Appelez la sage-femme
(Call the midwife)
Jennifer Worth
Catégorie(s) : Témoignage
Edition / Collection : Albin Michel
Date de parution : 2 octobre 2013
Nombre de pages : 454
Prix : 20€
L'histoire :
Londres, années 1950. Jeune infirmière, Jennifer Worth décide de parfaire sa formation de sage-femme et rejoint les sœurs d’un couvent anglican, Nonnatus House, situé dans les docks de l’East End. À 22 ans, elle s'apprête à vivre l'expérience de sa vie dans cette maternité qui vient en aide aux plus pauvres. Récit de cet apprentissage, de sa rencontre avec les sœurs, alors qu’elle-même ne croit pas en Dieu, mais aussi tableau des quartiers déshérités du Londres d’après-guerre, son témoignage est à la fois bouleversant et empreint d’optimisme. Aussi captivant qu'un roman, Appelez la sage-femme a connu un immense succès en Angleterre et a inspiré la série, Call the Midwife.
En général, je préfère lire les livres avant de découvrir leurs adaptations. Pas vous ? Mais cette fois, j'ai succombé à la tentation. Ayant les deux premières saisons de la série TV à disposition (merci Netflix !), j'ai fini par craquer, ne sachant vraiment si ça allait me plaire ou non. Au final, j'ai visionné les deux premières saisons en très peu de temps. Cette série m'a vraiment scotché, autant pour son côté tragique et révoltant que par la bienveillance et le dévouement de ces femmes. J'étais impatiente de me replonger dans cet univers et de découvrir quelles parties de la série étaient inspirées des mémoires de Jennifer Worth, car - pour ceux qui l'ignorent - la série est inspirée des souvenirs que raconte Jennifer Worth dans plusieurs livres.
Alors ? Verdict ? Je suis vraiment très surprise car je pensais que la série était librement inspirée des souvenirs de Jennifer Worth et que j'y retrouverai quelques anecdotes et détails alors qu'en fait, c'est très, très fidèle. J'ai tout de suite retrouvé l'atmosphère qui m'a tant plu dans la série et j'ai reconnu quasiment toutes les anecdotes qu'elle raconte pour les avoir déjà vu dans la série. J'ai beaucoup aimé la façon dont Jennifer Worth nous raconte toutes ces histoires fascinantes et ses descriptions de l'East End des années 50 qui sont plus vraies que nature. C'est une bonne conteuse. On s'y croirait ! Le brouillard londonien, l'argot cockney, les docks, les enfants livrés à eux-mêmes dans les rues, les personnages âgées qui vivent dans la rue ou sont envoyés dans des hospices, les jeunes filles obligées de se prostituer pour pouvoir manger, les familles de plus de dix personnes qui vivent parfois dans une seule pièce, les logements insalubres, les rats, la maltraitance, etc... Que c'est révoltant ! Je n'aurais jamais imaginé tout cela. Pas dans les années 50. Pas à Londres...
Une fois encore, j'ai été touchée, que dis-je bouleversée, par le dévouement de ces femmes qui se sont battues pour faire avancer les choses et pour que les pauvres aient droit à de l'attention et à des soins acceptables. Je suis scandalisée de découvrir les conditions dans lesquelles des familles entières vivaient encore il n'y a pas si longtemps. En cela, le récit de Jennifer Worth est dur, mais il est surtout plein d'optimisme, d'humilité et d'empathie. Cette femme a vécu des choses incroyables qui l'ont marqué à jamais. En racontant son histoire, elle ne cherchait pas à se mettre en avant, mais à raconter ce qu'elle a vu de ses propres yeux et qu'elle avait parfois du mal à croire elle-même. Elle nous fait part des rencontres incroyables offertes par son métier, toutes ces familles qui luttaient tant bien que mal contre la pauvreté, toutes ces femmes courageuses et fortes qui ont suscité son admiration, ... Grâce à elle, cette partie de l'Histoire ne sera pas oubliée.
Avec les années et l'expérience, elle a su prendre du recul sur tout cela et j'aime la façon dont elle se moque de la jeune fille insouciante et un peu snob qu'elle était en arrivant dans l'East End. Elle nous parle de la façon dont son regard a changé sur ces gens tellement différents de ce qu'elle avait connu jusque là et qui ne lui inspiraient au départ que pitié et dégoût. La façon dont elle décrit les soeurs et ses collègues est également très touchante. Soeur Monica Joan est tellement extra ! Il y a des choses tristes dans ce livre, mais il y a aussi beaucoup d'humour. On y trouve de très belles leçons de vie, de sagesse et d'humilité. C'est un témoignage marquant et bouleversant à lire absolument. J'espère que les autres livres de Jennifer Worth seront traduits en français. J'aimerais beaucoup lire d'autres livres sur le sujet (témoignages, romans, etc...).
En quelques mots :
Révoltant, éprouvant mais en même temps tellement plein d'émotions, de grâce et de bonté, un témoignage à lire absolument ! Jennifer Worth nous livre ses souvenirs inoubliables et passionnants et nous offre une immersion totale dans l'East End des années 50 ! Coup de coeur.
"Parfois, dans la vie, l'amour vous prend au dépourvu, rayonne jusque dans les recoins sombres de votre âme et les emplit de lumière. Il arrive que vous vous trouviez confronté à une beauté, à une joie qui prend votre âme d'assaut alors qu'elle ne s'y attendait pas du tout. "