paris n'est pas de ceux-là. Il arrive, avec une facilité déconcertante et beaucoup de finesse, à se glisser dans la peau d'un enfant. A nous parler avec ses mots, à nous faire ressentir ses émotions, à nous faire voir les choses avec ses yeux. On a vraiment l'impression que l'histoire nous est racontée par un enfant. Un enfant qui aurait en lui la magie des mots et le pouvoir de les faire s'envoler comme les petits papillons qui semblent attirés par le petit héros de ce roman.

 

Sans titre 1-copie-1 J'ai tellement aimé ce roman que je ne sais pas par où commencer. Il y a d'abord cette mère qui passe son temps à lire et tient même un blog. Forcément, je me suis reconnue un peu en elle, même si je n'ai pas le même âge ni la même histoire. Ca m'a bien plu de pouvoir m'identifier à elle. Il y a cette complicité silencieuse et pleine de tendresse qui unit Pilar et la mère de Victor. Il y a aussi le cadre et le contexte qui m'ont beaucoup plu. Ca sent bon le sable chaud et les souvenirs de vacances, les bains de soleil, les jeux dans l'eau, les premiers amours, l'amitié, la limonade, les longues soirées d'été, les glaces au chocolat et les tartines de confiture. C'est un roman rempli de couleurs, d'odeurs et de saveurs. Une véritable petite madeleine de Proust qui nous fait retourner en enfance le temps de quelques heures. Il y a aussi ce mystère qui plane et ces jeux interdits qui procurent aux enfants ce goût d'aventure et de liberté auquel ils aspirent. Il y a ces personnages qui se cherchent, ceux qui ont peur de grandir, ceux qui aimeraient avancer mais sont prisonniers de leur passé, les éternels romantiques et les rêveurs. Il y a ce petit côté magique qui apporte encore un petit quelque chose en plus et puis Victor qui observe le monde avec étonnement et fascination. Il y a beaucoup de justesse et de pertinence dans ses propos, une grande sagesse qui pourtant ne semble pas fausse dans la bouche d'un enfant mais, au contraire, toute naturelle. Il voit ce que les adultes ne voient pas, arrive à déceler ce qui manque à chacun pour atteindre le bonheur. C'est un petit bonhomme attendrissant et adorable que l'on voit grandir et s'épanouir le temps d'un été.

 

 Je me suis attachée à tous les personnages de cette histoire. J'ai adoré Victor, bien sûr, mais aussi ses parents et même sa soeur qui pourtant m'agaçait terriblement au début du roman, car Gilles Paris nous invite à regarder au-delà des apparences. On ne peut pas prétendre connaître les gens. On ne sait pas ce qu'ils ont vécu avant, ce qui les a poussé à devenir ce qu'ils sont ni les secrets et les douleurs qu'ils ont en eux. J'ai beaucoup aimé la belle histoire d'amitié que l'on voit naître entre Victor et la baronne malgré leur différence d'âge. J'ai adoré Pilar, son naturel, sa gentillesse et j'ai été émue de découvrir son histoire et ce passé qui l'empêche d'avancer. On parle beaucoup d'art et de moyens d'expression dans ce roman, que ce soit dans l'écriture de Victor, dans la peinture de Pilar, dans la musique évoquée, dans l'architecture des villas ou dans les romans que dévore la maman de Victor. Et je ne parle pas de la poésie des mots. C'est si beau ! Je ne peux que vous recommander chaleureusement ce roman qui m'a fait passer un délicieux moment. Pour tout vous dire, j'ai passé un si bon moment que je n'ai pas envie de commencer un autre livre, pour le moment. Je voudrais rester au Cap-Martin, garder Victor et les lucioles encore un peu avec moi et m'endormir en faisant de doux rêves de nuits d'été et de souvenirs d'enfance. 

 

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En quelques mots :

Gilles Paris nous livre un roman estival lumineux et envoûtant, plein de magie et de mystère, d'insouciance et de candeur. Une très belle lecture, pleine d'émotions, que je recommande fortement. On se retrouve plongé au coeur de l'enfance, dans des souvenirs de vacances qui pourraient être les nôtres.

 

 

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Quelques citations et extraits :

(Je n'ai pas arrêté de prendre des notes durant ma lecture et j'ai noté tellement de passages qu'il m'a été difficile de faire un choix. J'espère que ça vous donnera envie de lire ce roman, si mon avis ne vous a pas convaincu...)

 

"Maman adore Peter Pan. Elle dit que Papa lui ressemble un peu, la magie en moins." (page 38)


"Dans une de ses peintures, Pilar a peint sa maison d'enfance à Capilla del Senor, avec un toit rose et des tas de volets fermés. On dirait que personne n'y vit, ou que tout le monde dort encore. Rien ne traîne sur la terrasse qui descend en escalier de chaque côté jusqu'au jardin. De belles roses rouges grimpent le long des murs comme si leur parfum devait réveiller les dormeurs. L'herbe est verte, de la couleur des volets fermés, bien coupée, et la rosée du matin ressemble à des petites perles d'eau. Mais la première chose qu'on voit dans ce tableau est au milieu du jardin, la seule présence presque humaine, un gant blanc oublié au centre du tableau." (page 41)

 

"Juste après le déjeuner, je cours jusqu'au chemin des douaniers. Enfin, j'essaye. Si j'avais des ailes, je pourrais voler au-dessus des marches et surtout des racines qui retiennent mes pieds comme des pièges pour enfants trop pressés." (page 98)

 

"Avant de retourner à ses pinceaux, Pilar a préparé un café chaud, des tartines encore tièdes dans le grille-pain, et nos oranges pressées dans des verres à moutarde sur la table de la cuisine. En m'attendant, Maman a commencé un nouveau livre. Je ne lui demande jamais de quoi ça parle, surtout quand elle est en train de lire. Sinon elle me regarde avec ses yeux de maman fâchée qui ne sait plus où elle en est. Moi, si je le fais, c'est parce que je veux être sûr qu'elle m'aime toujours, plus que tous ces livres qui prennent tout son temps. Des fois, j'aimerais être un roman pour ne plus quitter sa main. " (page 113)

 

"Je me demande ce qu'aurait été la vie de maman sans les livres. [...] Elle vit toutes ces vies comme les siennes, traversant les siècles et les pays, en suivant des yeux cette encre noire qui fait battre son coeur et parfois la fait sangloter. Moi, je pleure quand je tombe de vélo. Un vrai bobo qui se voit, lui, avec mercurochrome et sparadrap. Maman verse une larme pour un personnage qui n'existe pas, sauf dans la tête d'un écrivain. Le pansement de maman est un carré de chocolat ou une cuillère de dulce de leche qu'elle avale avec ses larmes." (page 114)

 

"L'émotion est comme un ascenseur qui n'arrête pas de monter. Il n'y a que les larmes pour le faire redescendre." (page 114)

 

"On se laisse tomber tous les trois à genoux sur nos serviettes, puis sur le dos, bras écartés, les yeux en tirelire à cause du soleil tout là-haut." (page 137)

 

"Lire, c'est un refuge pour se cacher des autres. Moi, tous ces mots me donnent parfois le tournis. Et j'ai trop peur de tomber à l'intérieur de ces pages qui racontent souvent le malheur du monde. C'est comme écouter de la musique classique. C'est beau, mais ça me rend triste." (page 171)

 


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2013-11-30T10:27:00+01:00

Une part de ciel (Claudie Gallay)

Publié par MyaRosa

Une part de ciel

Claudie Gallay

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Catégorie(s) : Littérature contemporaine francophone

Edition / Collection : Actes Sud

Date de parution : 21 août 2013

Nombre de pages : 446

Prix : 22€

 

L'histoire :

Aux premiers jours de décembre, Carole regagne sa vallée natale, dans le massif de la Vanoise, où son père, Curtil, lui a donné rendez-vous. Elle retrouve son frère et sa soeur, restés depuis toujours dans le village de leur enfance. Garde forestier, Philippe rêve de baliser un sentier de randonnée suivant le chemin emprunté par Hannibal à travers les Alpes. Gaby, la plus jeune, vit dans un bungalow où elle attend son homme, en taule pour quelques mois, et élève une fille qui n’est pas la sienne. Dans le Val-des-Seuls, il y a aussi le vieux Sam, pourvoyeur de souvenirs, le beau Jean, la Baronne et ses chiens, le bar à Francky avec sa jolie serveuse…
Dans le gîte qu’elle loue, à côté de la scierie, Carole se consacre à une traduction sur la vie de Christo, l’artiste qui voile les choses pour mieux les révéler. Les jours passent, qui pourraient lui permettre de renouer avec Philippe et Gaby un lien qui n’a rien d’évident : Gaby et Philippe se comprennent, se ressemblent ; Carole est celle qui est partie, celle qui se pose trop de questions. Entre eux, comme une ombre, cet incendie qui a naguère détruit leur maison d’enfance et définitivement abîmé les poumons de Gaby. Décembre s’écoule, le froid s’installe, la neige arrive… Curtil sera-t-il là pour Noël ?

 

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 C'est le début du mois de décembre. Carole quitte sa vie citadine et sa solitude pour rejoindre le Val, le village de son enfance, perdu dans les montagnes, où vivent encore son frère et sa soeur dont elle n'est pas très proche. Leur père, Curtil, leur a donné rendez-vous là-bas, à sa manière : en leur envoyant une boule à neige. Il a toujours su se faire attendre, se faire désirer des jours durant, restant toujours vague sur la date de son retour. Carole s'installe donc dans un gîte à côté de la scierie locale où elle passe son temps à traduire une oeuvre sur la vie de Christo. Elle retrouve les lieux et les personnes qui ont marqué son enfance, ce monde qu'elle a toujours tenté de fuir, mais elle espère pouvoir repartir au plus vite. Les jours passent et Curtil se fait toujours désirer...

 

 "Une part de ciel" est avant tout un roman d'atmosphère. Ce n'est pas l'intrigue qui domine, elle est même reléguée au second plan. Nous suivons le quotidien de Carole, jour après jour, avec beaucoup de détails et de précision. C'est assez surprenant, au départ, et puis on s'habitue rapidement à ces descriptions de journées entières. Le rythme est très lent. La vie s'écoule doucement et paisiblement dans ce Val endormi. Ce qui m'a particulièrement plu, c'est que nous découvrons cet univers à travers le regard de Carole. Au début, tout nous semble endormi, en sourdine, presque mort. On a l'impression qu'il ne se passe rien, que la vie est ailleurs. Comme elle, on se sent totalement étranger à ce petit monde qui vit à l'écart de tout. Sans même s'en rendre compte, elle regarde tout le monde de haut, presque avec dégoût, se sentant totalement en décalage avec eux, avec leurs vies simples et étriquées, et nous aussi... Et puis peu à peu, discrètement, ce petit monde se laisse apprivoiser. On apprend à regarder, à écouter, à voir au-delà des apparences et lorsque l'on referme ce roman,  on ne voit plus les choses de la même manière. On est ému, attendri et touché par tous ces personnages, par leur vie simple, leurs valeurs et leur bonté et on les quitte avec regret. Alors qu'ils nous semblaient étrangers et bizarres, au début du roman, ils nous semblent tous familiers, à la fin. On a l'impression de les connaître et de laisser des amis, une famille, derrière nous.

 

 C'est là qu'est tout le talent de Claudie Gallay. On ne se rend compte de rien avant d'avoir terminé notre lecture, mais elle nous a fait évoluer, a fait changer notre façon de voir les choses, et a créé un lien très fort entre les personnages et le lecteur, au fil des pages, par petites touches. Il en est de même pour le rythme du roman. Alors que le début nous semble lent, presque ennuyant, on se fait à tout cela et on retrouve ce calme et cette simplicité avec plaisir et j'irai même jusqu'à dire qu'on l'attend. Quand on se plonge dans cette histoire, on oublie tout le reste. On a l'impression que le temps s'arrête. C'est un havre de paix, bienveillant et serein, et pourtant, il se passe finalement beaucoup de choses au Val. Tout est dans les gestes et dans les non-dits que l'on apprend à décrypter au fur et à mesure.

 

 J'ai été très touchée par l'histoire familiale de Carole, Gaby et Philippe. Leur relation, très compliquée, s'est construite sur un drame, un secret et des non-dits. Il en va de même pour la plupart des personnages de ce roman. On sent des tensions qui ne datent pas d'hier, des mots qui ne veulent pas sortir, des secrets enfouis depuis toujours. Et que dire des habitants du Val qui sont partagés en deux camps ? Certains voudraient voir les choses changer, évoluer, se moderniser, tandis que d'autres veulent que les choses restent telles qu'elles ont toujours été et tentent de préserver le passé et l'Histoire du Val. C'est un peu toute l'histoire de ce roman. Certains personnages n'arrivent pas à avancer. Ils sont retenus par leur passé, par des choses qui les empêchent d'avancer et n'arrivent pas à accepter que dans la vie, on ne peut pas tout contrôler. Leurs rêves, leurs idéaux n'ont pas pu se réaliser ou ont changé mais ils n'arrivent pas à s'imaginer un autre futur, d'autres possibilités, une autre vie.

 

 Claudie Gallay nous offre un magnifique roman d'atmosphère dans lequel les rêves des uns et des autres se croisent. C'est une conteuse hors-pair qui nous embarque dans son univers et nous apprend à mieux regarder les choses et les gens, à ne pas s'arrêter sur notre première impression. Elle rend la simplicité et l'ordinaire totalement extraordinaires et inoubliables. Roman de l'attente, saupoudré de neige et de bienveillance, et porté par des personnages irrésistiblement humains, "Une part de ciel" est un roman profondément touchant que l'on referme avec beaucoup d'émotions.

 

 

J'ai lu ce livre dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire organisés par Priceminister et puisqu'il faut donner une note à ce roman, voici la mienne : 18/20

 

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2013-11-07T05:00:00+01:00

Seuls les poissons (Françoise Kerymer)

Publié par MyaRosa

Seuls les poissons

Françoise Kerymer

765596Catégorie(s) : Littérature française - Roman contemporain - Saga familiale

Edition / Collection : Pocket

Date de parution : 24 octobre 2013

Nombre de pages : 475

Prix : 7,60€

 

L'histoire :

À Paris, Marie ressasse des pensées solitaires. Alex, son mari, a rejoint Corfou pour se consacrer au piano, et ses filles ont leurs propres défis à relever. Sarah, mère célibataire, dirige seule l'entreprise familiale depuis la disparition de son compagnon. Quant à Elsa, son « petit phare de l'autre côté de l'Atlantique », elle a intégré une unité de recherche en médecine. Mais le passé refait brutalement surface. Et de Paris à New York, de Corfou à la Bretagne, ce sont les vies de tous les membres de la famille qui vont soudain basculer.

 

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 Intriguée par la présentation de ce roman et charmée par cette jolie couverture, je me suis plongée dans ce livre sans trop savoir à quoi m'attendre. J'ai tout de suite beaucoup aimé la façon dont Françoise Kerymer a construit son récit et nous présente ses personnages. Nous faisons la connaissance de toute une famille. Ils sont tous meurtris par un même drame : la disparition brûtale et mystérieuse de l'un d'entre eux. Ce personnage absent est totalement sublimé et placé au coeur de l'histoire. Chaque personnage semble enfermé dans sa bulle, isolé. Ils ont tous besoin de se retrouver et recherchent finalement un but, quelque chose qui donnerait un sens à leur existence. Comme si leur vie avait défilé à toute vitesse et qu'ils s'étaient perdus en chemin. Certains ont besoin de partir à l'autre bout du monde tandis que d'autres préfèrent leur confort et la sécurité de la stabilité. C'est assez padoxal car on a vraiment l'impression qu'ils s'isolent d'eux même, et en même temps, il souffre tous de leur solitude et du manque de quelqu'un. Le récit navigue entre les différents personnages sur plus d'une année. On les voit évoluer et se chercher au fil des saisons et on voyage avec eux entre Paris, Corfou, la Bretagne, New York et les Antilles.

 

 J'ai dévoré la première moitié du livre. Je trouvais le récit hypnotique et l'écriture de l'auteur délicieuse, couv69347915.jpgpleine de poésie et de charme. Néanmoins, mon enthousiasme est retombé d'un seul coup. Vers la moitié du roman, j'ai commencé à trouver le temps long et à me lasser des personnages. Même s'ils sont tous bien construits et qu'on se reconnaît un peu en eux et même s'il faut forcément du temps pour se reconstruire, j'ai trouvé que ça stagnait et qu'il ne se passait pas grand chose. Le récit est tiré en longueurs et j'ai fini par m'ennuyer. Concernant les personnages, ils m'ont, pour la plupart, beaucoup plu. J'ai beaucoup aimé Marie qui ressent le besoin de faire le vide autour d'elle pour se sentir mieux. J'ai aimé Lise et sa bonne humeur, Sarah et sa détermination et Anne, tellement généreuse. J'ai beaucoup aimé Carlos aussi mais j'ai eu plus de mal à cerner Ahmed et Alex.

 

 En revanche, j'ai adoré tous les passages qui mettent l'Art à l'honneur. La musique et les arts plastiques ont une place capitale dans ce roman comme dans la vie et sont, tout comme l'amitié et l'amour, nécessaires à l'épanouissement. Même si j'ai trouvé que c'était beaucoup trop long, j'ai apprécié beaucoup de choses dans cette saga familiale, notamment l'optimisme et la bonne humeur qui se dégagent des pages. Françoise Kerymer nous invite à profiter de la vie, à prendre soin de soi, à profiter des petits bonheurs simples qui sont à portée de main et à savoir les apprécier à leur juste valeur. Il ne faut parfois que très peu de choses pour se retrouver et reprendre goût à la vie... Elle souligne également l'importance de s'accorder du temps pour soi, d'avoir son jardin secret, ses passions à soi et sa part de liberté. Toutes ces choses qui n'ont l'air de rien et qui sont pourtant, sans aucun doute, les clés du bonheur.

 

 Je ne le savais pas quand je me suis lancée dans cette lecture, mais ce roman est en fait une suite du précédent livre de Françoise Kerymer : "Il faut laisser les cactus dans le placard". Ca ne gêne en rien la lecture de ne pas avoir lu le précédent, mais c'est tout de même important de le savoir. Même si mon avis sur celui-ci est partagé, je pense que je lirai l'autre quand même car ce sont les trois soeurs (Marie, Lise et Anne) qui semblent au coeur de ce roman et elles m'ont, toutes les trois, beaucoup plu.

 

"Le mystère, les jardins secrets, c'est le parfum de l'amour. Il faut pouvoir rêver l'autre. Le pire de tout, c'est de tout partager..." (page 146)

 

En quelques mots :

Une saga familiale intéressante qui met l'amour, l'art et l'amitié à l'honneur. J'ai beaucoup aimé les sujets abordés dans ce roman ainsi que la justesse et la finesse avec lesquelles l'auteur les traite. Il est surtout question de recherche de soi et d'épanouissement personnel, de ce besoin de solitude et de liberté présent en chacun de nous et en même temps de la difficulté d'être seul, loin de ceux que l'on aime. Si j'ai beaucoup aimé le thème de ce roman, je l'ai malheureusement trouvé beaucoup trop long à mon goût et je me suis un peu perdue en route. Je suis donc plutôt mitigée sur cette lecture...


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