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deslivresetdesecransencuisine

2023-02-06T13:05:03+01:00

Memphis

Publié par MyaRosa

Tara M. Stringfellow

357 pages, éditions Charleston, janvier 2023

Présentation de l'éditeur :

Dans la chaleur étouffante de l'été 1995, Joan North, sa mère et sa sœur cadette trouvent refuge, loin de la violence de leur père et mari, dans la majestueuse maison familiale à Memphis. Mais les tragédies des générations qui les ont précédées dans cette demeure viennent rapidement rappeler à Joan que la violence n’est jamais loin...Le portrait bouleversant de trois générations de femmes, célébrant la complexité de ce qui se transmet au sein d’une famille et d’une nation tout entière...

 

Mon avis :

 

 L'écriture de Tara M. Stringfellow m'a séduite et conquise immédiatement. Je n'ai pas arrêté, tout au long de ma lecture, de noter des passages que je trouvais beaux et/ou forts et je ne parle même pas de ces paragraphes qui m'ont donné l'impression de voyager, d'être à Memphis à une autre époque, au beau milieu de la cuisine des North à préparer des plats savoureux et des tonnes de tartes en fredonnant.  J'ai vraiment adoré cette lecture qui remue, transporte, hypnotise et fait réfléchir. Réfléchir au sens de la vie, à la condition des femmes, aux injustices et aux inégalités, à la banalisation du racisme, aux sacrifices et aux espoirs que l'on peut faire en tant que femme, soeur, fille ou mère...

 

 Dans ce roman, nous suivons plusieurs générations de femmes d'une même famille. On navigue d'un narrateur à l'autre, d'une époque à une autre, sans pour autant s'y perdre. Cela nous éclaire peu à peu sur les choix et la construction de chacune de ces femmes. Je me suis énormément attachée aux personnages principaux mais également aux personnages secondaires car ici, la famille ne se limite pas aux liens du sang. La famille, c'est tout un quartier. Un quartier qui veille aux bien-être de chacun, à l'éducation des enfants, à la transmission des valeurs et des combats. Memphis est un personnage à part entière. On voit la ville changer, se transformer au fil des décennies tandis que certaines choses ne changent pas. On parle aussi beaucoup d'art, de talent et de don. Des dons souvent cachés, liés à des rêves et des espoirs parfois presque oubliés car sacrifiés pour les autres. On ressent  le poids du passé, des blessures et des combats perdus que semblent porter les générations suivantes qui n'en savent parfois rien. Mais on ressent aussi la portée des combats des uns et des autres qui rejaillit sur les générations futures et permet enfin une sorte de liberté, d'émancipation.

 

 Il y a énormément d'émotions, d'humanité et de poésie dans ce très beau premier roman. J'ai savouré chaque chapitre, j'ai eu envie de rire, de crier, de pleurer, d'aider, de consoler. J'ai été touchée par tous ces gens. Par leur force et leur résilience. Leur amour, leur bienveillance et leur courage m'ont profondément touchée. Et puis, ce livre c'est aussi et surtout... des couleurs !  Une explosion de couleurs, d'odeurs, de bruits et de saveurs qui vous prend par surprise et vous transporte ailleurs ! Je ne peux que vous recommander ce roman qui éveille les sens et nous fait chavirer. J'ai adoré !

 

"Ces choses que faisaient les femmes pour le bien de leurs filles... Celles qu'elles ne faisaient pas." (Page 259)

 

"La maternité est une ancre. Elle m'a dévoré tout entière. J'ai fait du mieux que j'ai pu." (Page 259)

"Les hommes et la mort... Comment pouvez-vous diriger ce monde, alors que vous n'avez jamais rien fait d'autre que vous tuer les uns les autres ?" (Page 260)

 

 

J'ai noté quelques passages gourmands pour le challenge "Des livres (et des écrans) en cuisine" de Bidib et Fondant :

 

"Ce matin-là, tandis qu'August dormait encore, sa mère l'avait réveillée avec son repas favori : le petit déjeuner. Sur la table de la cuisine, Miriam avait trouvé des tomates vertes frites, du gruau de maïs aux crevettes, du petit salé grillé, des oeufs brouillés aux épices servis avec du riz, et des muffins au maïs beurrés pour faire passer le tout." (Page 284)

 

"Les tartes de Maman étaient devenues célèbres là-bas, à la base. Elle en offrait en guise de cadeaux de Noël à tous les voisins, à nos professeurs, au facteur. Le plan de travail de notre cuisine croulait sous les tartes au citron meringuées, les tartes fraise-rhubarbe et les crumbles aux mûres." (Page 117)

 

"Tout Douglas avait mis la main à la pâte. Les hommes avaient fait fumer des cochons lentement, pendant des jours, et les femmes avaient apporté des miches de pain de maïs bien chaudes et des bocaux de pieds de cochon au vinaigre, des gamelles pleines de patates douces caramélisées, des fraises grosses comme des rubis incrustés dans des tartes vastes comme des mines à ciel ouvert." (Pages 183-184)

 

"La salle était déserte à présent. Elle sentait les taillures de crayon et le papier. A part les crumbles de Maman en train de cuire au four ou le poulet aux boulettes de pâte de tante August, je ne connaissais pas d'odeur plus agréable." (Page 240)

 

 

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