L'Enfant au bout de la plage
(The Kindness of Your Nature)
Linda Olsson
Catégorie(s) : Roman contemporain - Drame
Edition / Collection : L'Archipel
Date de parution : 3 janvier 2014
Nombre de pages : 288
Prix : 19,95€
L'histoire :
Médecin, Marion Flint, la cinquantaine, vit seule sur une côte sauvage de Nouvelle-Zélande. Un matin, alors qu'elle se promène sur la plage pour y ramasser le bois flotté qui servira à ses sculptures, elle découvre un garçon de six ans. Ika et Marion vont d'abord apprendre à s'apprivoiser, avant que naisse entre cet enfant à part et cette femme meurtrie une singulière histoire d'amitié. Au cours de ce cheminement, Marion se remémore son passé - pour enfin l'exorciser. Elle s'appelait alors Marianne et vivait en Suède, pays qu'elle a brusquement quitté pour venir s'installer aux antipodes...
Il y a quelques semaines, j'ai découvert Linsa Olsson avec son premier roman "Astrid et Veronika". J'ai eu un véritable coup de coeur pour ce roman que j'ai déjà envie de relire et d'offrir autour de moi. J'ai été tellement charmée par la sensibilité de l'auteur et par sa façon unique de raconter les histoires que je n'ai pas résisté bien longtemps avant de me plonger dans celui-ci...
Dès les premières lignes, j'ai retrouvé avec plaisir la plume de Linda Olsson. J'aime la douce mélancolie qui ressort de ses mots et la façon dont elle s'attarde sur de petits détails, des petites choses du quotidien qui pourraient paraître insignifiantes et qui, pourtant, ont leur importance. J'ai retrouvé la même atmosphère que dans "Astrid et Veronika", un mélange de sérénité et de calme. Bien que les deux histoires soient très différentes, on y retrouve beaucoup de points similaires et plus ou moins la même construction. Car sous cette apparente tranquillité se cache en fait de lourds secrets, de profondes douleurs et des blessures que les personnages cherchent à enfouir mais qu'ils vont devoir affronter pour pouvoir avancer. Il est également question de culpabilité et de pardon.
Il y a d'abord l'histoire d'une belle rencontre entre un petit garçon singulier et une femme solitaire. Ika et Marion se rencontrent par hasard et vont apprendre, sans trop de mots et en douceur, à se connaître, à se comprendre et à s'apprivoiser. Ils vont sans même s'en rendre compte, guérir les blessures de l'autre et se sauver. Et puis derrière cette histoire, il y a aussi et surtout celle de Marion ou Marianne qui a un passé chargé et lourd à porter. Elle a vécu tellement de choses, a connu tellement de douleurs qu'elle semble avoir vécu plusieurs vies qu'elle a ensuite laissé de côté en se contentant du minimum. Elle n'attend plus rien de la vie, ne croit plus à l'amour ni au bonheur. Mais peut-on vraiment vivre sans amour ?
Linda Olsson est une conteuse incroyable. Elle arrive à nous faire voyager entre la Suède et la Nouvelle-Zélande, à nous faire vivre ce qu'elle nous raconte comme si nous y étions et je peux vous dire que ce voyage s'avère chargé en émotions. On oscille sans cesse entre des petits moments de douceur et de bonheur et des passages d'une infinie tristesse qui nous donnent l'impression qu'on ne pourra pas s'en relever. Et puis le soleil revient, la vie aussi, et l'auteur nous montre que finalement, on peut guérir de tout. Ce n'est certes pas facile, il y a des étapes à franchir, des blessures à guérir, mais on peut parfois trouver la force de se relever et d'accepter les petits bonheurs qui nous sont offerts. Il suffit d'ouvrir les yeux et d'accepter d'avancer, de sourire et de rire encore.
C'est un roman qui parle de l'amour sous toutes ses formes : l'amour fraternel, l'amour destructeur, l'amour passionnel, l'amour impossible, ... Un roman plein d'espoir qui nous montre l'impossibilité de vivre sans amour et qui nous offre une bonne dose d'optimisme. Je peux vous assurer que j'ai rarement été aussi émue qu'en lisant les romans de Linda Olsson. Il y a des passages où j'ai le coeur lourd, la boule au ventre, les larmes au bord des yeux, et d'autres où j'ai envie de rire, de sourire et de profiter de la vie, de toutes ces petites choses qu'on ne prend pas le temps d'apprécier mais qui sont bien là, sous nos yeux. Voilà encore une très belle lecture que je n'oublierai pas. Une lecture chargée de secrets, de drames, de tristesse, mais une lecture également chargée d'émotions, de sensibilité, d'amour, de douceur et d'optimisme.
En quelques mots :
Un roman inoubliable qui oscille sans cesse entre drame et légèreté. L'atmosphère est envoûtante et réconfortante. On se sent bien, guidé par les mots de l'auteur, dans un voyage dont on ne connaît pas la destination, une plongée au coeur des souvenirs du personnage principal qui ne laissera personne indemne. Secrets, drame, passion et émotions sans au coeur de ce roman !
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"Un jour, lors d'une conversation, quelqu'un balaya d'un revers de la main ce que je venais de lui raconter en disant que de tels événements ne se produisaient jamais dans la vraie vie. Qu'ils étaient trop tirés par les cheveux pour être plausibles. En réalité, beaucoup de gens mènent des existences complètement tirées par les cheveux. Nous sommes constamment entourés de possibilités extraordinaires. Qu'on en soit conscient ou pas, qu'on choisisse de les vivre ou non, elles sont là. Ce qui nous est proposé et que l'on décide de ne pas vivre tombe sur le bas-côté, et la route de notre vie est jonchée de possibilités rejetées., ignorées ou inaperçues. Les rencontres du hasard et les coïncidences deviennent extraordinaires seulement lorsqu'on décide de les vivre. Celles que nous laissons passer sont perdues à tout jamais. Nous ne saurons jamais où elles auraient pu nous emmener. A mon avis, c'est qu'elles ne devaient jamais s'accomplir. Elles existaient en puissance, pendant un instant très fugace, avant que nous choisissions, consciemment ou non, de les ignorer." (Page 33)
"Parfois, le destin met sur notre chemin exactement ce qu'il nous faut. Les gens dont nous avons besoin déboulent brusquement dans notre vie. Parfois on ne les remarque pas, et c'est très triste. Parfois, on les perd. C'est triste aussi, mais un peu moins. Car ce qu'on a déjà vécu ensemble, on le garde à jamais." (Page 269)