A Death of No Importance - Mariah Fredericks
334 pages, éditions 10/18, septembre 2018
L'histoire :
New York, 1910. Jane Prescott, femme de chambre, jouit d'une réputation exemplaire, et d’un esprit affûté qui lui permet de voir bien au-delà du mode de vie mondain et fastueux des riches parvenus chez qui elle sert. Jane est ainsi la première à comprendre ce que les fiançailles de sa jeune maîtresse avec le très en vue Norrie Newsome, déjà promis à une autre, ont de scandaleux. Et quand ce dernier est retrouvé mort, elle est aussi la mieux placée pour trouver qui avait intérêt à le voir disparaître. Dans un contexte social incandescent, le coupable est à chercher aussi bien dans les milieux anarchistes que les demeures bourgeoises. Car Jane sait que, autant dans la bonne société que dans les entrailles abandonnées de la ville, la haine et la violence couvent sous la surface, et peuvent éclater à tout moment…
Mon avis :
"Des gens d'importance" de Mariah Fredericks est un roman inédit paru récemment aux éditions 10/18 dans la collection Grands détectives que j'affectionne particulièrement. Ce roman avait absolument tout pour me plaire : New York au début du XXème siècle, un résumé qui parle de meurtre et de scandale, une couverture sublime et un bandeau qui décrit ce livre comme une version américaine de Downton Abbey. Franchement, comment résister ?
Jane était toute petite quand elle a quitté l'Ecosse avec sa famille pour s'installer en Amérique. Malheureusement, le voyage s'est mal passé et sa mère n'a pas survécu. Pire encore, au lieu de prendre soin d'elle, son père s'est fait la malle, lui laissant seulement l'adresse d'un oncle qu'elle ne connaissait même pas. Heureusement pour elle, cet oncle l'a élevée comme si elle était sa propre fille. C'est ainsi que Jane a finalement grandi loin du rêve américain de ses parents mais avec un oncle aimant et bienveillant qui tenait un refuge abritant d'anciennes prostituées. Devenue femme de chambre chez une richissime famille, elle n'a rien oublié de ses racines et de ces années passées à côtoyer la misère et les horreurs dont les hommes se rendent coupables. C'est ce qui la rend si perspicace et si attachante. Elle est discrète, observatrice et très intelligente.
Car en cette année 1910, l'heure est aux scandales et même au meurtre... Pleine d'empathie et de courage, Jane se lance sans hésiter dans cette enquête. Alors que les soupçons se portent sur l'une des filles de ses employeurs, Jane explore d'autres pistes qui vont l'amener à aller dans les maisons les plus luxueuses comme dans les quartiers les plus pauvres et à déterrer au passage de sombres secrets.
J'ai adoré cette enquête que j'ai trouvé palpitante. Je n'avais pas du tout envie de m'arrêter de lire et j'ai dévoré les pages de ce livre sans m'en rendre compte. J'ai beaucoup aimé Jane mais aussi la plupart des personnages de ce livre qui rendent compte de la diversité culturelle de New York à cette époque. Chaque piste explorée m'a semblé très intéressante et met en lumière des problématiques et des contradictions liées à cette époque. L'intrigue est beaucoup plus complexe qu'on l'imagine et le suspense est maintenu jusqu'au bout. Les thèmes abordés sont révoltants surtout que l'on imagine sans peine que les choses se passaient vraiment de cette manière à une époque pas si éloignée de la nôtre. Le manque de considération pour les femmes, les enfants ou les gens issus de milieux modestes est ahurissant ! Cette lecture entraîne d'ailleurs beaucoup de questions sur l'égalité, la justice, le pouvoir... Je ne m'attendais pas à une lecture aussi sombre et glaçante. Ca fait froid dans le dos ! J'ai vraiment adoré et je me réjouis déjà de retrouver Jane et les autres personnages dans une nouvelle enquête. (J'ai vérifié, il y en a déjà une autre qui est sortie en VO. J'espère qu'elle sera bientôt traduite en français). Alors, ça vous tente ?
"Les bons domestiques savent quand on les renvoie sans un mot. Il est vulgaire de rester après avoir été congédié. Cela rompt le contrat d'invisibilité. [...] Le meilleur personnel est comme la tuyauterie. On ne peut pas s'en passer, mais on ne veut assurément pas la voir." (page 243)