La Lune s'enfuit
( Kuu Karkaa )
de Rax Rinnekangas
Editeur : Phébus
Collection : Domaine étranger
Date de parution : mars 2011
Nombre de pages : 146
Prix : 17€
L'histoire : Lassi passe l’été à Latvazla, village de Finlande, chez les parents adoptifs de son père. Avec leurs enfants, Sonja et Léo, il partage une amitié incandescente qui se muera, cet été-là, en un amour à trois, puissant, inventif, émerveillé,naturellement sexuel. Par la magie d’un érotisme lumineux deux garçons et une fille se croient alors immortels. Mais la mort rôde sous le ciel brûlant du mois de juillet...
**
Ce roman nous plonge dans la chaleur de l'été d'un petit village finlandais. Trois enfants étouffés par l'autorité et les croyances des adultes s'inventent un monde à eux, avec leurs jeux et leurs propres règles. Cet été va les changer à jamais, leur apportant tour à tour joie, bonheur, plaisir, découverte et finalement douleur et chagrin. C'est un récit très particulier qui oscille sans cesse entre le bien et le mal, un passage brutal de l'adolescence à l'âge adulte. On assiste à l'éveil de ces jeunes adolescents et à leur apprentissage de l'amour et de la sexualité.. Si tout est mis en place par l'auteur pour que tout nous semble pur, innocent et naturel, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir un certain malaise et de trouver ce récit dérangeant. La relation que les personnages entretiennent ne me plaisait vraiment pas. Et puis peu à peu, on oublie, la joie laisse place à la souffrance et on assiste impuissant à la douleur de ces enfants.
S'il est dérangeant, ce récit est aussi touchant et plein d'humanité. L'auteur arrive à nous faire ressentir la douleur des personnages. Il aborde avec beaucoup de justesse le deuil et la souffrance et j'ai aimé le regard extérieur que porte les enfants sur leurs parents, leur incompréhension face aux traditions religieuses qu'ils trouvent souvent absurdes. La description des moeurs des paysans finlandais est également très intéressante et j'ai aimé me plonger dans un univers inconnu. Si la première partie m'a dérangé, j'ai beaucoup aimé le reste du livre, sombre et mélancolique. La brièveté du roman est à l'image de cette histoire, après un court instant de bonheur, pur, intense, fort et ennivrant, la mort arrive et laisse un goût amer, dévastant tout sur son passage et modifiant les vies de ceux qui restent, à jamais. L'été est passé, les enfants n'en sont plus et il faut continuer à vivre, malgré tout...
**
"Léo et Sonja étaient des créatures engendrées par quelque étrange vent de la nuit. Il ne pouvait en être autrement, tant ils étaient différents de leurs parents. Ils avaient l'esprit bohémien. Quand ils étaient ensemble, ils avaient, l'un comme l'autre, une totale liberté de conscience, débarassée des chaînes de la religion ou de l'éducation. Certes, vu de l'extérieur, ils faisaient exactement ce que l'on attendait d'eux. Ils se recueillaient chaque jour avec leurs parents, les accompagnaient souvent aux assemblées du village et participaient tous les ans aux grandes fêtes piétistes organisées dans le pays - ils connaissaient sans doute au moins une centaine de cantiques et de prières par coeur. Mais, à l'intérieur d'eux-mêmes, ils possédaient un univers qui n'appartenait qu'à eux, et où aucun adulte n'avait sa place."
"La mort est une chose étonnante. Elle est un brigand aux mille visages qui, au moment opportun, jour les miséricordieux. C'est cela qui la fait vivre et ressembler au Rédempteur. La mort fait croire au bien-fondé de ses actes."
J'ai lu ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique organisée par Babelio.
Merci à eux ainsi qu'aux éditions Phébus.