L'Impero della polvere - Francesca Manfredi
208 pages, éditions Robert Laffont (Pavillons), janvier 2021
L'histoire :
Valentina, douze ans, a une grand-mère pieuse et sévère et une mère sublime et insaisissable. Le père est absent la plupart du temps et se contente de faire des apparitions dans la vieille maison de campagne où les trois femmes cohabitent. Ses murs sont épais et ne sont percés que de rares fenêtres, ses fondations sont imposantes mais fragiles ; dans la région, on l’appelle « la maison aveugle », un empire de poussière qui a l’air d’exister depuis toujours. C’est l’été 1996 et un événement vient troubler les longues journées de vacances : le corps de Valentina change et tout autour d’elle semble vouloir crier le secret qu’elle a choisi de garder. La mère et la grand-mère deviennent de plus en plus distantes tandis que la maison elle-même semble vibrer et s’animer d’étranges présages. Alors que grenouilles, moustiques et sauterelles envahissent les champs alentour et progressent jusqu’à la bâtisse, Valentina explore le terrain dangereux de l’adolescence, découvrant les amitiés fusionnelles et leurs points de rupture, la sensualité âpre et curieuse ainsi que l’énergie féminine et mystique de la nature, la possibilité de mentir pour conserver l’illusion que tout résiste au temps, que rien ne change jamais.
Mon avis :
Cela fait plusieurs jours que j'ai achevé la lecture de ce roman, pourtant je peine à trouver les mots juste pour en parler et décrire mon ressenti. L'écriture m'a beaucoup plu, tout comme l'atmosphère de ce roman. Il y a une certaine tension tout le long. Il ne se passe rien et en même temps il se passe tellement... C'est difficile à décrire. Valentina est en train de changer et de grandir et elle est bouleversée par ce qu'elle ressent et par ce qui se passe en elle. Elle veut à tout prix le cacher et que tout redevienne comme avant. Elle se sent coupable et a l'impression que des choses graves vont se passer et que tout est de sa faute.
C'est comme si elles étaient maudites, elles, les femmes de la maison aveugle. Condamnées à vivre ici, loin des autres et sans homme. Prisonnières de cet empire de poussière. Condamnées à rester là sans voir le reste du monde. Condamnées à payer le fait d'être nées femmes, condamnées à payer pour le passé et obligées de prier pour que le malheur ne vienne pas à nouveau s'abattre sur elles. Elles sont écrasées par le poids du passé, des secrets et des non-dits qui pèsent entre elles un peu plus de jour en jour...
Le mysticisme et la féminité sont au coeur de ce roman. La nature a également une place essentielle et semble reprendre ses droits. On y retrouve toute l'étrangeté du réalisme magique. C'est parfois déstabilisant parfois envoûtant. Si j'ai aimé ces femmes et leur histoire, je dois vous avouer que je me suis quand même un peu lassée de tout cela au fil des pages. L'atmosphère hypnotique de ce roman et l'écriture poétique de l'auteure n'ont pas suffit à me captiver jusqu'à la fin et j'ai fini par ne plus me sentir concernée. J'attendais qu'il se passe quelque chose mais en vain. J'ai tout de même bien aimé la fin ainsi que les révélations qui arrivent dans la dernière partie. Ce fût une lecture plaisante et intéressante, un texte fort qui aborde des sujets intéressants, mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
"Ton père m'a dit une fois qu'il était tombé amoureux de moi à cause de ma lumière. Il m'a dit que j'avais, quelque part, une lumière particulière, très forte, et que c'est ce qui l'avait fait tomber amoureux. Je ne le crois pas. Les êtres humains sont différents des animaux, des plantes. Nous ne sommes pas attirés par la lumière, mais par l'ombre. Nous sommes séduits par ce que nous ne parvenons pas à comprendre, ce qui nous fait peur. Nous nous éprenons de la saleté, de la poussière, des failles plus que de la perfection."
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