Desolation road
de Jérôme Noirez
Catégorie(s) : Roman francophone - Jeunesse
Edition / Collection : Gulf Stream / Courants noirs
Date de parution : 18 août 2011
Nombre de pages : 198
Prix : 12€
Dès 11 ans
L'histoire : CALIFORNIE, 1930.
Dans le quartier des femmes de la prison de San Quentin, une jeune fille de dix-sept ans attend le jour de son exécution. Elle s’appelle June, a une bouille d’ange, parle avec maladresse et timidité.
Elle raconte ce qui l’a menée là, sur la Desolation road, la route de la désolation qu'on emprunte un jour et qu'on ne peut plus jamais quitter : une passion absolue, déchirante pour un garçon nommé David, une histoire d’amour ponctuée par le vol, le kidnapping et le meurtre à travers la Californie de la Grande Dépression, en compagnie des parias, des criminels et des fantômes.
Quand le journaliste venu l’interviewer demande à June ce qu’est l’amour à ses yeux,
elle répond : « De la poussière et des étoiles, monsieur. » Le long de la Desolation road, il n’y a rien d’autre à contempler.
**
S'il est classé en littérature de jeunesse, Desolation road est un très bon roman qui peut plaire aussi bien aux adolescents qu'aux adultes. C'est l'histoire de deux enfants livrés à eux-mêmes dans un pays en crise où la misère fait rage. L'auteur nous plonge dans les Etats-Unis de la grande dépression et franchement, on s'y croirait ! On a l'impression de sentir l'odeur de la poussière et la chaleur étouffante que subissent les protagonistes. C'est une période très difficile pour tout le monde, les gens honnêtes ont bien du mal à joindre les deux bouts, c'est pourquoi certains que rien ne prédestinaient à cela sombrent dans la criminalité et les trafics en tous genres. June, dix-sept ans est condamnée à mort et accepte, avant de partir, de raconter son histoire à un journaliste. Nous suivons donc l'histoire de June, racontée avec ses mots mais aussi la vie personnelle de Gayle, le journaliste qui ne sait plus quoi penser de cette affaire.
"Les enfants ont l'instinct du malheur jusque dans leurs jeux. Les adultes perdent cet instinct. Le malheur, ils ne le voient venir que trop tard."
Avec une écriture brillante et remarquable ponctuée de réflexions intéressantes et pertinentes, Jérôme Noirez nous entraîne dans un road movie passionnant entre Histoire, aventure et romance à la découverte des Etats-Unis des années 30. Quoi de mieux pour parler de l'Histoire qu'un roman qui nous y plonge directement ? Je me suis régalée avec cette aventure à la fois belle et triste. J'ai vraiment eu l'impression de me retrouver en plein coeur de la Californie, aux côtés de David et de June en cavale dans leur Ford A. On croise dans ce roman des personnages fascinants et effrayants qui ne laissent pas indifférents, des familles désespérées, des richards sans scrupule, des vagabonds qui voyagent dans des trains de marchandises dans l'espoir de trouver mieux ailleurs et des enfants perdus... J'ai trouvé les réflexions très justes et il y a de nombreuses phrases que j'ai noté précieusement. Je me souviendrai encore longtemps de Desolation road et je ne peux que vous encourager à aller y faire un petit tour.
"On partageait tout, bonheur et malheur. Sinon à quoi bon s'aimer."
"Les gens qui se marient, ce sont ceux qui ont peur de ne pas s'aimer assez."
Un roman brillant et captivant, entre espoir et résignation, dans lequel on ne s'ennuie pas un seul instant. A la fin, un petit dossier explicatif nous offre quelques renseignements complémentaires sur le contexte historique. C'est le premier titre de la collection Courants noirs que je lis, mais ce ne sera pas le dernier ! Je trouve l'idée de cette collection vraiment formidable. Rien de tel qu'être plongé en plein coeur de l'Histoire pour la comprendre. J'aurais tellement aimé que mes professeurs m'encouragent à lire ce genre de romans. C'est tellement plus intéressant que les ouvrages scolaires ! J'ai maintenant très envie de me pencher sur d'autres histoires se déroulant durant la grande dépression alors si vous avez des titres à me conseiller, je prends volontiers. Je suis notamment très intéressée par les romans de Steinbeck.
"Pendant deux jours, nous avons vécu comme une famille. Une famille dans une ville abandonnée, dans une contrée perdue. Parfois, je souhaitais presque ardemment que cela dure. D'autres fois, je trouvais ça épouvantable, à l'image de cette vie que nous n'avions pas réussi à inventer, malgré tout notre amour. L'amour vous condamne. Voilà ce que je crois. Il vous condamne à l'immensité et à l'errance. Les déserts sont pleins d'amour. C'est comme ça."
Petites infos supplémentaires : J'ai découvert Jérôme Noirez il y a quelques mois avec un album qui m'a beaucoup plu : Sam. C'était une histoire sombre et effrayante mettant en scène une petite sorcière attachante. J'avais été charmée par l'histoire mais aussi par les illustrations d'Aurélien Police qui n'est autre que l'illustrateur de la couverture de Desolation road ainsi que des autres couvertures de cette superbe collection.
Les autres titres de la collection Courants noirs
13/24