Max et les poissons
Sophie Adriansen (texte) & Tom Haugomat (illustrations)
Catégorie(s) : Roman historique / Jeunesse
Edition / Collection : Nathan
Date de parution : 5 février 2015
Nombre de pages : 90
Prix : 5€
Dès 9 ans
L'histoire :
Un poissson pour bonne étoile. Max a un poisson rouge ! C’est sa récompense : à l’école, il a reçu un prix d’excellence. Max a aussi une étoile jaune sur la poitrine. Il la trouve jolie, mais ses camarades se moquent de lui et disent qu’elle sent mauvais. Il ne comprend pas pourquoi. Comme il ne comprend pas cette histoire de « rafle » dont parlent ses parents. Ils disent qu’elle aura lieu demain, mais c’est impossible : demain, c’est son anniversaire ! Il sait déjà que sa sœur lui a fait un cadre en pâte à sel et il espère que ses parents lui offriront un second poisson…
En ce moment, mes lectures sont particulièrement réjouissantes, fortes et riches en émotions. Je suis vernie ! C'est encore un coup de coeur que je vous présente aujourd'hui. Un roman jeunesse court mais terriblement poignant qui m'a beaucoup émue. Il nous replonge dans une période particulièrement noire de l'Histoire : la Seconde Guerre Mondiale et plus particulièrement la rafle du Vel d'Hiv. L'auteur a choisi de nous offrir un autre regard sur cet événement, celui d'un enfant de huit ans qui voit les choses avec la naïveté et l'innocence propres à l'enfance. Le récit en est d'autant plus touchant.
Max va bientôt avoir huit ans. Il possède un petit poisson rouge qu'il aime beaucoup et espère secrètement en avoir un second pour son anniversaire... Mais le jour J, Max et sa famille se réveillent dans les cris et les pleurs des voisins. Ils sont tous emmenés au Vélodrome d'Hiver et déportés peu de temps après à Drancy. Max ne comprend pas très bien ce qui se passe, mais il continue à rêver, à être le petit garçon plein de vie et de gaieté qu'il a toujours été. Bien sûr, il a un peu peur et puis il est un peu triste aussi, mais c'est surtout parce qu'il pense à son petit poisson qu'il n'a pas eu le temps d'emporter...
Ce roman particulièrement bien écrit permet d'aborder avec les enfants (dès 9 ans) les terribles événements survenus durant la Seconde Guerre Mondiale. Bien plus percutant et ludique qu'une leçon d'Histoire, c'est un roman bouleversant et lumineux que nous offre Sophie Adriansen. Le sujet est terrible et triste, c'est évident, mais il y a dans ce livre beaucoup d'optimisme, de la candeur, de la légèreté et même de l'humour sans que cela ne paraisse jamais déplacé. C'est aussi un roman qui sent bon l'été, les clafoutis aux cerises, les souvenirs d'enfance et les jeux en plein air. Je ne vous en dis pas plus, mais le contraste est saisissant et c'est aussi une belle façon de rendre hommage à tous ces enfants qui ont été privés de tous ces petits bonheurs que chacun devrait connaître. Cette injustice est toujours aussi révoltante et il ne faut jamais, au grand jamais, l'oublier.
On trouve, à la fin de l'ouvrage, un petit dossier explicatif sur la Seconde Guerre Mondiale. Je tiens aussi à attirer votre attention sur cette couverture que je trouve très réussie.
En quelques mots :
Un roman court mais intense et terriblement poignant qui revient sur une période très sombre de l'Histoire et qui est porté par un petit garçon de huit ans, touchant et attachant ainsi que par un texte magnifique. Une très belle découverte.
Quelques extraits :
"La guerre, ça fait marcher les Allemands dans les rues et serrer fort les mains des petits garçons."
"Monsieur Pascal est venu me trouver. Il s'est accroupi pour être grand comme moi et m'a dit :
- Tu es le meilleur élève de la classe. L'étoile n'y change rien. Regarde, tu n'es pas le seul à en porter une. La classe est une constellation, chacun brille à sa façon."
"Papa et maman se souviennent comment était la vie avant la guerre. Moi pas. L'été dernier, c'était déjà la guerre. L'été d'avant aussi."
"Je ne sais pas ce qui se passe, mais j'ai peur. Parce que papa, maman et Hélène ont peur eux aussi. Je le sens. Et quand les grands ont peur, c'est comme une couverture toute râpée par laquelle passe le jour : ça ne protège plus rien."
"Ce que j'aime ici, c'est qu'il y a du dehors. On respire. Et aucun problème pour ouvrir les fenêtres : il n'y en a pas."
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