Lettre à mon ravisseur
(Stolen)
de Lucy Christopher
Editeur : Gallimard
Collection : Scripto
Date de parution : 9 septembre 2010
Nombre de pages : 338
Prix : 13€
L'histoire : Ça s'est passé comme ça. J'ai été volée dans un aéroport. Enlevée à tout ce que je connaissais, tout ce qui était ma vie. Parachutée dans le sable et la chaleur. Tu me voulais pour longtemps. Et tu voulais que je t'aime. Ceci est mon histoire. Une histoire de survie. Une lettre de nulle part.
Un thriller psychologique qu'on ne peut ni arrêter, ni oublier.
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Si j'ai eu envie de découvrir ce livre, ce n'était ni pour sa couverture, ni pour son résumé, mais parce que j'ai lu sur la blogosphère que c'était un livre marquant voire choquant, ce qui a attisé ma curiosité. Cette histoire commence comme beaucoup d'autres, une jeune fille -Gemma- est enlevée dans un aéroport et se réveille aux côtés de son ravisseur dans un endroit qu'elle ne connaît pas. Jusque là rien de bien original me direz vous, sauf que son ravisseur au lieu de la malmener comme on aurait pu l'imaginer, est au contraire aux petits soins avec elle. Il ne cesse de lui répéter qu'il l'a emmené pour la sauver, que c'est pour son bien. Et il ne l'a pas emmené n'importe où non plus, elle n'est pas enfermée dans une cave, ni attachée dans une cabane en forêt, mais libre de ses mouvements... en plein désert australien !
Gemma peut aller et venir librement sauf qu'elle se rend vite compte qu'autour de la maison il n'y a absolument rien. Elle n'a nulle part où aller, personne à qui demander de l'aide, et elle sait qu'en plein désert personne ne la retrouvera jamais. On assiste, impuissant, à cette situation sans savoir où tout cela va nous mener. La première moitié du livre est assez lente, il ne se passe pas grand chose, à l'image de ce que vit Gemma, mais ça ne m'a pas du tout gênée. Au contraire, j'ai été fascinée par ce vide, cette étendue désertique où à première vue tout se ressemble. Pour une fois, c'est une lenteur totalement justifiée et qui apporte un petit quelque chose au roman. On a vraiment l'impression d'être en plein bush, de sentir la chaleur sur notre peau, de ne plus entendre aucun bruit. Le désert est tellement bien décrit et il tient une place tellement grande qu'il est au moins aussi important que les personnages.
Dans la deuxième partie, tout change, tout s'accèlère. Les sentiments de Gemma se bousculent, les nôtres aussi, on ne sait plus bien ce que l'on pense, ce que l'on ressent, on se pose des questions, on ne comprend pas. J'ai trouvé certains passages vraiment magnifiques. On comprend parfaitement ce qu'éprouve Gemma , on pense comme elle, et pourtant, une part de nous-même se demande pourquoi, tente de se raisonner. Ce livre m'a bousculée, chamboulée, perturbée, bouleversée. Pour tout vous dire, j'avais la gorge nouée et j'ai même versé quelques larmes...
Par contre, j'avais lu un peu partout que le dénouement était brutal, inattendu, or je ne l'ai pas du tout vécu comme ça. Quand on repense au début du livre, évidemment que l'on ne s'y attend pas, mais plus on avance dans l'histoire et plus on se dit que ça ne peut pas se terminer autrement. On avance avec Gemma, parfois à reculons, vers cette fin. Je la trouve logique mais frustrante. Une fois la dernière page tournée j'ai ressenti un grand vide, un manque, et l'envie de retourner dans le désert C'est étrange comme ce livre arrive à nous faire vivre et ressentir la même chose que le personnage principal. J'ai eu l'impression de tout vivre en même temps que Gemma, de son arrivée dans le désert à la fin de l'histoire. Et j'ai même eu l'impression de ressentir la même chose qu'elle une fois les derniers mots de sa lettre écrits. On est comme elle, perdu, on se pose des questions, on ressent des choses contradictoires et tout cela nous hante bien après avoir refermé le livre...
Un livre qui se vit plus qu'il ne se lit !
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"J'ai commencé une lettre, mais impossible d'aller plus loin que "Chère maman, cher papa." Trop de choses à dire. De toute façon, rien ne me garantissait que tu ne la lises pas. Alors j'ai listé les seuls mots qui me venaient à l'esprit... "emprisonnée, confinée, détenue, retenue, incarcérée, enfermée, internée, réduite, enlevée, kidnappée, dérobée, obligée, bousculée, blessée, volée..." J'en ai noirci des pages."
" Je me suis laissée glisser sur la caisse devant la porte, prenant soudain conscience de la réalité. J'avais jusque-là gardé une lueur d'espoir, l'espoir que je parviendrais à m'échapper. Mais j'ai brusquement compris quelque chose : cette vue qui s'étirait à l'infini devant moi, c'était ma vie et elle s'arrêtait là. A moins que tu ne me reconduises dans une ville, c'est tout ce qui s'offrirait désormais à mes yeux. Plus de parents, plus d'amis, plus de lycée, plus de Londres. Rien que toi et le désert."