Au pays des kangourous
de Gilles Paris
Catégorie(s) : Littérature francophone - Roman contemporain
Edition / Collection : Don Quichotte
Date de parution : janvier 2012
Nombre de pages : 348
Prix : 18€
L'histoire : « Ce matin, j'ai trouvé papa dans le lave-vaisselle. En entrant dans la cuisine, j'ai vu le panier en plastique sur le sol, avec le reste de la vaisselle d'hier soir. J'ai ouvert le lave-vaisselle, papa était dedans. Il m'a regardé comme le chien de la voisine du dessous quand il fait pipi dans les escaliers. Il était tout coincé de partout. Et je ne sais pas comment il a pu rentrer dedans : il est grand, mon papa. »
Simon, neuf ans, vit avec son père Paul et sa mère Carole dans un vaste appartement parisien au Trocadéro. Mais le couple n'en est plus un depuis longtemps. Paul est écrivain, il écrit pour les autres. Carole, femme d'affaires accomplie, passe sa vie en Australie, loin d'un mari qu'elle n'admire plus et d'un enfant qu'elle ne sait pas aimer. Le jour où Paul est interné pour dépression, l'enfant sans mère est recueilli par Lola, grand-mère fantasque, adepte des séances de spiritisme avec ses amies « les sorcières », et prête à tout pour le protéger.
Dans les couloirs trop blancs des hôpitaux, il rencontre aussi l'évanescente Lily, enfant autiste aux yeux violets qui semble bien résolue à lui offrir son aide. Porté par l'amour de Lily, perdu dans un univers dont le sens lui résiste, Simon va tâcher, au travers des songes qu'il s'invente en fermant les yeux, de mettre des mots sur la maladie de son père, jusqu'à toucher du doigt une vérité indicible.
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Tout commence lorsque Simon, neuf ans, découvre son papa dans le lave-vaisselle. Il y a quelque chose qui ne va pas. Ses yeux ne brillent plus comme avant, il n'a pas l'air lui-même. On explique à Simon que son papa doit se reposer. En attendant, c'est Lola, sa grand-mère qui s'occupe de lui. Elle est fantasque, espiègle et a de drôles de copines ! Lola a même un chauffeur qui emmène Simon à l'école dans une grosse voiture et lui laisse manger des bonbons et du chocolat à volonté. Même si Simon s'amuse bien avec Lola, il voudrait juste que la vie soit comme avant. Il voudrait pouvoir faire "légume" avec papa et regarder des DVD toute la journée. Il voudrait aller acheter des bougies parfumées avec sa maman qu'il ne voit pas souvent. Il voudrait partir en vacances avec eux, qu'ils passent encore du temps tous les trois, comme avant... Il en veut à sa maman de ne pas revenir et d'appeler lorsqu'il n'est pas là. Il en veut à son papa de ne pas vouloir jouer au mille bornes avec lui et il en veut aussi parfois un peu à Lola de ne pas l'écouter. Heureusement, il y a Lily, une petite fille étrange et attachante qui devient son amie, sa confidente. Simon ne comprend pas toujours les expressions des grandes personnes mais il en sait bien plus que ce que les autres imaginent. Il grandit peu à peu en franchissant les obstacles de la vie.
"Je suis devenu l'enfant sans "je t'aime". Un orphelin privé d'amour à cause de parents trop fatigués pour le lui dire."
J'ai passé un très bon moment avec ce roman. On s'attache tout de suite à Simon, narrateur de cette histoire. On aimerait l'aider, le consoler. On souffre avec lui et on en veut à cette mère bien trop souvent absente. C'est un récit plein d'émotions qui aborde de nombreux sujets et parle très bien de ce qu'est la dépression. Les mots sont justes et le récit ne tombe ni dans le pathos ni dans la facilité. Gilles Paris arrive parfaitement à se glisser dans la peau d'un enfant. J'ai aimé découvrir le monde avec les yeux de Simon, pleins d'innocence, de naïveté et de curiosité. Rêves et réalité se mélangent parfois dans l'esprit de Simon et nous partageons toutes ses pensées. Nous voyageons au coeur de son imagination. L'histoire n'est pas très gai mais ce n'est pas un récit larmoyant. La jeunesse de Simon apporte de la gaieté à cette histoire et une bonne dose d'optimisme. Il y a des scènes vraiment très amusantes. J'ai un peu moins adhéré au personnage de Lily et j'ai trouvé certains passages un peu longs mais dans l'ensemble, mon impression est plus que positive. C'est un très beau roman porté par une écriture pleine de tendresse. Je n'oublierai pas de sitôt cet adorable petit garçon, c'est certain. Un grand merci à Gilles Paris pour la dédicace que j'ai beaucoup apprécié.
"Il vaut mieux ne parler à personne des gens qu'on aime. Les mots pour dire la magie et le mystère de la personne qu'on aime n'existent pas. En parler retire même un peu de magie et de mystère. Après, c'est quelqu'un comme tout le monde et c'est bien fait pour celle ou celui qui en a trop parlé."
"Elle me dit qu'elle les aime tous les deux et que c'est difficile de choisir. Qu'est ce que j'en sais, moi ? Je n'ai pas de copine encore. J'attends le coup de foudre comme dans les films. Enfin, le coup sans la foudre. La foudre je n'aime pas trop. Toutes les filles que je connais sont bêtes. Elles passent leurs doigts dans leurs cheveux et jouent à la poupée en suçant leur pouce. A l'école, je préfère jouer avec mes copains. Je ne connais pas de filles capables de jouer des heures à la DS. Ou alors elles s'imaginent être grandes et elles se maquillent avec le rouge à bouche volé à maman. Pouah. Moi, je veux le tonnerre, la tempête, que tout m'emporte. Enfin, j'imagine, je ne sais rien. En tout cas, la tempête sans la pluie, le tonnerre sans l'éclair, le coup sans la foudre. Je n'aime pas quand ça gronde dans le ciel."
"Le sucre en poudre qui se respire par les trous de nez ? J'ai vu ça à la télé dans un film américain. C'est nul. C'est bien meilleur sur des fraises avec de la chantilly."