La Terre fredonne en si bémol
(The Earth hums in B flat)
de Mari Strachan
Editeur : NiL
Date de parution : 24 mars 2011
Nombre de pages : 378
Prix : 20€
L'histoire : Agée d'une dizaine d'années, Gwenni Morgan grandit dans un petit village du pays de Galles. Friande de romans policiers, elle se pose beaucoup de questions sur sa famille et la petite communauté au sein de laquelle elle évolue. Face aux énigmes et aux secrets du monde adulte, elle décide un jour de lancer son enquête, comme les détectives de ses livres préférés. Où est donc passé Ifan Evans, ce berger au visage tout rouge dont elle s'est toujours méfiée ? Pourquoi son épouse, la douce Mme Evans, semble-t-elle si mystérieuse et si troublée depuis quelque temps ?
Mari Strachan nous montre combien il est difficile de construire son histoire dans un monde où tout se sait mais rien ne se dit. Lorsque la vérité éclate enfin au grand jour, les secrets de famille brisent l'harmonie apparente du petit village paisible de l'après-guerre. Mais Gwenni a compris depuis longtemps qu'il faut sortir des sentiers battus pour créer la carte géographique de sa propre vie... Le soir, portée par le murmure de la Terre, Gwenni s'envole de son lit pour parcourir la campagne, et alors certaines réponses se dessinent.
« Un soupçon de magie, de conte, de polar et de roman d'apprentissage. Un régal. »
-Financial Times-
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Je n'ai pas envie cette fois de faire durer le plaisir, de laisser planer le doute le temps des premières lignes de mon billet pour enfin vous dire si oui ou non j'ai aimé ce livre. N'y allons pas par quatre chemins, ce livre est un coup de coeur !
Il m'a enthousiasmé du début à la fin, comme rarement je l'ai été jusqu'à maintenant. Dans ce livre, il y a tout ce que j'aime : du suspense, du drame, de l'originalité, de la créativité et de l'humour.
Gwenni est une petite fille extraordinaire et on ne peut que s'attacher à elle. Elle vit avec son père, un homme adorable mais complètement écrasé par les autres, sa mère qui s'énerve tout le temps contre elle, sa soeur Bethan qui ne cesse de s'étaler de son côté du lit la nuit, et son chat qui tient une place importante dans ce roman. Elle est curieuse, intelligente, innocente et fantasque. Elle adore lire et rêve d'avoir sa propre bibliothèque. On retrouve dans le roman de nombreuses références à Alice au pays des merveilles, Hansel et Gretel, ... Gwenni évolue dans un contexte très différent du nôtre, et j'ai beaucoup aimé ce dépaysement. L'histoire se passe dans un petit village gallois à la fin des années cinquante. Les gens sont très croyants mais passent leur temps à déblatérer sur leurs voisins. Les enfants sont au milieu, et ne comprennent pas forcément ce que les adultes racontent. Ils s'inventent ainsi leurs histoires et leurs jeux pour lutter contre l'ennui. Beaucoup de secrets, de non-dits, que Gwenni plus que les autres essaie de percer à jour et de comprendre. La disparition d'Ifan Evans va avoir de multiples conséquences et changer à jamais l'existence de tout ce petit monde...
En plus d'une histoire intrigante car pleine de mystère et de secrets, l'écriture délicate de Mari Strachan est un pur bonheur. Harmonieux, poétiques, ses mots qui m'ont bercé résonnent encore en moi. Ce livre est assez difficile à définir tant les genres sont mélangés... On y retrouve un petit quelque chose qui n'est pas sans rappeler le conte, mais aussi le polar évidemment, et c'est également un récit d'apprentissage. Gwenni, si jeune et innocente au début du roman va découvrir la vérité sur le monde qui l'entoure, les secrets des adultes, les horreurs que l'on cache aux enfants, la méchanceté des uns et des autres et le mal qui nous ronge. La vie n'a rien à voir avec ce qu'elle semblait être jusqu'à présent. Gwenni va de déception en déception, on a envie de la protéger, de l'aider, et finalement elle s'en sort très bien toute seule. Elle est forte, courageuse et pleine d'optimiste. Les épreuves qu'on lui impose, pourtant très dures pour une fille de son âge, ne tarissent pas sa joie de vivre.
Vous allez penser que ce livre est déprimant, mais ce n'est pas le cas ! Oui il y a des choses tristes, mais il y a aussi beaucoup d'humour. La naïveté et l'innocence de Gwenni au début du roman donnent lieu à de petites perles. Par exemple, elle répète sans arrêt les phrases qu'elle entend de ses parents mais qu'elle ne comprend pas forcément. Ses idées et ses rêves m'ont fait sourire plus d'une fois. C'est vraiment un très très beau roman que je ne peux que vous conseiller. Si l'envie d'être dépaysé ou de lire un peu autre chose alors n'hésitez-pas, vous ne serez pas déçus. Je referme ce livre vraiment à regret car j'aurais aimé qu'il dure encore et encore...
En somme, une bien jolie découverte que je dois aux éditions Nil que je remercie.
Un passage (parmi tant d'autres...) qui m'a fait sourire :
"Elle se détourne et tapote du bout des doigts la surface du bureau, comme si elle pianotait un air. Elle observe la mer et le ciel un long moment. Pa' dit toujours qu'on voit bien que Mme Evans est une femme instruite. Elle réfléchit beaucoup. Et Ma' répond à chaque fois : Mouais, j'aimerais bien avoir le temps de réfléchir, moi aussi."