Under the Jeweled Sky - Alison McQueen
462 pages, éditions Presses de la Cité, janvier 2017
L'histoire :
Un amour interdit. Un secret inavouable.
La fin d'un empire.
1957. Sophie a vingt-sept ans lorsqu'elle épouse Lucien, un diplomate, et part s'installer avec lui à New Delhi, une destination qui réveille en elle de douloureux souvenirs que son mari ignore...
1947. Sophie emménage dans le nord des Indes, dans le palais d'un maharaja ; son père vient d'être nommé assistant du médecin chef. Pour échapper à sa mère tyrannique, Sophie explore le luxueux palais et rencontre, dans le dédale des couloirs, Jag, un jeune indien de son âge. Immédiatement complices, ils se voient en cachette.
De retour sur les terres indiennes, Sophie parviendra-t-elle à se réconcilier avec son passé ?
Mon avis :
J'ai mis moins de deux jours à lire ce livre de presque 500 pages et cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Ce roman m'a totalement envoûtée. Pendant deux jours, j'étais ailleurs. J'étais en Inde, à une autre époque, aux côtés de Sophie et de Jag. Avec eux, j'ai voyagé. J'ai admiré la splendeur de l'Inde, ses palais de contes de fées, sa cuisine pleine de saveurs et de délicieuses odeurs, ses fruits savoureux nourris jour après jour par un soleil de plomb, ses traditions, ses jardins somptueux. Cette explosion de couleurs, c'est comme si je l'avais eu sous les yeux ! J'y étais. Vraiment.
J'ai savouré chaque chapitre, chaque phrase, chaque mot de ce merveilleux roman. J'ai vécu chaque épreuve comme si elle me concernait personnellement. J'ai adoré suivre Sophie toute jeune et fraîchement arrivée en Inde, la voir s'ouvrir et s'épanouir. Lorsqu'elle remet les pieds en Inde pour la première fois, tant d'émotions se bousculent. On ressent parfaitement la force et l'ivresse de ce moment. J'ai trouvé cette histoire d'amour magnifique, intense et bouleversante. J'ai adoré en apprendre plus sur l'Inde et son histoire dont je ne savais pas grand chose. Je me suis amusée des différences énormes entre les anglais (car oui, ce n'est pas précisé dans le résumé mais Sophie est anglaise) et les indiens qui ne voient vraiment pas la vie de la même manière... J'ai aimé découvrir la vie de ces expatriés et celles des indiens qui travaillent pour eux. Admiration, tensions, hypocrisie, mensonges... Je me suis régalée de toutes les descriptions de paysages, de somptueuses demeures et de plats plus succulents les uns que les autres. J'avais vraiment l'impression d'avoir tout cela juste devant moi. Les personnages créés par Alison McQueen sont travaillés et crédibles. Certains font preuve d'une grande humanité et d'une bonté sans faille tandis que d'autres sont absolument monstrueux. Certains m'ont particulièrement émue par leur bonté, leur courage ou leur sagesse.
Si le schéma est assez classique et m'a fait penser à d'autres grands romans dépaysants (j'ai notamment en tête "Ce que le jour doit à la nuit") : un amour impossible, un contexte difficile, une situation injuste à vous briser le coeur, deux êtres qui s'aiment mais qui ne peuvent pas être ensemble, cela fonctionne très, très bien. Le roman d'Alison McQueen est un roman passionné et passionnant qui ne manque ni de force, ni de rebondissements et encore moins d'émotions. Parmi toutes mes lectures, je peux compter sur les doigts d'une seule main les livres qui m'ont bouleversée au point de me faire verser bien plus que quelques larmes, et celui-ci en fait partie. Comme j'ai pleuré ! De tristesse, de bonheur, d'émotions, de tout ce que vous voulez. J'étais là avec mon livre à la main en train de pleurer et je n'arrivais pas à faire une pause. Il fallait que je continue à lire, que je sache comment tout cela allait tourner. D'ailleurs, si je pensais avoir tout compris à l'avance, je me suis bien trompée. Je ne m'attendais pas à tant de rebondissements, tant de passion, de déchirures et de violence.
Bien plus qu'un drame ou qu'une histoire d'amour tragique, ce livre met en lumière l'Histoire, la difficulté de trouver sa place, la souffrance et le courage d'un peuple et un monde en train de changer. On découvre des personnes bienveillantes et courageuses qui sont prêtes à tous les sacrifices pour protéger les leurs et leur offrir une vie meilleure. De belles amitiés naissent sous nos yeux et la famille est vraiment au coeur de ce beau roman. Les deux personnages principaux ont des relations très particulières avec leurs parents. Tous ces liens, cette générosité, cet amour sans faille et cette force m'ont vraiment bouleversée tout comme la bêtise humaine et l'absurdité de certaines règles et traditions qui emprisonnent et empêchent les gens d'être heureux m'ont révoltée. Et puis, il y a aussi cette nostalgie d'une époque qui n'est plus. Cette excitation et cette appréhension face à un monde qui change et tout ce qui va avec : rêves, espoirs, désillusions, mélancolie. L'écriture est somptueuse, les décors sont à couper le souffle et le récit nous envoûte du début à la fin. C'est un roman poignant que je n'oublierai jamais, c'est certain. Un immense coup de coeur ! Pour tout vous dire, je me sens triste de l'avoir déjà lu et je vous envie de pouvoir le découvrir. Alison McQueen a écrit au moins six autres romans. J'espère de tout coeur qu'ils seront bientôt traduits en français.
En quelques mots :
COUP DE COEUR !
Un roman magnifique, bouleversant, inoubliable !
***
Quelques passages...
"Bien sûr qu'elle était amoureuse de lui. Elle n'avait aucun motif de ne pas l'être. Un amour raisonnable, un amour d'adulte. Le genre d'amour qu'elle était en mesure de gérer. Il ne lui arracherait pas la chair des os ni ne la dévorerait toute crue. Il ne la pousserait pas à souhaiter qu'elle fût morte, sachant qu'elle n'avait plus de raison de vivre. Avec cet amour-là, elle n'avait rien à craindre, surtout pas l'abîme qui avait autrefois menacé de l'engloutir." (Page 91)
"Selon la sagesse hindoue, nous ne sommes que le rêve d'un rêve que personne ne rêve. Nous ne sommes rien, et il vaut mieux cesser le plus vite possible de croire que l'on est quelque chose. Tout n'est qu'illusion, et plus vite cette illusion s'estompe et nous laisse revivre dans le brahman, l'absolu au-delà duquel il n'y a rien, plus vite nous échappons à cette douloureuse duperie qu'on appelle la vie." (Page 119)
"Quoique citoyens britanniques, certains n'avaient pratiquement jamais mis les pieds sur les terres de la mère patrie : quelques années de pensionnat, peut être, ou des vacances instructives chez des cousins. Leur façon de parler semblait curieusement désuète. Ils s'exprimaient en effet dans une langue ayant fleuri en des jours lointains et restée telle quelle, insensible à la marche du temps. De bien des manières, ils étaient définitivement en dehors du coup. Aussi vivaient-ils les événements actuels comme la fin d'une époque, une époque glorieuse dont le souvenir leur resterait chevillé à l'âme jusqu'à leur dernier souffle. C'était dans l'air, tout le monde le percevait, même les cuisiniers qui avaient préparé avec une gravité inhabituelle les nombreux plats de fête traditionnels des sahibs. L'oie avait été arrosée cérémonieusement, les pommes de terre rôties amoureusement. A un moment donné, le chef pâtissier s'était essuyé les yeux dans son torchon avant de retourner à son sirop de sucre qui frémissait dans la casserole. Avec quelle douceur certaines choses se terminaient ! Avec quelle violence d'autres commençaient, telle l'apparition d'une nouvelle étoile résultant d'une énorme explosion !" (Page 172)
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