Dear Mrs Bird - AJ Pearce
352 pages, éditions Belfond (Le Cercle), avril 2018
L'histoire :
Londres, 1941. À vingt-quatre ans, Emmy n’a qu’un rêve : devenir reporter de guerre. Un rêve qui semble sur le point de se réaliser lorsque la jeune femme décroche un poste au London Evening Chronicles. Enfin, Emmy va pouvoir entrer dans le vif du sujet, partir sur le front, se faire un nom au fil de la plume ! Las, c’est un poste d’assistante à la rédaction du magazine féminin Women’s Day qui lui est offert. Sa mission : répondre aux courriers des lectrices
adressés à Mrs Bird, la rédactrice en chef. Mais attention, la terrifiante Mrs Bird est très stricte, et seules les demandes les plus vertueuses se verront offrir une réponse expéditive dans le poussiéreux journal. Un cas de conscience pour la jeune journaliste qui refuse d’abandonner ses concitoyennes en mal d’amour et de soutien amical. Alors que Londres sombre peu à peu sous les bombes, Emmy va mettre sa carrière en jeu pour venir en aide aux femmes restées seules à l’arrière. L’heure de la résistance féminine a sonné !
Mon avis :
Londres, la Seconde Guerre Mondiale, des lettres... il n'en fallait pas plus pour me convaincre de me plonger dans ce roman de la superbe collection Le Cercle des éditions Belfond et, sans surprise, j'ai adoré !
Le roman commence sur un drôle de quiproquo. La jeune Emmy quitte son travail pour réaliser son rêve : devenir journaliste ou plus précisément correspondante de guerre. Mais alors qu'elle pense travailler pour un prestigieux journal, elle se retrouve à trier le courrier pour un magazine féminin méconnu qui appartient au même groupe de presse. En plus de cela, Mrs Bird, la femme pour qui elle travaille est odieuse et n'a aucune empathie pour les femmes qui lui écrivent et lui racontent leurs problèmes. Seules quelques lettres sont, selon elle, dignes d'être publiées dans le magazine et de mériter une réponse. Réponse qui reste malgré tout toujours désagréable et glaciale. Les autres lettres partent immédiatement à la poubelle et ne sont même pas lues jusqu'au bout si elles abordent des sujets inscrits sur la liste noire de Mrs Bird. Pas question de parler d'intimité, d'amour, de confiance en soi ou de complexes. Pour Mrs Bird, les femmes doivent rester fortes et dignes quelles que soient les circonstances et ne jamais montrer leurs faiblesses ou exprimer leurs états d'âme. Emmy se demande donc vraiment ce qu'elle fait là et où est l'intérêt de cette rubrique si le but n'est pas d'aider les femmes mais de les enfoncer.
On suit le quotidien d'Emmy au magazine et on découvre avec elle les lettres reçues, mais on suit aussi sa vie en dehors de son travail : sa cohabitation avec sa meilleure amie, sa contribution à l'effort de guerre au sein d'une caserne de pompiers et le quotidien de tous rythmé par les bombardements des rues de Londres. J'ai été assez surprise car le début du roman, malgré le contexte, est très léger et souvent drôle. Il y a des réflexions que j'ai trouvé un peu (trop ?) modernes pour l'époque, mais ça ne m'a pas dérangée plus que cela. On en oublierait presque les bombardements jusqu'à ce que l'auteur vienne nous rappeler à quelle sombre époque se déroule cette histoire. J'ai aimé cette façon de montrer que la vie continue, qu'il faut essayer de vivre normalement même si l'on risque de tout perdre en un instant. C'est un bel hommage rendu aux femmes restées dans l'ombre qui ont dû faire face et s'adapter aux circonstances avec courage et humilité.
J'admire le courage, la générosité, l'audace et l'insouciance d'Emmy. Je me suis beaucoup attachée aux personnages et j'ai savouré cette délicieuse lecture, page après page. Pour tout vous dire, j'ai fait durer le plaisir car je n'avais pas du tout envie que ça s'arrête. C'est un roman plein de charme qui nous fait rire et sourire mais nous met aussi parfois les larmes aux yeux. Une lecture portée par des personnages hauts en couleurs que l'on n'a pas du tout envie de quitter. L'auteur est en train d'écrire une suite et je me réjouis déjà d'avoir des nouvelles des personnages.
"Aujourd'hui, la capitale s'est réveillée sous un ciel bas et gris, comme si un écolier avait lancé son pull-over en l'air et recouvert accidentellement tout le West End." (Page 24)
"Ma mère persistait à appeler la guerre Cette Ineptie, comme s'il s'agissait d'une simple chamaillerie autour d'une génoise à la confiture." (Page 112)
En quelques mots :
Coup de coeur pour cette lecture pleine de charme, d'émotions et d'humanité.
Un roman aussi drôle que touchant porté par des personnages inoubliables avec qui l'on resterait bien plus longtemps...