L'été où j'ai appris à voler
(The Summer I Learned to Fly)
de Dana Reinhardt
Catégorie(s) : Roman jeunesse
Edition / Collection : La Martinière Jeunesse / Fiction J.
Date de parution : 17 mai 2013
Nombre de pages : 244
Prix : 12,90€
Dès 12 ans
L'histoire :
Cet été-là, alors que toutes les filles de son âge étaient en vacances, Birdie, 13 ans, comptait passer son temps à travailler dans la fromagerie de sa mère.
Elle n'avait pas prévu qu'elle découvrirait le carnet intime de son père, disparu des années plus tôt.
Timide et réservée, elle n'avait pas non plus prévu qu'un soir, à la fermeture du magasin, elle rencontrerait Emmett Crane, un garçon mystérieux et fantasque avec une étrange cicatrice sur la joue.
Cet été-là, pourtant, Birdie allait briser sa coquille et découvrir la vie, la vraie. Cet été-là, elle apprendrait à voler.
Un magnifique roman sur l'amitié et l'entrée dans l'adolescence.
"J'attendais. Quoi exactement ? Je l'ignorais. Tout ce que je savais, c'est qu'il ne m'arrivait jamais rien [...] Je retenais ma respiration, attendant que ma vie démarre. Mais je n'allais plus la retenir très longtemps."
"Tu as remarqué comme la plupart des histoires, du moins celles que l'on nous raconte quand on est môme, ont un début triste, mais une belle fin ? Ben, la mienne a bien commencé, et là, j'essaie juste de tout faire pour éviter la fin catastrophe."
Birdie - ou Drew, ou Robin... c'est une longue histoire ! - est une jeune fille de treize ans, discrète et timide qui n'a jamais fait un pas de travers. Elle vit dans une petite ville de Californie avec sa maman qui tient une épicerie fine. Elle n'a pas vraiment d'amis et passe la plupart de son temps avec des adultes. Son père est mort lorsqu'elle était toute petite. Trop petite pour se souvenir de lui. Mais un jour, Birdie tombe sur un carnet écrit par son père. Dans ce carnet, une succession de listes : les rêves qu'il avait, les choses qu'il aimait, ses regrets, ses plats préférés, les groupes de musique qu'il détestait. C'est ainsi qu'elle découvre peu à peu celui qu'elle n'a jamais connu et qui voulait tant que sa fille "apprenne à voler". C'est justement ce que Birdie va faire cet été 86. Elle va apprendre à voler de ses propres ailes au lieu d'attendre que sa vie commence. Sa rencontre avec un garçon mystérieux et d'autres événements vont la faire grandir et quitter doucement le monde de l'enfance...
"Nous avons tous nos histoires. Celles qu'on nous raconte, ou qu'on nous lit enfant et qui ne nous quittent plus jamais."
Quelle belle surprise que ce roman ! C'est le cinquième roman de Dana Reinhardt (le troisième traduit en français) et il était temps que je la découvre enfin ! Dès les premières lignes, j'ai adoré Birdie. C'est elle qui nous raconte ce qui a changé sa vie lors de cet été 1986. C'est une jeune fille tellement attachante. On ne peut pas ne pas l'aimer ! Je me suis tout de suite sentie à l'aise en lisant ce roman. Il émane de lui un irrésistible parfum d'enfance et quelque chose de très chaleureux. On a l'impression d'être dans un petit cocon et de retrouver de vieux amis. En plus, il est souvent question de nourriture et on a l'impression de sentir les saveurs et les odeurs de tous ces mets irrésistibles et parfois un peu étranges : linguine à l'encre de seiche, raviolis au potiron farcis à la cannelle, fettuccini au safran, tarte aux poires et aux canneberges, ... Un régal pour l'imagination et les papilles ! Il y a également beaucoup de références littéraires.
"Son coeur avait cessé de vivre" C'est ce que ma mère me disait habituellement. [...] Et quand j'ai réclamé des détails sur les parties du corps concernées, elle m'avait précisé que c'était son coeur qui avait tout simplement cessé de fonctionner. Résultat, je me disais que si j'avais donné une bonne raison au coeur de mon père pour continuer de battre, il ne serait pas parti à jamais. Mais il l'avait fait. Il était mort. Et j'étais trop jeune pour qu'il me manque. Ou du moins pour me rappeler qu'il m'ait jamais manqué. [...] Ma mère conservait une photo de mon père sur sa table de nuit. [...] Quand je pensais à lui, [...] je n'avais pas cette photo en tête, mais plutôt l'Homme en fer blanc du Magicien d'Oz. L'enveloppe grinçante d'un homme qui n'avait plus de coeur du tout."
Les personnages sont tous très attachants. Nick est un jeune homme adorable, toujours optimiste et plein de vie. Swoozie est une femme généreuse, toujours présente quand on a besoin d'elle. Emmett est un garçon fascinant qui porte un lourd fardeau. Et que dire de Son Excellence Lord High Rat Humboldt Fog, le fidèle compagnon de Birdie ? Ce sont des personnages que je ne suis pas près d'oublier, tellement généreux, chaleureux et plein de vie. J'aurais tellement aimé lire ce roman lorsque j'étais plus jeune. Je suis sûre que je l'aurais relu des dizaines de fois sans me lasser. C'est vraiment un petit bijou de littérature de jeunesse qui mériterait d'être plus connu. Même les remerciements de l'auteur m'ont ému. En voici un extrait : "J'ai écrit ce livre dans l'esprit des romans un peu désuets que je dévorais quand j'étais jeune, qui parlait de ces moments où nous découvrons qui nous sommes, ce qui nous importe et ce pour quoi nous serions prêts à tout risquer."
Ce roman est court, il se lit très rapidement mais pourtant, je pense que je m'en souviendrai encore longtemps. Il est de ces romans que l'on referme le coeur léger, le sourire aux lèvres et que l'on sait déjà que l'on prendra plaisir à relire. A la manière de la madeleine de Proust, ce livre nous transporte dans nos souvenirs d'enfance. Je l'ai trouvé bien écrit, drôle et vraiment très beau. J'ai aimé Birdie comme rarement j'ai aimé un personnage féminin. Cette petite fille qui devient adolescente m'a beaucoup touché par son innocence et son courage. C'est un livre qui véhicule de jolis messages. Il prône la simplicité, les petits bonheurs du quotidien. Il nous parle d'amour, d'amitié, de générosité, de la découverte de la vie, mais aussi de l'importance de garder une part de rêve et d'espoir lorsque l'on quitte l'enfance. Il faut toujours croire à l'impossible, garder une part de rêve en nous. Loin d'être dramatique ou moralisateur, c'est un roman pur et solaire. Une jolie bouffée d'air frais, un condensé d'optimisme et d'émotions.
"Pour certains, c'est l'odeur de la crème solaire. Pour d'autres, celles des pins. Du chamallow grillé sur les braises d'un feu de camp. Ou peut-être, celle de l'after-shave de leur grand-père. On a tous une odeur. Un parfum particulier qui nous transporte, même furtivement, vers les territoires reculés de l'enfance."