Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage
(The Herring Seller's Apprentice)
de L.C. Tyler
Catégorie(s) : Roman policier - littérature anglaise
Edition / Collection : Sonatine
Date de parution : 13 septembre 2012
Nombre de pages : 229
Prix : 16,20€
L'histoire : Ethelred Tressider écrit des romans policiers sous trois noms différents. Et, ces temps-ci, il a trois fois plus de problèmes que n’importe qui. Avec l’inspiration d’abord, qui commence à lui faire sérieusement défaut, avec son agent littéraire ensuite, l’encombrante Elsie, qui n’aime ni la littérature ni les écrivains, avec son ex-femme enfin, Géraldine, qui vient de disparaître mystérieusement. Lorsque le corps de celle-ci est retrouvé près de chez lui et que la police évoque la piste d’un tueur en série, l’infatigable Elsie pousse notre brave romancier à exploiter d’hypothétiques talents de détective pour résoudre cette étrange affaire qui, elle en est convaincue, saura lui rendre l’inspiration...
J'ai tout de suite été intriguée par le titre de ce livre, long et énigmatique, qui promettait une lecture un peu loufoque et déjantée. Ce que je peux vous dire, pour commencer, c'est que je me suis régalée ! Ce livre ne plaira pas à tout le monde, c'est certain, mais il devrait satisfaire tous les adeptes de l'humour british et ceux qui aiment les lectures un peu décalées. J'ai tout de suite bien accroché au style de L.C. Tyler, souvent assez familier et toujours très drôle et j'ai beaucoup aimé les personnages, aussi bien Ethereld, l'écrivain raté en manque d'inspiration, que Elsie, l'agent littéraire totalement loufoque et qui ne mâche pas ses mots. A eux deux, ils forment une paire d'enquêteurs très originale et j'ai aimé les suivre durant cette enquête.
Il y a dans ce roman plusieurs histoires liées les unes aux autres. Il est question du métier d'Ethereld, de la difficulté d'écrire et de son manque d'inspiration. Il est comme hanté par les personnages de ses romans, surtout par Fairfax, son personnage le plus connu, qui selon Ethereld, mène une vie propre et l'empêche d'écrire ce qu'il voudrait, le faisant souvent partir dans des cheminements sans queue ni tête ou en décalage avec ce qu'il avait prévu d'écrire. En plus des romans policiers, il écrit aussi des romans policiers historiques ainsi que des romans sentimentaux et on a l'impression qu'il n'a rien choisi, que ça lui est tombé dessus comme ça, d'un coup. Qu'il devait écrire ces histoires qu'il n'a pas choisi alors qu'il rêve d'écrire tout autre chose. J'ai beaucoup aimé tous ces passages sur l'écriture et l'image de cet écrivain totalement dépassé et possédé par les personnages de ses romans, emprisonné au coeur d'histoires qui ne lui plaisent pas. On suit également sa relation compliquée avec Elsie, son agent littéraire, qui le pousse à enquêter sur la disparition de son ex-femme. Elsie vaut son pesant d'or. J'ai adoré cette petite bonne femme accro au chocolat, ses habitudes vestimentaires risibles et son franc-parler. Elle est vraiment excellente et m'a fait beaucoup rire. Bien sûr, pour comprendre l'enquête, on revient aussi sur le passé d'Ethereld, sur son histoire avec Géraldine et ce qui a fait capoter leur couple.
En dehors de cela, il y a bien évidemment l'enquête qui n'est pas en reste. L'auteur nous entraîne sur des fausses pistes, sème des indices là où on ne les attend pas et nous fait tourner en rond. Il joue avec les codes et les clichés du roman policier et les détourne avec brio. Il y a dans ce roman policier beaucoup de codes des classiques du genre et en même temps un petit quelque chose de très moderne. J'ai beaucoup aimé suivre les différents rebondissements, l'avancée de l'enquête et les pensées des personnages. La fin ne m'a vraiment pas déçue et je suis déjà impatiente de lire d'autres romans de L.C. Tyler (Celui-ci est le premier d'une série). Drôle, décalé et en même temps très bien ficelé, ce polar saura séduire les amateurs du genre et ceux qui aiment l'humour british. J'ai passé un excellent moment et je suis très contente de cette belle découverte qui me change de ce que j'ai l'habitude de lire. A ne pas manquer !
"Ma crainte n'est pas de me retourner un jour sur les cinq dernières années de ma vie et de les trouver désespérément mornes et vaines. Ma crainte est de m'apercevoir qu'elles furent les meilleures de mon existence."
"Il y a une différence majeure entre la fiction et la vraie vie. La fiction doit être crédible.
Les personnages que crée le romancier sont tenus d'avoir un comportement cohérent, malgré le fait que nous soyons tous une somme d'exceptions et de contradictions. Dans la vraie vie, il suffit que nous ayons étiqueté quelqu'un d'avare pour qu'il nous déçoive aussitôt avec un acte de générosité totalement gratuit. Dans la vraie vie, les gens les plus inattendus deviennent des héros, et certaines personnes que vous croiseriez dans la rue sans même vous retourner ont peut-être bien une grand-mère assassinée enterrée sous la dalle de béton de la nouvelle véranda."
"Je ne sais pas si vous faites des puzzles, mais il y a toujours un moment où vous jureriez que ces idiots ont encore oublié une pièce. Vous avez beau fouiller dans la boîte, aucune ne ressemble, même de loin, à celle qui vous manque. Et puis vous en ramassez une que vous aviez sous les yeux depuis le début, vous la retournez et bingo ! Eh ben là, ça me fit exactement le même coup. La pièce dont j'avais besoin avait toujours été là, elle attendait seulement que je la regarde dans le bon sens."