Les étranges talents de Flavia de Luce
( The Sweetness at the Bottom of the Pie )
de Alan Bradley
Catégorie(s) : Roman policier - Jeunesse - Littérature canadienne
Edition / Collection : Editions du Masque / MsK
Date de parution : avril 2010
Nombre de pages : 369
Prix : 17€
L'histoire : En plein été caniculaire, le paisible manoir de Buckshaw est agité par de curieux événements : un oiseau mort, timbre collé au bec, est retrouvé devant la porte de la cuisine, un cadavre fait son apparition au beau milieu d'un plant de concombres, et le colonel de Luce, maître des lieux, n'est plus lui-même. Sa fille Flavia décide alors de mener l'enquête et va se retrouver plongée au coeur du passé tourmenté de son père. Véritable chimiste en herbe à l'esprit vif et imprévisible, ses lunettes rondes lui servent autant à attirer la compassion qu'à protéger ses yeux des projections d'acide, et nul ne peut résister à sa fabuleuse repartie... surtout pas ses soeurs.
Une jolie couverture, un résumé plein de promesses, il n'en fallait pas plus pour que je succombe à la tentation. Est-ce que ce livre a été à la hauteur de mes attentes ? Parfaitement ! Pour moi, ce livre fait partie des bons, même des très bons romans jeunesse et j'espère que d'ici quelques années il aura sa place parmi les classiques du genre parce que ce serait parfaitement mérité ! L'auteur est canadien et a publié son premier roman (celui-ci) à l'âge de soixante-dix ans. Il a obtenu de nombreux prix littéraires. L'écriture est brillante, agréable, et pleine de jeux de mots amusants. L'histoire est prenante et les personnages sont excentriques et fascinants. J'ai adoré suivre Flavia dans ses aventures. C'est vraiment un personnage haut en couleur ! A seulement onze ans, cette petite fille est un vrai petit génie. Elle se passionne pour la chimie et les mystères de la vie. Sa curiosité débordante lui joue parfois des tours mais l'aide aussi à surmonter bien des épreuves. Je l'ai trouvé tellement attachante, cette petite fille tellement en décalage avec le monde dans lequel elle évolue ! L'histoire se passe dans la campagne anglaise, dans les années cinquante, cette époque et le milieu social dans lequel elle a grandit font qu'on attend elle qu'elle soit une gentille petite fille bien sage qui reste à sa place et s'intéresse à des choses de fille de son âge. Elle vouvoie son père, est censée demander la permission pour tout et n'importe quoi et pourtant, Flavia prend beaucoup de libertés et ne respecte pas toujours les conventions. Sa relation avec ses soeurs est également délicieuse. Ophélia et Daphné sont très différentes d'elle et sont toutes les deux très proches. Ophélia est obsédée par son image et Daphné passe son temps à dévorer tous les livres qui lui tombent sous la main tandis que Flavia est plus aventurière et n'hésite pas à prendre des risques. Elles ne cessent de se jouer des tours, de s'envoyer des répliques bien cinglantes à la figure. C'est vraiment jubilatoire ! Le manoir Buckshaw est, lui aussi, fascinant avec ses pièces interdites, le laboratoire de Flavia et ses secrets. C'est un personnage à part entière tout comme l'environnement de Flavia dans ce petit village où tout le monde se connait.
J'ai vraiment passé un très bon moment avec ce livre qui était bien partie pour devenir un coup de coeur grâce aux personnages et à l'écriture vraiment délicieuse. Malheureusement, j'ai trouvé certains passages un peu longs ce qui a un peu freiné ma lecture et mon enthousiasme. Néanmoins, ce n'est vraiment pas l'image que je garderai de ce livre car c'est vraiment anecdotique. Ce roman mérite vraiment d'être lu car il est original et sort vraiment du lot. Il n'est pas réservé aux enfants, qui doivent d'ailleurs avoir un peu de mal à saisir toutes les subtilités du texte, il est d'ailleurs paru simultanément dans la collection adultes des éditions JC Lattès. Je suis vraiment très contente d'avoir fait la connaissance de Flavia et je me réjouit car je lirai d'ici peu un autre roman la mettant en scène : La Mort n'est pas un jeu d'enfant. J'espère avoir réussi à attiser votre curiosité. Si ce n'est pas encore le cas, j'espère que les passages suivants sauront vous convaincre...
" Ainsi donc, c'était comme ca que se passaient les choses... Baptême ou enterrement, c'était chaque fois la même histoire : sans même un mot gentil, la première femelle en vue se retrouve enrôlée et on l'envoie s'assurer que l'eau bout dans la marmite... Une petite collation, ben tiens ! Pour qui me prenait-il ? Son larbin ?"
"Il me vint à l'esprit que le paradis était sûrement un endroit où les bibliothèques étaient ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Voire... huit jours sur sept !"
"Une fille peut deviner immédiatement si une autre l'apprécie ou pas : c'est un fait avéré. Fély prétend qu'il existe une ligne téléphonique coupée entre l'homme et la femme, et qu'on ignorera toujours qui des deux a raccroché le premier. Avec les garçons, on ne peut jamais savoir s'ils sont charmés ou tout l'inverse, alors que chez les filles, cela se voit en trois secondes. Un flux ininterrompu de signaux invisibles circule entre elles, comme les messages câblés entre la côte et les bateaux en haute mer."
" J'acquiesçai bêtement, tel l'ingrat rejeton d'une famille d'aristocrates consanguins en mal de compassion."
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