La Petite nageuse du Nil
Héloïse Combes (texte) & Georges Lemoine (illustrations)
Catégorie(s) : Album jeunesse
Thèmes & Mots clés : Egypte - Poésie - Rêve - évasion - liberté
Edition / Collection : Oskar éditeur
Date de parution : 15 octobre 2014
Nombre de pages : 32
Prix : 14,95€
Quatrième de couverture :
«Tu dois être Néféret : la belle. Et si tu n'es pas Néféret, Alors tu dois être Nedjémet : la douce.»
Je suis encore très émue de cette belle découverte. Alors que j'étais en train de préparer un petit bilan avec mes plus belles lectures de l'année 2014, je suis tombée sur cet album qui traînait dans ma PAL depuis quelque temps. J'ai eu envie de savoir ce que cette mystérieuse petite nageuse avait à nous raconter, et je peux vous dire que je ne suis pas déçue du voyage. Quelle pépite ! Voilà un joli coup de coeur que je n'ai pas vu venir et pourtant, dès la toute première page, j'étais conquise ! Lu le 30 décembre, il fera pourtant partie de mon top de 2014 !
"Ce qu’elle aimait, chaque matin, c’était scruter l’horizon où le turquoise mêlé de rose annonçait l’imminente apparition du soleil. Elle se tenait debout, bien droite, son petit ventre et ses seins fermes tendant vers le fleuve. Sous ses pieds, le sable frais s’enfonçait à peine. La rive était déserte à cette heure. Seules quelques figures géométriques intactes évoquaient dans un parfait silence des présences pas si lointaines."
C'est l'histoire d'une jeune servante qui, chaque jour, oublie ses chagrins et ses peines en se baignant dans le Nil. Elle nage, flotte, vogue, se laisse bercer par le courant qui l'emporte. Elle observe en silence les poissons, les algues, et tout ce qui évolue autour d'elle. Elle ne veut surtout rien déranger. Elle profite du spectacle qui s'offre à elle, de l'aurore, de la brûlure du soleil, des tourments qui sont loin... Non loin de là, un petit sculpteur observe cette petite nageuse du Nil, imagine son nom, rêve à elle...
"L'aurore ensanglantait le monde. Au village, là-bas, les hommes dormaient encore. Elle savait qu'elle était libre de savourer ces instants, et que rien, absolument rien de mal ne pouvait arriver."
Quelle délicatesse, dans cet album ! Le texte est tendre, doux, poétique. Les illustrations sont pleines de finesse et de charme. Il y a une atmosphère particulière qui se met en place dès la première page. On est comme dans une bulle, dans un rêve. C'est calme, silencieux, apaisant. Comme la petite nageuse qui se laisse porter par le cours de l'eau, on se laisse porter par les mots et les sensations qu'ils nous procurent.
"Petites abeilles du soleil,
Picotez-moi,
Rappelez-moi chaque matin la beauté de Vivre,
Et qu'ainsi ma tâche du jour
Ne soit guère plus pesante
Que le vol du faucon qui fend haut le ciel azuré."
Ce livre est librement inspiré d'une cuiller à fard exposée au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. A l'image de cette oeuvre, sa signification reste mystérieuse. On nous suggère, on nous murmure une histoire qui laisse libre cours à l'imagination, ouvre le champ des possibles. Et si... On rêve, on imagine, on invente. Tout est possible... C'est beau, c'est pur, c'est sublime !
"Les bras à angle droit avec son buste, elle écoutait le soleil lui parler de fêtes aux parfums d'encens et de myrrhe, du miracle des fleurs de cactus fleurissant en plein désert, du vol rose des flamants, de l'éclat insoutenable des pyramides [...] Elle adaptait chacun de ses mouvements, chacune de ses respirations, aux mouvements et aux respirations du ciel et de l'eau. Sachant que de la sorte, rien de mal ne pourrait arriver."
En quelques mots :
Un album poétique et délicat à découvrir absolument ! Fabuleux !