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2019-01-10T18:15:32+01:00

Le Paradis blanc

Publié par MyaRosa

The Great Alone - Kristin Hannah

543 pages, éditions Michel Lafon, octobre 2018

L'histoire :

Quand Ernt rentre du Vietnam, sa famille ne le reconnaît plus. Poursuivi par de terribles cauchemars, il se montre violent envers sa femme Cora. Un jour, il reçoit une lettre du père d’un de ses amis, mort dans ses bras durant cet enfer, qui lui lègue une masure en Alaska. Il se dit qu’il pourra peut-être s’y reconstruire. Avant la guerre, ils étaient si heureux…

 

Mon avis :

 

 Difficile de trouver les mots justes pour vous parler de ce livre, vous dire à quel point il m'a plu, vous expliquer tout ce qu'il m'a fait ressentir. Quelle aventure ! Quel voyage ! J'ai tremblé, vibré, souri et pleuré tant de fois...

 

 Le Paradis blanc (ou The Great Alone > Le Grand seul, surnom donné à l'Alaska), nous raconte l'histoire d'une famille qui part un peu à la dérive et va tenter de prendre un nouveau départ en Alaska dans les années 1970. Le père a fait la guerre du Vietnam, a été prisonnier de guerre et en est revenu avec beaucoup de cicatrices... Pendant son absence, sa femme et sa fille ont été un peu livrées à elles-mêmes. La mère, trop fière pour demander de l'aide à ses parents qu'elle a quitté à l'âge de dix-huit ans lorsqu'elle était enceinte, a fait de son mieux, emmenant sa petite Lenora - surnommée Leni - d'un endroit à un autre, changeant de lieu et de mode de vie régulièrement. Lorsque le père revient, les choses ne s'améliorent pas. Il est hanté par ce qu'il a vécu, fait de terribles cauchemars, se sent menacé et se montre parfois violent. Lorsqu'il hérite d'une masure en Alaska, il n'hésite pas à s'y installer, espérant trouver là-bas sérénité et tranquillité.

 

 En Alaska, tout est différent. L'espace qui les entoure est immense mais la masure minuscule. Il faut s'habituer à la solitude et à l'isolement et en même temps vivre ensemble dans un tout petit espace. Les conditions de vie sont rudes. Il faut apprendre à se défendre, savoir chasser, être prudent et prévoyant, anticiper l'arrivée de l'hiver, être prêt à prendre des risques et à mourir dans d'atroces souffrances au moindre faux pas. Cette famille, qui n'était pas du tout préparée à cela, va pourtant s'habituer à cette vie-là. Car là-bas, sans argent et sans savoir-faire, on peut tout de même s'en sortir si on s'en donne les moyens et si on le veut vraiment. Leni, quatorze ans, va donc apprendre à tirer, à chasser, à couper du bois, à pêcher et à vider des poissons, à conduire sur la neige et la glace et à se défendre. Mais l'hiver arrive et d'après les habitants, les rares personnes qui s'installent sur ces terres reculées ne sont jamais assez préparées à cela. Les nuits et le froid sont terribles et l'obscurité demeure presque toute la journée. Il faut être incroyablement fort, de corps et d'esprit, pour l'affronter et le surmonter. En Alaska, il n'y a pas de demie-mesure. On est fait pour y vivre... ou pas. On y reste pour toujours ou on s'enfuit à toutes jambes dès le premier hiver. On peut aussi y mourir brutalement.

 

 

 Quelle aventure palpitante ! J'ai adoré suivre cette famille et découvrir les conditions de vie dans ce lieu reculé à une époque où il n'y avait aucun confort. C'est puissant, sauvage, fascinant et en même temps terriblement effrayant. On a l'impression d'y être. On se sent totalement coupé du monde. L'été, là-bas, est magnifique mais il n'y a pas beaucoup de temps pour se distraire car chaque minute compte pour se préparer à ce qui arrive... L'hiver peut s'installer plus tôt que prévu et lorsque cela arrive, il est trop tard. Les gens s'enferment chez eux, espérant y survivre et voir un nouvel été. C'est dans ces conditions déjà rudes que le malaise s'installe. Car lorsqu'il fait nuit et lorsqu'il n'y à plus rien à faire qu'attendre, Ernt se remet à faire des cauchemars et à avoir des idées noires. Il se met à douter de tout le monde et se sent menacé. Il rumine et tourne en rond comme un lion en cage... Et au milieu de tout cela, Leni grandit, perd peu à peu son insouciance, essaie de trouver sa place et de comprendre le monde et les gens qui l'entourent.

 

 Tellement de souffrances, de douleurs, d'amour et de passion entre ces pages... On ressent vraiment toute la complexité de l'Alaska. Au début, on se dit que les gens qui y vivent sont dingues de s'infliger cela et puis, sans qu'on s'en rende compte, elle arrive à nous ensorceler. Comme Leni, on ne voudrait être nulle part ailleurs. On s'émerveille de tout cet espace et de la beauté de la nature. On comprend cette soif d'aventure et de liberté. On comprend même qu'après avoir vécu là-bas on ne puisse plus vivre ailleurs.

 

 Kristin Hannah qui m'avait bluffée avec son précédent roman "Le Chant du rossignol" m'a carrément époustouflée avec son "Paradis blanc" ! Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi sombre et prenant. Ce livre m'a passionnée et bouleversée comme je l'ai rarement été. Il y a de la force et de la puissance dans tout : les mots, les émotions, le contexte, la psychologie des personnages ainsi que les liens et les sentiments qui les unissent, les rebondissements et le dénouement. Le lecteur ne s'ennuie pas une seconde car même les descriptions des paysages ou des moments du quotidien sont fascinantes car merveilleusement écrites et tellement en décalage avec ce qui nous est familier. On voyage, on s'évade, on tremble et on en ressort de cette lecture estomaqué et à bout de souffle. C'est dur, cruel et beau à la fois à l'image du lieu qui abrite cette histoire. C'est un livre que je relirai et qui fait assurément partie de mes plus belles lectures - toutes années et catégories confondues.

 

 Si je devais vous conseiller un livre à lire absolument cet hiver, un seul, ce serait celui-là. Mais attention, préparez-vous car vous n'en sortirez pas indemnes !

 

 

Et si vous n'êtes toujours pas convaincus, allez donc lire les billets de Milly, Lasardine et Ingrid.

 

"Son père leva les yeux, juste assez pour rencontrer son regard. Il avait l'air dépité, fatigué, mais présent ; dans ses yeux, elle vit plus d'amour et de tristesse qu'un être humain aurait dû pouvoir en éprouver. Quelque chose le déchirait de l'intérieur, même maintenant : l'autre homme, l'homme mauvais qui vivait en lui et essayait de s'échapper dans le noir." (page 141)

 

"Mais ici, beaucoup de gens avaient été quelqu'un sur le continent et étaient quelqu'un d'autre en Alaska. [...] L'Alaska regorgeait de personnes inattendues, comme la femme qui vivait dans un bus scolaire hors d'usage à Anchor Point et lisait les lignes de la main. On racontait qu'elle avait été flic à New York. A présent, elle se baladait avec un perroquet sur l'épaule. Tout le monde ici avait deux histoires : la vie avant et la vie maintenant. Si vous vouliez prier un dieu bizarre ou vivre dans un bus scolaire ou encore épouser une oie, personne en Alaska n'allait vous dire quoi que ce soit. Tout le monde s'en foutait si vous aviez une vieille voiture dans votre jardin, encore moins un frigo rouillé. On pouvait vivre toutes les vies imaginables ici." (page 172)

 

"Les adultes se contentaient-ils de voir ce qu'ils avaient envie de voir quand ils regardaient le monde, de penser ce qu'ils avaient envie de penser ? Les faits et le vécu ne signifiaient-ils rien ?" (page 204)

 

"Cet état, cet endroit, est sans pareil. Il est à la fois beauté et horreur, sauveur et destructeur. Ici, où il faut sans cesse faire des choix pour survivre, dans la région la plus sauvage d'Amérique, aux confins de la civilisation, où l'eau sous toutes ses formes peut vous tuer, on apprend qui l'on est. Pas qui l'on rêve d'être, pas qui l'on imaginait être, pas qui l'on a été élevé pour être. Tout cela sera anéanti au cours des mois d'obscurité glaciale, où le givre sur les vitres vous trouble la vue, où le monde devient tout petit et où l'on découvre la vérité de son existence. [...] soit on devient ce que l'on peut être de mieux et on s'épanouit, soit on s'enfuit en hurlant." (pages 539-540)

 

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commentaires
M
En lisant le commentaire de Fondant, elle me rappelle que moi aussi j'ai lu et aimé 'La magie du bonheur'. En effet, c'est tellement différent comme roman. Très comme on les aime quand on parle de roman doudou! :)
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M
Il me semblait bien ! Je crois que c'est chez toi que je l'avais repéré celui-là ! Je viens de le récupérer et c'est vrai qu'en lisant les résumés de ses romans précédents, j'ai été surprise. Ils m'ont l'air d'un tout autre genre. <br /> <br /> As-tu lu "Le Chant du rossignol" ?
M
Ton billet est très juste Mya et bien détaillé. J'avais hâte de te lire. Je vais pouvoir mettre ton lien sur mon billet. Je vois que tu as aimé autant que moi! :)
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M
Merci beaucoup, Milly. <br /> Oh oui, j'ai adoré ! Une merveilleuse lecture ! <br /> Un roman que je relirai et que je vais conseiller autour de moi.
K
Je ne lis que du bien sur Kristin Hannah... je vais noter l'auteur parce que je pense que tout peut me plaire.
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M
Il m'en reste un à lire et j'espère en dénicher d'autres très vite. Je suis franchement épatée par tout ce que les deux romans de Kristin Hannah m'ont fait ressentir. J'ai vraiment adoré ! J'ai hâte d'avoir ton avis si tu te laisses tenter.
F
Je note ! de cette auteure, j'avais bien aimé "la magie du bonheur" (comfort & joy en V.O.) bon week-end, Mya !
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M
Il te plairait, Fondant. J'en suis certaine ! Ne serait-ce que pour les merveilleuses descriptions de l'Alaska et de la vie là-bas. Franchement, c'est un roman à lire ABSOLUMENT ! <br /> <br /> "La Magie du bonheur" est dans ma wish list depuis longtemps. Il faudrait que je regarde s'il est à la bibliothèque. Et je te conseille aussi "Le Chant du rossignol" qui est superbe. <br /> <br /> Bon week-end, Fondant. Le nôtre commence bien. La première neige est là ! Bon, ça n'a pas l'air de tenir, mais nous sommes déjà ravis de voir enfin quelques flocons !
L
coup de coeur pour moi aussi!
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M
Je file lire ton billet et j'ajoute le lien. ;)

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