The Shooting Party - Isabel Colegate
311 pages, éditions 10/18, octobre 2017
Présentation de l'éditeur :
Angleterre, automne 1913. La grande partie de chasse traditionnelle bat son plein sur les terres de Sir Randolph, pour le plus grand plaisir de ses invités. Mais, cette fois, flirts, rivalités et trahisons vont avoir raison de l’étiquette et provoquer ce que tout bon aristocrate se doit d’éviter à tout prix : un scandale. Grand classique de la littérature anglaise du XXe siècle, La Partie de chasse dépeint avec une délicieuse cruauté les derniers jours d’une aristocratie dépassée, sourde aux premiers échos de la Grande Guerre, accrochée avec la force du désespoir aux vestiges de sa splendeur d’antan.
Mon avis :
La Partie de Chasse (The Shooting Party) a été publié en 1980 et fait aujourd'hui partie des classiques de la littérature anglaise. Ce roman a même fait l'objet d'une adaptation cinématographique. En nous racontant les quelques jours d'une partie de chasse, c'est toute une époque qu'Isabel Colegate dépeint. Elle nous décrit avec beaucoup de justesse ce qu'était la vie et les convenances dans l'Angleterre rurale de 1913. Elle dresse ainsi le portrait d'aristocrates englués dans leurs traditions qui refusent de voir que le monde est en train de changer et que leur mode de vie va en être bouleversé. Elle ne se moque jamais, mais pousse le lecteur à constater les contradictions de cette société et à s'interroger sur les causes de l'effondrement de ce mode de vie. Les édouardiens ont-ils causé leur propre perte ou les choses sont-elles amenées à bouger sans cesse ?
Isabel Colegate nous décrit les habitudes des aristocrates, leurs petites manies souvent futiles et parfois absurdes mais auxquelles ils s'agrippent désespérément car elles les rassurent. Au travers de ses personnages, elle n'hésite pas à montrer l'hypocrisie, la superficialité, le manque d'honneur et de loyauté dont certains font preuve. Les masques se lèvent peu à peu et l'on se rend compte que cette femme qui nous semblait si charmante ne l'est pas tant que cela, que celle qui semblait épanouie n'est en fait pas vraiment heureuse, que cet homme qui fait le coq en société n'est pas très intéressant dans l'intimité, etc...
Avec beaucoup de justesse, elle nous décrit l'inquiétude des édouardiens face aux bouleversements qui surviennent à cette époque. Certains ont peut pour l'avenir, d'autres préfèrent fermer les yeux et continuent à vivre comme avant et certains commencent à prendre conscience de leur impuissance à conserver les choses comme elles sont. D'autres encore commencent à remettre en questions les idéaux qu'on leur a transmis et aspirent même à autre chose mais ne l'assument pas toujours. C'est une époque vraiment fascinante.
Mais il n'y a pas que les aristocrates qui sont au coeur de ce roman. Il y a aussi toutes les personnes qui les entourent : les domestiques et les gens du village qui travaillent pour eux de temps en temps. Eux aussi sont inquiets pour l'avenir et refusent parfois les mains qui leur sont tendues par peur du changement et de l'inconnu. L'auteur nous montre aussi que cette société où chacun avait sa place n'avait pas que des mauvais côtés. Il y avait sans aucun doute quelque chose de rassurant pour tout le monde dans ce fonctionnement et il y avait aussi de belles choses qui se sont éteintes avec elle. J'ai vraiment aimé ce roman. Je l'ai trouvé intéressant et bien écrit. Le contexte est très bien retranscrit et l'auteur arrive à mettre en lumière beaucoup de points pertinents. Elle ne se moque pas, ne juge pas et reconnaît même les bons côtés qui ont malheureusement sombré avec le reste. On s'interroge sur le bien et le mal et sur la sincérité.
J'ai adoré le roman et j'ai également apprécié la préface de Julian Fellowes. On ressent parfaitement sa fascination pour cette époque et le respect et l'admiration qu'il a pour l'oeuvre d'Isabel Colegate. Son analyse est très intéressante et agréable à lire.
En quelques mots :
J'ai adoré !
Un petit extrait :
"Je crois que c'est une bonne habitude, de noter ce qu'on pense. Cela vous évite au moins d'assommer les autres en le leur racontant." (page 33)