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2015-03-11T23:57:13+01:00

La Masure de ma mère

Publié par MyaRosa
La Masure de ma mère

Jeanine Ogor

avec la collaboration de Jean Rohou

Catégorie(s) : Littérature francophone

Edition / Collection : Dialogues

Date de parution : 11 février 2015

Nombre de pages : 122

Prix : 16,90€

 

Merci à Babelio et aux éditions Dialogues

 

L'histoire :

« Ceci n’est pas un roman, mais une histoire vraie de relations entre des pauvres et des riches, entre des hommes et des femmes. Ça ne s’est pas passé au Moyen Âge ni dans le tiers-monde, mais dans la campagne bretonne, il y a un peu moins de cent ans, dans une région très chrétienne... »

 

Un jour le prêtre dit : « Dieu est là, ma brave dame, pour les pauvres et pour les riches. Les pauvres ont moins de chance, c’est tout. » Et la famille de Lise n’en a justement pas eu beaucoup. Sa mère, veuve, a quatre enfants qu’il faut nourrir. Aux 11 ans de sa fille aînée, Lise, elle la place chez un riche fermier. La petite gardera les vaches, sera logée dans la grange et... mangera à sa faim. Elle y rencontrera des personnes aimantes, d’autres plus sournoises. Elle y grandira un temps...

 

Jeanine Ogor nous raconte ce que Lise, sa mère, a vécu dans une époque pas si lointaine et pourtant à des années lumière de notre monde. À travers le regard de la fillette, on découvre la vie de la campagne dans le Bas-Léon de la première moitié du XXème siècle. Un monde dur et doux à la fois, avec ses propres lois. Qu’a vécu, dans cette ferme, la douce Lise, qui la marquera à jamais ?

 

 

 Tragique, émouvant, ce récit n'est pas un roman mais plutôt un témoignage, une biographie. Avec ses mots et ce qu'on lui a raconté, Jeanine Ogor nous raconte ici l'enfance de sa mère dans la campagne bretonne au début du XXe siècle. Son récit a été enrichi des connaissances de Jean Rohou, universaitaire ayant écrit plusieurs livres sur la Bretagne, la religion, les inégalités...

 

 On a du mal à imaginer que la vie pouvait être si rude en France, il n'y a de cela pas si longtemps, et pourtant... La famille de Lise n'a pas beaucoup d'argent et sa mère, veuve, peine à s'en sortir, alors la fillette est envoyée chez un oncle, un riche fermier. Elle va vivre chez lui et gardera les vaches. Elle ne sera bien sûr pas payée pour son travail, mais elle aura un toit au-dessus de la tête et pourra manger à sa faim, ce qui à cette époque et dans cet endroit était déjà une chance. C'est dans cet endroit qu'elle va grandir, rencontrer de belles et de mauvaises personnes, découvrir la vie...

 

 Les conditions de vie sont rudes et pourtant, il y a pire ailleurs nous dit-on. Lise nous décrit son quotidien. Ce regard d'enfant innocent porté sur les choses de la vie est touchant. Mais la pauvre petite ne récolte que des claques lorsqu'elle ose poser des questions. Alors, elle observe, essaie de comprendre le monde qui l'entoure mais constate des incohérences chez les adultes et les hommes d'église qui font eux-mêmes ce qu'ils condamnent chez les autres... On apprend avec elle la fin de la guerre, le retour des hommes mutilés. On s'attendrit de sa curiosité et de sa peur face à des choses qui lui semblent terrifiantes mais fascinantes : les trains, les avions...

 

 

 On apprend beaucoup de choses sur les moeurs de l'époque : le folklore local, la peur du diable, les lits clos qui ressemblaient à des armoires et offraient un peu d'intimité à ceux qui dormaient dans la même pièce (je n'en avais jamais entendu parler avant), les enfants livrés à eux-mêmes et ne mangeant pas à leur faim, les épidémies qui déciment des villages entiers, les demandes en mariage orchestrées de A à Z pour ne pas tomber dans le déshonneur, les enfants qui récitent des prières apprises par coeur mais dont ils ne comprennent pas un mot, les amants illégitimes et les maîtres qui couchent avec les servantes, les filles-mères tombées amoureuses de beaux marins, les faiseuses d'anges et les matrones, les prostituées de la rue de Siam et les virées à Brest des hommes mariés. Quel tableau !

 

 Mais ne vous y trompez-pas, tout n'est pas triste et sombre et la petite Lise est pleine de candeur et d'optimisme. Il y a les veillées au coin du feu, les repas de fêtes, les tartines de pain au beurre salé servies avec du bon lait frais, les histoires de korrigans, d'Ankou, de fantômes et de marins qui se transmettent de génération en génération, les descriptions de paysages et les mots bien particuliers qu'utilisent les bretons pour décrire la pluie et le vent. J'ai beaucoup aimé ce récit émouvant et instructif. Il est ponctué d'anecdotes, de notes intéressantes et précieuses, de mots en breton (traduits, bien sûr), d'illustrations en noir et blanc qui m'ont beaucoup plu et qui ont été réalisées par David Cren, et même de recettes de cuisine ! Quelle bonne idée !

 

 

En quelques mots :

"La Masure de ma mère" est un très beau livre. C'est un bel hommage que rend Jeanine Ogor en racontant au monde l'enfance de sa maman dans la campagne bretonne du début du XXème siècle. Les anecdotes et informations apportées par Jean Rohou sont précieuses et passionnantes et les illustrations de David Cren nous transportent dans le temps. C'est tout un univers, une part de l'Histoire qu'on ne connaît malheureusement pas assez qui s'ouvre à nous. Une belle lecture, enrichissante et pleine d'émotions.

 

¤¤

Sachez qu'il existe deux couvertures pour ce livre.

A vous de choisir !

 

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commentaires
C
Je le prends en note. Les livres de la série Gulla, que je viens de quitter, présentent ce même mélange de dureté et de douceur de cette même époque, mais en Suède.
Répondre
M
Oh la Suède ! <3 Il faut que je découvre cette collection.
G
Ce livre m'intrigue car ma grand-mère est née en 1924 et a justement vécu dans une ferme bretonne avec sa grand-mère jusqu'à ses 17 ans où elle est partie dans le Nord comme infirmière durant la guerre. Cela m'intéresserait donc d'en savoir plus sur cette période à cet endroit-là mais j'ai peur aussi d'extrapoler sur la vie de ma grand-mère. Bref, je vais le garder dans un coin de ma tête. Merci pour cette découverte en tout cas.
Répondre
M
C'est une bonne idée. Nos grands-parents ont vécu tellement de choses... Je regrette de ne pas avoir posé plus de questions aux miens...
G
Je lui avais posé des questions sur son rôle d'infirmière durant la guerre dans le cadre de mon exposé TPE en première ou en terminale. C'était vraiment très intéressant. Par contre, pour la Bretagne, elle l'a déjà évoquée mais je ne lui ai jamais vraiment posé de question. En fait, je ne me rends sans doute pas compte de ce que la vie pouvait avoir de particulier à cet endroit et à cette époque-là. Ce serait pas mal que je lise ce livre afin de pouvoir engager la conversation avec elle sur le sujet.
M
Je comprends que le sujet t'intéresse autant. Quelle vie ! Est-ce que ta grand-mère te raconte ou t'as raconté un peu ce qu'elle a vécu ?

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