El bosque dentro de mi - Adolfo Serra
64 pages, éditions Balivernes, octobre 2017
Mon avis :
La principale particularité de cet album est qu'il n'y a pas de texte. Du tout. Juste des images, mais quelles images ! Des illustrations absolument magnifiques et pleines d'émotions qui se suffisent à elles-mêmes et disent beaucoup tout en laissant le soin au lecteur d'interpréter et d'imaginer ce qu'elles racontent.
Sur les premières pages, on découvre un enfant qui semble seul en pleine nature. Autour de lui : des rochers, un lac, une forêt et des montagnes. Rien d'effrayant. Le calme et la sérénité se ressentent à travers les pages. Puis, arrive une étrange créature que l'enfant va suivre et avec qui il va partager des découvertes et des aventures. On les suit, page après page, dans l'immensité de la forêt et la beauté majestueuse de la nature environnante. Leur chemin les mènera jusqu'à une grande ville. Un endroit tellement différent... Que se passera-t-il là-bas ? Vont-ils être séparés ? Retourneront-ils dans la forêt ?
S'il y a quelque chose d'assez déroutant dans le fait d'ouvrir un livre sans texte, on se prend vite au jeu et la magie opère immédiatement grâce à la force des illustrations d'Adolfo Serra. Ce qui me plaît, c'est qu'il n'y a pas une façon de lire ou d'interpréter ce livre, il y en a mille. Le garçon est-il triste ? Se sent-il seul au point de s'inventer un ami imaginaire ou bien fait-il une rencontre inattendue mais bien réelle ? L'autre est-il une représentation de la nature que l'enfant emportera partout avec lui, dans son coeur, où qu'il aille et quel que soit le chemin choisit en grandissant ? L'enfant apportera-t-il un peu de nature au coeur de la ville ? Est-ce une façon de parler des hommes qui détruisent et oublient les arbres et les forêts ? Faut-il voir dans le choix des couleurs une manière de représenter la tristesse et la pollution ? Pourquoi l'enfant est-il seul ? Est-ce que le monde qu'il connaît est en train de mourir ? Est-ce une incitation à garder une part d'enfant et d'innocence en nous et à ne pas laisser la ville et la modernité prendre le pas sur tout le reste ? Est-ce une façon de parler du cycle de la vie et de son éternel recommencement ? Est-ce une façon de nous avertir de l'urgence qu'il y a à préserver la nature ou bien est-ce un moyen de nous dire que si chacun s'y met, on peut améliorer les choses et préserver notre monde ? Il y a tant à dire, tant à voir...
Cet album étonne, interroge et frappe fort. Difficile de rester indifférent. J'ai aimé la beauté, sensibilité et la force des illustrations. Je suis sous le charme bien qu'un peu désarçonnée, ce qui n'est pas pour me déplaire...