Autobiographie d'une courgette
Gilles Paris
Catégorie(s) : Littérature francophone / Jeunesse
Edition / Collection : Flammarion / Etonnantiss!mes
Date de parution : avril 2013
Nombre de pages : 285
Prix : 4,90€
L'histoire :
Un nom de cucurbitacée en guise de sobriquet, ça n'est pas banal ! La vie même d'Icare - alias Courgette-, neuf ans, n'a rien d'ordinaire : son père est parti faire le tour du monde "avec une poule"; sa mère n'a d'yeux que pour la télévision, d'intérêt que pour les canettes de bière et d'énergie que pour les raclées qu'elle inflige à son fils. Mais Courgette surmonte ces malheurs sans se plaindre... Jusqu'au jour où, découvrant un revolver, il tue accidentellement sa mère. Le voici placé en foyer. Une tragédie ? Et si, au contraire, ce drame était la condition de rencontres et d'initiations à l'amitié, à l'amour et au bonheur tout simplement ?
Voici le livre que j'ai choisi pour le challenge "Livra'deux pour PAL'addict" auquel je participe avec Liyah.
Initialement paru en 2002 aux éditions Plon, "Autobiographie d'une courgette" est aujourd'hui réédité dans une nouvelle version illustrée par Charles Berberian et complétée par une présentation et un dossier signés Marie-Luce Raillard dans lequel on retrouve des explication sur le roman, une interview de l'auteur et quelques petits jeux en rapport avec le texte. Onze ans après sa première parution, le roman de Gilles Paris n'a pas pris une ride ! Nous découvrons avec beaucoup d'émotions, la vie pas toujours facile d'Icare, petit garçon de neuf ans surnommé Courgette, qui vit seul avec une mère alcoolique et démissionnaire, son père étant parti avec une autre femme. Après un tragique accident, le petit garçon se retrouve placé dans un foyer d'accueil avec d'autres enfants, ce qui pourrait sembler dramatique, mais va finalement être pour Courgette une chance, l'occasion de prendre un nouveau départ dans la vie et de découvrir l'amour, l'amitié, le bonheur et la générosité.
"Quand j'habitais encore avec maman, j'attendais le Père Noël toute l'année. Je me disais "au cas où ça lui dirait de revenir rapport à ma liste qui s'allonge" et je posais mes chaussons près de la cheminée le matin ils étaient toujours vides et mon coeur aussi."(p81)
"Les gens très âgés c'est pareil que les enfants à part l'âge et les dents qu'ils retirent le soir dans un verre à eau. Ils font autant de bêtises que nous et ils mangent aussi mal. Simon dit aussi que l'âge est comme un élastique et que les enfants et les gens très âgés tirent dessus, chacun à un bout, et il finit par craquer et c'est toujours les gens âgés qui se prennent l'élastique dans la figure et après ils meurent." (p200-201)
"[...] Et les grandes personnes c'est pareil. C'est plein de points d'interrogation sans réponses parce que tout ça reste enfermé dans la tête sans jamais sortir par la bouche. Après, ça se lit sur les visages toutes ces questions jamais posées et c'est que du malheur ou de la tristesse. Les rides, c'est rien qu'une boîte à questions pas posées qui s'est remplie avec le temps qui s'en va."(p232)
Comme toujours dans ses romans, Gilles Paris se glisse dans la peau d'un enfant avec beaucoup d'habileté. On a l'impression de lire les mots du petit Icare et de voir la vie à travers son regard. Ce récit commence mal et aborde des sujets délicats - la maltraitance, la mort - la violence - le mal-être -, sans pour autant tomber dans le pathos. Bien au contraire, Gilles Paris nous livre une histoire pleine d'humour, de générosité et d'espoir. J'ai adoré les personnages qui sont tous plus attachants les uns que les autres. J'ai adoré "Les Fontaines" et les belles rencontres que Courgette va y faire. Les mots sont tendres et le fait que l'histoire soit racontée par un enfant donne lieu à des quiproquos et des jeux de mots vraiment cocasses. Les enfants relèvent les petites incohérances et les paradoxes du monde et des adultes, pour notre plus grand plaisir. Il y a plein de petites phrases adorables et très justes qui parlent de la vie et de ses bizarreries avec cette insouciance et cette naïveté propres à l'enfance. J'ai pris le soin d'en noter plusieurs dans un petit carnet que j'emporte partout avec moi et je sais que je les relirai, le sourire aux lèvres, encore toute émue de ma rencontre avec Courgette, petit garçon au coeur tendre à qui la vie n'a pas souri au départ mais qui voit du positif dans toute chose. Je referme ce livre avec beaucoup d'émotions et je sais que je garderai en moi un peu de Courgette, de Camille, de Simon, d'Alice, de Béatrice, d'Ahmed, de Jujube, de Rosy, de Victor, de Raymond et de tous les autres...
"Les adultes, des fois, ça dit des trucs stupides à cause de la peur qui leur dévore le coeur. Ils feraient mieux d'écouter le silence. On finirait par croire que les enfants sont super débiles et qu'ils n'ont qu'une envie : se percer la gorge avec une sucette, ou se casser le cou à bicyclette, ou les jambes et les bras en descendant les escaliers, ou avaler de l'eau de javel parce que ça change du Coca. Et il faut les regarder, ces adultes, jouer aux grandes personnes et faire plus de bêtises que les enfants. C'est vrai qu'on est pas aussi sages que les images qui bougent jamais, mais bon, c'est pas les enfants qui cambriolent les maisons ou font sauter les gens avec des bombes ou tirent avec des carabines, à part moi, mais c'était juste un revolver et j'ai pas fait exprès. Eux, les méchants, c'est toujours exprès, pour faire du mal aux gens et leur voler leurs économies et c'est pas bien. Après les gens dorment sous les ponts et ils attendent d'être aspirés par le ciel pour plus avoir à se soucier de rien."(p124)
"A quoi ça sert d'avoir une famille si elle a pas le temps de s'occuper de vous et de vous aimer ? [...]
Des fois, les grandes personnes faudrait les secouer pour faire tomber l'enfant qui dort à l'intérieur. [...]
A quoi ça sert de raconter des histoires avec des anges qui veillent sur un enfant si on y croit pas ?" (p172)
En quelques mots :
Un roman tendre et plein d'humour qui parle de choses graves avec beaucoup d'optimisme et d'espoir et nous invite à voir la vie du bon côté. C'est un livre qui convient aussi bien aux adultes qu'aux enfants. Une jolie histoire sur l'enfance, l'innocence, et sur la découverte du bonheur.